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avec force et avec assurance au but qu'elle s'étoit proposée, le bonheur de la France, de l'Europe et de l'Eglise. Attin it ergo usque anem fortiter, et disponit omnia

suaviter».

Ils ajoutent plus bas :

« Ce n'est pas seulement, Nos très-chers Frères, la dynastie de nos Rois que le Seigneur vient de nous rendre; mais, dans la personne du Roi et dans tous les Princes de son sang, il nous fait le don de la foi, de la piété, du zèle que nous offre l'histoire des règnes de leurs ancêtres les plus religieux. Et, par un merveilleux concours d'événemens que Dieu seul a pu préparer de loin, le siége de saint Pierre se trouve occupé par un Pape digne d'être comparé à ses prédécesseurs les plus saints, et qui, après avoir vécu dans les plus grandes épreuves, rentre dans ses Etats, et reprend tout l'exercice de l'autorité pontificale au même instant où le Roi monte sur le trône, et reçoit le serment de fidélité de ses sujets. Le Seigneur vouloit-il nous inspirer de plus grandes pensées, nous faire entendre de plus grandes choses, lorsque, pour annoncer des œuvres nouvelles et magnifiques, il disoit par son Prophète : « Voilà que je crée de nouveaux cieux et une » nouvelle terre? Ecce ego creò cœlos novos et terram

» novam».

Le Mandement est terminé par des conseils pleins de sagesse et de piété, sur l'esprit qui doit animer les fidèles dans ces grandes circonstances, et sur les sentimens de reconnoissance et de concorde, dont ils doivent se pénétrer à la vue de ces miracles de puissance et de bonté.

COMPIÈGNE, 30 avril. Aujourd'hui, le Roi, accompagné de tous les membres de son auguste famille, suivi de MM. les maréchaux de France, des seigneurs de sa cour, et de diverses députations qui s'étoient rendues auprès de sa personne, a assisté à la messe dans la chapelle du château.

Après la messe, les autorités du département ont été admises à offrir leurs hommages au Roi et à la famille

royale. Parmi les personnes présentées, le Roi a remarqué les sœurs de la Charité, qui ont été introduites avec le clergé : « Mes sœurs, leur a-t-il dit, je vous vois avec » grand plaisir; je vous recommande les pauvres et les » malades je sais, qu'avec vous, cette recommanda>>tion n'est pas nécessaire, mais c'est ici un mouve» ment de mon cœur paternel ».

:

Ces soeurs hospitalières ont également suivi le clergé chez Mme. la duchesse d'Angoulême, qui a fait plusieurs pas vers elles, et leur a parlé avec une sensibilité affectueuse, donnant à leur charité les plus touchans éloges.

M. le vicaire-général du diocèse, dans le département de l'Oise, qui, à la tête du clergé de la ville et des environs, avoit harangué le Roi à son arrivée, sur le parvis de l'église paroissiale, a été l'interprète des sentimens de ce même clergé auprès de son altesse royale, et lui a adressé le discours suivant:

<< Madame, il n'appartiendroit qu'aux anges admis dans les impénétrables conseils du Roi des Rois, de parler dignement des décrets de sa divine Providence envers votre altesse royale.

« Quelles rigueurs inouies, quelles éclatantes merveilles elle a déployées tour à tour sur votre auguste personne! Jamais la terre ne vit une destinée comparable à la vôtre, Madame. L'univers, ravi d'étonnement, partage votre joie comme il partagea votre douleur. Nul langage humain ne sauroit exprimer tous les sentimens que font naître dans nos coeurs la miraculeuse conservation, le retour miraculeux de votre altesse.

» Permettez, Madame, qu'empruntant les paroles de la reine du ciel, de la plus puissante protectrice du trône de saint Louis, nous nous écriions: Le Seigneur a signalé la force de son bras; il a confondu l'orgueil audacieux; il a couronné nos humbles espérances.

» A Dieu seul l'honneur et la gloire ».

Son altesse a répondu : « Je suis bien touchée des sentimens du clergé; il ne doit pas douter de l'intérêt que

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je lui porte, et des voeux que je fais pour la prospérité de l'Eglise».

En finissant, Madame a demandé le secours de leurs prières aux ministres de la religion qui l'environnoient.

- M. l'évêque de Metz, absent du diocèse d'Aix depuis plus de quinze mois, n'a pas, comme l'ont dit quelques journaux, cessé les fonctions d'administrateur capitulaire de ce diocèse, par suite de la délibération du chapitre métropolitain, du 21 avril. Cette dernière délibération est postérieure à la démission de ce prélat, en date des 21 et 14 avril, et le fond en est conforme aux intentions de M. Jauffret, qui rentroit par lui-même, le même jour, 21 avril, dans l'administration du diocèse de Metz, par un mandement ou une circulaire à son clergé, dont voici les premières paroles:

<< Depuis le moment, Nos très-chers Frères, où malgré toutes nos représentations et tous nos voeux, nous fûmes obligés d'accepter, d'après l'avis de plusieurs évêques et prêtres respectables, l'archevêché d'Aix, et de nous éloigner du diocèse de Metz, nous ne pouvions nous consoler de, cet éloignement qu'en unissant nos prières à vos prières, et en offrant chaque jour à Dieu nos demandes les plus instantes, pour qu'il répandît sur vous tous, prêtres et fidèles, ses grâces et ses bénédictions les plus abondantes. Vous, et vos cités que nous avions visitées, vos campagnes que nous avions traversées, les paroles de vérité que nous avions adressées, les séminaires et les divers établissemens que nous avions formés, soutenus ou relevés par le concours de vos mutuelles charités, s'offroient tous les jours à notre souvenir; et en formant, dans le diocèse d'Aix, les mêmes institutions que dans celui de Metz, nous voulions, en quelque sorte, rapporter les distances et les diocèses. Mais si nous trouvions quelque consolation dans cette ressemblance des mêmes œuvres, il est vrai, cependant, que nous éprouvions les plus vifs regrets de nous voir séparés in

définiment de vous sans pouvoir vous donner, par nousmêmes, les moindres soins, lorsque nous étions toujours votre premier pasteur, que nous ne cessions pas d'avoir pour vous des entrailles paternelles et maternelles, et que nous ne pouvions plus prévoir le terme des affaires ecclésiastiques, ni l'époque de la paix entre les deux puissances. Nos regrets de nous voir loin de vous augmentoient, de jour en jour, avec ces dernières considérations, lorsque le jour de grands et mémorables événemens dans l'ordre des justices et des miséricordes éternelles est arrivé. C'est le premier moment qu'il nous soit donné, depuis notre nomination à l'archevêché d'Aix, de pouvoir reprendre par nous-mêmes l'administration du diocèse, et nous le saisissons avec une sainte joie, heureux de voir s'unir et se lier ensemble notre retour au milieu de vous, et ces prodiges de la droite du Très-Haut dont nous sommes les témoins.

Un journal contient l'article suivant : « Le 28 avril, le vicaire apostolique de Londres a reçu de Rome une communication de la plus haute importance. Les personnes auxquelles le Pape avoit confié l'administration des affaires de l'Eglise, pendant sa captivité, ont pris en considération les papiers qui leur ont été transmis de Londres et de Dublin, relatifs aux discussions du parlement, sur les catholiques, pendant la dernière session. Le résultat des délibérations de ces commissaires, auxquelles avoient assisté les principaux théologiens de Rome, a été que non-seulement il est conforme aux décisions de l'Eglise catholique, mais que même c'est le devoir de tous ceux qui sont dans sa communion, et qui habitent les pays qui ne sont point soumis à l'autorité du Saint-Siége, de donner une pleine et ample garantie au gouvernement sous lequel ils vivent, de leur fidélité, de leur obéissance aux lois du pays; que par conséquent le veto proposé comme devant appartenir au roi de la GrandeBretagne, sur la nomination des évêques dans ses Etals, étoit strictement conforme aux règles et à la pratique du

Saint-Siége, et que le souverain Pontife y accéderoit de cœur, et agiroit en conséquence à l'avenir; et enfin que toute correspondance entre les catholiques romains et le Saint-Siége seroit à l'avenir soumise à l'inspection et au contrôle, ainsi qu'il étoit proposé par le dernier bill sur les catholiques, auquel les commissaires de S. S. applaudissent hautement dans son entier >>.

Nous donnons cette déclaration telle qu'elle se trouve dans les journaux anglois; mais nous n'en garantissons pas l'authenticité, et nous avouons même que nous ne la croyons point exacte.

NOUVELLES POLITIQUES.

On savoit en général que la campagne de Russie avoit été le tombeau d'une foule de François, victimes de l'imprudente et folle ambition d'un insensé. Des journaux allemands ont publié une évaluation de la perte que les François et leurs alliés ont faite dans cette campagne désastreuse. Cette évaluation, d'après les renseignemens publiés en Russie, porte le nombre des soldats à 200,000, sans compter 24 généraux et 2000 colonels et officiers. Il y a eu 233,000 prisonniers, et en outre 43 généraux, et 3400 colonels et officiers. La France y a perdu de plus 950 pièces de canons, 63 drapeaux, environ 100,000 fusils et 27,000 voitures de bagage. Voilà le fruit de la manie des conquêtes ! Voilà les droits de Bonaparte à

notre reconnoissance!

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-S. M., depuis son arrivée à Paris, a reçu plusieurs corps et députations: elle s'est montrée souvent au peuple. On la voit entr'autres tous les jours dans le moment où elle se rend à la messe, et quand elle en revient; elle passe alors par la terrasse extérieure du château, audessus des portiques, du côté du jardin. Le peuple s'y porte en foule, et salue S. M. par de vives acclamations. Mme. la duchesse d'Angoulême accompagne ordinairement le Roi.

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