étoient reftés fideles, & l'affaffinat de colonel Mauduit, égorgé par fes propres foldats, fignala leur arrivée à SaintDomingue. Les crimes & les malheurs fe multiplierent, & l'affemblée nationale au lieu d'en reconnoître la fource dans fes propres erreurs & dans les fauffes mefures qu'elle avoit adoptées, crut la voir dans le feul décret équitable qu'elle eût rendu fur cette matiere, révoqua, par fon décret du 21 feptembre, les difpofitions de celui du 15 mai, & pour confacrer & rendre irrévocable une loi fi indigne de fa fageffe & de fon humanité, la déclara conftitutionnelle quoiqu'elle eût déja reconnu que la miffion du corps conftituant étoit remplie, & qu'elle n'étoit plus qu'affemblée légiflative. Ce décret fatal a été réformé ; mais il a caufé des maux irréparables & dont on ne peut encore calculer l'étendue ni la durée. Les calamités auxquelles furent livrés les deux comtés Venaiffin & d'Avignon, furent peut-être auffi le réfultat de l'indécifion & de la lenteur des délibérations de l'affemblée. Pendant qu'elle balançoit entre la prétendue fouveraineté du pape & les juftes réclamations des peuples qui, preffés dans tous les points par le territoire françois & liés invinciblement fous tous les rapports aux, deftinées de la France, demandoient à rentrer fous les loix de leur ancienne, patrie; l'antipathie qui de tous les temps. avoit régné entre Avignon & Carpentras, livrant ces malheureufes contrées au fléau de la guerie civile, en fit le théatre de ces fcenes de brigandage & de férocité qui faillirent à les bouleverfer entièrement. Le décret qui fut enfin rendu le14 feptembre 1791, conformément au vœu bien prononcé de la majorité des habitants, pour la réunion de ces deux états à l'empire françois, arriva trop tard pour arrêter le progrès des défordres. occafionnés par deux années d'anarchie;; & malgré les mesures qu'elle prit alors pour faire mettre ce décret à exécution & rétablir le calme en inveftiffant d'une forte de puiffance dictatoriale les com-: miffaires qu'elle y envoya, l'incendie fe propagea avec une violence qui fera long-temps gémir les amis de l'hu manité. Telles font les principales fautes que l'on peut reprocher à l'affemblée nationale, & qui furent celles des circonf tances bien plus que les fiennes. L'hiltoire ne nous tranfmet aucune époque où des hommes aient fait tant & de fi grandes chofes au milieu de tant de difficultés & dans un fi court efpace de temps. La conftitution avec tous fes défauts eft encore l'ouvrage le plus admirable qui foit forti de la main des hommes. Ce n'eft pas feulement la loi fondamentale de l'empire françois, c'est le recueil des titres les plus précieux du genre humain; l'humanité entiere doit une reconnoiffance éternelle à fes auteurs, & tous les peuples qui voudront être libres, viendront y étudier les vrais principes du gouvernement, & les vraies maximes de la liberté. Nos légiflateurs, après l'avoir commencée fous les aufpices de l'Etre fuprême, l'ont remife fous la garde de nos vertus, & livrée au feul juge qui pût nous éclairer fur fes imperfections, le temps & l'expérience. Leur attente ne fera pas trompée; nous conferverons au prix de notre fang ce dépôt facré. L'orgueil infenfé des defpotes peut couvrir la France de carnage & de deuil mais le voile eft levé, les nuages qui couvroient l'origine des fociétés & la fource de toute puiffance font diffi : pés, les droits de l'homme font reconnus; ils repofent fur une base inébranlable la nature elle-même : contre cette base viendront fe brifer les vains efforts de la tyrannie. En vain les vils écrivains, dont fes agents foudoient la plume, répandent parmi le peuple & dans nos camps de vaines terreuts & de funeftes défiances; nos foldats & nos généraux pourront être les victimes d'une malheureuse crédulité; mais la nation ne fera jamais affervie. Oui, dût l'Europe entiere inonder nos villes & nos campagnes de farouches fatellites, tant qu'il reftera un François digne de ce nom, il s'écriera fous le glaive même des bour reaux: VIVRE LIBRE, OU MOURIR! LA CONSTITUTION OU LA MORT! Fin du feptieme & dernier Volume.. TABLE DES CHAPITRES Contenus dans ce feptieme Volume. CHAPITRE PREMIER. Mort de Mirabeau. mage rendu à la mémoire de Rouffeau.- Apothéoje de Voltaire. CHAP. II. Trait mémorable de la diffimulation des Princes Evafion de Louis XVI.- Attitude du peuple françois & de fes Repréfentants. Manifefte du Roi. - Difpofitions du Général Bouillé pour protéger fa fuite. Arreftation du Mo- narque à Varennes. Mefures diverfes prifes par l'Affemblée pour maintenir l'ordre public & affurer fon retour. CHAP III. Alegreffe des réfugiés François au |