Page images
PDF
EPUB

ancêtres, sans lesquels il n'y a pas de François. Je vois la fille du Roi martyr, pure et touchante émule de deux ames célestes, de Clotilde et d'Elisabeth, ange de réconciliation que nous donne le ciel comme le gage, l'heureux garant de sa miséricorde, faire de la cour même une école de vertus, y mettre en honneur la piété, et y faire régner la véritable dignité, celle de la modestie, de la sim. plicité et de la décence. Je vois la paix s'embrasser avec la justice, et descendre, ainsi que parle le Prophète, sur les montagnes et les collines, comme une douce pluie qui les arrose et les féconde. Je vois l'instruction publique débarrassée de tous les alliages qui pourroient en altérer la pureté, s'asseoir de plus en plus sur ses antiques bases, et tendre noblement vers son but, celui de renouveler le sang politique, en renouvelant le sang chrétien. Je vois la philosophie réconciliée avec la sagesse, c'est-à-dire, avec la vérité, sans laquelle il n'y a pas de sagesse, et faisant ainsi l'essai de ce que peut, pour le bonheur du monde, le noble accord de toutes les lumières que le génie peut donner, et de tous les grands sentimens que la religion inspire. Je vois enfin la Providence qui ne fait rien à demi, mettre la dernière main à son ouvrage, confirmer, par de nouveaux prodiges, cette singulière prédilection qu'elle a montrée pour ce royaume; faire un heureux changement au dedans de nous comme elle l'a fait dans l'Etat ; purifier les ames, comme elle a changé les esprits; nous rendre dignes de nouveaux bienfaits par des vertus nouvelles, et au miracle d'avoir sauvé le Roi, ajouter encore le miracle de nous sauver nous-mêmes. Ainsi soit-il ».

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le souverain Pontife n'ayant point jugé à propos de se rendre immédiatement dans sa capitale, a nommé pour en prendre possession un des prélats de sa maison, Mgr. Augustin Rivarola, protonotaire apostolique. Ce prélat est arrivé à Rome, le 10 mai, et a reçu du conseiller napolitain, M. Macedonio, l'admi

nistration de l'Etat romain. Il a été reconnu par toutes les autorités comme délégué du Siége apostolique. Le Pápe lui a adjoint pour conseils, Mr. San Severino, prélat napolitain; le marquis Ercolani; le chevalier Jacques Giustiniani, frère du prince de ce nom; et Mgr. Barberi, procureur-général du fisc. On espère que S. S. fera son entrée ici le 25. Elle y est attendue avec impatience, et les habitans font des préparatifs pour sa réception: Ils se réjouissent d'être rendus à un gouvernement sage et paternel. La misère, l'injustice et l'oppression avoient signalé la dernière usurpation. Rome avoit perdu à la fois, son souverain, ses princes, ses prélats, tous ceux qui lui donnoient de l'éclat et y versoient leurs richesses. Les premières familles avoient été dispersées et bannies. Ses palais déserts n'offroient plus ni des secours à l'indigence, ni des ressources à l'industrie. Tout y étoit mort, et la tyrannie avoit frappé toutes les classes, paralysé tous les états, envahi tous les établissemens. Dans peu cette grande ville n'auroit plus été qu'un désert. Mais la Providence, en nous rendant à notre sou verain, rouvre nos coeurs à l'espérance et à la joie. Notre attachement pour lui s'est accru par son absence, par ses malheurs, par les nôtres, et par la noble et religieuse fermeté qu'il a conservée au milieu de ses souffrances. Il vient encore de montrer en dernier lieu son courage pour le maintien de ses droits. A la suite dequelques discussions avec une puissance voisine, il s'étoit décidé à envoyer à Paris, auprès des souverains alliés, un nonce chargé des intérêts du Saint-Siége. M. Della Genga avoit été désigné pour cette commission. Mais il paroît qu'il ne partira pas, les différends s'étant conciliés, et de nouveaux arrangemens ayant été pris. Nous voyons arriver ici chaque jour des bannis, des exilés, des prisonniers qui avoient encouru la disgrâce de l'ennemi du Saint-Siége. Dispersés dans les contrées lointaines, relégués dans les îles, plongés dans les cachots, traités avec inhumanité, ils rentrent dans leurs foyers et dans leurs places, et bénissent la main qui les a délivrés. Le retour des juifs dans leur patrie, après la

captivité de Babylone, n'étoit pas un plus grand bienfait que le retour de tous ceux que la dernière persécution avoit éloignés, et nous pouvons bien, comme les premiers, nous livrer à la joie, et chanter des cantiques d'actions de graces.

-Le 13 mai, Mr. Rivarola a publié la proclamation

suivante:

« Après une longue suite de vicissitudes les plus douloureuses, notre souverain peut de nouveau faire entendre sa voix à ses peuples biens-aimés, dont il s'est loujours montré le père, plus que le souverain. Il se rappelle avec tendresse les preuves d'amour et de fidélité que son bon peuple de Rome et ceux des provinces lui ont données dans des circonstances difficiles et cruelles. Ce souvenir est un motif de plus, pour sa bonté naturelle, de faire le bonheur de ses sujets. Ce but vers lequel tendent ces sollicitudes paternelles, est l'objet le plus cher à son cœur. L'espérance fondée d'y parvenir commence déjà à bannir de sa grande ame l'affligeante idée des malheurs passés. S. S. croit donc devoir à la prospérité publique, à son amour pour ses sujets et à sa propre gloire, de marquer, par de grands bienfaits, son heureux retour à l'exercice de sa souveraineté dans sa capitale et dans ses anciens Etats; elle croit devoir les soulager de l'oppression qu'ils ont supportée avec tant de patience et de courage. Chargé par S. S. de la précéder en qualité de son délégué apostolique, nous ordonnons, en conséquence, de publier, sans le moindre retard, les dispositions suivantes :

[graphic]

3

1°. Le Code civil (Napoléon) et celui de commerce, de. Code pénal et celui de procédure, demeurent, dès ce mo ment, abolis à perpétuité dans tous les domaines de S. S., sans déroger néanmoins au systême hypothécaire actuel, qui correspond aux anciennes lois. L'ancienne législature civile et criminelle, telle qu'elle existoit à l'époque de la cessation du gouvernement pontifical, est remise, des ce moment, en vigueur. Voulant cependant pourvor, avec plus de maturité, aux difficultés sur les suc

[ocr errors]

cassions qui naîtront nécessairement du passage d'une législation, à l'autre, on prendra sur cet objet et en son temps les dispositions convenables.

2o. Par suite de la susdite abolition, l'exercice de la juridiction des magistrats civils et criminels cessera. Ils seront remplacés par de nouveaux magistrats italiens, sans que dans l'intervalle les parties puissent souffrir, parce que les causes devront être reprises dans l'état où elles se trouvoient au moment de la cession de la magistrature supprimée.

3°. Le soi-disant état civil est supprimé. En conséquence, tous les livres, papiers et écritures, appartenans aux paroisses, leur seront immédiatement restitués.

4. Sont pareillement abolis dans toute leur extension les droits et perceptions de l'enregistrement, du timbre et du domaine. Tous les fonds, rentes et droits, de quelque espèce qu'ils soient, à quelque corporation qu'ils appartiennent, seront mis sous l'administration d'une commission spéciale formée d'ecclésiastiques, sous notre suprême intendance.

5o. Cette commission spéciale, antérieurement même à l'examen des droits respectifs et légitimes, restituera, dans le plus court délai, les biens non aliénés et existans. encore aux menses épiscopales, aux chapitres, aux paroisses, aux établissemens de piété et à chaque bénéficier.

6°. La même commission est chargée de faire payer aux réguliers de l'un et de l'autre sexe, dans le courant de mai, deux mois de la pension qui leur avoit été assignée; elle devra en outre pourvoir au service de toutes les églises qui étoient précédemment soumises pour cet objet à la commission dite des églises, qui, en vertu des présentes dispositions, demeure dissoute et abolie.

7°. Cette mesure du paiement de deux mois de pension indique d'elle-même que l'intention de Sa Sainteté, qu'elle a daigné nous manifester de vive voix, est qu'aucun des réguliers de l'un et de l'autre sexe ne puisse, du moins en ce moment, se réunir en corporation, ni reprendre l'ancien habit religieux. Le saint Père se réserve à lui-même de prendre à son tour en considération un objet d'une si

captivité de Babylone, n'étoit pas un plus grand bienfait que le retour de tous ceux que la dernière persécution avoit éloignés, et nous pouvons bien, comme les premiers, nous livrer à la joie, et chanter des cantiques d'actions de grâces.

-Le 13 mai, Mr. Rivarola a publié la proclamation

suivante:

«< Après une longue suite de vicissitudes les plus douloureuses, notre souverain peut de nouveau faire entendre sa voix à ses peuples biens-aimés, dont il s'est loujours montré le père, plus que le souverain. Il se rappelle avec tendresse les preuves d'amour et de fidélité que son bon peuple de Rome et ceux des provinces lui ont données dans des circonstances difficiles et cruelles. Ce souvenir est un motif de plus, pour sa bonté naturelle, de faire le bonheur de ses sujets. Ce but vers lequel tendent ces sollicitudes paternelles, est l'objet le plus cher à son coeur. L'espérance fondée d'y parvenir commence déjà à bannir de sa grande ame l'affligeante idée des malheurs passés. S. S. croit donc devoir à la prospérité publique, à son amour pour ses sujets et à sa propre gloire, de marquer, par de grands bienfaits, son heu-. reux retour à l'exercice de sa souveraineté dans sa capitale et dans ses anciens Etats; elle croit devoir les soulager de l'oppression qu'ils ont supportée avec tant de patience et de courage. Chargé par S. S. de la précéder en qualité de son délégué apostolique, nous ordonnons en conséquence, de publier, sans le moindre retard, les dispositions suivantes :

1. Le Code civil (Napoléon) et celui de commerce, de Code pénal et celui de procédure, demeurent, dès ce mo ment, abolis à perpétuité dans tous les domaines de S. S. sans déroger néanmoins au système hypothécaire actuel qui correspond aux anciennes lois. L'ancienne légi ture civile et criminelle, telle qu'elle existoit à l'é de la cessation du gouvernement pontifical, est des ce moment, Jen vigueur. Vlant cepend vor, avec plus de maturité, difficult

[graphic]
« PreviousContinue »