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tion simultanée à l'intérieur de l'habitat de chaque espèce, ainsi qu'on peut le voir sur le versant méridional de l'Atlas déjà soumis aux influences sahariennes et où la zone supérieure du chêne-vert et la zone inférieure de l'arganier, aujourd'hui nettement séparées l'une de l'autre par une zone intermédiaire désertique qui va s'élargissant, semble bien reculer séparément vers leurs axes respectifs de végétation optima.

Peut-être y a-t-il des exceptions à la règle et peut-être l'euphorbe est-elle du nombre, en sa qualité hypothétique de nouveau terme, tard venu dans une flore qui devait être de plus en plus xerophile pour ne pas mourir et peut-être même, de nouveaux termes apparaîtront-ils dans cette région avant la disparition définitive de toute végétation? En admettant enfin que l'euphorbe progresse, comment s'accomplirait cette progression ?

Vraisemblablement sur ses emplacements actuels, par simple voie d'augmentation de densité, la plante se substituant lentement à d'autres espèces en voie de régression: ces emplacements répartis au hasard dans une vaste région offrent tous, en effet, un caractère spécialement rocheux et pentueux, qui semble conditionner la vie de la plante.

Mais nous ne saurions trop insister sur le caractère hypothétique de cette progression, car rien n'autorise à penser qu'un dessèchement plus accentué du climat, combiné ou non à un refroidissement appréciable, serait précisément plus favorable à la vie de la plante.

On peut observer, à ce sujet, que, d'une part, l'euphorbe n'est pas représentée dans beaucoup d'autres stations du Maroc à tous autres égards semblables à celles qu'elle occupe, et que, par ailleurs, dans les Entifa même, elle n'accompagne pas jusqu'au bout le sumac et surtout le gommier dans les stations les plus sèches où cette essence éminemment xérophile se rencontre seule.

Il se pourrait ainsi très bien que, seule, cette dernière essence soit en progression et tende à remplacer un jour l'euphorbe par voie de substitution lente, à moins qu'en voie de régression, elle aussi, elle ne conserve sur toutes les autres plantes de cette zone le triste privilège de disparaître un jour la dernière, comme cela lui arrive beaucoup plus au sud, dans les déserts de la Ferkla, entre Maroc et Mauritanie, où elle représente, croyons-nous, le dernier témoin d'un végétation entièrement disparue.

Cet exposé beaucoup trop sommaire a simplement pour objet de montrer combien, même dans le cas le plus simple, où la plupart des végétaux se trouvent dans des conditions limite et où leurs évolutions paX. - 23

(60° ANNÉE).

1er OCTOBRE 1921.

raissent indépendantes, il est difficile de prévoir dans quel sens et comment s'accomplissent ces évolutions.

Je me serais d'ailleurs bien gardé d'aborder un tel problème de botanique générale, même dans un cas simple, si mon ancien et éminent chef M. Mathey n'avait manifesté dans cette revue le désir de connaître mon opinion à ce sujet.

Je la résumerai donc en toute simplicité en disant qu'à mon avis les euphorbes cactoïdes ne participent pas, ou du moins participent beaucoup moins vite que les autres espèces à la régression générale 1, qui semble affecter la végétation dans le Maroc du sud. D'autre part, elles ont très bien pu autrefois, comme le croit M. Mathey, se substituer, dans leurs emplacements actuels ou sur des emplacements moins nombreux, à des essences actuellement disparues (?) ou même simplement à l'une ou l'autre des espèces encore actuellement représentées dans la région.

Enfin, quant à expliquer non pas l'origine, mais simplement la présence de l'euphorbe dans sa zone actuelle, il semble difficile, non seulement de se prononcer, mais encore d'émettre une hypothèse vraisemblable sur ce point et de dire si elle a entièrement évolué sur place ou par quel mode de propagation et vers quelle époque elle a pu s'échapper de centres de dispersion plus éloignés et plus anciens, munie ou non de tous ses caractères spécifiques actuels.

Au Maroc même, on connaît d'ailleurs trop insuffisamment toutes les stations d'E. resinifera, situées pour le plus grand nombre en zone insoumise, pour pouvoir établir à leur sujet une monographie locale absolument certaine. Or le problème de leur dissémination ne pourrait être abordé avec quelque chance de succès que lorsque toutes leurs stations seraient bien connues et analysées non seulement au Maroc mais dans le reste de l'Afrique.

Terminons, en disant qu'il existe au Maroc et aux Canaries d'autres espèces d'euphorbes cactoïdes, dont notre très aimable correspondant, M. Emile Jahandiez, a fait dernièrement dans la Revue générale de botanique une étude très précise et aussi complète que le comporte l'état actuel des prospections.

1.

CH. WATIER.

Nous voulons, bien entendu, parler ici de la scule régression naturelle, abstraction faite, par la pensée, de l'action de l'homme, qui, par des abus de toute sorte, accélère artificiellement cette régression au point de faire disparaître en quelques années la végétation sur de grandes étendues où elle aurait pu.sans cela, se mainteni longtemps encore. La marche de la régression naturelle seule est infiniment plus lente et n'est pas pratiquement menaçante, en sorte que de nombreuses générations de forestiers pourront encore s'employer dans le sud marocain, soit à restaurer, consolider, voire à exploiter la végétation sur ses positions actuelles, soit même à lui faire regagner une partie du terrain, qu'elle a perdu prématurément en raison de l'intervention abusive des indigènes.

LES LIVRES FORESTIERS

NOTICE SUR LE CHATAIGNIER

On sait qu'une Commission a été instituée au ministère de l'Agriculture (Direction générale des Eaux et Forêts) pour parer aux causes de destruction qui menacent cette précieuse essence dans diverses régions de la France, notamment en Limousin, en Corse, dans l'Ardèche, etc. Cette Commission vient de publier une excellente notice due à la plume de M. Flaugère, Inspecteur des Eaux et Forêts à Nîmes, et qui demanderait à être très largement répandue.

En quelques lignes, l'auteur fait ressortir tout d'abord tout le parti, toute la richesse que l'on peut tirer de cette essence si peu exigeante, dans les régions granitiques ou schisteuses sur des sols déshérités, impropres à toute culture agricole.

Il indique ensuite comment on peut refaire des châtaigneraies productives soit en plantant des châtaigniers dans des terrains nus, — soit en conservant les châtaigneraies existantes, en déclin, ou en voie de disparition par le rajeunissement des sujets et le comblement des vides, par l'abatage rationnel des vieux arbres, et des soins appropriés aux jeunes sujets.

Pour le reboisement, c'est à la plantation seule qu'il faut recourir avec l'emploi de sujets élevés en pépinières.

L'auteur donne les renseignements les plus précis, les conseils les plus judicieux sur la création de ces pépinières : la préparation du sol, le choix des semences, le mode d'ensemencement, les soins à donner aux semis les repiquages à faire à l'automne, en général au bout de 2 ans, les soins à donner aux jeunes plants (émondage des rameaux latéraux, binage et désherbement du sol, etc.).

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Puis viennent les conseils sur la plantation proprement dite à laquelle on procède au bout de 4 à 6 ans ; - puis sur le greffage qui, d'après l'expérience acquise, doit être fait sur place après 2 ou 3 ans de plantation, plutôt qu'en pépinière. « La greffe sur place permet en effet de mieux adapter la qualité à greffer à la situation du sujet, quant à l'exposition et à la nature du terrain. » L'auteur indique d'ailleurs les espèces à propager suivant les sols.

La notice se termine par d'excellentes indications sur les précautions

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