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MODENE, 15 juin. On a parlé d'une société qui s'étoit formée ici pour accueillir les ecclésiastiques sortis des prisons et retournant à Rome. Cette institution passagère fait le plus grand honneur à l'esprit des habitans de cette ville. Chacun s'est empressé de prendre part à cette bonne œuvre. A une demi-lieue de la ville se trouvoient toujours deux ou trois membres de la société chargés d'avertir les ecclésiastiques arrivans. On les conduisoit dans des logemens convenus. On fournissoit de l'argent à ceux qui en avoient besoin. On s'empressoit de les remettre de leurs fatigues. Il a passé ici plus de 280 de ces vénérables proscrits. Tous ont trouvé un asile et des secours. Les cardinaux même ont eu la bouté d'agréer nos soins, et de s'arrêter quelque temps parmi nous pour satisfaire la piété des fidèles. Le cardinal Pignatelli, qui a voulu retourner à Rome quoique malade, y a passé huit jours. Il est aussi bien que possible dans sa situation. Mr. Emmanuel de Gregorio passa ici, le 12, venant de Paris, où il a été longtemps prisonnier. Ce digne prélat se hâtoit de retourner. auprès de S. S. C'étoit à qui recevroit chez soi ces généreux confesseurs. Chacun se disputoit l'honneur d'une noble hospitalité. Le président de la société, M. Louis Ponziani, les dignes ecclésiastiques, MM. Gallinari, Benelli et Rinaldi, le marquis Galliani, M. Joseph Baraldi, le docteur Muratori, les frères Gandini, les marquises Valperga et Galliani, là comtesse Marchisio, et beaucoup d'autres personnes de toutes conditions, se sont signalées par leur zèle à rendre toutes sortes de services à ces respectables bannis. Le peuple se pressoit sur leur passage, et leur témoignoit la part qu'il prenoit à leurs maux. Quant à eux, ils paroissoient consolés de tout ce qu'ils avoient souffet, par la joie de voir l'Eglise triomphante. Les cardinaux et les évêques ont béni les fidèles qui se présentoient à eux. On dit qu'il en reste très-peu qui doivent passer par notre ville. Mais nous n'oublierons jamais le spectacle édifiant qu'ils nous ont procuré, et les exemples de vertu et de résignation qu'ils ont donnés.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. S. A. R. Mer. le duc d'Angoulême est arrivé à Brest, le 26, à deux heures, en très-bonne santé, et est descendu à l'hôtel de la préfecture maritime. Le 27, S. A. R. a visité le port et la rade. Elle a dû partir, hier 29, pour Quimper; elle arrivera, le 30, à Lorient, d'où elle partira, le 1er juillet, pour se rendre à Nantes. Ce Prince recueille sur son passage le témoignage de la joie et du dévouement du peuple.

-S. A. R. Mr. le duc de Berry a été, le 30 juin, à Fontai nebleau; les grenadiers royaux de France se sont trouvés en bataille sur la route. Le maréchal duc de Reggio, à la tête des généraux et des officiers de son état-major, est venu recevoir S. A. R. à la descente de sa voiture. Monseigneur, après avoir passé dans les rangs, a reçu le lieutenant-général commandant de ce régiment. Les troupes, après avoir fait le maniement d'armes, ont défilé devant S. A. R., qui a témoigné son entière satisfaction à MM. les officiers et aux troupes. Les cris de vive le Roi! vive Mgr. le duc de Berry! ont été répétés à plusieurs reprises pendant tout le temps qu'a duré cette revue. S. A. R. s'est ensuite rendue chez le duc de Reggio, où elle a déjeuné; puis elle a reçu la députation du tribunal séant à Fontainebleau. Après cette audience, elle a été visiter le château, et à son retour chez le duc de Reggio, elle a reçu tous les officiers, auxquels elle a de nouveau témoigné sa satisfaction. S. A. R. est repartie immédiatement après pour se rendre à Paris. Elle avoit été complimentée à son arrivée par le préfet du département et par le maire de la ville.

à son

-Dans la chambre des députés, M. Durbach a prononcé, le 30 juin, un long discours en faveur de la liberté de la presse. Il s'est plaint un peu vivement qu'elle étoit encore violée, parce qu'un de ses écrits avoit été saisi. Il a mêlé d'ailleurs, discours, des objets qui n'y avoient aucun rapport. Il s'est élevé contre les processions, qu'il a représentées comme défendues par des lois positives. On ignore quelles sont ces lois. Si M. Durbach protège la liberté de la presse, il semble qu'il devroit être aussi ami de la liberté du culte catholique, liberté

à laquelle nous tenons bien autant qu'à l'autre. M. Durbach s'est plaint aussi du réglement sur l'observation des dimanches et fêtes. Ce député paroîl ne pas aimer les réglemens. Son discours a excité plus d'une fois les murmures. Les propositions qu'il faisoit ont été écartées par un ajournement.

-S. M. continue à recevoir un grand nombre de députations des provinces les plus éloignées. Toutes respirent le dévouement pour le Roi et la joie de son rétablissement. S. M. répond à toutes avec autant de présence d'esprit que de bonté.

er

Le Roi est sorti, le 19. juillet, à trois heures du château des Tuileries, et est allé voir MONSIEUR à Saint-Cloud. Depuis plusieurs jours, S. A. R. est montée à cheval, et s'est promenée dans le parc. Sa santé se rétablit d'une manière assez assurante et assez visible pour qu'il soit permis d'espérer qu'incessamment elle reviendra fixer son séjour dans la capitale.

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Mr. le duc d'Orléans est parti, le 2 juillet, pour Palerme. Il va s'embarquer à Toulon. S. A. R. reviendra à Paris dans le mois d'août avec sa famille.

On assure que la capitale possède, en ce moment, les deux monarques alliés qui étoient allés ensemble à Londres. Ces deux illustres voyageurs ont pris des noms étrangers.

MUNICH, 23 juin. On vient de publier ici quatre patentes royales, toutes datées du 19 juin.

Par la première, le roi de Bavière annonce qu'il rétrocède à l'Autriche le Tyrol, tel que l'Autriche le lui avoit cédé par le traité de Presbourg.

Par la seconde, S. M. cède également à l'Autriche le Voralberg, à l'exception du bailliage de Weiler.

Par la troisième et la quatrième, le roi de I avière déclare qu'il va prendre possession du duché de Wurtzbourg et de la principauté d'Aschaffenbourg, tels qu'ils ont été possédés par le grand-duc de Wurtzbourg et le Prince-Primat.

On assure de nouveau que le prince Eugène sera fait duc de Deux-Ponts. Du moins il est certain qu'on lui a promis un établissement hors de France.

VARIÉTÉS.

Nous avons reçu un assez grand nombre de pièces, dont nous ne pouvons pas faire tout l'usage que nous désirerions, mais que nous ne nous dispenserons pourtant pas de citer, en leur rendant la justice qui leur est due. Celle intitulée : Hommage à ma patrie, par M. S. D. B., propriétaire dans le Bourbonnois, renferme d'excellentes vues religieuses, morales et même politiques. L'auteur paroît être un zélé royaliste et un bon chrétien, et nous aurions songé à extraire quelque chose de son écrit, si nous ne nous étions aperçus que tout s'y tient. Le fragment d'un ouvrage sur la grandeur et la chute de Napoléon, auroit eu droit d'être inséré dans notre feuille; mais déjà nous avions traité ce sujet dans nos premiers numéros, et nous avons craint qu'on ne nous reprochât de parler trop souvent du même homme. L'extrait du discours de M. Blanchandin le Chene, qu'on nous a adressé, n'étoit pas de nature à entrer dans notre Journal, non qué l'esprit n'en soit fort bon. Mais en général nous devons être fort sobres de ces sortes de citations, qui tiendroient une place que les lecteurs aiment mieux voir remplie par des faits. Il nous parvient souvent des discours prononcés dans différentes cérémonies. Nous remplirions aisément notre Journal en n'en insérant que de simples extraits. Notre travail n'en seroit qué plus facile, et notre tâche plus commode; mais, encore une fois, les abonnés veulent des faits, et nous avons à cœur de les servir selon leur goût. Nous ne pouvons donc qu'indiquer, en passant, quelques dis cours; celui par exemple, de M. Capmas, curé à Montauban, à la suite d'un Te Deum pour le retour du Roi; celui de M. l'abbé de Saint-Pierre, à Lorient, pour le service de Louis XVI; celui de M. le curé de Clichy, pour un Te Deum; celui de M. le curé de Vissous, pour la même circonstance, etc. Ces discours font honneur aux sentimens religieux de leurs auteurs, et annoncent leur attachement au Prince que nous venons de recouvrer.

Parmi les lettres que nous avons reçues, celle datée de Paris, le 3 juin, hôtel des Monnoies, mérite une mention particulière. Elle traite des conférences de M. Fressinoux, et témoigne le désir de les voir recommencer. C'est un désir que nous partageons avec tous les amis de la religion, et nous croyons même pouvoir assurer que le projet de M. Fressinoux est de se livrer de nouveau à un travail si intéressant et si utile. C'est pour s'y mieux préparer qu'il a remis, dit-on, à l'hiver prochain la reprise de son cours accoutumé de conférences, auxquelles la liberté entière dont il jouira, donnera un nouvel intérêt. Nous avons du plaisir à pouvoir annoncer cette nouvelle à l'auteur de la lettre citée, et à tous ceux qui, comme lui, attachent du prix à une œuvre qui n'avoit été interdite que parce qu'elle étoit utile et honorable pour la religion.

Une autre lettre, qui nous a été adressée de Genève, le 13 juin, et qui est signée, contient des reproches assez vifs sur ce que nous

parlons mal de l'usurpateur déchu. C'est être, en vérité, bien cha touilleux. D'abord nous ne croyons pas avoir calomnié l'individu en question. Quoi! il ne seroit pas permis de dire qu'il persécutoit l'Eglise, qu'il dépeuploit la France, qu'il nous accabloit de son sceptre de fer! Nous ne lui avons point prodigué d'injures. Nous en avons parlé comme en parlera l'histoire. Nous ne croyons point la charité obligée à taire ce qui est si notoire, ou à pallier ce qui est si mauvais. Ce n'est pas nous qui avons loué cet homme dans le Journal des Curés, dont notre ouvrage n'est pas la continuation, et dont nous ne prétendons pas suivre en tout l'esprit et les traces. Nous nous flattons que nos feuilles sont rédigées dans des principes plus sûrs et plus véritablement religieux.

Une autre lettre de Paris, du 15 juin, relative au Concile, pourroit donner lieu à une explication trop longue pour trouver sa place ici, mais nous ne renonçons pas à traiter quelque jour ce sujet. En attendant, que notre correspondant se tranquillise. Nous sommes, Dieu merci, de la même religion que lui; nous ne sommes pas moins attachés que lui au Saint-Siége, centre de l'unité. Notre langage jusqu'ici a dû le prouver, et nous ne nous en écarterons pas, à ce que nous espérons. L'auteur de la lettre nous a donné sa profession de foi. Voilà la nôtre. L'une et l'autre se ressemblent assez. Nous avons à cœur, non-seulement d'être orthodoxes, mais de mériter l'estime et la confiance entière de ceux qui prennent le plus d'intérêt à la religion. C'est bien véritablement que nous nous sommes dits ses amis.

Une lettre qu'on nous a envoyée de M. de la Rochefoucault, évêque de Saintes, massacré aux Carmes, en 1792, ne nous a pas semblé faite pour être insérée. Elle fait honneur à la mémoire de ce vertueux prélat. Elle doit être précieuse à celui qui l'a reçue. Mais elle contient des détails qui auroient peu d'intérêt aujourd'hui. L'auteur nous permettra de nous borner à cette mention, et à l'hommage que nous rendons bien volontiers à son respectable évêque, dont la mort déplorable l'afflige, mais dont le sort glorieux doit aussi le consoler.

LIVRES NOUVEAUX.

Les Avocats des Pauvres, ou Sermons de Bossuet, Bourdaloue, Massillon, etc., sur la Richesse, sur l'Avarice et sur l'Aumône. 2 vol. in-12; prix, 5 fr., et 8 fr. franc de port. A Paris, chez FranIcart, rue Poupée, no. 5; et au bureau du Journal.

Nous rendrons compte incessamment de cet ouvrage.

La Régence à Blois, ou Les Derniers Momens du Gouvernement impérial: 3e, édition, revue et augmentée de nouveaux détails et de plusieurs pièces intéressantes; prix, 1 fr. 25 c., et 1 fr. 50 c. franc de port. A Paris, chez Fantin, quai des Augustins, no. 55; et au bureau du Journal.

Nous avons annoncé cette brochure. Cette édition a été rendue encore plus piquante, et renferme des détails curieux sur les derniers soupirs du gouvernement impérial.

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