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taires y établirent des usines à fer, lesquelles maintenant sont exploitées par le propriétaire des belles usines de Châtillon-sur-Lison.

ABBAYE DE SAINTE-MARIE (bernardins), canton de Pon

tarlier.

Au milieu de vastes forêts de sapins, à égale distance des lacs de Saint-Point et de Remoray, Gaucher, sire de Salins, fonda en 1199, sur l'emplacement d'un vieil ermitage dit de la Côte-du-Four, l'abbaye du Mont-deSainte-Marie, et la dota de terres et de forêts très-étendues.

Cette abbaye, de l'ordre de Saint-Bernard, était une filiation de Clairvaux; elle fut confirmée par Amédée, archevêque de Besançon, vers l'an 1200.

Comme la précédente, elle fut supprimée lors de la révolution de 1789; les bâtimens furent vendus et en partie démolis. L'acquéreur a conservé, par curiosité, les figures et les ornemens d'une chapelle de sépulture destinée spécialement à la maison d'Orange. Les bâtimens étaient vastes, les jardins et les terres étaient étendus; mais les moines étaient peu nombreux et vivaient dans l'abondance.

ABBAYE DE SAINT-PAUL, de Besançon.

Saint Donat, élevé dans l'abbaye de Luxeuil, gouvernée par saint Colomban, ayant été nommé évêque de Besançon, conçut le dessein de fonder une abbaye dans cette ville pour s'y retirer à certaines époques de l'année, et y pratiquer la règle du pieux abbé de Luxeuil. Il exécuta ce projet en 650; il choisit l'emplacement d'un ancien bâtiment appelé le Palais, situé près du Doubs, au nordest des murs de la ville, et y jeta les fondemens de cette abbaye de Saint-Paul, qui devint si célèbre. On croit que

le Palais dont il s'agit était celui des gouverneurs de la cité sous les ducs de Bourgogne, et qu'à cette époque il était occupé par Vandelin, duc de la Haute-Bourgogne (province de Besançon), père de saint Donat, lequel le céda pour concourir à l'œuvre pieuse de son fils.

Saint Donat réunit des religieux dans son monastère, et les soumit à une règle particulière tirée des statuts de saint Colomban et de saint Benoît. Ces moines jouirent de grands priviléges; ils nommaient leurs abbés, et ceuxci exerçaient la juridiction immédiate sur leurs moines.

Dans les huitième, neuvième et dixième siècles, cette abbaye fut constamment protégée par les archevêques de Besançon; cependant, à raison des guerres et des dévastations qui furent fréquentes pendant cette période, elle perdit de ses biens temporels; l'église même fut détruite par un incendie.

Les choses étaient dans cet état, dit Dunod, lorsqu'à la mort d'Albéric, abbé, qui arriva au commencement du onzième siècle, Rodolphe III, dernier roi de la Bourgogne transjurane, donna l'abbaye de Saint-Paul à Hugues Ier, archevêque de Besançon. Ce prélat fit reconstruire l'église et les bâtinens; il convertit l'abbaye en collégiale, y établit des chanoines en remplacement des moines, auxquels il accorda les droits qu'il avait sur les sauneries de Salins, et y ajouta ceux qui se percevaient à son profit sur une partie des denrées et marchandises qui se vendaient à Besançon. Hugues devint ainsi le chef de cette nouvelle église; il y institua un doyen pour le suppléer. La charte qui règle cette organisation est du 26 mars 1044; Hugues Ier la fit signer à un grand nombre d'archevêques ou évêques, dans le but d'y donner une plus grande authenticité, et la fit confirmer par l'empereur Henri III en 1045, et par le pape Léon IX en 1049. Il dédia l'église à la Vierge, à saint

Paul et à saint Donat, et y fit transférer les reliques de saint Antide qui étaient à Ruffey (1). Hugues 1er en mourant demanda à être inhumé dans l'église Saint-Paul; son tombeau y a existé jusqu'à la révolution de 89, époque où il fut detruit avec un grand nombre d'autres monumens funèbres.

Depuis cette époque l'église de Saint-Paul eut une suite de doyens sortant pour la plupart de familles illustres, qui tous l'enrichirent de biens temporels en domaines, droits, etc. En 1143, l'empereur Frédéric Ier, par un diplôme daté de Baume-les Dames, confirma les priviléges de l'église de Saint-Paul, surtout une sorte de juridiction sur le quartier dépendant de l'abbaye, ainsi que le droit d'asile accordé à son enceinte en faveur des criminels, des débiteurs, etc. La juridiction (qui avait ses officiers séculiers), s'étendait sur la rue Saint-Paul et sur une partie de la rue du Chateur. Le droit d'asile était sans doute inhérent à la même étendue; cependant un vieil usage, qui s'est perpétué jusqu'à la révolution, semble indiquer qu'un puits qui existait dans le milieu de la rue Saint-Paul, sur la partie gauche en descendant, était le point certain de la ligne délimitative de l'enceinte du terrain privilégié. Chaque année, le jour de la fête de Saint-Donat, ce puits était orné de guirlandes de fleurs et de verdure, et les jeunes filles de la rue Saint-Paul célébraient par des rondes joyeuses le souvenir de l'asile dont le puits était devenu l'emblème (2).

Guillaume II, archevêque de Besançon, donna un décret en 1253, portant rétablissement de l'église abba

(1) Ce sont celles qui sont en partie conservées à l'église cathédrale.

(2) Ce privilège fut révoqué, en 1503, par un diplôme de l'empereur Maximilien, et ce diplôme fut confirmé, en 1534, par Charles-Quint.

tiale de Saint-Paul, avec des abbés titulaires.

Les grands biens que l'abbaye possédait attirèrent dans son sein des sujets de familles nobles; la discipline se relâcha, et ces chanoines, s'éloignant de la règle commune, commencèrent à posséder des biens particuliers.

En 1273, on érigea une église paroissiale près de l'église Saint-Paul, sous l'invocation de saint Donat; elle a subsisté jusqu'en 1688, époque où la paroisse fut réunie au chapitre. Quant à l'église de Saint-Paul d'aujourd'hui, à l'exception du chœur et du clocher qui ont une origine plus ancienne, elle fut reconstruite en 1370.

L'abbaye de Saint-Paul croissait en puissance et en richesses, elle luttait avec les grands, elle soutenait ses priviléges avec vigueur; et ce qui démontre le haut point de considération où elle était parvenue, c'est qu'en 1418 elle obtint du duc Jean de Bourgogne l'autorisation de construire un château ou maison forte à Frasney.

En 1466, Simon de Dompré, abbé titulaire, ayant remis sa démission entre les mains du pape, le pontife céda l'abbaye en commande à Charles de Neuchâtel, archevêque de Besançon. Les droits et les priviléges ne souffrirent aucune atteinte de ce changement. Ce prélat donna sa démission de titulaire commendataire en faveur de Jean Courtois, qui, voulant ressaisir la puissance des abbés, fit naitre de vifs débats entre les chapitres et les souverains.

Jusqu'à la suppression des établissemens religieux, il n'y eut plus que des abbés commandataires. Lors de la mise en vente des biens du clergé, les biens ruraux et les bâtimens de l'abbaye furent vendus comme biens natio naux; l'église avait été réservée comme paroissiale du culte catholique; mais les besoins urgens de la garnison et le manque absolu d'écuries, exigèrent la cession de ce vaisseau gothique, qui au reste, n'a rien de remarquable,

à l'administration de la guerre, laquelle l'a disposée pour tenir une partie des chevaux de la cavalerie.

Nous ne terminerons pas cet article sans faire mention d'une cérémonie facétieuse rapportée par Dunod (1), et qui est prouvée par les comptes de l'abbaye tenus au quatorzième siècle. Le jour des Innocens, on habillait. un chanoine de l'abbaye en prélat; il tenait la place de l'abbé dans le chœur pendant les cérémonies du jour; on le conduisait ensuite à cheval dans la ville, et une cavalcade l'accompagnait au son des trompettes et des instrumens. Cette cérémonie burlesque excitait la joie des habitans pour qui ce spectacle paraissait fort amusant; elle avait quelque analogie avec la fête des fous qui se pratiquait à la même époque dans nos cathédrales, mais sans excursion au dehors.

Aujourd'hui, tous les bâtimens et jardins dépendans de l'abbaye appartiennent à des particuliers qui en ont fait l'acquisition. L'ancienne écurie de cette abbaye, qui est à l'angle de la rue Saint-Paul, sert de grenier pour les fourrages; ce bâtiment fut construit en 1535.

ABBAYE DE SAINT-VINCENT de Besançon.

Sur la fin du onzième siècle, Hugues II, archevêque de Besançon, eut de vifs démêlés avec le chapitre de l'église de Saint-Paul pour des intérêts tout temporels; le doyen et les chanoines tinrent ferme pour le maintien de leurs priviléges; ils s'aliénèrent entièrement l'archevêque; ce dernier alla jusqu'à se porter à des actes de violences contre les officiers du chapitre, qui obligèrent le doyen à adresser une plainte au saint-siége. Le pape Grégoire VII l'accueillit, mit l'archevêque en suspens pendant plusieurs années, et lui ordonna de se justifier dans un concile composé des évêques voisins.

(1) Histoire de l'église, tome 2, page 28.

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