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PREMIÈRE RÉGION.

Pays-Réunis.

Par la conquête que la France a faite des pays de la rive gauche du Rhin, et de ceux qui composaient les Pays-Bas autrichiens, elle a ajouté prodigieusement à sa puissance, 1o. parce que ces contrées sont riches en territoire, en culture, en hommes, en industrie; 2°. qu'elles sont situées de manière à offrir une défense assurée contre les attaques extérieures, et ouvrent aux Français la porte de l'Allemagne et de la Hollande; 3°. parce qu'elles sont de nouveaux canaux de commerce et de circulation avec ces mêmes contrées; 4°. enfin, parce qu'à ces avantages elles réunissent celui de n'entraîner aucune dépense extrarodinaire pour leur garde et leur entretien.

L'acquisition de la Belgique, de l'évêché de Liége, du duché des Deux-Ponts, du comté de Namur, c'est-à-dire des neuf départements réunis à la France par la loi du 9 vendémiaire an 10, qui sont la Lys, l'Escaut, Jemmapes, la Dyle, les Deux-Nethes, la Meuse-Inférieure, P'Ourthe, Sambre et Meuse, les Forêts, forment une étendue territoriale de 1,885 lieues carrées environ, d'un pays excellent et peuplé de 3,028,705 individus, ce qui donne 1,607 individus par lieue carrée à peu près; proportion qui s'explique par le nombre de villes, et la richesse de ces départements: ils sont au nombre de neuf.

1°. Le département de la Lys, formé d'une partie de la Flandre autrichienne. Son nom lui vient de la Lys, qui prend sa source dans le département du Pas-de-Calais, traverse celui qui porte son nom, et va se jeter dans l'Escant à Gand.

La terre y produit des grains, des légumes; la culture du sarrasin et du tabac y est pratiquée; on cultive le houblon dans les environs de Furnes; on y fait de la bonne biere; le colza y donne une huile grasse appelée huile de navette. Les environs de Courtrai donnent ce beau lin qui sert à faire la toile qui en porte le nom.

L'industrie des habitants s'exerce dans les manufac¬ Ptures de toiles, et dans quelques-unes, mais en petit nombre, de laine et de coton; il y a quelques manufac tures de toiles à carreaux et de basin.

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Le commerce résulte principalement des productions du sol; telles que les grains, le tabac, le houblon, les bestiaux, le beurre, et les objets que fournissent les fabriques de toiles de Courtrai, des basins, etc. On y prépare aussi du hareng et de la morue, lorsque la paix permet aux habitants de sè livrer à la pêche de ces pois

sons.

Le chef-lieu du département est Bruges, dont la population est de 33,700 habitants.

Son étendue est de 207 lieues carrées; la population est de 470,797 individus, ce qui donne 2,274 habitants par lieue carrée.

On y compte 54,284 arpents de bois et forêts, dont 6,310 arpents seulement de bois nationaux.

Le gouvernement a levé sur ce département, en contributions directes seulement, pendant l'an 11, 4,915,261 fr.; Ce qui donne, pour la contribution directe de chaque 10 francs 44 centimes, à quelques centimes

près.

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2°. Le département de l'Escaut. Il est formé d'une partie de la Flandre autrichienne, et tire son nom de l'Escaut, qui communique avec la mer d'Allemagne et l'intérieur de la Belgique.

Il y a beaucoup de beaux canaux dans ce département: celui qui va de Gand à Bruges, et de là à Ostende, est le plus utile et le plus remarquable; il sert au transport des marchandises dans l'intérieur, et à les soustraire en temps de guerre à l'avidité des ennemis.

Le sol du département donne des légumes, des grains; le lin, le chanvre, le colza, le houblon, y sont les principaux objets de culture.

L'industrie consiste principalement en blanchisseries de fils; fabriques de toiles et de cire; fabriques de cobalt servant à faire l'émail de la faïence; de bleu de Prusse, de rubans; des filatures de lin, de chanvre, de coton; des raffineries de sucre; quelques verreries et des pape

teries.

Le commerce résulte des productions territoriales, des huiles grasses, des fils de lin et de chanvre.

'Gand, ville de 55, 160 individus, à 75 lieues de Paris, en est le chef-lieu; il y a en outre 337 autres communes. L'étendue territoriale est de 159 lieues carrées; sa

population, de 595,258 individus; ce qui donne 3,869 habitants par lieue carrée.

On y compte 34,373 arpents de bois et forêts, dont 14,136 de bois nationaux : le reste appartient à des particuliers.

Les contributions directes de ce département ont produit, en l'an x1, 6,364,176 francs; ce qui donne, pour la contribution directe de chaque individu de tout âge et de tout sexe, 10 fr. 69 cent., à quelques centimes près.

3°. Le département de Jemmapes. Ce département est formé de la plus grande partie du Hainaut autrichien et du Tournaisis, de quelques parties du Brabant, de la principauté de Liége, et du comté de Namur. Il tire son nom de la commune de Jemmapes, devenue célèbre par la victoire que les Français y ont remportée le 6 novembre 1792, sous les ordres du général Dumourier.

Le sol du département de Jemmapes n'est pas partout d'une égale fertilité : les environs de Mons et de Tournai sont les plus fertiles; en général, on y récolte bien audelà des besoins des habitants. Les principales productions consistent en grains, colza, lin, chanvre, bons légumes, fruits, houblon. Il y a dans la partie méridionale beaucoup de forêts qui produisent des bois de charpente et de chauffage. On y exploite beaucoup de mines de houille ou charbon de terre, surtout dans l'arrondissement de Mons et de Charleroy; il y a aussi des mines de fer et de marbre.

Le commerce est considérable : outre celui qui se fait en grains, bestiaux, bois, charbon de terre, il y a des forges, des usines, des faïenceries, papeteries, verreries, quelques manufactures de tapisseries, de bas, de toiles, de dentelles, etc.

Mons est le chef-lieu du département; c'est une ville de 18,290 individus, située à 58 lieues de Paris; on compte en outre 422 communes dans le même départe→

ment.

Son étendue territoriale est estimée de 220 lieues carrées; sa population, de 412,129 individus; ce qui fait 872 habitants par lieue carrée.

On y compte 134,600 arpents de bois et forêts, dont 62,061 arpents de bois nationaux.

Les contributions directes levées sur ce département,

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en l'an 11, ont été de 3,158,038 fr., ce qui donne 7 francs 66 centimes pour la contribution directe de chaque individu.

4°. Le département de la Dyle est formé d'une partie du duché de Brabant, et tire son nom de la rivière de Dyle qui le traverse, en passant par Louvain et Malines, et qui va se jeter dans l'Escaut.

Il y a plusieurs canaux considérables et très-utiles au commerce dans ce département, entr'autres celui de Louyain et celui de Bruxelles.

Le sol est gras et fertile; la culture de tout genre y est bien entendue. Il y croît du froment, du seigle, de l'orge, du sarrasin; il y a de belles prairies naturelles, ainsi que d'artificielles. Ce pays est renommé aussi par la bonne tenue des jardins et par les excellents légumes que l'on y cultive. L'éducation des bestiaux y fait aussi la source d'une richesse considérable, des beurres qui en résultent; il y a de très-beaux chevaux et des bêtes à laine d'une belle espèce. On y trouve très-peu de substances minérales, et l'on n'y exploite aucune mine considérable.

Mais les manufactures y sont nombreuses et riches, quoique bien déchues de l'état de splendeur où elles étaient sous la monarchie autrichienne. Les principales sont des manufactures de basins, de velours de coton, de toiles de lin, de chanvre, des blanchisseries, des chapeaux, des galons, des raffineries de sucre, des tanneries, des dentelles de la plus grande beauté, des brasseries, des fabriques de savon, de tabac, de carrosses d'un goût et d'une élégance distingués.

Le commerce résulte de tous ces objets, et dans la vente des productions du sol, du savon, des huiles de colza, de l'eau-de-vie de genièvre, dont on fait une grande quantité dans le pays; des étoffes de laine et des toiles, ainsi que des dentelles, qui sont aujourd'hui un grand objet de luxe et de consommation.

Bruxelles, chef-lieu du département, est une ville superbe, à 70 lieues de Paris, et peuplée de 66,300 habitants.

L'étendue du département de la Dyle est estimée de 184 lieues carrées; sa population, de 363,956 individus; ce qui donne 1,978 habitants par lieue carrée.

L'on y compte 95,705 arpents de bois et forêts, dont 52,173 de bois nationaux.

Les contributions directes levées sur ce département ont été, en l'an 11, de 4,019,217 francs; ce qui donne 11 francs 4 centimes pour la contribution de chaque individu de tout âge et de tout sexe.

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5°. Le département des Deux-Nèthes, formé de la partie nord du Brabant, tire son nom des grande et petite Nethes, deux rivières qui se réunissent à Lierre, et dont les eaux tombent un peu au-dessous dans la Dyle.

Les productions de ce département ne sont point d'une grande valeur, parce qu'en général les terres y sont sablonneuses; elles n'y rendent guère que de l'orge, de l'avoine, du blé 'sarrasin, beaucoup de lin, des pommes de terre. Les habitants bornent leur culture aux objets nécessaires à leur consommation.

Le commerce du département des Deux-Nethes n'est plus aujourd'hui ce qu'il était autrefois. Il consiste en chapeaux, en bière, en tapis, mais surtout en dentelles connues sous le nom de Malines, qui sont une des belles espèces de ce riche produit de l'industrie.

Anvers est le chef-lieu du département; il est situé sur l'Escaut, à 74 lieues de Paris: on y compte 61,800 habitants.

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Les grands travaux que l'on a faits dans ce port, peuvent contribuer à lui rendre le commerce qu'il a perdu depuis que, par le traité de Munster, les Hollandais se sont trouvés autorisés à empêcher les bâtiments de remonter l'Escaut.

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L'étendue territoriale des Deux-Nethes est estimée de 143 lieues carrées; sa population, 249,376 habitants; ce qui donne 1,743 habitants par lieue carrée.

On y compte 22,815 arpents de bois et forêts, dont 6,577 de bois nationaux.

Les contributions directes levées en l'an 11, ont été de 2,667,815 francs; ce qui donne, pour la part de chaque individu à ces mêmes contributions, 10 francs 65 centimes, à peu de chose près.

6°. Le département de la Meuse-Inférieure est formé d'une partie de la Gueldre, du pays de Liége et des territoires de Mastricht et de Venloo, cédés à la France par la république de Hollande. I tire son nom de la

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