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ris et qui renferme les sermons sur divers sujets et sur les saints. On y trouve ces paroles : suivent le sermon de la conversion adressé aux clercs et divisé en 31 sections; puis des extraits abrégés des divers sermons du Saint qu'il a faits en différents lieux et différents temps, recueillis par ceux qui vivaient jour et nuit avec, lui. Ensuite un traité de Geoffroi, secrétaire, qu'il a composé et envoyé au seigneur Henri, évêque et cardinal il roule sur ces mots : Pierre dit à Jésus; viennent enfin les lettres de saint Bernard à différentes personnes. Bien que les écrits soient transmis par une autre main que la sienne, ce sont cependant tous des ruisseaux venus de la source. Ces extraits sont les sermons sur divers sujets qui, pour la plupart, sont plutôt des abrégés de sermons que de vrais sermons.

Des cinq paraboles attribuées au Saint et qu'on trouve à la suite des sermons sur divers sujets, la première est authentique: la seconde et la troisième semblent composées à l'imitation de la première : la quatrième et la cinquième sont rangées, dans les anciennes éditions, parmi les œuvres apocryphes. Le poëme à Raynaud paraît indigne de saint Bernard. Les vers rythmés sur le nom de Jésus, et qui sont bien connus, et quelques autres doivent être aussi éliminés de ses œuvres. J'en ai dit les raisons au tome V, où on les trouvera.

Ce que nous venons de dire dessermons du saint Docteur s'appuie sur le Livre des fleurs composé, il y a cinq cents ans, par Guillaume, moine de Saint-Martin de Tournai, et qu'il a intitulé Bernardinum, et aussi sur un manuscrit français que Nicolas Lefèvre, précepteur de Louis le Juste a donné aux Feuillants, couvent de saint Bernard de Paris. Dans le Bernardinum se trouvent rapportés presque tous les sermons du temps et sur les saints, et la plupart des petits sermons sur divers sujets.

Tous ces sermons contenus en deux volumes furent envoyés à Pierre de Celle par Nicolas de Clairvaux, comme le prouve sa lettre 24: Moi qui avais jeté la plume, m'estimant plus digne de l'obscurité et de la solitude, voyant votre avidité pour les paroles d'un homme dont la vie et la renommée remplissent le monde latin, j'ai repris mes tablettes, et j'ai fait ce que j'ai pu. On retrouve ces mêmes paroles dans le sermon sur Noël du même Nicolas de Clair

vaux.

Dans la lettre précédemment citée il faut en core remarquer le passage suivant: Vous dites: Vous avez pu faire cela en silence, et ce travail demandait le silence. Je m'étonne que vous émettiez un pareil sentiment. Qui est même plus au

milieu du bruit qu'un homme embarrassé du soin d'écrire! A ses oreilles retentit une foule de mots dont il faut trouver le sens vrai, la meilleure liaison, la place, l'emploi, et vous appellerez cela repos et silence, surtout pour un homme inexpérimenté, dénué du sentiment et du style nécessaires pour habiller des idées ? Nicolas indique clairement la peine qu'il a eue à écrire, à polir le style et à disposer l'ordre des sermons qu'il envoie. Mais quels sont ces sermons? Ceux de saint Bernard, puisqu'il ajoute: Je me suis forcé moi-même et je vous envoie deux volumes des sermons de l'homme de Dieu, dans l'un desquels j'ai dicté ce qui commence ainsi : l'apôtre saint Paul a coutume d'être bref en paroles et riche en pensées. Un autre volume a déjà été dicté aussi; il est limé et arrangé : cherchez quelqu'un qui le transcrive avec soin et intelligence car il est rempli de sens. Si je comprends bien ces textes, voici ce qu'ils permettent de conclure. Nicolas a dicté ou écrit en son langage, c'est-à-dire en latin, un volume de sermons qui commençait par ces mots l'apôtre a coutume, etc. C'est le 19 sermon sur divers sujets. S'il en est ainsi, voici revenir les arguments que nous avons combattus plus haut et qui tendent à établir que saint Bernard a prononcé ses sermons en français, et qu'ensuite ses disciples les ont mis en latin. Il y a, en effet, dansles sermons sur divers sujets une grande variété de style, variété dont la raison se trouverait dans la différence même des traducteurs. Geoffroi, secrétaire du saint, dit avoir composé un opuscule sur l'entretien de Jésus avec Simon, à l'aide de plusieurs sermons de notre Père. Pourquoi les autres secrétaires n'en auraient-il pas fait autant? Et en ce cas pourquoi ne se seraient-ils pas attribué ces sermons?

Cependant en y réfléchissant bien, il m'a semblé que cette perplexité de Nicolas à écrire et dicter ne regardait pas les sermons de saint Bernard, mais ses lettres, qu'il veut se dispenser d'écrire. Cette interprétation est favorisée par ce titre même d'une lettre : A l'abbé de Celles pour m'excuser d'écrire et de dicter. Peut-être encore Nicolas avait-il en vue ces deux choses et désirait-il et se débarrasser de la charge d'écrire les lettres, et de dicter les sermons sur le manuscrit, ou à tout le moins voulait-il faire valoir son travail en ces deux points. Du reste il a copié a peu près littéralement ici la 81° lettre de saint Bernard adressée à Oger, lettre où le saint s'excuse aussi sur le même sujet et on doit croire que Nicolas n'avait pas d'autre but en employant ce passage. On peut donc rétablir le texte fautif de Nicolas

1

d'après cette lettre écrite par saint Bernard vingt ans avant la retraite de Nicolas à Clairvaux. C'est ainsi que le secrétaire, nous l'avons déjà observé, employait à son propre usage

les paroles du Saint. Mais comme une notice sur Nicolas servira à éclaircir l'histoire du saint Docteur, il faut peindre ici cet homme sous ses vraies couleurs.

Seconde partie de la Préface.

NICOLAS DE CLAIRVAUX, SECRÉTAIRE DE SAINT BERNARD.

Nicolas était français d'origine, et dès son enfance, moine au monastère de Montier-Ramey, au diocèse de Troyes, à quatre lieues de cette ville. Il avait un esprit facile, mais changeant, babile à s'insinuer dans l'affection des autres, assez cultivé pour l'époque; aussi étaitil chargé de diriger les études du couvent: il était aimé des hommes les plus célèbres du temps, Atton, évêque de Troyes, Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, Pierre de Celles, Henri, frère de Louis le Jeune, et de plusieurs autres

encore.

Séduit par la renommée, le génie et la piété de saint Bernard, il se rend à Clairvaux, goûte la vie qu'on y mène, sollicite les anciens et demande à être reçu parmi eux, car il est fatigué d'une vie trop libre, et soupire après un régime plus sévère. L'affaire est entamée et conclue en une seule entrevue. Saint Bernard était absent. De retour à Montier-Ramey, Nicolas écrit à Clairvaux lettres sur lettres, sollicitant sa prompte admission. (Lettres 7, 44, 46). qui rencontrait de l'opposition de la part de Guy son abbé.

Enfin de son consentement (lettre 40) Nicolas est reçu à Clairvaux, avec son prieur Théobald qui en sortit ensuite, et que Nicolas cherche vainement à y ramener. (Lettre 6.) L'arrivée du nouveau religieux fut une joie. On lui confia bientôt la charge de secrétaire. Saint Bernard en avait plusieurs, dont le principal était Geoffroi, à qui on adjoignit Nicolas. Voici la description de son cabinet de travail telle qu'on la trouve dans sa lettre 5o. J'ai, dit-il, dans mon Clairvaux, un cabinet à écrire entouré de tous côtés d'officines célestes qui le cachent. La porte s'ouvre dans la salle des novices où une multitude de nobles et de lettrés enfantent dans une vie nouvelle l'homme nouveau. A droite s'étend le cloître, où se promène l'assemblée florissante des religieux. Là, sous une exacte discipline, ils ouvrent les livres sacrés, moins pour y chercher une vaine science, que pour y puiser l'amour, la componction et la dévotion. A gauche s'élève l'infirmerie et le promenoir des malades, où les

corps fatigués et épuisés par la discipline régulière se retrempent dans une nourriture plus délicate... Ne vas pas mépriser mon étroite demeure, car elle est aimable, agréable à l'œil, et offre une douce retraite. Elle est remplie de livres choisis et divins à cette vue je me sens plein de mépris pour la sagesse mondaine, et je sens que tout est vanité... On me l'a donnée cette cellule pour écrire, dicter, méditer, prier et adorer la majesté divine. Nicolas ne transcrivait pas seulement des livres, il négociait aussi des affaires, preuve sa lettre 49 à l'abbé de Celles dans laquelle il lui dit : Doux ami, je vous écris à bâtons rompus, ne pouvant le faire avec suite, au milieu des nombreuses affaires qui me tirent en tous sens : mais je vous écris de ma propre main. Tous ceux qui ont des intérêts à régler viennent à moi, et je puis dire avec Jacob tous ces maux retombent sur moi.

On voit par là que Nicolas avait sous lui d'autres secrétaires: l'un d'eux était Gérard de Péronne, son ami intime, qu'il loue en plusieurs de ses lettres. (Lettre 10.) Il entretenait un commerce assidu de livres avec Pierre de Celles et d'autres encore. Ainsi il écrit (lettre 34) à Amédée, évêque de Lausanne: Je vous adresse le livre de maître Anselme sur le Saint-Esprit : il est bien ponctué, si je ne me trompe, et bien corrigé. On le voit aussi en demander à Pierre, doyen de Troyes: Renvoyez-moi, dit-il, les lettres du seigneur du Mans, car nous voulos les copier. (Lettre 17.) S'adressant sous le nom de frère Philippe, au prévôt de l'Église de Cologne, chancelier de l'Empereur, appelé aussi Philippe, et le félicitant d'un voyage qu'il méditait à Jérusalem, il lui demande en ces termes sa Bibliothèque qui était fort riche: Votre trésor, je veux dire cette bibliothèque que vous avez amassée d'une façon admirable et incomparable, laissez-la aux pauvres du Christ, afin qu'ils prient et pleurent pour vous, et que le Dieu du salut vous accorde une bienheureuse route. (Lettre 29.)

Afin de se montrer un vrai religieux, Nicocolas ne refuse pas seulement de lire des vers,

à l'exemple de ses confrères, de Clairvaux, mais il renvoie une tunique qu'un ami lui a adressée, sous prétexte qu'elle ne convient pas à son ordre. Je n'ai pas encore eu les vers de mon Gautier qui est aussi ton ami je les aurais ous que je ne les aurais pas lus, parce que nous ne recevons rien d'emprisonné sous les lois du mètre. (Lettre 15.) La tunique lui avait été donnée en signe d'amitié par Odon, abbé de Pottières 1, moine noir. Nicolas la renvoie en exprimant sa reconnaissance : Elle est trop belle et trop riche, dit-il (lettre 27). Elle n'est pas bonne, parce qu'elle est trop bonne, etc., etc.

Nicolas eut soin de conserver par sa correspondance les amis qu'il s'était faits à MontierRamey, surtout les deux Pierre, abbés de Cluny et de Celles. (Lett. 20, 24, 28, 48, 52.) Durant son séjour à Clairvaux il écrivit aussi différentes lettres au nom de saint Bernard, du Prieur Rualène et d'autres religieux : il y en a plus de cinquante, qu'il a dédiées à ses très-chers frères Girard et Henri, c'est-à-dire, à Girard de Péronne et à Henri, fils de Louis-le-Gros, alors moines à Clairvaux. Il était cher à Pierre le Vénérable à qui saint Bernard l'envoyait, de temps en temps, pour recevoir les communications secrètes et confidentielles de ce grand homme. (Lett. 124 de Pierre-le-Vénér.) Mais, ô fragilité humaine! Nicolas abusa de la bonté et de l'indulgence de saint Bernard, se servit de son sceau pour des usages criminels, et se laissa entraîner à une triste défection: il est douteux qu'il l'ait jamais sérieusement réparée. (Lettres de S. Bernard à Eugène, III, 298.) Il quitta Clairvaux en 1151; on croit qu'il s'enfuit en Angleterre et se retira au monastère de Saint-Alban, et qu'il est le même que ce Nicolas qui, après la mort de saint Bernard, attaqua le sentiment du saint Docteur sur la Conception de la sainte Vierge et trouva un adversaire dans Pierre de Celle. Ce religieux s'appelait en effet de ce nom; mais les deux lettres de Pierre de Celle prouveraient qu'il était anglais. (Liv. VI, xx11; liv. IX, x.) Que ta légèreté anglaise ne s'irrite pas, si la maturité gauloise a plus de poids. J'ai l'expérience qu'il y a plus de rêveurs parmi les Anglais que parmi les Français. Le Français tiendra l'Anglais lié et emprisonné dans son antre. La suite de la lettre établit que Pierre de Celle ne connaissait pas ce Nicolas Plût à Dieu que je te visse en face toi que les beaux écrits ne m'ont pas permis d'entendre! Je laisse la différence entre le style de Nicolas l'Anglais et celui de Nicolas de Clairvaux, style âpre et dur chez le premier, net,

1 Haute-Marne.

poli et cultivé chez le second. Ce qui précède établit que Nicolas de Clairvaux, avant sa fuite, était connu de Pierre de Celle et lié avec lui; il n'était donc pas anglais, mais français. Il faut donc le distinguer de l'autre.

Mais où Nicolas se retira-t-il? Après avoir erré çà et là, il se fixa au monastère qu'il avait quitté, et après la mort de saint Bernard, il Уу vécut en sûreté et tranquille. Ceci résulte de la lettre 59 d'Arnoul, évêque de Lisieux, à Nicolas lui-même, et d'une lettre de celui-ci à Guillaume, évêque de Reims, publiée par Et. Baluze, au tome II, de ses Mélanges. Cette lettre n'a pas été écrite avant 1176, année ou Guillaume occupa le siége de Reims. Nicolas y loue l'Évêque de l'avoir reçu dans le sanctuaire de la familiarité, et de n'avoir point écouté les médisans et les détracteurs. Il s'excuse ensuite d'être resté longtemps éloigné de lui, et allègue la difficulté du voyage et la distance qui sépare la ville de Reims de Montier-Ramey. C'était donc là que Nicolas s'était retiré.

Qu'y faisait-il? La suite de cette lettre le dit: nous en extrayons seulement ce passage: Ajouterai-je que je n'ai pu obtenir la permission d'aller vous voir? Non, puisque je vais et je viens, je sors et je rentre tout le jour. Je le dirais si j'étais soumis à une autorité, et si je n'étais pas maître de moi. Nicolas était donc tout à fait libre. Triste condition 'd'un homme qui avait été le disciple et le secrétaire de saint Bernard! Pourquoi s'étonner? Les Anges sont ⚫ tombés du Ciel. Mais ce qui met à nu sa vanité c'est le soin qu'il met à se vanter, comme autrefois, du nombre de ses amis. Ainsi dans une lettre à Henri comte de Champagne, publiée aussi au même volume des Mélanges de Baluze, et écrite à la même époque que la précédente, il dit : Dès mon enfance, je me suis plu avec les grands et les princes de ce monde : mais je dois à votre suzeraineté ce que je suis, et à votre amitié ce que je puis. Il résulte de ce texte, 1o que Nicolas était originaire de la Champagne, 2° que sa chute n'eut d'autre cause que cette vanité et cet orgueil qui tournent la plupart des têtes.

Ce que nous venons de dire montre assez quel a été le caractère de Nicolas de Clairvaux, homme vain, inconstant, une de ces natures inquiètes qui ne permettent guère d'espérer d'elles rien de bon. Nous ignorons comment il a fini. Il me reste à accomplir la promesse faite plus haut, de donner ici un fragment du premier sermon de saint Bernard traduit en français, et tiré du manuscrit des Feuillants. En voici le titre et le début.

CI ENCOMMENCENT LI SERMON SAINT BERNART

KIL FAIT DE LAVENT ET LES AUTRES FESTES PARMET LAN.

I. Nous faisons ici, chieres freires lencomencement de lavent, cuy nous est asseiz renomeiz et conuiz al munde, si aun sunt i nom des altres sollempniteiz, mais li raisons del non nen est mies par aventure si connue. Car le chaitif fil d'Adam nen ont cure de veriteit, ne de celes choses ka lor salveteit apartienent, anz quierent... les choses... faillanz et trespessaules. A quel gent... nos semblans... les hommes de ceste generation, ou a quei gent evverons nos ceos cui nos veons estre si ahers et si enracineiz ens terriens solaz, et ens corporeiens kil repartir ne sen puyent? Certes semblant sunt a ceos ki plongiet sunt en aucune grant auve, et ki en peril sunt de noier. Tu varoyes kil ceos tiennent kes tiennent, ne kil par nule raison ne vuelent devverpir ceu ou il primier puyent mettre lor mains quels chose ke ce soit, ancor soit ceu tels choses ke ne lor puist niant aidier si cun sunt racines derbes ou altres tels choses. Et si ancune gent viennent a ols por ols Asoscor si plongent ensemble ols ceos kil puyent aggrappeir ensi kil a ols nen a ceos ne puyent faire nule ajué. Ensi perissent li chaitif en ceste grant mer ke si est large quant il les choses. Ki perissent ensevent et les estaules layent aleir, dont il poroyent estre delivreit del peril ou il sunt... prennoyent et salveir lor airmes. Car de la veriteit est dit et ne mies de la vaniteit, vos la connessereiz et elle vos deliverrat. Mais vos chier freire, a cuy Deus revelet, si cum a ceos ki petit sunt celes choses, ke receleis sunt as saige et as senneiz, vos soiez entenduit cus en ce nousement encor celes choses, ke vrayment apartienent a vostre saveteit: et si pensiez di merrement a la raison de cest avenement, quareiz et encerchiez ki cest soit ki vient, et dont il vient, ou il vient, et pour kai il vient, quant il vient, et par quel voie il vient. Cestes molte fait aloeir ceste curiositeis, et molte est saine. Car tote sainte Eglise ne celeberrait miet si devotement cest avenement, sancuens grant sacrement ne estoit en lui receleiz.

2. Tot a premiers ses vu... dez ensemble la postle ki de ceste avenement est toz enbahy, etc.

3. Por Deu, chier freire, fuyez orgoil, et forment lo fuyez. Orgoilz est commencement de toz pechiez, ki si hisnelement abateit en parmenant... Luciferum, ki reluisoit plus cler ke totes les estoiles, ki en angele ne muat mies en diaule, mais nes lo prince des Engeles qui aparmemes of envie de lomme, et si mist en lui la felonie, kil avoit conçeut en lui mismes, quant il semonut kil seroit si cum Deus saichant bien et mal, sil mangievet de larbre ki defenduz li estoit. Chaitif malaurous ke promes tu, cun ce soit ke li Fils del haltisme ait la cleif de science. Anz est il mismes li cleif David qui clot, et nuls ne avuret, En lui sunt reponuit tuit li tressor de sapience et de science. Embleras les tu dons por donneir à lomme. Or pucz veor ke menteires est cist et ses peires selone la sentence de notre Signor. Il fut menteires quant il dist kil semblanz serait al haltisme et ses peires fust de la menzonge quant il lenvelimeie semence de la falseteil gittat assi... en lomme, quant il dit qu'il serait si comme Deu. Et tu assi o tu homme tu vois lo lairon et si cours ensemble lui. Vos aveiz oit, chier freire, car cum leist annuit en ysaie la profete loi ou nostre sires dist li prince de ton peule sunt inobedient et compagnon de lairons.

4. Por veriteit nostre Prince furent inobedient et compaignons de lairons. Cest Adam et Eve ki furent li emcommencement de nostre lignieie, ki par lo consoil del serpent mais del diaule, par lo serpent vorrent malement traire en ols ceu kapartient solement al fil de Deu. Nen a ceste fieic ne mist mies li peires en respit la torture cum faisait al fil, car li peires aiment lo fil, anz lo venuit aparmemes assi de lome, et si apoeset sor nos toz sa...., Car nos pechames tuit en et Adam; et en lui receumes tuit la sentence de damnation. Et ke ferait li fil... il por lui arengier veait si enneut la

peire kil a nule creature nen espargnievet assi cum il desist. Por mi pert mes (Freires) tottes ses creatures. Li premiers Engeles se volt esleveir a ma haltesce, et si ot grant compagnice ki a lui consentit : mais li amors que li peires at vers mi prist a parmemes venjance de luy, ensi kil luy et toz les siens ferit de cruyer chastiement et de plaie ke saneie ne puet estre. La science que meye est aussi volt ausi entrepenre li hom: et il de lui nen ot mies assi pitiet ne ne les pargnat ses oils. Al dons Deus cure des beestes? Il nen avait fait mais ke dous nobles creatures ke resnaules estoient, et ke

dovoient estre bien aurouses, cest lEngele et lomme. Mais por mi at parduit une grant partie d'Engeles et toz les hommes. Don kes por ce kil saichent ke ju aimme ausi le peire, si est droiz qui rezoivet parmi ceos quil at parduit assi cum en une maniere parmi. Si por mi est leveiz cist tempez, si cum dist Jonas, prenneiz me, et si me gittiez en la meir. Tuit ont de mi en vie mais ju envois, et si me demosterray teil a ols, ke tuit cil cui lor envie acoyseront et ensevre me vorront, seront bien reit, etc.

au

On a de nouveau soulevé de nos jours la question de savoir si les sermons de saint Bernard (a) ont été prononcés en latin ou en langue vulgaire, mais pas avec plus de succès qu'au temps de Mabillon; les raisons alléguées pour ou contre, bien pesées, celles qui militaient en faveur de la plus commune nous ont paru si sérieuses, que nous ne doutons pas que tous les sermons qui nous restent du saint n'aient été écrits et récités en latin. Et, pour nous le manuscrit des Feuillants ne contient qu'une traduction en langue vulgaire. Au jugement des hommes experts, cette traduction ne remonte même pas au temps de saint Bernard; d'autres soutiennent qu'elle n'est pas antérieure au XIIIe siècle. Mais quelle en est l'année précise, c'est encore une question.

Le fragment du Ier sermon pour l'Avent cité plus haut, a été de nouveau collationné sur le manuscrit des Feuillants. Ce qui manque dans le vieux manuscrit, soit par l'effet du temps,

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(A) J'oublie les Sermons de saint Bernard qui, prononcés en latin, avaient cependant une action populaire. Ce fait qui prouve qu'au XIIe siècle la langue latine était encore fort répandue et à demi vulgaire, vous étonnera peut-être. Quelques savants même en ont douté, mais on peut leur opposer une très-forte autorité. Le secrétaire même de saint Bernard a écrit ces paroles : « Moi qui avais quitté la plume, « ayant pressenti et connu le désir que vous avez de pos«séder les paroles de ce saint homme dont l'éloquence et la sagesse, la vie et la gloire se sont répandues dans e toute la latinité, j'ai pris mes tablettes et j'ai transcrit « ce que j'avais. - Ainsi,... il y avait dans l'Europe une < espèce de république intellectuelle et invisible qui tenait à l'antiquité et parlait la langue, et on l'appelait omnis latinitas, comme on dit aujourd'hui toute la chrétienté. On ne peut douter cependant que saint Bernard n'ait aussi prêché dans la langue du pays, dans le roman wallon, déjà fort distinct du roman provençal. Le cri de guerre die et volt, était la réponse du peuple. (VILLEMAIN. Cours de littérature au moyen-âge, leçon, 2o leçon).

soit par toute autre cause a été remplacé par des points. On y compte 44 sermons avec une préface aux sermons sur le psaume 90. Et voici l'ordre dans lequel on les y trouve:

...

I. De l'Avent du Seigneur..
II. De l'Avent du Seigneur.
III. De l'Avent du Seigneur.
IV. De l'Avent du Seigneur.

V. De l'Avent du Seigneur.
VI. De l'Avent du Seigneur.
VII. La Vigile de la Nativité du
Seigneur

VIII. Pour la Vigile de la Nativité
du Seigneur

IX. Pour la Vigile de la Nativité du
Seigneur..

X. Pour la Vigile de la Nativité du
Seigneur..

XI. Pour la Vigile de la Nativité du
Seigneur..

XII. Pour la Vigile de la Nativité du
Seigneur

XIII. Pour la Nativité du Seigneur..
XIV. Pour la Nativité du Seigneur..

XV. Pour la Nativité du Seigneur.. XVI. Pour la Nativité du Seigneur.. XVII. Pour la Nativité du Seigneur.. XVIII. Pour la Nativité des saints Innocents ....

XIX. Pour la Circoncision... XX. Pour la Circoncision.. XXI. Pour la Circoncision.. XXII. Pour l'Épiphanie du Seigneur. XXIII. Pour l'Epiphanie du Seigneur. XXIV. Pour l'Épiphanie...

XXV. Pour l'Octave de l'Epiphanie. XXVI. 1er dimanche après l'octave de l'Épiphanie

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