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est déclarée dans la chartre constitutionnelle religion de l'Etat. Cette déclaration seroit vaine et sans objet, si les solennités de cette religion n'étoient pas universellement respectées par des actes extérieurs de la part de ceux mêmes qui ne la professent pas. L'interruption générale des travaux, pendant les solennités du culte catholique, ne blesse en aucune manière le libre exercice des autres cultes.

» D'ailleurs, toutes les communions chrétiennes s'unissent avec les catholiques pour célébrer le dimanche, et pour en faire un jour de repos. Elles n'auroient donc à se plaindre tout au plus que d'être obligées de se conformer, pour la cessation extérieure des travaux, au petit nombre de fêtes spécialement consacrées par le culte catholique. Mais quel léger sacrifice on leur demande en l'honneur de la religion de l'Etat, qui, réunissant dans ses temples la grande majorité des citoyens, leur inspirant de bons sentimens, et les formant à de bonnes mœurs, produit évidemment un bien général auquel tous les individus participent, de quelque religion qu'ils soient! N'est-il pas juste que l'intérêt particulier soit toujours subordonné à l'intérêt général?

» Honorons, Messieurs, la religion de l'Etat; elle est la plus solide garantie de nos institutions sociales, puisque ses préceptes n'ont pour objet que de former des gens vertueux et des sujets fidèles.

>> Contribuons à ramener les bonnes doctrines et à rétablir la morale; elle est le premier besoin des peuples. Unis de sentiment et d'opinion au Monarque le plus digne d'être aimé, montrons à la nation, dont nous avons l'honneur d'être les mandataires, que, pénétrés de nos devoirs envers elle et envers son auguste chef, nous n'épargnerons le concours d'aucun de nos efforts pour que le corps politique marche d'un pas ferme vers une prospérité toujours croissante ». Voici les dispositions que présente l'orateur : Art. 1. Les dimanches et jours de fêtes, établies par la religion de l'Etat, seront observés, et les travaux ordinaires interrompus pendant ces jours-là.

2. Il sera en conséquence défendu : 1o. Aux négocians et marchands de faire aucun commerce ou débit public; 2°. aux colporteurs ou étalagistes, de colporter ou exposer en vente leurs marchandises; 3°. aux artisans et ouvriers de travailler extérieurement aux ouvrages de leurs arts et professions, les dimanches et jours de fêtes du culte catholique.

3. Il sera pareillement défendu aux charretiers et voituriers de faire, ces mêmes jours, des chargemens sur les ports et dans les autres lieux publics.

4. Dans les villes, dont la population est de 10,000 ames ou au-dessous, ainsi que dans les bourgs et villages, il sera défendu aux marchands de vin, traiteurs, limonadiers, maîtres de paume ou de billard, de tenir leurs maisons ouvertes, les mêmes jours, pendant le temps de l'office divin.

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5. Les contraventions aux dispositions ci-dessus seront constatées par des procès-verbaux, dressés par les maires ou adjoints, ou par les commissaires de police.

6. Lesdites contraventions seront portées devant les tribunaux de police simple, et punies d'une amende qui ne pourra pas excéder 5 fr. pour la première fois.

7. En cas de récidive, les contrevenans pourront être condamnés au maximum des peines de police."

8. Les défenses précédentes ne seront pas applicables, 1o. aux marchands de comestibles de toute nature, sauf cependant l'exécution de l'art. 4; 2°. à tout ce qui tient au service de santé; 3°. aux postes et messageries; 4°. aux voitu riers et voyageurs étant en route; 5°. aux usines dont le service ne pourroit être interrompu sans dommage.

9. Seront également exceptés des défenses ci-dessus, les ouvriers employés, 1°. aux travaux de la moisson et des récoltes que l'état de la saison, ou la crainte des intempéries rendroient urgens; 20. aux travaux de construction ou de réparation que des particuliers seroient obligés de faire faire, dans le cas de péril imminent; mais, dans ces derniers' cas, les cultivateurs et les particuliers seront tenus d'obtenir préalablement la permission des maires ou adjoints, ou des magistrats de police.

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10. Les lois et réglemens antérieurs relatifs à l'observation des dimanches et fêtes, seront et demeureront abolis.

La proposition de M. Bouvier est prise en considération, et renvoyée dans les bureaux.

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-Mer. Cortois de Pressigny, ancien évêque de SaintMalo, et ambassadeur extraordinaire de France à Rome, est parti, le 7 juillet, à dix heures du matin. MM. Ar༡ taud, Jourdan et de Chastelleux, sont attachés à la légation. Le prélat emmène aussi M. l'abbé de Sambucy de Saint-Estève, chancine d'Amiens; l'abbé Hilarion,

chanoine de Séez; et l'abbé de Bonald, chanoine de Montpellier, qui ont le titre de conseiller, d'aumônier et de secrétaire.

GAND. M. de Broglie, notre évêque, vient de publier, le 14 juin, un Mandement au sujet des heureux événemens qui lui ont permis de se réunir à son troupeau. On se feroit difficilement une idée de la joie que son arrivée a produite ici, et de l'accueil qu'on lui a fait. Toute la rue où est situé l'évêché, étoit élégamment ornée et transformée en une espèce de jardin. On y voyoit des inscriptions en l'honneur du prélat, et qui avoient trait à sa conduite lors du concile. Sur un échafaud, en face de l'évêché, un orchestre de musiciens exécutoit des symphonies. Le prélat fit son entrée au milieu des acclamations de ses ouailles. Le dimanche qui suivit son arrivée, le chapitre alla en corps lui rendre ses hommages. M. l'évêque, avec une modestie qui l'honore, saisit cette occasion pour exprimer son regret d'avoir signé, le 22, juillet de l'année dernière, une déclaration par laquelle il renonçoit à son siége. On se rappelle, en effet, qu'on lui avoit arraché cet acte, qui servit ensuite de prétexte pour tourmenter son clergé. M. de Broglie n'en parla que comme d'une foiblesse qu'il se reprochoit. Ce sera, dit-il aux chanoines, le regret de toute ma vie. Ils furent d'autant plus touchés, de cet humble aveu, qu'assurément. personne ne songeoit à rappeler cet acte extorqué par la terreur. On ne songeoit qu'à l'honorable disgrâce du prélat, qu'à la cause qui la lui avoit attirée, qu'à ce qu'il avoit souffert dans la prison et dans l'exil. Son empressement à s'accuser lui-même lui a de plus en plus concilié l'attachement et le respect. On a su, d'ailleurs, que dans une autre occasion, ce digne prélat a montré la fermeté qui convenoit à son caractère. Au mois de septembre dernier, on voulut encore lui faire signer une nouvelle déclaration confirmative de la première : il s'y refusa constamment. Cette conduite étoit digne du pasteur d'un troupeau, qui lui a témoigné tant de dévouement et de fidélité. Aussi les liens entre l'un et l'autre

sont plus resserrés que jamais. Le clergé et les fidèles rivalisent d'attachement et d'estime, et partout où M. l'évêque est allé, il en a recueilli des marques éclatantes, qui ont paru sensiblement le toucher. Il l'a manifesté dans le Mandement qu'il vient de publier, et où il parle avec gratitude de ces témoignages de zèle et d'allégresse. Il a voulu consigner encore dans cet écrit son regret de la démarche qu'il se reproche; « quoiqu'il nous ait été donné, dit-il, de défendre avec vigueur les intérêts de l'Eglise de Jésus-Christ dans un prétendu Concile national, et de résister en face à l'un des plus audacieux et des plus terribles ennemis de ses droits sacrés; quoique nous ayons souffert, par une suite de notre fermeté, les horreurs de la prison et les langueurs de l'exil sous un soleil brûlant, dans un climat qui acheva de ruiner notre santé déjà si foible, nous vous avons aussi N. T. C. F., en d'autres occasions, révélé notre foiblesse, et les forces du corps étant presqu'entièrement épuisée, l'esprit perdit aussi un moment celles qu'il avoit plu au Seigneur de lui donner. Le corps qui se corrompt, dit le Sage, appesantit l'ame. (Sap. 1x.) Mais nous avons ensuite, par sa grâce, recouvré notre énergie, et de nouvelles tentatives, faites au mois de septembre dernier par le gouvernement, nous trouvèrent disposés à tout souffrir, plutôt que de céder davantage à ses perfides insinuations et à ses violentes menaces >>. M. l'évêque parle ensuite de la dernière persécution, des efforts de l'impiété, et de notre miraculeuse délivrance. «Il a donc plu, N. T. C. F., au Père des miséricordes de faire cesser l'horrible tempête qui désoloit la terre et menaçoit d'engloutir l'Eglise. Tout aujour d'hui rentre dans l'ordre. Les peuples fatigués, consumés par tant de fléaux, vont enfin respirer. L'épiscopat recouvre tous ses droits. Déjà le vicaire de JésusChrist, cette illustre victime de la tyrannie et de l'impiété, est rentré, suivi de nos vœux et de nos espérances, dans la capitale du monde chrétien. Heureux qui saura dignement transmettre à la postérité les traits innom

brables de douceur et de fermeté, de patience et de résignation, qui ont caractérisé cet auguste Pontife durant sa captivité, et le rendront toujours un des plus beaux ornemens du Saint-Siége! Non, jamais, N. T. C. F., l'autorité imposante du successeur de saint Pierre ne s'est montrée sous des formes plus aimables, plus attrayantes, plus paternelles; et l'on ne cessera de répéter que, dans un siècle où l'irréligion avoit fait des progrès effrayans, ses souffrances et son courage lui concilièrent les respects, l'admiration de toute l'Europe, et sa bonté lui gagna tous les coeurs. Ah! puissions-nous obtenir la grâce d'imiter tant de vertus, et de suivre, au milieu de notre troupeau, les traces de ce Pontife, aussi vénéré que chéri! Eglise de Gand, portion si précieuse du corps mystique de Jésus-Christ; pasteurs et fidèles, vous avez bien des droits à notre affection, à toute l'étendue de notre sollicitude pastorale. Dieu nous est_témoin avec quelle tendresse nous vous aimons tous dans les entrailles de Jésus-Christ? (Phil. c. 1.) La crise terrible, dont nous sommes miraculeusement sortis, nous a fait apprécier mieux que jamais votre intrépide constance dans la foi, votre invariable attachement aux lois antiques et si vénérables de l'Eglise catholique. Pourrions-nous jamais oublier les services importans rendus à notre diocèse, en des circonstances aussi difficiles, par les respectables dépositaires de notre autorité? L'inébranlable fidélité d'un clergé, si illustre d'ailleurs par ses vertus et par ses lumières; le dévouement héroïque des élèves du sanctuaire et de leurs doctes instituteurs, qu'une puissance, si redoutable aux yeux même des plus grands monarques, n'a pu faire dévier un moment des' principes qu'ils étoient résolus de défendre au prix de leur liberté et de leur vie; qui, paisibles et soumis dans les fers, ont été donnés en spectacle à tant de contrées, où ils ont répandu la bonne odeur de Jésus-Christ »? M. de Broglie finit par ordonner des actions de grâces solennelles pour le retour du Pape à Rome. Son Mandement a satisfait un clergé et des fidèles qui se sont tou

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