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SEPTEMBRE.

Le 3. Une pluie extraordinaire tombe dans l'après-midi et continue avec violence, non seulement à Besançon, mais dans tous les environs à une distance considérable.

Le 4. Elle continue; le Doubs sort de son lit et inonde les terres qui le bordent.

Le 5. Un orage éclate dans le vallon du Doubs dont Besançon est le centre; le 6, le niveau de cette rivière dépasse les hautes eaux des crues de 1789. On doit en conclure que, si les barrages de Saint-Paul et de Chamars eussent encore existé, la plus grande partie des rues de la ville de Besançon auraient été inondées. Les pertes résultant de cet événement sont considérables : beaucoup de regains, de marchandises aux abords du canal, des ustensiles, des bois de construction, des bois de chauffage, etc., sont enlevés par les débordemens; les caves de la ville se remplissent d'eau, etc. Cette inondation excite l'étonnement dans une saison où les eaux ordinairement sont toujours basses.

Les désastres causés par cette inondation se sont étendus sur les deux rives du Doubs jusqu'au-delà de Clerval. Le 7. Inauguration à Besançon du nouveau temple des israélites, rue Charmont. Les décors de l'intérieur sont dans un style gothique.

Le 9. Cinq pièces de canon de 6 arrivent d'Auxonne à Besançon, et sont destinées à compléter les batteries de la garde nationale de cette ville.

Le 9 et le 10. Vuillafans est inondé par les torrens qui se précipitent des plateaux des montagnes qui entourent cette commune; le revers d'un coteau élevé s'éboule et entraîne les rochers, les vignes et les vergers sur le chemin d'Echevanne, ou plus de 10,000 voitures de débris sont entassées.

Le 14. Insurrection dans le canton de Neuchâtel contre le gouvernement prussien.

Le 20. Les officiers, sous-officiers et chasseurs du 1 1o régiment, renvoyés devant un conseil de guerre à Besançon, sont acquittés. Les jeunes avocats chargés de la défense des prévenus se sont distingués dans leurs plaidoyers.

OCTOBRE.

Le 4. M. CHOPPIN-D'ARNOUVILLE, préfet du Doubs, nommé préfet du Bas-Rhin, par ordonnance du 30 septembre, part de Besançon escorté par un piquet de garde nationale à cheval; cet administrateur éclairé, avait su se concilier l'estime des habitans du Doubs par son impartialité. M. MOURGEON, secrétaire-général, remplira les fonctions de préfet par intérim.

Le 8. Ordonnance royale qui autorise la formation de soixante-cinq bataillons cantonnaux de garde nationale dans le département du Doubs.

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Le M. Carizey, sous préfet de Montbéliard, est nommé sous-préfet à Poligny.

Le 25. Un homme voyageant sans papier, et se disant Louis XVII, est arrêté près des Gras, par la garde nationale et conduit par la gendarmerie de Morteau dans les prisons de Pontarlier, comme vagabond. Traduit devant le tribunal de cette ville, il soutient son personnage; mais malgré son effronterie, il est convaincu et condamné à quatre mois de prison, et mis à la disposition du gouvernement. Cet homme, qui se nomme Victor Persat, et qui, comme atteint d'aliénation mentale, a été détenu dans un hospice à Clermont, appelle de son jugement. Le premier jugement est confirmé par la cour royale de Besançon, et le condamné, après avoir subi sa peine, sera reconduit à l'hospice de Clermont.

NOVEMBRE.

Le 2. Le conseil municipal de Besançon se réunit pour délibérer sur les travaux d'utilité publique à ouvrir pour donner du travail à la classe ouvrière, et obtenir, pour cet objet, une part dans les 3,500,000 fr. alloués par la loi du 6 novembre 1831. Il sera fait mention de ces tra

vaux.

Le 12. Le conseil général se réunit extraordinairement pour le même objet, et vote l'imposition de trois centimes additionnels, produisant 41,600 fr., pour travaux sur les routes départementales et sur les chemins. Ce vote sera réduit à 30,000 fr., somme égale à celle allouée par le gouvernement sur les fonds généraux.

Le 16. Par un arrêté, M. le ministre du commerce et des travaux publics, nomme M. Désiré Ordinaire directeur de l'institution royale des sourds-muets de Paris, en remplacement de M. l'abbé Borel.

Le 19. Par une ordonnance royale de ce jour, M. DerVILLE-MALÉCHARD, préfet de Vaucluse, est nommé préfet du Doubs, en remplacement de M. CHOPPIN-D'ARNOUVILLE, appelé à l'importante préfecture de Strasbourg. Cette nomination d'un magistrat qui a donné dans le département du Doubs, pendant les cent jours, des preuves de sagesse et de modération, est accueillie avec une vive satisfaction.

Le même jour 19. Le Roi, par une ordonnance, nomme trente-six nouveaux pairs de France. Parmi eux se trouvent deux nofabilités du département du Doubs, M. le baron CUVIER, et M. le comte PAJOL, lieutenant-général commandant la ire division militaire.

Le 21. Rébellion des ouvriers de Lyon; scènes sanglantes; mille à douze cents ouvriers, citoyens ou soldats, sont tués ou blessés dans les journées des 21 et 22.

Les ouvriers, maîtres de la ville, y rétablissent l'ordre.

Les 25, 26, 27. Un bataillon d'élite du 56o, en garnison à Besançon, part pour Lyon avec trois batteries d'artillerie de six pièces chacune. Ce bataillon est suivi de trois autres batteries, du 36o de ligne, de deux régimens de chasseurs à cheval, et de deux régimens de dragons; M. le général Morand part également pour le quartier-général devant Lyon.

DÉCEMBRE.

Le 3. Lyon se soumet. S. A. R. le duc d'Orléans, et M. le maréchal duc de Dalmatie, font leur entrée dans cette ville, à la tête de 25,000 hommes, infanterie, cavalerie et artillerie de ligne, et de quelques bataillons de gardes nationales accourus des départemens voisins.

Le 10. Sur l'avis reçu à l'administration supérieure, que des colonnes de réfugiés polonais devaient passer par Besançon pour se rendre aux lieux qui leur étaient assignés pour résidence, un comité se forme dans cette ville pour recueillir des dons, et offrir des secours à ces généreux défenseurs de la patrie des Sobiesky, des Kosciusko, des Poniatowsky, etc. De nombreux dons se recueillent et ser ont employés avec discernement.

Le 25. M. DERVILLE-MALÉCHARD, nommé préfet du Doubs, arrive à Besançon; il est installé le 26, et fait publier une proclamation aux habitans. L'annonce de l'arrivée de ce magistrat est accueillie avec satisfaction. On craignait qu'il ne fût retenu dans le Midi de la France, à raison des événemens.

TROISIÈME SECTION.
Hotices Mistoriques.

SECONDE SUITE

DES NOTICES HISTORIQUES

SUR

LES ANCIENNES ABBAYES DU DÉPARTEMENT DU DOUBS (1).

ABBAYE DE BUILLON (bernardins), canton de Quingey. LES forges et usines de Buillon, dépendantes aujourd'hui de la commune de Chenecey, formaient, avec le domaine récemment vendu par M. Mathey, l'ensemble d'une ancienne abbaye de bernardins, dont l'origine remonte à l'année 1130. Cette abbaye, très pauvre dans ses commencemens, fut successivement dotée par les maisons nobles des environs et notamment par la maison de Scey. C'est en 1134 que l'église en fut consacrée par Humbert, archevêque de Besançou. - On la considérait comme l'une des plus pauvres abbayes du comté de Bourgogne; d'anciens titres la nomment Bullio pauper. Cependant à l'époque de la révolution de 1789, elle possédait six à sept mille francs de revenus, et le monastère, qui devait avoir huit moines pour le desservir, n'en avait que trois; ils s'étaient réduits à ce nombre afin de pouvoir vivre plus commodément.

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A l'époque de la révolution les bâtimens de l'abbaye de Buillon furent vendus avec les biens du clergé, et comme ils aboutissaient sur la rivière de la Loue, les proprié (1) Voyez les premières notices dans l'Annuaire de 1832.

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