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dire, des lois qu'on lui a données; s'il ne repousse pas d'une volonté ferme et généreuse tout ce qui les contredirait, tout ce qui serait en opposition avec elles. Rien ne peut lui être plus funeste que son obsequiosité, sa complaisance à se prêter à toules les modifications qu'on voudra leur faire subir.

Le grand nombre d'acquéreurs de domaines nationaux et de leurs consorts, ne permet pas de porter atteinte à l'article de la charte constitutionnelle qui déclare ces ventes irrévocables; mais on ne perd pas l'espoir de diminuer ce nombre en effrayant les consciences timorées, en faisant dépendre la légitimité de la propriété d'autre chose que des lois humaines, qui en sont les seules régulatrices, et hors desquelles elle n'existe plus. Parce que les papes ont autrefois donné des empires, M. Bergasse veut sans doute que la religion soit l'arbitre de la propriété, et il voit avec douleur se perpétuer parmi nous « un grand nombre de fa>> milles immorales qui, certaines que les » propriétés qu'elles ont acquises ne leur

>> appartiennent pas, se sont fait des maximes » en opposition avec les lois saintes de la » religion; maximes qui, fortifiées par le >> scandale de leurs succès, ont appris à la >> multitude, sur laquelle l'exemple n'a que. >> trop d'empire, à renoncer aux croyances » qui la dirigeaient autrefois, pour arriver >> plus sûrement et plus vîte à la fortune; >> maximes d'ailleurs qu'elles transmettront » d'âge en âge à leurs avides héritiers, et » qui, plus qu'on ne le pense, contribueront » à perpétuer parmi nous cette philosophie » funeste qui n'a pour base que l'orgueil, » pour devoirs que des convenances, pour >> conséquences que l'égoïsme, c'est-à-dire » l'indifférence à tout bien, à moins que » dans le bien elle ne découvre quelqu'avan>>tage particulier, quelque profit personnel » à recueillir. >

Cette sortic contre la philosophie, pour n'être qu'une répétition déjà très-asée, n'en est pas plus juste ni plus vraie. Ce ne sont pas des philosophes qui, en vendant le paradis aux riches, ont dépouillé des familles de leurs héritages et acquis des biens im

menses dans le pays que nous habitons; quelqu'égoïsme qu'on impute à la philosophie, ce n'est pas la philosophie qui a donné ce scandale. Les amis de l'ordre vrai ne s'élèvent pourtant pas contre cette manière d'acquérir, qui leur paraît sans doute légitime, puisqu'ils réservent leurs anathêmes pour ceux qui ont réacquis de l'état ces biens soustraits à la circulation: ceux-ci sont des êtres immoraux, des usurpateurs impies!

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C'est en flétrissant de ces dénominations outrageantes et calomnieuses les acquéreurs de domaines nationaux, qu'on espère obtenir de l'opinion ce qu'on ne peut pas attendre encore de la violence, sauf à recourir à celle-ci quand des circonstances plus heureuses le permettront. « Il faut espérer >> dit M. Bergasse, qu'à mesure que l'empire » de la morale se rétablira, beaucoup de » plaies seront fermées; que le besoin de » l'estime de soi-même, que l'honneur >> commandera la réparation de bien des » torts, et que la conscience parlant enfin » son langage, forcera la cupidité elle» même à composer avec ses victimes. »

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Si cette doctrine s'accréditait, malgré les dispositions formelles de la charte constitutionnelle, on commencerait par des compositions, et on finirait par des expropriations forcées. Comment les amis de l'ordre vrai ne voient-ils pas qu'en infirmant dans l'opinion l'autorité des lois sur l'acquisition des biens nationaux, ils avilissent, autant qu'il est en eux, la valeur de ces biens, qui constituent la majeure partie de la richesse nationale? que par conséquent ils tendent à appauvrir la nation déjà trop épuisée de ses pertes, à paralyser l'industrie, à diminuer le revenu public? C'est ce qu'ils appellent réparer les maux, rétablir l'ordre, guérir les plaies!.... Dieu nous préserve de semblables guérisseurs ! X.

TABLEAU

DES excès que les troupes anglo-portugaises ont commis à Saint-Sébastien, le 31 août 1813 et les jours suivans, mis sous les yeux de la nation espagnole par la municipalité constitutionnelle, le chapitre ecclésiastique, le consul et les ha bitans de cette ville (1).

ON chercherait vainement dans les annales des peuples des exemples d'une politique aussi frauduleuse, aussi profondément immorale, que celle dont le gouvernement anglais a fait usage dans sa dernière guerre contre la France. Pour intéresser les peuples de l'Europe à sa querelle, et les charger en

(i) Anno de 1814, en Tolosa : por D. Francisco de la Lama, impresor de esta M. N. Y. M. L., provincia de Guipùscoa y sa junta diputacion.

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