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mots les motifs, et donné lecture de quatre déclarations, nerons, dans le numéro prochain, la substance.

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Après cette communication, M. le chancelier a donné lecture de la liste des personnes appelées, par le choix du Roi, à composer la chambre des pairs, et aussitôt les pairs de France ont été ensemble appelés au serment à prêter entre les mains du Roi. Ils ont entendu, la main élevée, la formule de ce serment, et ont répondu : Nous le jurons!

La même prestation a eu lieu dans les mêmes formes de la part des membres de la chambre des députés des départemens. Les cris de vive le Roi! et des acclamations réitérées ont suivi ces actes solennels.

Le Roi a repris alors la parole, et a donné l'ordre aux membres de la chambre des pairs de se rendre au palais du Luxembourg pour former immédiatement cette chambre. Š. M. a également donné à la chambre des députés l'ordre de se former immédiatement, sous la présidence provisoire de M. Félix-Faulcon, M. de Trion-Montalembert faisant les fonctions de questeur, pour s'occuper de la formation des listes de candidats à présenter à S. M.

Le Roi, aussitôt après, est descendu de son trône, accompagné du cortège qui l'avoit précédé et suivi à son entrée; il s'est retiré au milieu des signes les plus éclatans et les plus unanimes des sentimens qu'avoient inspirés, et les paroles émanées du trône, et cet acte social si digne d'être présenté à des François, par le plus sage et le plus éclairé des princes.

elle

S. M. est rentrée au château des Tuileries à trois heures. La garde nationale formoit la haie. Malgré une pluie très-abondante, une foule immense couvroit la terrasse du château, le Pont-Royal, les quais; a fait constamment entendre des acclamations qui, sur le passage du Roi, avoient eu l'accent de la confiance la plus douce dans les intentions paternelles de S. M., et qui, au retour, ont pris l'expression qui appartient à des voeux satisfaits, et à une allégresse portée au dernier degré d'enthousiasme. (Extrait du Moniteur.)

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

Le samedi, 4 juin, veille de la Trinité, il y a eu dans l'église de Saint-Sulpice une ordination pour le diocèse de Paris. C'est la première qui ait eu lieu depuis la délivrance de l'Eglise et de l'Etat. Elle étoit composée de quelques prêtres, de plusieurs diacres et sous-diacres. M. l'évêque de Troyes a fait la cérémonie, pendant laquelle il a adressé aux ordinaus un discours analogue à la circonstance. Ses instructions paternelles, auxquelles son caractère, son talent et son zèle donnoient un nouveau poids, ont été entendues avec intérêt et recueillement par les jeunes lévites qui l'entouroient,

et qui, formés à une excellente école, connoissent le prix de la parole divine, et ont le goût de la piété. On a remarqué que ce prélat s'est rendu processionnellement du seminaire à l'église de Saint-Sulpice. Les ordinands étoient avec les habillemens de leur ordre, et M. l'évêque en habits pontificaux. On chantoit en allant le Veni Creator, el au retour le Te Deum. La nouveauté du spectacle avoit attiré un peuple nombreux, qui se montroit touché de ce triomphe de la religion, qui se prosternoit avec respect devant la croix, et qui recueilloit avidement les bénédictious du prélat. On voyoit que la piété étoit plus satisfaite encore que la curiosité par cet éclat extérieur qui réjouit les fidèles, et par cette pompe qui contribue plus qu'on ne pense à élever l'ame vers Dieu.

- MM. les vicaires-généraux du diocèse de Paris viennent de publier un Mandement sur la paix. Il renferme d'excellentes pensées sur la Providence, et sur la reconnoissance que nous devons à Dieu pour les bienfaits dont il nous comble (1).

-Les troupes alliées qui étoient dans la capitale l'ont quittée, et se sont mises en route pour se rendre dans leurs États respectifs. On a vu avec intérêt, pendant leur séjour ici, un grand nombre de soldats fréquenter nos églises. Nous en avons remarqué plusieurs qui ne manquoient pas le dimanche d'assister à la grand'messe dans la paroisse voisine de leur caserne. Ils s'y tenoie dans l'attitude la plus convenable, et la plupart avoient des livres sur lesquels ils suivoient l'office. Le jour de la Pentecôte entr'autres, ils y étoient en si graud nombre qu'on eût dit que toute la caserne s'y étoit transportée. Toujours debout ou à genoux, ils n'avoient point l'air évaporé ou distrait, ne causoient point entr'eux, et paroissoient tout occupés à prier. La piété de ces bons Allemands étoit un sujet d'édification pour nous. On en voyoit même quelquesuns assister à la messe dans le courant de la semaine, et montrer par tout leur extérieur que ce n'étoit point une vaine curiosité qui les attiroit dans nos églises. Rien, à notre avis, n'est si touchant que la piété dans un militaire. On se sent disposé à respecter l'homme loyal et courageux, qui dans un état semé de dangers, pratique sa religion sans en rougir. Je parierois aisément, sans le connoître, qu'un soldat que je

(1) On le trouve au bureau du Journal; prix, 50 cent. frane de port.

ronne étrangère. Les Etats de l'Allemagne seront indépendans et unis par un lien fédératif. La Suisse sera également indépendante. L'Italie, hors les pays rendus à l'Autriche, sera composée d'Etats souverains. Malte est cédée à l'Angleterre. Celle-ci nous rend nos colonies et établissemens, sauf Tabago, Sainte-Lucie, l'Ile-de-France, Rodrigue et les Séchelles. Les deux tiers de la flotte d'Anvers nous sont cédés. Nul dans les pays cédés ne sera inquiété pour ses opinions ou sa conduite passée. Les biens acquis dans les Pays-Bas par des François leur sont conservés. Dans deux mois toutes les puissances enverront des plénipotentiaires à Vienne pour y régler, un congrès, le sort de chaque Etat. Les traités faits par l'ancien gouvernement sont annullés. Le Roi s'engage à abolir la traite des nègres dans cinq ans. La France rend aux Anglois les biens qu'ils pouvoient avoir en France et qui ont été confisqués. Ce traité est signé pour la France, par M. de Talleyrand, ministre des affaires étrangères; pour l'empereur d'Autriche, par MM. de Metternich et de Stadion; pour la Russie, par M. de Rasoumoffski; pour l'Angleterre, par les lords Castelreagh, Aberdeen et Cathcart, et par l'honorable Charles-Guillaume Stewart; et pour la Prusse, par MM. de Hardenberg et de Humbolt. Chacune de ces puissances s'est engagée par un traité séparé. On remarque dans la plupart des clauses et articles le désir de faire oublier les maux passés et les divisions précédentes, et de réparer les injustices commises par suite de la révolution, ou par l'ambition d'un seul homme. Ainsi l'Angleterre renonce à l'indemnité qui lui seroit due pour l'entretien des prisonniers François, quand on aura rendu aux Anglois leurs propriétés en France. On renonce réciproquement à toute réclamation pour contrats, avances et fournitures. Espérons que l'esprit qui a dicté ce traité subsistera pour le repos de l'Europe et pour notre bonheur, à nous qui avons été en proie à tant de divisions, qui avons vu périr tant de nos frères dans des guerres ruineuses, et qui avons besoin de la paix pour la restauration de notre commerce, pour le raffermissement de notre corps social, et pour le rétablissement des principes moraux et religieux dont la révolution nous a si fort écartés.

- Le Roi a rendu, le 12 mai, cinq ordonnances qui déterminent la forme et l'organisation de l'armée pour le pied de paix. Par cette mesure l'armée se trouve composée de deux cents et quelques mille hommes.

qu'elle aura même pour agréable, que les processions du trèssaint Sacrement se fassent hors de l'enceinte des églises. Cette permission ne pouvant pas parvenir assez promptement partout pour qu'on prépare, avant jeudi, les décorations exté rieures et religieuses qui conviennent à cette solennité, les processions resteront fixées, cette année, au dimanche dans l'octave et au dimanche suivant. L'octave et les saluts commenceront jeudi.

Le zèle du Roi pour la religion saisit et prévient même toutes les occasions de la faire honorer, et d'en inspirer, par la puissance de l'exemple, les sentimens à son peuple, dont il veut être le modele comme il en est le père.

La présente lettre sera publiée et affichée dans les églises de Paris.

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Par Mandement de MM. les vicaires-généraux, ACHARD, chanoine-secrétaire. En conséquence, la procession de la Métropole sortira à neuf heures précises, et passera par les rues Notre-Dame, le Marché-Neuf, le quai des Orfèvres, etc.

NOUVELLES POLITIQUES.

er

Le 30 mai, le traité de paix a été signé à Paris entre la France et les puissances alliées. Sa longueur nous empêche de l'insérer ici. Il suffira à nos lecteurs d'en savoir les principales dispositions. La France conserve les limites qu'elle avoit au 1 . janvier 1792. Elle acquiert de plus dans le département de Jemmapes, les cantons de Dour, Merbes-le-Château, Beaumont et Chimai; dans le département de Sambre et-Meuse, les cantons de Valcourt, Florennes, Beauraing et Gédinne; quelques portions de territoire au nord du département de la Moselle; dans le département de la Sarre, les cantons de Saarbruck et d'Arneval, et une partie de celui de Lebach, du côté de Landau, les cantons de Weissembourg et Bergzabern; du côté de Genève, la plus grande partie des cantons de Frangy, Reignier et la Roche; et en Savoie la sous-préfecture de Chambéri et celle d'Annecy. On assure à la France, Avignon, le comtat Venaissin, le comté de Montbéliard et toutes les enclaves en Alsace. La Hollande, placée sous la souveraineté de la maison d'Orange, recevra un accroissement de territoire; mais il est stipulé que le titre de l'exercice de la souveraineté n'y pourront appartenir à un prince portant ou appelé à porter une cou

bonté, son affabilité, son envie de faire le bien et de se concilier l'attachement de ses sujets. Ce dernier sentiment étoit poussé chez lui à un excès dont on s'est servi pour l'entraîner dans des mesures fatales. On savoit qu'on obtiendroit tout de lui en le flattant de la reconnoissance des François et de l'approbation générale, et on a abusé de ce prix qu'il attachoit à l'opinion, pour le perdre par des démarches qu'on lui représentoit comme sollicitées par la majorité de la nation. Ainsi, on tourna successivement contre lui toutes les qualités qu'il avoit en partage, sa modestie, sa modération, son amour de l'ordre, son économie, sa répugnance pour les mesures violentes et arbitraires, son horreur pour le sang; et on peut bien dire de lui qu'il fut malheureux parce qu'il avoit été trop bon, et qu'il périt parce qu'il avoit été trop humain.

Tel est le Prince qu'on avoit déprimé et travesti, tantôt en homme ignorant et pusillanime, et tantôt en tyran. Ceux qui vouloient le renverser, avoient intérêt à le perdre dans l'opinion, et de-là les bruits absurdes répandus sur lui, bruits qu'on se rappelle avoir entendu circuler au moment de la révolution, et dont on n'a reconnu que depuis les motifs et les auteurs. Il est juste de substituer à ces rapports trompeurs des notions plus exactes sur le compte d'un Prince qui paroît avoir été toujours dévoué au malheur. C'est la tâche qu'a entreprise M. Montjoie. Il s'est attaché à nous faire connoître Louis XVI, non point d'après les inculpations de perfides ennemis, mais d'après des renseignemens moins suspects et plus sûrs. Il interroge les faits, il invoque les témoignages de ceux qui ont approché ce Roi, et il le suit dans toutes les circonstances de sa vie, depuis le berceau

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