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sert de passage à un grand nombre d'ecclésiastiques romains qui ont recouvré leur liberté, et qui retournent dans la capitale du monde chrétien. Ils sortent des prisons d'Alexandrie, de Fenestrelle, de Piguerol, de Corse, ou reviennent de divers lieux de France où ils étoient exilés. Il s'est formé ici une société pour leur procurer les secours dont ils ont besoin. On ne peut voir sans attendrissement ces généreuses victimes de la persécution. Leurs fronts sillonnés par l'âge ou la douleur, portent néanmoins le caractère du courage, du calme et de la sainteté. On voit qu'ils ont souffert, mais ils n'en parlent qu'avec réserve et sans amertume. Nous nous empressons de les recevoir, et de leur procurer des moyens de transport. Toute la ville est occupée d'améliorer leur sort. Leur grand nombre et le dénuement où ils sont pour la plupart, auroient suffi pour rendre odieux l'auteur de leurs maux. Mais ils ne veulent voir que le bienfait de la Providence, qui les a délivrés, et qu'ils nous engagent à bénir et à remercier avec eux.

GAND. Cette ville a vu avec une grande joie revenir dans son sein, le 24 mai, notre évêque, M. de Broglie, qui avoit, comme on sait, encouru une honorable disgrâce par sa conduite lors du concile. Il fut mis à Vincennes, exilé ensuite à Beaune, puis envoyé aux îles SainteMarguerite et ramené l'année dernière à Beaune. On arracha de lui un simulacre de démission, et on tourmenta son clergé pour le forcer d'y obtempérer. La violence fut employée pour confirmer une première injustice. La plus saine partie du clergé ayant refusé de se soumettre à un acte dicté dans les cachots, éprouva, à son tour, les ressentimens de celui qui avoit juré de troubler toute l'Eglise. Des ordres rigoureux furent envoyés à Gand. L'appareil militaire fut substitué aux règles de l'Eglise. Des hommes complaisans, que nous ne voulons pas designer ici, se rendirent les instrumens ou même les provocateurs de ces mesures odieuses. On lança des interdits arbitraires contre des prêtres respectables par

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leur zèle et leur fidélité. On mit tout un diocèse en feu pour servir l'ambition de l'ennemi du Saint-Siége. On sévit surtout contre des jeunes gens qui montroient un vif attachement pour leur évêque, et un éloignement marqué pour celui qui étoit venu s'asseoir à sa place. On traita de fanatisme leur constance et leur dévouement, et par une barbarie que l'impiété seule pouvoit concevoir, on les fit enlever tous comme des criminels, et on conduisit ces malheureux jeunes gens à Wesel, au dépôt des conscrits réfractaires. Il y avoit ordre de les traiter avec rigueur, et de désoler leur patience, comme autrefois celle des prêtres sous le directoire. C'est ainsi que ces jeunes élèves du sanctuaire consacroient à Dieu, par leurs souffrances, les prémices de leur vocation. Parmi eux étoient plusieurs diacres et sous-diacres. Tous avoient été enveloppés dans cette dragonnade. Plusieurs ont péri des suites des mauvais traitemens. Ceux qui ont survécu ont été renvoyés à Gand, où leur sort avoit excité le plus grand intérêt, et où ils ont été reçus comme d'honorables victimes de leur zèle. Le clergé de Gand respirent comme eux, et nous nous félicitons tous d'être délivrés, à la fois, de la tyrannie politique, et de la persécution religieuse.

PARIS. Les vicaires-généraux de Paris ont adressé à MM. les curés du diocèse, la circulaire suivante :

<«<Monsieur, des pétitions nombreuses nous sont adressées pour obtenir des dispenses d'empêchemens au mariage. Presque toutes sont précédées de la publication des bans faites aux prônes des messes paroissiales. La concession de toute dispense ne devant pas être présumée, mais attendue, il est important d'éviter ces publications prématurées, qui ont le grave inconvénient d'exposer les parties à compter sur une alliance, qu'il ne sera pas toujours possible d'autoriser. Nous vous prions, en conséquence, Monsieur, et nous vous recommandons de ne point publier de bans de mariage, sans avoir, avant tout, fait aux parties intéressées les

interrogations nécessaires, pour découvrir les empêchemens, s'il y en a, et dans le cas où il y en auroit, de suspendre toute publication».

METZ. Un grand nombre d'excellens prêtres étoient morts victimes de leur dévouement pour les malades attaqués de l'épidémie qui a régné ici, et dans tout le diocèse. Plusieurs paroisses manquoient, depuis ce temps, de pasteurs. Heureusement que ces brêches viennent d'être réparées dans l'ordination des Quatre-Temps de la Trinité. Il a été ordonné ici quarante prêtres, nombre vraiment prodigieux pour les temps où nous nous trouvons. A l'ordination de septembre, il y aura cinquante sousdiacres. Cette abondance de sujets est due aux établissemens qu'a su former ici le zèle de notre évêque, et pour lesquels il a été secondé par la charité des fidèles. S'il a réussi à pourvoir à nos besoins dans des temps si difficiles, et sous un gouvernement si peu favorablement disposé, que ne pouvons-nous point espérer de ses efforts sous un Prince qui aime et honore la religion, et qui veut tout ce qui peut la faire fleurir? M. l'évêque a publié, le 18 mai, un Mandement en actions de grâces du retour du Roi. Il nous y montre ce Prince se formant, dans la retraite et l'adversité, aux fonctions importantes qu'il a à remplir aujourd'hui: puis passant à la cérémonie qui eut lieu à Notre-Dame le jour de son entrée, il dit : « Pourquoi la nation entière n'étoitelle pas là pour apprendre de son Roi et de ses Princes comment il convient à l'homme, au jour de sa prospérité, de se souvenir de ses jours malheureux, et comment il sied aux monarques de la terre, de s'humilier devant le Roi des Rois et le Seigneur des Seigneurs, pour se glorifier eux-mêmes aux yeux de leurs peuples. Nous voudrions surtout vous peindre, s'il étoit possible, l'attitude touchante du Roi, des Princes, de la Princesse, prosternés à genoux dans le coeur de la Basilique; l'Europe debout, en quelque sorte, devant eux pour être la spectatrice de leur profession de foi. Rien,

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néanmoins, d'affecté dans les sentimens et l'expression de leurs prières. C'étoit le tribut de la piété même, celui d'une reconnoissance sans bornes. Il sembloit qu'on entendoit le Roi demander à Dieu, comme Salomon, la sagesse pour assistante sur le trône, pour que son règne fût celui de la justice et de la paix. Les Princes paroissoient unir leurs pensées à celles du Roi, pour remercier Dieu, le louer, le bénir et l'adorer en ce jour de clémence, de bénédiction et de salut. Mais, MADAME, fille de Louis XVI, combien son ame devoit s'élancer avec ardeur vers le ciel dans cette prière ! Combien elle réunissoit de souvenirs, elle sollicitoit de grâces, et elle présentoit de vœux pour le Roi, pour la France, pour elle-même! Quand on a dit, Nos très-chers Frères, qu'un ange du ciel sembloit prier en sa personne, on a exprimé le sentiment qu'a fait naître, dans toutes les ames, la vue d'une telle piété, jointe à l'idée d'une telle vertu. Mais c'est-là ce que seront toujours les princesses pieuses, placées sur le trône ou sur les marches du trône, les anges de leur nation>......

MONTMORENCY. Pendant la révolution, à Montmorency, comme ailleurs, l'asile sacré des tombeaux avoit été violé. On avoit enlevé les cercueils de plomb où reposoient les cendres des Montmorency, et on avoit jeté dans une même fosse du cimetière tout ce qui restoit de leurs corps. Le sage et vaillant connétable de Montmorency avoit été trouvé entier, et son grand 'nom n'avoit pu le préserver de l'outrage. Depuis le Concordat, notre curé, animé d'un respect religieux pour la mémoire des anciens défenseurs de la monarchie et des bienfaiteurs de cette paroisse, osa établir un service expiatoire en leur honneur. Ce service se célébroit, chaque année, le 24 mai, jour du décès de Guillaume de Montmorency, restaurateur de l'Eglise, qui conserve sa tombe au milieu du choeur. On n'avoit pu comprendre dans cette réparation solennelle celle qui étoit due aux corps de la maison de Condé, également profanés. On auroit craint d'éveiller

par là les ressentimens de celui qui avoit frappé cette noble famille d'un deuil irréparable, et on se contentoit de prier pour sa victime dans ce chef-lieu du duché d'Enghien. Cette année, sur l'invitation ordinaire de M. le curé, MM. le baron de Montmorency et son fils, le prince de Tancarville, les comtes Matthieu et Adrien de Montmorency, mesdames de Rohan, de Tancarville, de Mortemart, et autres respectables personnages de cette maison, se sont rendus à Montmorency, et ont assisté au service avec la piété qui convient aux premiers barons chrétiens. Le curé, dans un petit discours, a payé le tribut à la mémoire de ces preux de l'honneur et de la religion, et n'a pas oublié de célébrer, devant leurs dignes héritiers, notre heureuse délivrance et le rétablissement de cette monarchie, dont les Montmorency furent un des principaux appuis, et dont l'histoire se lie avec la leur.

NOUVELLES POLITIQUES.

S. M. a accordé la croix de Saint-Louis à seize de MM. les maréchaux de France et à plusieurs généraux.,

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-M. le général Sacken a cessé ses fonctions de gouverneur de Paris.

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Le Roi a écrit la lettre suivante au général baron de Sacken, en lui envoyant son portrait placé sur une superbe boîte enrichie de diamans. Les expressions pleines de bonté du Roi ont comblé de bonheur le général de Sacken; elles sont pour lui le plus auguste témoignage, qu'en secondant les intentions magnanimes de son souverain en faveur de la ville de Paris, il a fait du bien et et son devoir.

Paris, le 3 juin 1814.

« Monsieur le général baron de Sacken, sachant apprécier la conduite que vous avez tenue envers ma bonne ville de Paris, et le soin que vous avez pris-d'alléger,

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