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que le contre-amiral Linois est nommé gouverneur de la Guadeloupe.

-La première compagnie des gardes du corps, dite la compagnie Ecossoise, a été présentée à S. M. dans la nouvelle galerie qui conduit à la chapelle. S. M. a témoigné à ce corps toute la confiance qu'elle mettoit dans sa fidélité; elle a rappelé les preuves de dévouement qu'elle avoit reçues des anciens gardes qu'elle voyoit encore dans leurs rangs. Les gardes du corps sont descendus dans le portique du rez-dechaussée du côté de la chapelle; M. le prince de Poix y a été envoyé aussitôt par S. M. pour faire prêter le serment. Cette cérémonie a été précédée d'un discours que le major de cette compagnie lui a adressé. Le ton franc, noble et dévoué de ce brave officier a pénétré dans toutes les ames; les larmes couloient de tous les yeux; les cris de Vive le Roi! sont partis de toutes les bouches. Rien ne sauroit exprimer l'élan et l'enthousiasme avec lesquels ont été prêtées les diverses parties du serment. Les gardes du corps ont juré d'être fidèles à S. M. de ne jamais servir de prince étranger à la maison de Bourbon: de prévenir tous les complots qui seroient formés contre le Roi; enfin de vivre et de mourir pour lui. Les cris de joie et d'amour, poussés avec ivresse, ont attiré le public de toutes les parties du jardin; on montoit sur les balustrades, sur les grilles, pour voir ce spectacle intéressant. Les militaires mêlés dans la foule joignoient leurs vœux et leurs applaudissemens à ceux des gardes. Lorsqu'ils se sont séparés, on s'empressoit autour d'eux, on les félicitoit de leur zele, et du bonheur qu'ils alloient avoir de servir un maître si aimé, et si digne de l'être.

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De l'état religieux.

APRÈS vingt-cinq années de révolution, au moment où, éclairés par tant d'expériences malheureuses, nous abjurons les maximes des novateurs pour retourner à nos vieilles institutions, il est permis de jeter un regard douloureux sur ces monumens que la sagesse de nos pères avoit établis pendant un si grand nombre de siècles, et qu'un moment de folie a renversés. Dans l'impuissance dans relever toutes les rui

il est permis du moins de recueillir ce que nous en pouvons retrouver de débris précieux. Arrêtonsnous un moment sur une des œuvres les plus antiques de la piété et de la sagesse humaine, sur l'état monastique.

Long-temps l'objet de la vénération des peuples, les ordres religieux devoient être en butte à toute la fureur de la philosophie. On leur chercha des crimes, et surtout des ridicules : ils répondirent par des raisons à des sarcasmes, et succombèrent. Aux railleries succédèrent bientôt des déclamations : des abus leur furent reprochés comme des vices; ce qui étoit bon fut calomnié; on dissimula les services qu'ils rendoient à la société ; ceux qu'ils rendoient à l'Eglise furent produits comme de nouveaux titres de proscription. Quelques ministres, séduits ou intimidés, prêtoient l'oreille à leurs accusations; et malheur à qui osoit 'élever la voix pour les défendre.

A cette époque, deux jeunes ecclésiastiques entreprirent de répondre à tant d'imputations injustes ou exagérées, dans un ouvrage publié, en 1784, et intiTome Ier. L'Ami de la R. et du R. No. XIX.

tulé: De l'Etat religieux. Les auteurs remontoient à l'origine des ordres monastiques, en suivoient l'histoire jusqu'à nos jours, en observant le but de leurs premiers fondateurs, l'objet et l'esprit de leurs institutions, et le tableau des bienfaits qu'en avoient la religion et la société

reçus

Nous voyons les premiers cénobites fuir le monde, d'où les chassoient les persécutions des empereurs et le scandale des mœurs païennes, et chercher la solitude pour y pratiquer, sans crainte et sans distraction, les vertus évangéliques. De ce nombre sont saint Paul et saint Antoine. Au 4°. siècle, saint Pacôme est le premier qui trace une règle aux solitaires, et les réunit en congrégation. Bientôt l'Orient se peuple de pieux anachorètes. Des monastères s'établissent en Palestine, en Syrie, en Egypte, et jusque dans les déserts les plus reculés de l'Afrique. Enfin, cette profession se propage dans tout l'Occident, et saint Martin les fondemens du premier monastère en France.

pose

« Aimez Dieu, votre prochain; priez sans cesse ; >> mortifiez vos sens; soyez humbles»; telle étoit d'abord la règle commune, la règle unique de tous les religieux ; et telle fut ensuite la base éternelle de tous les statuts monastiques.

Quelle étoit l'existence de ces premiers solitaires? Voués aux plus rudes exercices de la pénitence, séparés nou-seulement du monde, mais, en quelque sorte, de la nature, ils avoient choisi pour asiles des terres incultes et inhabitables; et le premier tribut qu'ils payèrent à la société, dont ils ne recevoient aucun secours, fut de faire prospérer l'agriculture dans des lieux où des hommes moins patiens et moins endurcis au travail, n'auroient pu obtenir de la terre aucune production. Cependant leur sobriété leur lais

soit encore un superflu, et ils pouvoient remplir tous les devoirs de la charité : car, selon l'expression de saint Augustin, «les moines, qui semblent se passer >> du reste des hommes, ne peuvent se passer de les

>> aimer >>.

A mesure que les établissemens religieux se perfectionnèrent, ils se rapprochèrent des villes, et des rapports plus immédiats s'établirent entr'eux et le monde ce fut alors que leurs travaux et leurs services devinrent plus importans. Qui peut ignorer ce que doit aux moines la civilisation? Qui ne sait que, lors de l'invasion des peuples du Nord, ils recueillirent tous les monumens des beaux génies de l'antiquité; qu'ils cultivoient les sciences, les lettres et même les beaux-arts, quand le reste des hommes étoit plongé dans l'ignorance la plus profonde; et qu'enfin, ces lumières dont nous sommes si fiers, et dont nous avons fait contre la religion un si funeste usage, s'étoient réfugiées au fond des cloîtres?

Les auteurs de l'ouvrage dont nous parlons entrent dans des développemens que les bornes étroites de cet article ne nous permettent pas de suivre : ils nous montrent les religieux édifiant l'Eglise par l'exemple de leurs vertus, la soutenant par leur constance a éclaircir les mystères de la théologie, à maintenir la doctrine chrétienne dans toute sa pureté, à combattre les hérésies, enfin par leur zèle à propager les lumières de l'Evangile; ils nous les représentent servant l'Etat par des travaux d'une autre nature. Des congrégations se forment pour se consacrer à des professions dont quelques-unes semblent même incompa tibles avec la vie religieuse de ce nombre sont les ordres militaires, tels que les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, depuis chevaliers de Malte, les Tem

pliers, les religieux de l'ordre Teutonique, ceux de Saint-Jacques et d'Alcantara en Espagne. D'autres communautés, qu'il seroit même trop long de nommer, se partageoient entre les pratiques du cloître et les soins de la charité, soit en rachetant les chrétiens captifs des Musulmans, soit en se vouant au service des hôpitaux, soit en ouvrant des asiles aux pauvres et aux orphelins. Mais parmi tant de bienfaits que la société a reçus des moines, la France ne devoit-elle pas voir avec reconnoissance les soins qu'ils donnoient à l'éducation de la jeunesse? Avons-nous oublié que de tant de grands hommes dont nous avons admiré le génie, et dont nous honorons la mémoire, la plupart étoient sortis de leurs écoles? Voilà pourtant ceux que nous avons proscrits comme ennemis de toute institution sociale. On les a tous exterminés ou chassés; on s'est emparé de leurs dépouilles en avonsnous été plus riches et plus heureux? Y avons-nous même gagné des idées plus libérales ?

Mais quoi, dira-t-on, faut-il donc rétablir les corporations religieuses? Eclairés et civilisés comme nous le sommes, ne devons-nous pas regarder la mission des moines comme terminée parmi nous? Long-temps dépositaires des monumens des sciences et des lettres ils ont administré ce précieux héritage de l'antiquité comme des tuteurs habiles et intègres mais nous sommes enfin sortis d'une enfance qui a duré tant de siècles; nous connoissons le prix des biens qu'ils nous ont conservés, donnons des éloges à leur zèle et à leur patience; mais ne leur demandons plus des travaux dont nous n'avons plus besoin.

Une pareille objection seroit bien légère, si les intérêts de l'Eglise étoient mis dans la balance; mais à ne considérer que le bien de l'Etat, sans parler même

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