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ET DES MOYENS ARTIFICIELS DE MESURER SA MARCHE.

DANS l'origine des sociétés, les hommes encore dans l'ignorance comptèrent la marche du temps par le nombre de nuits qui se succédaient; ce moyen de calculer les jours écoulés était naturel; il ne cessa d'avoir lieu que lorsque les peuples s'éclairèrent et commencèrent à comprendre la révolution annuelle de la terre.

A l'époque où l'on parvint à compter le nombre de jours et de nuits composant l'année solaire, les hommes doués d'un esprit spéculatif s'occupèrent des moyens artificiels de mesurer les divisions du temps qui composent un jour et une nuit, afin de déterminer sa marche dans le cours de ses subdivisions les plus minutieuses. Ces moyens ont varié à chaque siècle, et ont suivi les développemens de l'esprit humain, nous allons les parcourir rapidement.

Dans les premiers temps de la république romaine, lat journée se distribuait en trois divisions, le matin, le midi et le soir. On voit que dès ces temps reculés, le midi marquait le milieu du jour. A Rome, l'heure de midi était indiquée par l'arrivée de l'ombre entre la tribune aux harangues et un lieu nommé Graecostasis; les patriciens, les riches et les magistrats avaient sur le forum des esclaves qui accouraient leur annoncer le passage de l'ombre. Cette marche lente de l'ombre observée a fait naître l'idée de subdiviser à l'infini la durée du temps renfermé dans l'espace compris entre deux soleils naissans.

Le cadran solaire, qui n'est que le résultat d'une suite d'observations régulières sur la marche de l'ombre, est

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le premier moyen auquel on eut recours; son origine se perd dans la nuit des temps. On lit au livre des Rois, dans la Bible, qu'on voyait un cadran solaire dans le palais du roi Achaz. A Rome on en vit un pour la première fois l'an 491 de la fondation de cette capitale. Pline dit que ce cadran venait de Catane en Sicile, et remarque à ce sujet, que les heures ne devaient pas s'accorder exactement avec les heures vraies du Latium. On s'en servit néanmoins pendant un siècle, c'est-à-dire, jusqu'à ce que le censeur Marius Philippus en eût fait tracer un plus régulier. Depuis cette époque ils se multiplièrent.

Toutefois la présence du soleil étant nécessaire pour connaitre la marche des heures, Scipion-Nasica imagina le sablier, formé de deux espèces de bouteilles renversées et se joignant à l'extrémité de l'ouverture contre une lame de métal percée pour laisser écouler une quantité de sable mesurée devant représenter la durée d'une heure; lorsque la bouteille supérieure était vide on retournait l'appareil, et le sable coulait de nouveau; ce mode de mesurer le temps était vicieux, cependant il a été d'un usage presque universel. Il paraît avoir été inventé en Egypte, d'où il passa en Grèce et de là dans le reste de l'Europe. On s'en sert sur les vaisseaux pour jeter le lock (1) et mesurer

sa course.

La clepsydre ou horloge d'eau a succédé au sablier; celui-ci en a fait naître l'idée : elle était connue en Egypte aux temps les plus reculés. Dans les modernes on a retrouvé cet instrument en Chine et dans l'Indoustan; il a été en usage en Dannemarck avant l'invention des horloges. « La clepsydre qui mesure la durée du temps par » les quantités d'eau qui s'écoulent successivement d'un >> vase, fut perfectionnée par les Grecs; elle devint parmi (1) Instrument de bois, qui, suspendu à une corde, et jeté à la mer, sert à mesurer la vitesse d'un vaisseau.

› eux un meuble de luxe qui par la chute de l'eau met> tait en mouvement diverses figures. La clepsydre con>> struite par Ctesibius d'Alexandrie (250 ans avant J. C.), » est l'une des plus célèbres. A cette époque, cet instru» ment était connu depuis long-temps en Asie. »

L'horloge (1) à engrenage, dont les rouages sont mus par la force d'un poids combiné, a remplacé toutes ces manières imparfaites de mesurer le temps. A qui en attribuer l'invention, on l'ignore. L'histoire nous apprend que, parmi les richesses de l'Orient exposées à Rome lors des triomphes de Pompée, on admirait une horloge entourée de perles. Les historiens des premiers siècles de l'ère chrétienne citent encore, entre autres horloges magnifiques, exécutées pour des princes de Constantinople et de Perse, une horloge mécanique en or, appartenant à Théophile, empereur d'Orient, décorée de griffons, de lions et d'oiseaux de diverses espèces, qui chantaient comme auraient pu le faire des oiseaux vivans.

Le roi Théodoric invita Boëce (1) (commencement du 6e siècle) à lui construire deux horloges dont il voulait faire présent à Gondebaud, roi des Bourguignons. Il voulait apprendre aux étrangers que son royaume possédait des hommes comparables à ceux qui honorèrent le plus l'antiquité. Ces horloges ne furent probablement pas d'une perfection bien remarquable, quoique considérées comme des prodiges à cette époque.

Le pape Paul Ier fit présent à Pepin-le-Bref, en 756, d'une horloge qui fut célèbre. En 807 le calife de Bagdad, Haroun-al-Raschild, offrit à l'empereur Charlemagne, parmi d'autres présens magnifiques, une horloge qui avait un mécanisme qui faisait tomber douze boules successi(1) Le mot horloge vient de deux mots grecs qui signifient annoncer l'heure.

(1) Boëce fat l'un des plus savans hommes de son temps.

On peut se procurer l'Annuaire chez les principaux libraires de Besançon, et aux secrétariats des Sous-Préfectures.

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