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bloqua dans son camp de Pirna. Ce blocus arrêta le roi pendant plusieurs semaines, et donna à l'impératrice-reine le temps de rassembler ses forces.

Le feld-maréchal comte de Browne eut ordre de délivrer à tout prix les troupes saxonnes devant Pirna. Instruit de son approche, le roi de Prusse prit en personne le commandement de son armée de Bohème, et vint attaquer les Autrichiens dans la plaine de Lowositz, petite ville au cercle de Leithmeritz. La bataille qui s'y donna le 1er octobre, ne fut point décisive; mais les Prussiens restèrent maîtres du champ de bataille, et le comte de Browne ne put réussir à dégager les Saxons. Exténués par la famine, après avoir fait de vains efforts pour sortir de leur camp, ils furent obligés de capituler le 17 octobre, et de se rendre prisonniers de guerre, au nombre de dix-sept mille hommes. Les officiers s'engagèrent, sur leur honneur, à ne plus servir contre le roi de Prusse, durant cette guerre, et les soldats furent incorporés dans les régimens prussiens. On fournit des passeports et des relais à Auguste III, pour se retirer en Pologne. Le roi de Prusse se vit alors maître de toute la Saxe.

vier 1757.

Il employa l'hiver à resserrer les nœuds de Traité dn 11janson alliance avec la Grande - Bretagne, et conclut avec cette puissance, le 11 janvier 1757, une convention opposée à l'alliance de Vér

sailles du 1er mai 1756. Comme ce traité n'a été publié qu'en 1802, nous allons l'insérer ici 1.

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S. M. le roi de Prusse et S. M. Britannique, en qualité de roi d'Angleterre, ayant fait de sérieuses réflexions sur l'alliance peu naturelle contractée, le 1° mai 1756, entre la France et la maison d'Autriche, et voyant que plusieurs puissances ont accédé à cette alliance, formée à dessein de renverser les lois et les constitutions de l'Empire germanique, et de détruire la religion protestante en Allemagne, ont cru qu'il étoit à propos, pour contre-balancer cette grande ligue, de resserrer, par un nouveau traité, les engagemens qui subsistoient déjà entre les cours de Berlin et de Londres. C'est pourquoi Leurssusdites MM., alarmées de la crise présente, et ne croyant pas d'ailleurs les secours stipulés par les anciens traités suffisans pour remettre les choses dans l'état naturel, sont convenues de faire les plus grands efforts pour maintenir les libertés de l'Europe et pour soutenir la religion protestante en Allemagne ; ce qui fait qu'elles ont signé les articles suivans:

Art. 1. Le traité conclu, le 15 janvier 1756, entre S. M. Prussienne et le roi de la Grande-Bretagne, ainsi que les engagemens qui subsistoient antérieurement entre les cours de Berlin et de Londres, pour la défense mutuelle et réciproque des deux cours, sont renouvelés et confirmés par ce traité-ci.

Art. 2. Mais, comme les secours stipulés dans les anciens traités ne suffisent pas pour contre-balancer

'M. KOCH, qui a publié ce traité, ne dit par quels ministres il a été signé.

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la ligue formée contre S. M. Prussienne et la plupart des états protestans en Allemagne, S. M. Britannique, en qualité de roi d'Angleterre, promet et s'engage de prendre à sa solde l'armée hanovrienne, comme cidevant, sous le nom d'armée d'observation, et de la porter jusqu'à 70,000 hommes, y compris les 20,000. Prussiens que S. M. Prussienne promet et s'engage d'y joindre.

Art. 3. Promet et s'engage S. M. Britannique, en qualité de roi d'Angleterre, de payer, tous les ans, tant que la présente guerre durera, un million de livres sterlings à S. M. Prussienne, pour la mettre en état d'agir efficacement contre ses ennemis, et les mettre à la raison.

Art. 4. De plus promet et s'engage S. M. Britannique d'envoyer dans la mer Baltique une escadre de 8 vaisseaux de ligne et de plusieurs frégates, et même plus, s'il est nécessaire, dès que S. M. Prussienne en fera la réquisition, afin de seconder ses puissans efforts.

Art. 5. C'est dans cette vue que S. M. Britannique promet et s'engage d'inquiéter la France sur ses côtes ou dans les Pays-Bas, afin de faire une puissante diversion en faveur de S. M. Prussienne.

Art. 6. D'un autre côté, S. M. Prussienne promet et s'engage à laisser à l'armée hanovrienne les vingt mille hommes de ses troupes qui doivent la joindre, jusqu'à ce que cette armée ait obligé les François de repasser le Rhin, et même de les y laisser plus longtemps, si les circonstances le permettent.

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Art. 7. Promet et s'engage S. M. Prussienne de faire les plus grands efforts pour forcer la cour de

L'Empire déclare la guerre à la Prusse.

Vienne à faire la paix, afin d'agir avec toutes ses forces contre la France, que les hautes puissances contractantes regardent comme leur ennemie.

Art. 8. C'est pourquoi elles promettent et s'engagent de faire mutuellement leurs efforts pour porter la guerre dans l'intérieur de la France, afin de la forcer à accepter la paix aux conditions qu'on voudra lui dicter.

Art. 9. Comme on ne peut parvenir à cette heureuse fin sans agir de concert, les hautes puissances contractantes promettent et s'engagent de ne rien faire sans se consulter mutuellement surtout de n'entendre à aucun accommodement particulier et séparé avec la France.

L'invasion de la Saxe souleva, en 1757, une puissante ligue contre Frédéric II, qui se vit attaqué à la fois par l'impératrice-reine, par le corps germanique, la France, la Russie et la Suède. La France déclara qu'elle regardoit l'invasion des Prussiens en Saxe comme une violation de la paix de Westphalie, dont elle étoit garante. L'empire germanique résolut, le 17 janvier 1757, de former une armée d'exécution, dont le commandement fut conféré au prince Joseph de Saxe-Hildbourghausen. Cependant le roi de Prusse, quoiqu'il ne fût que foiblement secondé par l'Angleterre, fit face à tous ses ennemis, et se signala par de nombreuses victoires..

La France s'étoit bornée d'abord à faire marcher vers les frontières d'Allemagne les secours

qu'elle s'étoit obligée de fouruir par son avec la cour de Vienne.

alliance

Mais, en 1757, elle se décida à agir comme partie principale, et envoya trois puissantes armées en Allemagne ; l'une, sous les ordres du maréchal d'Estrées, fut destinée à faire une diversion en Westphalie; le maréchal de Richelieu commanda la seconde armée sur le Haut-Rhin, et le prince de Soubise celle du Mein.

Stockholm du 21

L'humeur qu'on nourrissoit à la cour de Convention de Versailles eut plus de part à cette résolution mars 1757. que la saine politique, qui ne permettoit pas que la France abattit la seule puissance d'Empire qui fût en état de balancer la prépondérance de la maison d'Autriche. Le ministère françois mit beaucoup d'activité à susciter des ennemis à Frédéric II. Le marquis d'Havrincour négocia à Stockholm l'accession de la Suède à l'alliance. Il signa, le 21 mars 1757, une convention, par laquelle Adolphe-Frédéric déclara sa résolution de concourir avec le roi de France à l'exercice de la garantie des traités de Westphalie, relativement à la guerre qui venoit de s'allumer en Allemagne.

Voici le texte de cette convention peu connue :

La guerre qui s'est allumée en Allemagne et qui s'y continue, au mépris des lois et constitutions germaniques, ayant obligé plusieurs états considérables de

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