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une longue maladie, il a témoigné beaucoup de regrets de ses torts, et s'est réconcilié avec l'Eglise. Il n'a pu, sans doute, rendre ses écrits meilleurs; mais il a manifesté hautement son repentir du langage qu'il y avoit tenu, et des calomnies qu'il avoit avancées. Il a même voulu conférer avec un ecclésiastique estimable, et fort connu de la capitale, qui l'avoit autrefois réfuté, et il l'a rendu témoin de la vivacité de ses regrets et de la sincérité de son repentir. Il s'est soumis à tout ce qu'on a exigé de lui pour la réparation du passé, et il est mort dans les sentimens de pénitence qui convenoient à sa çonduite. Il seroit à souhaiter qu'on pût consigner cette anecdote en tête de tous ses écrits, qui heureusement sont tombés dans un grand discrédit. Nous ferons connoître quelque jour un acte plus important encore. C'est la rétractation très-précise d'un homme bien au-dessus de tous ceux que nous venons de nommer, d'un savant estimable, qui n'a pas attendu la maladie pour se déclarer chrétien, et qui a vécu, pendant plusieurs années, dans les pratiques de la piété. Nous citerons une déclaration fort curieuse qu'il a laissée, et qu'on nous a communiquée. C'est une pièce qui pourra servir à l'histoire de la philosophie.

-On sait qu'il avoit paru, il y a quelques années, un Catéchisme pour toutes les églises de France. Ce Catéchisme avoit été rédigé par des ecclésiastiques qui avoient pris pour base de leur travail le Catéchisme donné autrefois pas Bossuet à son diocèse. On y avoit fait différens changemens. On avoit interverti l'ordre des matières et partagé l'ouvrage en trois parties, le dogme, la morale et le culte; division qui n'existoit point dans la rédaction de l'évêque de Meaux. On se permit quelques suppressions qui n'étoient pas sans importance, et on fit d'un autre côté quelques additions, dont la plus considérable est l'article de la soumission aux puissances. Il est probable que le rédacteur ne fut pas tout-à-fait maître dans cette partie de son travail. On y insista, non-seulement sur la soumission due à l'autorité existante, mais sur

l'amour que nous devions, disoit-on, à celui qui régnoit alors; et nos devoirs à cet égard furent présentés avec une affectation qui prêtoit au ridicule. Néanmoins ce Catéchisme fut sanctionné par l'autorité, et envoyé dans tous les diocèses avec l'obligation de l'enseigner. Dans plusieurs lieux ont eut à surmonter bien des répugnances. Le nouveau Catéchisme, indépendamment des inconvéniens que nous venons de remarquer, parut moins à la portée du peuple. On trouva qu'il manquoit de développemens, surtout dans la partie morale. Toutefois on a eu tort de dire, en dernier lieu, que ce Catéchisme posoit pour dogme principal l'obéissance aveugle aux volontés de Napoléon. Ces mots n'y étoient point, et la religion met des bornes à l'obéissance même envers un souverain légitime, en nous enseignant qu'il ne faut point faire ce qu'il nous commanderoit contre la loi de Dieu. C'est une exception qui est de droit, et que les personnes chargées de l'enseignement n'ont sans doute pas manqué de rappeler. Quoi qu'il en soit, ce Catéchisme, repoussé de tous côtés par l'opinion, va probablement cesser d'être en vigueur. Déjà les vicaires généraux de Paris ont rétabli celui qui étoit précédemment en usage dans le diocèse (1). Plusieurs évêques en ont agi de même: il paroît juste, en effet, de les laisser rentrer dans leur droit naturel de donner un Catéchisme à leurs diocésains, suivant la connoissance qu'ils ont des personnes et des localités, et suivant le besoin des temps. Ils peuvent savoir mieux que personne quelles sont les vérités les plus nécessaires à inculquer à leur troupeau, et quelles sont les erreurs qu'il importe le plus de combattre.

Il se répand que M. Cortois de Pressigny, ancien évêque de Saint-Malo, est désigné pour ambassadeur de France à Rome. Un tel choix sera approuvé par tous ceux qui ont été à portée d'apprécier les lumières et les excellentes qualités de ce prélat.

(1)' Ce Catéchisme vient d'être réimprimé, et se trouve au bureau du Journal; prix, 50 cent.

-M. l'abbé Desjardins, qui avoit été emprisonné et exilé, il y a quelques années, est arrivé à Paris, le 21 juin. Curé des Missions-Etrangères, il avoit encouru la disgrâce de l'irascible empereur pour quelque correspondance avec l'étranger. Il fut question de le fusiller. Le clément monarque daigna commuer la peine. M. Desjardins fut successivement envoyé à Fenestrelle, dans l'État de Parme, et en dernier lieu à Verceil. Son retour à Paris a été un jour de joie pour sa paroisse et ses amis. On s'est empressé d'aller féliciter cet homme estimable, qui à une piété vraie joint une amabilité rare, et qui semble doué des qualiés les plus propres à faire respecter la religion par ceux qui ont le malheur de ne la pas connoître.

- Il sera célébré, le samedi 23, dans l'ancienne église des Jésuites de la rue Saint-Antoine, aujourd'hui paroisse Saint-Paul-Saint-Louis, un service pour les généraux Pichegru et Moreau, pour le malheureux Georges, et pour les autres fidèles royalistes qui ont péri avec lui. Leurs parens et leurs amis, ainsi que tous ceux qui portent intérêt à leur mémoire, sont invités à se rendre dans l'église à dix heures et demie.

et

LIMOGES. Ce diocèse vient de perdre M. Joseph Defénieux, vicaire-général. Il étoit né d'une famille noble et ancienne ses parens, dans sa jeunesse, l'envoyèrent à Paris faire ses cours d'Université; agrégé à la maison et société de Sorbonne, il fit sa licence de la manière la plus distinguée, enseigna la philosophie pendant quelques années au collège du Plessis-Sorbonne, reçut ensuite le grade de docteur en théologie. Il fut alors nommé chanoine et grand-vicaire de Rennes : ce fut la première récompense accordée à son mérite. S'étant fait connoître avantageusement aux Etats de Bretagne, il fut nommé commissaire pour la navigation intérieure, et ces services lui valurent peu après une pension de 3,000 liv. sur l'abbaye de Brières, au diocèse de Vannes. Les af faires de la province ayant exigé qu'elle fit une députation au Roi dans des circonstances délicates, il fut choisi pour en être membre. Durant la révolution, qui suivit

de près, son attachement à la religion et au trône le fit déporter sur les vaisseaux de Rochefort, où il fut prisonnier pendant quinze mois. Dès qu'il eut recouvré sa liberté, son zèle et sa piété lui firent exercer le saint ministère avec beaucoup de fruit à Château-Poinsac, sa patrie, malgré les dangers auxquels il étoit continuelle→ ment exposé. Lors de l'organisation du clergé, il fut replacé à Rennes comme chanoine et grand-vicaire; mais le désir de se rapprocher de sa famille, et l'invitation de M. l'évêque de Limoges, l'engagèrent peu de temps après à quitter ces avantages, pour venir occuper, d'abord la cure de Guéret, et ensuite la place de vicairegénéral. A cette dernière époque de sa vie, il s'est livré tout entier aux devoirs de son état, et s'est borné à faire usage des profondes connoissances qu'il avoit acquises dans la théologie, tant dogmatique que morale, et dans le droit canon. Sa correspondance, pour les affaires du diocèse, occupoit une grande partie de son temps; et le clergé, dans les relations habituelles qu'il avoit avec lui, a également admiré sa science, sa prudence, sa douceur et sa modestie.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le Roi a reçu, le 21 juin, après la messe, dans la salle du Trône, le corps diplomatique, qui a été conduit à l'audience de S. M. par M. de Lalive, introducteur des ambassadeurs: M. Dargainaratz, secrétaire du Roi à la conduite des ambassadeurs, précédoit.

A cette audience étoient présens :

MM. le comte de Pozzo di Borgo, aide-de-camp général de S. M. l'empereur de Russie, et son ministre plénipotentiaire; sir Charles Stuart, ministre plénipotentiaire, et envoyé extraordinaire de S. M. britannique, le comte de Goltz, général-major au service de S. M. le roi de Prusse, son envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire, et le comte de Bombelles, chargé d'affaires d'Autriche, accrédités pour résider à la cour de France.

MM. le marquis de Marialva, grand-écuyer de la cour de Portugal, envoyé extraordinaire; le comte de Balbe, chambellan de S. M. le roi de Sardaigue; l'avoyer de Merlinen, de Monad et Aloya de Reding, députés de la Confédération suisse, et le comte de Riede, colonel, aidede-camp de S. A. R. Mgr. le prince souverain des Provinces-Unies, envoyé pour complimenter le Roi.

MM. le comte de Stadion, conseiller-privé de S. M. I. et R. apostolique, ministre plénipotentiaire; le comte de Stedingk, grand-maréchal de Suède, ministre plénipotentiaire, et le baron de Waterstadt, chancelier de Suède, chargés de pouvoirs pour les négociations de la paix.

MM. les envoyés extraordinaires et ministres plénipotentiaires désignés ci-dessus, avoient eu déjà leur audience particulière du Roi, et avoient présenté leurs lettres de créance à S. M.

Après l'audience du Roi, le corps diplomatique a été conduit à l'audience de Mme. la duchesse d'Angoulême.

– S. M. a nommé aux fonctions de préfet dans les départemens suivans:

Ain, M. Capelle, ancien préfet du Léman; Allier, M. Frondeville, membre de l'Assemblée Constituante; Ardeche, M. Dindy, sous-préfet de Bagnères; Ardennes, M. de Roussy, sous-préfet d'Annecy; Arriège, M. de Nicolaï, ancien préfet de la Doire; Bouches-du-Rhône, M. d'Albertas, ancien premier président de la chambre des comptes; Charente, M. de Milon, ancien sous-préfet de Porentruy; Côtes-du-Nord, M. de Goyon, ancien préfet de l'Aveyron et de la Méditerranée; Dordogne, M. Rivet, préfet de l'Ain; Finistère, M. de Saint-Luc; Landes, M. de Carrère, membre du conseil d'arrondissement de Mont-de-Marsan; Lozère, M. de Barrin, souspréfet de Castres; Basses-Pyrénées, M. d'Antin; Tarn, M. Devismes, sous-préfet de Soissons; Tarn et Garonne, M. de Villeneuve-Bargemont, ancien préfet des Bouchesde-l'Elbe et de Sambre-et-Meuse; Haute-Vienne, M. de Brosses, conseiller à la cour royale de Paris; Vendée, M. Fremin de Beaumont, ancien préfet des Bouches-du

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