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Sauveur et celui de sa divine mère. Ce qui forme nue collection de dix-huit gravures, toutes de la même grandeur et par le même auteur. Elles se vendent 19 francs, imprimées sur papier vélin, chez MM. Testard, marchands d'estampes, quai Malaquais, no. 15; Maradan, graveur, place Maubert, no. 22, et au bureau du journal.

On trouve chez les mêmes, une instruction excellent sur la manière de pratiquer et d'ériger ladite dévotion.

Lesdites gravures, dont le débit a commencé au mois de juillet 1813, ont environ sept pouces de hauteur sur cinq et demi de largeur; grandeur propre à favoriser l'intention de ceux qui voudroient ériger le Chemin de la Croix, soit dans leurs chambres, soit dans des oratoires, soit même dans des églises,

L'éditeur du Chemin de la Croix, tout récemment gravé à Paris, par M. Duthé, auteur en même temps de l'Instruction sur cette pratique de piété, imprimée à Rome en 1795, réimprimée à Lyon, à Paris, etc., fait connoître aux ecclésiastiques, que le privilége (autrefois réservé aux Franciscains), d'ériger le Chemin de la Croix, est maintenant accordé à tous les pretres; de maniere qu'ils peuvent partout l'ériger publiquement avec la permission de l'ordinaire. De plus, que quand, pour de justes raisons, le Chemin de la Croix sera transporté d'un lieu à un autre, les indulgences y demeureront toujours attachées. En troisième lieu, que toutes les personnes qui feront le Chemin de la Croix dans des oratoires privés et même dans les chambres des particuliers, gagneront les mêmes indulgences qu'on acquiert en le faisant dans les églises ou autres heures publiques, qui est le seul cas où il soit nécessaire de recourir à l'ordinaire pour l'ériger.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

On avoit répandu le bruit que le souverain Pontife étoit arrivé à Rome, le 21 avril; mais il paroît qu'il n'y

a encore à cet égard rien de positif. On dit seulement que Sa Sainteté est partie, le 16 avril, d'Imola pour Forli. Ainsi, il est probable qu'elle ne tardera pas à être à Rome. On a même lieu de croire qu'elle a déjà pris possession de sa capitale par des commissaires nommés à cet effet, auxquels le général napolitain Pignatelli a remis le gouvernement de cette ville.

-Dans un moment où le gouvernement cherche à réparer les injustices, à faire cesser les vexations, et à -briser les fers de tant de victimes de la persécution, il est bon de faire connoître ce qu'ont souffert des prélats et ecclésiastiques romains déportés en Corse par l'ennemi du Saint-Siége. On en sera d'autant plus touché, que ces généreux confesseurs de la foi sont à peine libres; du moins l'éloignement des lieux n'a pas encore permis d'apprendre leur délivrance. La lettre suivante nous a été communiquée par un prélat, victi:ne lui-même de la tyrannie, et long-temps enfermé dans les prisons. C'est àlui qu'elle paroît avoir été adressée. La copie que nous en donnons a été fidèlement traduite de l'italien :

De la forteresse de Calvi, 30 juin 1813.

«Mon très-cher ami, il y a à présent deux mois que je vous ai écrit, et n'ayant point eu de réponse à ma lettre, j'ai à craindre qu'elle n'ait été perdue; c'est pourquoi je vous écris de nouveau dans des circonstances bien différentes des précédentes. Je vais donc en venir sur-lechamp aux détails de ma position. En conséquence di prétendu Concordat, on nous a pressé de nouveau de faire le serment aucun de nous n'a cru devoir le prêter. Le 31 du mois de mai dernier, l'adjudant-général commandant, escorté d'une troupe nombreuse, vint an donjon de Bastia, et l'on nous lut notre condamnation, qui consistoit dans la mort civile, la confiscation de nos biens et la déportation. Nous ne pouvions supposer que la peine n'excéderoit point les bornes de cette condamnation; mais nous nous étions trompés en en jugeant d'uns

manière trop douce. Le soir même, sur les huit heures environ, on nous signifia que nous devions partir à deux heures de nuit. Vous pouvez imaginer quel fut notre consternation en considérant le peu de temps qu'on nous donnoit, et la circonstance si fâcheuse de ce temps. Ayant fait un petit paquet des choses les plus nécessaires, et l'ayant mis sur nos épaules, sans que le gouvernement eût pourvu, en aucune sorte, aux commodités du voyage, à l'heure indiquée, nous fûmes entourés d'un grand nombre de gendarmes, de canonniers et de milice du pays, et, pendant l'obscurité de la nuit, on nous fit partir de Bastia, en nous heurtant, nous poussant, et pointant les baïonnettes contre nous; et de plus, avec l'ordre de faire feu sur nous si quelqu'un s'écartoit même pour satisfaire à quelque besoin de la nature. Heureusement pour nous que, pendant le voyage, ceux qui purent se procurer une monture à leurs propres dépens, eurent la facilité de s'en servir. Dans cet état, suivis de ceux des habitans de Bastia, dont le cœur s'intéressoit à nos maux, et qui par-là représentoient les bonnes Maries, nous fûmes conduits jusqu'à Saint-Fiorenzo, où, après avoir été retenus quelque temps hors des maisons et exposés aux rayons du soleil, sans que le gouvernement nous fournit aucun rafraîchissement, nous fûmes embarqués pour être transportés à Calvi. Une fois on nous fournit, dans le bâtiment de transport, un peu de fromage, avec du pain de biscuit; une autre fois, un peu de fêves, mais bien dégoûtantes par certaines circonstances que je me dispenserai de vous décrire. Ainsi bien repus, comme vous voyez, nous arrivâmes à Calvi, où tambour battant, nous fûmes aussitôt et directement conduits et renfermés dans la forteresse.

On nous signifia que nous y vivrions de pain et d'eau, et que nous coucherions deux à deux sur une paillasse. On nous interdit toute communication au dehors, et on nous ou tout moyen de célébrer la messe, sans nous permettre de chercher, même à nos frais, quelque soulage

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ment. Cet état de misère a commencé, le 5 de juin : il a duré de même, et dure encore à présent (que je vous écris ). Une demi-pagnotte de pain (demi-livre d'Italie, de 6 onces), une certaine mesure d'eau, dont le gouvernement a fixé la quantité, encore n'est-elle pas toujours bonne. Notre position ne laisse pas cependant d'être très - dispendieuse, parce que, pour obtenir pendant quelques momens de l'adoucissement à nos maux, nous sommes obligés de prodiguer l'argent. Leopardis (hoc est militibus), quibus cum beneficeris pejores fiunt. S. Ignace, martyr. Nous voyons ici se vérifier ces paroles de l'Ecriture: Aquam nostram pecunia bibimus; attendu que nous sommes obligés de payer pour avoir quelque peu d'eau de plus que la ration, c'est-là une dépense qu'on peut faire ouvertement.

On ne nous donne plus les lettres de la poste à notre adresse. On ne permet point de nous faire passer de l'argent. En un mot, pour pouvoir obtenir quelque soutien, il faut faire la contrebande, toujours en cachette, et toujours avec des craintes ; et ce qui forme un des actes les plus déplorables de cette tragédie, c'est que nous sommes molestés jour et nuit. On fait ici des perquisitions fréquentes et imprévues avec la plus grande rigueur, et quelquefois avec fureur et dépit. On va même jusqu'à chercher dans nos poches, en sorte que nous nous trouvons heureux lorsque nous avons pu sauver, ou un morceau de pain blanc, ou une gorgée de vin, acquis je ne dirai pas à quel prix et avec quels dangers. En un mot: Fessis non dabatur requies (Jérémie, Thren.) et qui nutriebantur in croceis amplexati sunt stercora. (Ibid). C'est dans cet état cependant que se trouvent Ms. Serlupi, Mr. Gazzoli, et tant d'autres seigneurs et personnes de considération renfermés avec nous. Telle est notre position. Nonobstant cela, grâces au Seigneur, je me porte très-bien, et je suis même assez content, d'autant plus que jusqu'ici, à force d'argent, j'ai trouvé le moyen d'y remédier un peu.

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On ne peut pourtant disconvenir qu'un tel systême de rigueur tient de l'inhumanité, et il semble invraisemblable que des ordres de cette espèce puissent avoir été envoyés de cette capitale, où les droits de l'humanité ne peuvent être ignorés. Quoi qu'il en soit, c'est assez vous en parler. Priez le Seigneur que... Recordatur quid acciderit nobis: intueatur et respiciat opprobrium nos

trum.....

Le dernier secours que vous m'avez annoncé, en date du 9 avril dernier, est déjà arrivé à Calvi. J'attends le moment favorable pour l'introduire avec sûreté. Je vous remercie de votre charité, comme vous en remercient tous ceux qui y participent avec moi.

-MM. les vicaires-généraux du diocèse de Paris ont donné, le 5 mai dernier, un Mandement (1) pour ordonner de chanter, le dimanche 8, une messe solennelle, pro gratiarum actione, suivie du Te Deum, et le dimanche 15, une messe du Saint-Esprit, avec le Veni Creator, pour attirer les bénédictions divines sur le règne de S. M. Dans ce Mandement, ils font admirer les bienfaits de la Providence qui nous a délivrés.

«Ce miracle est trop grand, Nos très-chers Frères, disentils; il offre un sujet de réflexions trop importantes et des instructions trop utiles, pour que nous nous dispensions de l'étudier avec vous et de l'approfondir. Nous pouvons vous dire ce que le Sauveur disoit à la Samaritaine: << Oh! >> si vous connoissiez le don de Dieu. Si scires donum Dei». Il faut, Nos très-chers Frères, le connoître dans toute son étendue, c'est-à-dire, depuis son origine jusqu'à sa consommation, ce bienfait du ciel envers la France. Dieu a ouvert devant nous le livre de sa Providence ; il en a rompu tous les sceaux; il n'y a plus de mystère; il nous invite à en parcourir toutes les pages; nous apprendrons, en les lisant, comment et par quelles voies, sa sagesse est arrivée

(1) Se trouve, à Paris, au bureau du Journal; prix, 50 cent. frane de port.

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