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sions judiciaires, tout cela ne pourrait-il pas faire penser, au contraire, que le dernier mot n'a pas encore été dit sur la valeur et l'avenir de ce principe?

Si nous sommes bien informés, ces questions vont être l'objet d'un examen nouveau : nous avons dû, quant à présent, borner notre rôle à celui de narrateur. Nous avons entendu seulement, comme nous le disions au début de ce travail, indiquer les sources principales, rassembler les matériaux importants relatifs à la perpétuité du droit de propriété littéraire.

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La base de la propriété c'est le travail libre
et le SERVICE rendu.

La raison universelle nous dit que l'homme est né avec des besoins dont la satisfaction est pour lui un droit nécessaire, indispensable. Dieu ne pouvait manquer d'y pourvoir. Il a, dans cette vue, donné à l'homme l'activité intellectuelle et matérielle. C'est au moyen de cette activité, librement exercée sur tout ce qui compose le domaine terrestre, que l'homme peut parvenir à la satisfaction de ses besoins physiques et moraux. Ame et corps tout à la fois, créé, non pour l'isolement, mais pour la famille et l'état social (son véritable état de nature), non pour l'immobilité de l'instinct stationnaire, mais pour le mouvement et le progrès d'une raison perfectible, l'homme pense et agit dans son intérêt individuel et au profit de ses semblables; il cucille les fruits de la terre, il la cultive; il chasse, pêche, élève et conduit les troupeaux, invente de nouveaux procédés, découvre, maîtrise, et dirige, les unes après les autres, toutes les forces apparentes ou cachées de la nature, la gravitation, le magnétisme, la lumière, le calorique, l'électricité; il cherche, il trouve, il applique dans les arts

les lois de la beauté; il compose de merveilleux spectacles qui ennoblissent son âme, et réjouissent ses yeux ou ses oreilles. De tous ces efforts, il a incontestablement le droit de recueillir les fruits, d'en tirer l'utilité pour lui, de les échanger contre d'autres fruits nés des efforts d'un de ses semblables, c'est-à-dire de tirer la valeur de son travail, lorsque ses efforts s'élèvent, dans la pensée de quelque autre homme, à la hauteur sociale d'un service. Lui contester ce droit, c'est lui contester la vie, c'est anéantir l'humanité.

Ce droit, la propriété la plus essentielle et la première de l'homme, peut donc être défini : le droit pour l'homme d'exercer librement son activité pour satisfaire ses besoins légitimes et ceux de sa famille, ou, comme le dit l'éminent économiste, le regrettable Frédéric Bastiat (Harmonies économiques, 2o édit., page 232) : « La propriété, c'est le droit de s'appliquer à soi-même ses propres efforts, ou de ne les céder que moyennant la cession en retour d'efforts (réputés) équivalents. »

Donc, la base originelle, la source divine, unique, de la valeur, c'est-à-dire de la propriété sociale, échangeable, de la propriété telle qu'on l'entend ordinairement, c'est l'exercice de l'activité humaine, c'est l'effort matériel ou intellectuel, c'est le travail, et, en dernière analyse, le service rendu par nos labeurs.

SII.

Ce que c'est que l'appropriation.

L'un des modes d'exercice de cette activité, c'est l'appropriation, car il est évident que beaucoup d'efforts ne pourraient être utilement accomplis, bien des travaux ne sauraient produire leurs fruits dans l'intérêt de celui qui les aurait exécutés, si, dans la plupart des cas, la portion de matière, l'objet auquel ils se sont appliqués, ne devait pas, par une sorte d'accession nécessaire, d'annexe indispensable, devenir le propre, le sien de l'homme, être approprié à ses besoins. Ses efforts à la pêche ou à la chasse, à quoi aboutiraient-ils, en effet, sans l'appropriation du poisson et du gibier? Comment serai-je rémunéré des sueurs versées dans le sein de telle portion de la terre pour la cultiver, la féconder, l'améliorer, l'embellir, si cette portion de terre, avec les moissons qu'elle porte et qu'elle portera, ne devient mienne?

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Mais, qu'on le remarque bien, l'appropriation n'est, en définitive, qu'une conséquence, un accident secondaire, une condition nécessaire, il est vrai, le plus souvent, mais pas toujours, pour arriver à la fin providentielle, la satisfaction des besoins de l'homme.

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