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pand lui-même, il n'a été légitime que lorsqu'il a été le plus fort; c'est ce que semble prouver le couplet suivant, que chantaient les habitans de Madrid quelque temps avant la dernière évacuation de cette ville Français :

Viva Jose primero,

Viva Fernando,

Uno regna en invione,

Otro en verano (1).

par les

De quelque bonnes intentions que ce soit montré animé le rof Joseph, quelque salutaires que fussent ses réformes, et quelque intérêt qu'eût évidemment la nation espagnole à se rallier à lui, il est vrai de dire qu'elle ne l'a jamais reconnu. Cependant on ne peut tirer de cette vérité aucune induction défavorable à la conduite des hommes qu'un véritable amour de la patrie avait attachés à sa cause; il suffit, pour qu'on ne puisse leur adresser aucun reproche, qu'ils ne se

(1) Vive Joseph premier! vive Ferdinand! l'un règne en hiver et l'autre en été.

soient pas mis en insurrection contre le vœu général, et qu'ils n'aient rien fait pour entretenir le désordre et l'anarchie au sein de l'Espagne. Or, de tous les partis qui ont divisé ce royaume, c'est évidemment celui qui s'est toujours conduit avec le plus de modération et de sagesse.

Quand on considère de quels sentimens généreux et patriotiques ce noble parti était anime', on a peine à concevoir d'où pouvait être née l'ardente animosité qu'a fait éclater contre lui le parti des Cortès, dont les principes étaient d'ailleurs si purs et si libéraux. Il faut sans doute attribuer cette haine aveugle et funeste à l'erreur dans laquelle ce dernier parti était entretenu sur les véritables sentimens des Espagnols attachés à la cause de Joseph, d'abord par les Anglais qui voulaient renverser son trône, et chasser les Français de la péninsule, et ensuite par les grands d'Espagne, par les nobles et par les moines qui détestaient les réformes que le nouveau gouvernement avait opérées, et qui ne redoutaient pas moins celles qu'il pouvait préparer encore. Cependant il paraît

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de

la campagne que les Anglais ont faite en Espagne. Il n'est bruit dans le monde que cette campagne et du général qui l'a dirigée. En quoi donc fait - on consister la gloire de cette campagne et de ce général? La péninsule délivrée par lord Wellington est-elle mieux gouvernée, plus libre, plus heureuse? Il semble que cet illustre guerrier n'ait combattu que pour la cause du fanatisme, de l'ignorance et de la barbarie. Je cherche le fruit de ses triomphes, et je ne vois que l'inquisition, le despotisme et la féodalité relevant leurs têtes hideuses au milieu des ruines dont ses armées ont couvert la péninsule.

D.....R.

III. PARTIE.

DES JOURNAUX.

JOURNAL DE PARIS.

Le journal de Paris, ainsi que tous les

autres journaux, est un instrument ministé riel; mais ce qui le met hors de ligne, c'est une modération et une certaine indépendance d'idées qui inspirent la confiance et l'intérêt. C'est presque la seule feuille périodique qu'on puisse lire sans dégoût. Ses rédacteurs paraissent avoir adopté pour principe de ne point séparer le gouvernement de la constitution, et l'autorité du prince de celle des

lois. Voilà ce que les royalistes purs, ou plu

tôt les véritables factieux, appellentun Journal d'opposition.

Ils font beaucoup trop d'honneur au Journal de Paris, qui ne s'oppose à rien, et qui ne montre une sorte de courage que dans la défense des principes consacrés par nos lois. On savait cependant quelque gré aux ministres de souffrir cette censure indirecte de leurs aetes inconstitutionnels; cette tolérance était un argument dont leurs défenseurs auraient pu tirer parti dans l'occasion. Mais un évènement qui s'est passé au commencement de décembre leur enlève cette ressource; et il est peut-être pardonnable de penser que le pouvoir ministériel commence à perdre toute esFéce de pudeur, et se croit assez fort pour braver l'opinion publique et la justice.

Il paraît qu'un des rédacteurs du journal de Paris avait été trompé sur le véritable sens de la proposition que le maréchal duc de Tarente a faite la chambre des Pairs, concernant les secours à accorder aux émigrés dont les biens ont été vendus, et aux militaires dont les dotations de 500 fr, à 2000 fr. restent supprimées par l'effet du dernier

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