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S. M. est passée, én allant, par le pont d'Jéna; elle est revenue au château des Tuileries par l'allée des Veuves et la rue Saint-Honoré.

Le même jour, à neuf heures, MM. les gardes du corps ont relevé la garde nationale dans les postes des appartemens du château des Tuileries', et out commencé le service pour lequel ils sont institués. M. le duc de Grammont a, par ordre du Roi, remercié MM. de la garde nationale du zèle et du dévouement avec lequel ils avoient bien voulu faire ce service. Il a ajouté que quand il avoit été prendre l'ordre et la consigne, le Roi avoit daigné répondre que le seul ordre à donner à ses gardes du corps, étoit de continuer le service comme il avoit été établi par la garde nationale dont S. M. ne pouvoit trop louer l'honorable conduite.

-S. A. R. Madame la duchesse d'Angoulême est partie aujourd'hui, à deux heures, pour les eaux de Vichy. S. A. R. a été accompagnée, suivant l'ancien usage, jusqu'à la première poste, par un détachement de gardes du corps. -Le dimanche 26 juin, de nombreux corps d'infanterie et de cavalerie, formant la garnison de Paris, ont été réunis à midi dans la cour du château des Tuileries.

Ces troupes se composoient d'infanterie de ligne, d'infanterie légère, des cuirassiers du Roi, des dragons du Roi, des hussards du Roi, et d'un corps de vétérans.

Mgr. le duc de Berry a passé ces troupes en revue. S. A. R. a été très-satisfaite de leur tenue, de leur instruction, et du bon esprit qui les anime.

Les divers corps ont défilé devant le Roi : ils ont manifesté un enthousiasme bien prononcé; les cris de vive le Roi! se faisoient entendre à la fois dans tous les rangs, et ils étoient répétés, avec une égale énergie, par la foule immense que ce beau spectacle avoit attiré.

Le Roi a été vivement touché de ces témoignages éclatans d'amour et de fidélité : S. M. a adressé à l'état-major ces paroles, qui ont été de suite transmises aux braves militaires, recueillies par eux, et répétées, dans leurs rangs, avec la plus vive allégresse et la plus profonde reconnoissance.

« Messieurs, a dit le Roi, je suis très-content: dites aux tronpes que je les ai vues avec autant de satisfaction que de confiance ». (Moniteur.) -S. M. le roi de Frusse est attendu à Paris; mais on

assure que ce souverain désire garder l'incognito durant le séjour qu'il fera dans cette capitale, et qu'il arrivera sous le nom de comte de Reppin.

-Le corps du jeune Louis-Napoléon, déposé depuis plusieurs années dans une des chapelles de Notre-Dame, en attendant les honneurs de la sépulture, a été transféré ces jours derniers au château de Saint-Leu, dans la vallée de Montmorency.

-On donne comme certaines dans le public les nominations suivantes : M. Adrien de Montmorency est nommé ambassadeur à Madrid; M. d'Osmond, à Vienne; M. le comte de la Châtre, à Londres; M. le comte de Choiseul-Gouffier, à Constantinople; M. Victor de Caraman, à Berlin; et M. Gouverney de la Tour-du-Pin, à La Haye.

VIENNE. La Gazette de la cour a publié, sur la paix, un article qui est remarquable par la sagesse et la modération qui l'ont dicté :

<< Le traité avec la France est un des plus importans et des plus décisifs qui aient jamais été conclus pour le rétablissement de la tranquillité générale en Europe; il est le premier résultat de ces plans bien combinés et de ces efforts héroïques qui répandront une gloire immortelle sur les grandes armées de l'âge moderne. Par ce traité, la France rentre dans ses limites, et se trouve placée dans un juste équilibre avec les autres principales puissances de l'Europe; elle conserve, en renonçant à d'injustes avantages, le degré de puissance et de force dont elle a besoin pour avoir une influence bienfaisante sur le systême général de l'Europe. Ce grand ouvrage est terminé. Qui pourroit maintenant ne pas envisager avec confiance ce qui reste à faire? Qui pourroit ne pas considérer l'avenir avec sécurité. Les espérances et les vœux du monde seront remplis. Le bien présent et les maux passés nous garantissent des temps encore plus heureux. Il n'y a pas un Etat en Europe qui n'ait de profondes plaies à guérir. Les premières causes de ces plaies ont été la rage des innovations, la recherche téméraire d'une perfection imaginaire, et le mépris de principes immuables qui ne furent jamais impunément violés. Des passions violentes, des attentats audacieux, des méprises déplorables, une suite de revers, auxquels aucune sagesse ni aucune force humaine ne pouvoient parer, firent empirer l'état des choses d'une manière horrible. Cepen

dant l'excès du mal en a amené la fin. Grâces en soient rendues aux princes qui, également éloigues d'une vaine gloire et d'une cruauté pusillanime, d'une haiue aveugle et d'une indigne foiblesse, de l'arrogance et du désespoir, ont cherche et louvé, dans une heureuse réunion de leurs forces, les moyens de leur délivrance commune! Grâces aux peuples qui, par leur dévouement et leur fidélité, par des sacrifices généreux de toute espèce, ont fait triompher la boune cause! Graces aux braves armées, qui ont prouvé, avec une noble émulation, ce que peuvent la réunion des volontés et des efforts, la reso➜ lution à tout entreprendre lorsqu'il est question du plus grand des intérêts, le mépris de tout danger, un vif sentiment d'honneur et une constance inébranlable » !

A MM. les Rédacteurs de l'Ami de la Religion et du Roi (1).

Paris, 26 juin 1814.

Monsieur, malgré mon désir ardent de remettre, le plutôt possible, à mon respectable ami et anti-prédécesseur, le gouvernement de la pas roisse dont j'avois été forcé de me charger pendant les dix-huit derniers mois de son honorable exil, craignant que la remise, que je viens de le forcer à mon tour d'en accepter, ne soit confondue avec certaines mutations occasionnées par les heureux événemens de cette année, je vous prie d'ajouter à l'article insére hier dans votre Journal, et auquel je souscris de tout mon cœur, que dès le moment du retour de M. l'abbé Desjardins, je pris le parti de lui écrire pour l'engager à m'accompagner à l'archevêché, où nous avons été hier à midi, et qu'après six semaines qu'il m'a demandées pour rétablir entièr ment sa santé, il s'est engagé, en présence d'un des MM. les vicaires-généraux, et sur mes vives instances, à reprendre sa chère paroisse des Missions-Etrangères, trop petite pour nous garder tous deux, les bons paroissiens l'auroient désiré.

comme

J'ai l'honneur d'être avec respect, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,

ABEIL, curé des Missions jusqu'au 15 août prochain.

(1) Nous donnons cette lettre telle que nous l'avons reçue, et en laissant à chacun le soin de remarquer le sentiment noble et généreux qui l'a dictée. La démarche de M. l'abbé Abeil n'étonnera point ceux qui connoissoient son caractère loyal et désintéressé; mais elle l'honore infiniment, et sans doute elle ne restera pas sans récompense.

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De l'Importance d'une religion de l'Etat, pour servir de suite au Traité de la Réunion des Cultes; par M. TABARAUD (1).

Ce ne sont pas d'heureux temps que ceux où l'on se trouve obligé de traiter une pareille question. « Il falloit, dit avec raison l'auteur de cette brochure, une révolution qui a ébranlé tout l'édifice de la société, et qui en a déplacé toutes les bases pour la faire naître». Jusque-là on avoit pensé, et heureusement c'est encore l'avis de tous les bons esprits, que sans une religion regardée comme divine, ni la morale, ni les empires n'avoient de solides fondemens. La France, depuis quatorze siècles, tenoit pour telle la religion catholique, et même, excepté dans de courts temps d'orage, elle y avoit été exclusive.

Une grande partie des cahiers dont étoient porteurs les députés aux derniers Etats-Généraux, exprimoient le vœu que, dans les réglemens à faire, la religion catholique fût déclarée la religion de l'Etat. Si d'au tres cahiers n'en parloient point, c'est que la chose étoit tellement reconnue, qu'on ne croyoit pas néces saire d'en faire la demande, et qu'on n'imaginoit pas qu'on pût disputer au catholicisme cette qualité. Bientôt cependant on la lui disputa, ou du moins on cher

(1) Deuxième édition, revue, corrigée et considérablement augmentée. A Paris, chez Egron, imprimeur libraire, rue des Noyers, n°. 57; et Adrien Le Clere, quai des Augustins, n°. 35; prix, 2 fr., et 2 fr. 50 cent. franc de port.

Tome I. L'Ami de la R. et du R. No. XXI.

cha à mettre la religion protestante sur le même pied, en lui faisant partager les priviléges et prérogatives dont jusque-là le catholicisme avoit joui exclusivement. Ce fut le ministre Rabaud de Saint-Etienne qui en fit la demande, dans un discours où il cherchoit à établir la nécessité et la justice d'un tolérantisme indéfini.

Qu'on ne gêne point les consciences, qu'on laisse à chacun la faculté de servir Dieu comme il l'entend, pourvu que cela se passe en particulier, et ne trouble ni le culte établi, ni l'ordre public; qu'on ne persécute point surtout; que même lorsqu'une religion nouvelle a pris une certaine consistance, et se trouve professée par un nombre de citoyens assez considérable, on leur permette le culte qu'ils ont adopté, et des temples dans l'intérieur desquels ils l'exercent; qu'on ne souffre point qu'on les y trouble, voilà, ce semble, tout ce que pourroient demander les partisans les plus zélés de la tolérance; mais qu'on admette avec les mêmes droits, les mêmes prérogatives, et sans aucune préférence pour l'une d'elles, plusieurs religions, c'est annoncer qu'on les regarde toutes comme également bonnes, c'est les réduire à la condition d'inventions humaines, d'institutions politiques ; c'est leur ôter leur nerf; c'est se priver des avantages de leur influence sur les mœurs publiques, qui elles-mêmes en ont tant sur le bonheur et la tranquillité des Etats. Il paroît que Rabaud de Saint-Etienne ne dénioit pas les premières de ces conséquenees, et qu'elles ne l'effrayoient point. Elles sont pourtant effrayantes quand on songe, et on l'a éprouvé, qu'elles amènent nécessairement les dernières.

Il ne faut pas croire néanmoins que ce funeste plan

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