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il seroit augmenté, et qu'il pourroit arriver, dit l'art. 2 de celui de 1755, « des cas où le temps ne permît pas de requérir cette augmentation, les deux puissances ont résolu de régler surle-champ leur défense. En conséquence, l'impératrice a fait marcher sur les frontières de la Livonie un corps de 55,000 hommes, qu'elle y laissera pendant toute la durée du traité, fixée, par l'art. 13, à quatre années. Elle entretiendra sur les côtes de la Livonie 40 ou 50 galères, destinées à porter 10,000 hommes, des 55,000 stipulés, partout où il sera nécessaire pour faire une descente.

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L'art. 5 déclare expressément que l'invasion de l'électorat d'Hanovre constituera le casus fœderis.

Du jour où les troupes russes sortiront des états de l'impératrice, la Grande-Bretagne payera une somme annuelle de 500,000 I. st. Art. 6.

Si la guerre éclate, la Grande-Bretagne enverra une flotte dans la mer Baltique. Art. 9.

Par un article séparé et secret, la Grande-Bretagne s'engagea à payer à la Russie 100,000l. st. par an, à dater du jour de l'échange des ratifications, jusqu'aujour où le payement des 500,000 stipulé par l'art. 6 commencera 1.

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Le changement qui s'opéra dans la politique des cabinets, dans le courant de 1756, fut cause que ce traité resta sans exécution.

Westminster,

1756.

Des négociations entamées avec l'électeur de Alliance de Cologne, pour la formation de magasins en du 16 janvier Westphalie, ayant fait soupçonner que la France avoit le projet d'envahir l'électorat d'Hanovre, George II, qui étoit singulièrement attaché à ce pays, demanda à l'impératrice-reine les troupes auxiliaires qu'il étoit en droit d'exiger d'elle, comme allié et garant de la sanction Pragmatique. L'impératrice avoit déjà oublié les services que ce monarque lui avoit rendus dans la guerre de 1740; elle refusa l'exécution de ses engagemens, sous le vain prétexte qu'elle étoit menacée d'une invasion de la part du roi de Prusse, si elle envoyoit ses troupes dans la Basse-Allemagne. Le roi d'Angleterre changea alors de politique; il s'adressa au roi de Prusse, dont les liaisons avec la France, contractées par le traité de Versailles 1, étoient sur le point d'expirer, et mit son électorat d'Hanovre sous la protection de ce monarque, par un traité qui fut signé à Westminster, le 16 janvier 1756, et qui avoit pour but d'empêcher que des troupes étrangères n'entrassent en Empire. Dans le cas où quelque puissance tenteroit, sous quelque prétexte que ce pût être, de faire entrer des troupes en Allemagne, il est convenu, par l'art. 2, que les deux parties contractantes Voy, Vol. II, p. 353.

uniront leurs forces pour maintenir la tranquillité en Allemagne. Par un article secret, les Pays-Bas autrichiens furent déclarés n'être pas compris dans cette convention de neutralité. Ce traité de Westminster fut signé, au nom du roi de Prusse, par M. Michell, son chargé d'affaires à la cour de Londres, et, au nom du roi George, par les comtes de Hardwicke et de Grandville, le duc de Newcastle, le comte de Holderness et Henri Fox 1.

Le traité de Westminster est suivi d'une déclaration des plénipotentiaires anglois,qu'on doit regarder comme un article même du traité, et qui porte que, dès que le roi de Prusse levera l'arrêt mis sur la dette de Silésie, et fera payer aux sujets du roi d'Angleterre ce qui leur reste dû, celui-ci fera payer au roi de Prusse 20,000 1. st. en extinction de toutes ses prétentions et de celles de ses sujets, à la charge de la Grande-Bretagne. Pour l'intelligence de cette disposition, il faut savoir que des armateurs anglois ayant pris, dans la guerre qui précéda la paix d'Aix-la-Chapelle, différens vaisseaux appartenant à des Prussiens, Frédéric II, après en avoir vainement réclamé la restitution, institua, à Berlin, un tribunal qui, jugeant entre ses sujets lésés et les armateurs anglois, délégua aux premiers, à titre de dédommagement, les créances angloises, pour la

Voy. FABER, Staatscanzley, T. CX, p. 687. WENCK, Cod. j. g. rec., T. III, p. 84.

sûreté desquelles la Silésie étoit spécialement hypothéquée. Cette mesure vigoureuse engagea la Grande-Bretagne à rendre justice aux sujets du roi

Si l'impératrice-reine refusa, à l'occasion dont nous venons de parler, l'exécution d'un engagement sacré, la crainte qu'elle avoit du roi de Prusse n'étoit pas le véritable motif de sa conduite. Depuis long-temps, son principal mi'nistre, le comte de Kaunitz, n'avoit rien de plus à cœur que de former une étroite liaison entre sa souveraine et la cour de Versailles; il évitoit tout ce qui pouvoit déplaire à la dernière. Il vit avec plaisir la conclusion du traité de Westminster, qui fut un des résultats de sa politique. Louis XV fut averti de l'existence de ce traité par le duc de Nivernois, qu'il avoit envoyé, au commencement de 1756, à Berlin, pour gagner le roi de Prusse en faveur de la France. Ce fut en vain que ce ministre essaya de tenter l'ambition du premier politique de son siècle, en lui offrant la possession de l'île de Tabago. Dès qu'on connut, à Versailles, les liaisons que Frédéric II venoit de contracter avec George II, madame de Pompadour décida le roi à consentir à l'alliance destinée à unir les deux an

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HERZBERG, Recueil, T. I, p. 171; et MARTENS Erzahlungen merkwürdiger Fælle des neuren europ. Völkerrechts, Vol. I, p. 236, où l'on trouve les pièces de la négociation qui avoit eu lieu à Londres.

Convention de sailles du 1 mai

nen ralité de Ver

1756.

Traité d'alJiance de Ver

1756.

ciennes rivales, les maisons de Bourbon et de Lorraine.

er

Deux traités furent signés le même jour, 1 mai 1756: le premier, sous le titre de Convention de neutralité, statue que, la tranquillité publique étant menacée par les différends qui divisent la France et la Grande-Bretagne, l'impératrice-reine ne prendra, ni directement ni indirectement, aucune part aux susdits différends, mais qu'elle observera une parfaite et exacte neutralité pendant tout le temps que pourra durer la guerre occasionnée par ces différends, et le roi de France promet de n'attaquer ni envahir les Pays-Bas ou autres états de l'impératrice-reine 1.

Le comte de Starhemberg, M. de Rouillé et illes du x mai l'abbé de Bernis, qui avoient signé cette convention de neutralité, conclurent, le même jour, le traité d'alliance entre la France et l'Autriche. Ce traité confirme la paix de West-> phalie et les traités subséquens, et établit une garantie mutuelle des états des deux puissances situés en Europe, avec promesse d'un secours de 24,000 hommes, en cas que l'une ou l'autre partie contractante fût attaquée. On excepta toutefois, d'après la teneur de la convention de neutralité, la guerre qui, quoique non encore déclarée, avoit véritablement commencé entre la Grande-Bretagne et la France. On se

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Voy. WENCK, Cod. j. g., rec. T. III, p. 139.

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