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La confusion profonde des parties charnues comme le mollet, la cuisse, les lombes, occasionne pendant plusieurs jours, outre les autres phénomènes primitifs et consécutifs, la gêne du mouvement et quelquefois une paralysie plus ou moins complète, qui peut se prolonger assez longtemps et même devenir incurable. L'ecchymose ne paraît pas ordinairement dans les premiers jours, le sang ayant à se faire jour à travers des aponévroses et ne fusant que peu à peu jusque sous la peau; des tumeurs sanguines surviennent quelquefois à la suite de ces contusions et se résorbent plus ou moins facilement.

La paralysie qui suit la contusion profonde des muscles est plus inévitable encore après celle des nerfs. C'est ainsi qu'on voit, dans certains cas, la paralysie de la paupière suivre la contusion du sourcil et des filets nerveux sous-jacents.

Les grosses artères situées profondément sont rarement ouvertes dans les contusions; mais leurs membranes courent risque d'être déchirées, l'interne surtout, ce qui peut amener plus tard un anévrisme. Les veines sont plus facilement rompues.

Les os quand ils sont contus deviennent souvent le siége de maladies graves, surtout chez les individus à constitution scrofuleuse.

La contusion des viscères contenus dans les cavités splanchniques est toujours grave; elle peut résulter de causes agissant directement ou indirectement; ainsi le poumon, le foie peuvent être contus par un coup, par une pres. sion violente sur le thorax ou l'abdomen; ainsi le cerveau peut être contus par les parois du crâne lorsque la tête est soumise à un certain degré de commotion. L'effet de la contusion des viscères est d'entraver ou d'abolir leurs fonctions pour un temps variable; les phénomènes de congestion, de gonflement, d'inflam mation, etc., se présentent dans ce cas, et, pour peu que la contusion soit intense, la vie est menacée. Des affections graves, et notamment la dégénérescence cancéreuse, se montrent souvent à la suite de la contusion des organes parenchymateux, glanduleux, comme les mamelles, les testicules, le foie.

Les organes des sens peuvent être aussi le siége de contusions directes qui compromet. tent leurs fonctions: ainsi la contusion résul tant dun coup de poing, du choc d'un bouchon d'eau de Seltz, peut abolir les fonctions de l'œil atteint. Quand l'illustre Dulong tenta, pour la première fois, de décanter le chlorure d'azote qu'il venait de découvrir, une explosion terrible brisa le flacon qu'il tenait à la hauteur de ses yeux; en examinant froidement les blessures graves que les éclats de verre lui avaient faites à la main, il s'aperçut qu'un de ses yeux ne fonctionnait plus ;

s'étant assuré que cet œil était cependant intact et sain en apparence, il resta pensif un instant; puis tout à coup, avec le ton d'un homme qui trouve la solution d'un problème sans grande importance: Ah! dit-il, c'est le choc de la colonne d'air.

Considérées au point de vue de la gravité, les contusions diffèrent depuis celle qui résulte d'un choc à peine sensible et dont on retrouve l'ecchymose sans se rappeler quand elle a en lieu, jusqu'à celle qui, broyant les muscles, les os, les viscères, arrête instantanément la vie. Le caractère d'affection essentiellement locale suffit, indépendamment de tout autre moyen accessoire, pour faire distinguer la contusion des ecchymoses scorbutiques. Les modifications que subit l'ecchymose résultant de contusion la différencient de ces engorgements scrofuleux du tissu cellulaire avec rougeur violacée de la peau.

Les moyens antiphlogistiques, en général, sont ceux qui conviennent pour combattre les contusions; dans certains cas où l'application des sangsues serait indiquée, il faut éviter de les placer sur les points où la peau, gravement froissée et recouvrant des bosses ou des dépôts sanguins, est menacée de gangrène.

Pour les contusions légères, des compresses imbibées d'eau froide et rendue plus résolutive par l'addition de quelques gouttes d'eau-devie, de vinaigre, d'acétate de plomb, suffisent parfaitement; mais le traitement par les réfrigérants doit être continué sans désemparer pendant cinq à six heures au moins. On peut encore associer ce traitement à d'autres moyens dans les contusions graves. Une ou plusieurs applications de sangsues proportionnées au mal, une saignée si cela est néces saire, puis l'usage de cataplasmes tièdes et bien onctueux continué pendant trois ou quatre jours, tel est le traitement le plus généralement suivi et le plus heureux dans ses résultats. Est-il besoin de dire que le traitement doit être avant tout dirigé suivant les indications? Dans certaines contusions, pour celles du crâne par exemple, c'est une habitude populaire de presser sur-le-champ la bosse sanguine avec une pièce de monnaie. Cette manœuvre fort douloureuse n'a aucun résultat qui puisse dédommager des angoisses qu'elle cause. La compression est sans doute un moyen précieux dans le traitement des contosions après la période inflammatoire; mais on ne saurait penser à l'employer plus tôt.

Les aromatiques et les toniques à l'intérieur sont utiles immédiatement après l'accident, mais seulement quand il y a délabrement profond et menace de mortification des parties contuses; dans la convalescence, ces remèdes hâtent la résolution, la résorption du sang extravasé, et raniment les tissus engourdis. A l'in

térieur, les cordiaux, les vulnéraires, n'ont d'autre effet que de surexciter. Sans avantage dans les contusions légères, ils peuvent, dans certains cas graves, prévenir la stupeur, l'extinction des forces; mais on doit se défier de la réaction qu'ils amènent et surtout ne pas se reposer sur leur vertu pour prévenir les suites du mal.

Velpeau, De la contusion dans tous les organes, Thèse de concours; Paris, 1834, in-4°.

Marjolin et Ollivier, Dictionnaire de médecine, 2e édition. A. LE PILEur.

CONVENANCES. (Morale.) Ce mot français, qui n'a d'équivalent au pluriel dans aucune autre langue, peut être défini : Une règle subtile qui, dans l'ordre social, fixe certains rapports entre nous et nos semblables, entre nos habitudes et celles des autres, entre nos affections, nos répugnances et la manière de les exprimer.

Dans la société, comme dans les arts, les convenances sont des harmonies; les blesser, c'est détruire un rapport entre deux objets qui s'attirent mutuellement : quand le traduc teur de Démosthène a cru rendre ces mots grecs, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, par messieurs les Athéniens, il a choqué les convenances du langage, en produisant une dissonance aussi désagréable à l'esprit que peuvent l'être des sons faux en musique pour une oreille délicate. Quand Shakespeare nous présente une comtesse grecque du temps de Périclès, et un Thésée duc d'Athènes, il viole à la fois l'histoire et les convenances. Dans tout pays où certaines coutumes, certains usages, ont pris force de loi, il est de convenance d'y astreindre sa conduite, alors même que ces coutumes et ces usages ne seraient pas en tout conformes aux principes de la raison universelle; l'art des convenances sociales est le fruit d'une longue expérience et d'un heureux instinct ceux qui l'exercent dans toute la perfection y trouvent, sans autre esprit, sans autre talent, des moyens de succès infaillibles. Ne manquer jamais aux convenances, c'est n'affliger aucune vanité, ne blesser au. cune prétention, ne choquer aucun préjugé établi, ne défendre aucune vérité en défaveur. L'homme aux convenances sait que la société se compose d'une foule de passions délicates et vulnérables, qu'il faut toucher avec un soin extrême, comme un musicien habile promène ses doigts sur un clavier, sans faire résonner ensemble des notes dont l'alliance affligerait ou même étonnerait l'oreille.

Les femmes, avec plus de finesse, avec un tact plus sûr et plus rapide, avec une ténuité d'intelligence ( si j'ose emprunter cette expression aux arts mécaniques), qui les rend babi

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les à discerner les nuances les plus légères, ont aussi plus d'aptitude à saisir les convenances jusque dans leurs rapports les moins appréciables.

Ce qui est convenant dans l'ordre de la nature est rarement convenable dans l'ordre de la société; de là naît en général le peu d'habileté des hommes de génie dans l'art des convenances leur pensée ou leur imagination les soutient habituellement dans une région trop élevée pour qu'ils puissent distinguer, dans les institutions humaines, les objets d'une trop petite dimension; le voyageur sur la cime des Alpes n'aperçoit plus la mousse et l'herbe qui tapissent la profondeur des vallées.

Cette double faculté de généraliser ses idées sans perdre de vue les moindres convenances sociales n'a été donnée qu'à deux hommes sur la terre, à Voltaire et à Bacon; tous ces autres grands hommes dont Mme de Tencin disait qu'ils sont bétes! c'est tout génie; Corneille, Rousseau, Pascal, Dante, le Tasse, Milton, étaient étrangers à toute autre convenance qu'à celle du style, dont quelques-uns d'entre eux se sont même quelquefois écartés.

Les convenances du style consistent principalement dans les rapports des passions que l'on veut rendre et du langage que l'on emploie; dans l'harmonie à établir entre les diverses parties d'un même ouvrage; dans l'alliance des beautés locales d'un sujet avec les beautés universelles; dans l'artifice des transitions du grave au doux, du plaisant au sévère; les convenances commandent parfois de légers sacrifices aux temps, aux lieux, aux personnes : le goût seul peut en régler l'importance et l'étendue.

C'est d'une complète observation des convenances des mœurs et du style que résulte le plus grand charme des arts et des œuvres de l'esprit; on le retrouve dans toutes les hautes créations de l'intelligence humaine, dans cette majestueuse simplicité des héros d'Homère, dans cette beauté sublime des dieux de Phidias, dans cette grâce rustique des bergers de Théocrite, dans ces proportions gigantesques des démons de Milton, dans les nobles productions du pinceau de David, dans cette collection de tant de chefs-d'œuvre de genres différents que Voltaire a produits.

Les convenances ne sont pas les bienséances; dans un article sur ce dernier sujet (1), j'ai cherché à établir entre ces deux mots une distinction nette et précise; les convenan. ces se règlent en société sur l'âge, les goûts, les conditions, les humeurs des personnes; les bienséances consultent davantage l'équité, la raison, la décence et l'honnêteté publique :

(1) Voyez BIENSÉANCE.

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en respectant les bienséances, on est sage et estimé; on platt, on est considéré, en observant les convenances. La bienséance est une loi qu'on ne peut enfreindre sans passer pour un malhonnête homme ou pour un sot; les convenances sont des règles dont l'oubli ou même le dédain ne prouve rien contre le génie et la probité de celui qui les méconnaît. Les bienséances demandent une âme élevée et un jugement sain; les convenances ne supposent qu'un tact délicat et une grande habitude du monde : il y a entre les unes et les autres la même différence que l'on remarque entre l'honnête homme et l'homme aimable.

E. JOUY.

CONVENTION. (Législation.) C'est, comme on l'a dit au mot CONTRAT, le synonyme de celui-ci, lorsqu'il est employé pour désigner l'engagement par lequel, suivant la définition qu'en contient l'article 1101 du Code civil, une ou plusieurs personnes s'obligent envers une ou plusieurs autres à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose.

Mais le mot convention a une acception plus étendue que le mot contrat, en ce qu'il désigne l'accord de plusieurs personnes, non-seulement pour former un contrat proprement dit, mais encore pour le modifier ou le résoudre.

Ainsi, lorsque, après vous avoir vendu un immeuble moyennant la somme de 10,000 francs, payable dans deux mois, je consens à ce que vous ne me payiez cette somme que dans deux ans, il résulte de ce consentement et de l'acceptation que vous en faites, non un contrat proprement dit, mais une convention.

Ainsi, c'est également une convention, et non un contrat proprement dit, qui se fait entre nous lorsqu'après avoir conclu un marché nous tombons d'accord de le tenir pour non MERLIN DE DOUAY.

avenu.

CONVENTION, (Histoire.) Voyez RÉVOLUTION FRANÇAISE.

CONVERSATION. (Morale.) Chez tous les peuples, la conversation est un besoin né du perfectionnement de l'état social: en France, c'est un plaisir et un art. Goldoni, dans sa comédie intitulée le Café, a voulu caractériser les différents peuples de l'Europe, par la nature, le genre et les formes de leur conversation cette donnée comique convenait cependant mieux à la satire qu'au théâtre.

Les Allemands ne causent pas, ils argumentent la conversation des Italiens est une pan. tomime mêlée d'exclamations. Chez les Anglais, ce qu'on nomme conversation est un silence syncopé par des monosyllabes et interrompu de quart d'heure en quart d'heure par le bruit de l'eau qui s'échappe de l'urne à thé. Chez les Français, comme je l'ai déjà dit, la conversation est un art qui a ses principes, ses règles, ses préceptes et sa méthode; il

existe en France plusieurs poemes didactiques sur ce sujet, parmi lesquels celui de Delille se fait remarquer par l'esprit et l'élégance qui le distinguent lui-même. Diderot et M de Staël, doués tous deux au plus haut degré de la verve abondante et de la saillie qui font le charme de la conversation, ont en même temps donné sur cette matière le précepte et l'exemple. Le poëte anglais Cowper a écrit dans la solitude, où l'a relégué son caractère misanthropique, des pages pleines d'esprit et de raison sur l'art de causer: les disputes de Rhullière sont une satire ingénieuse contre ces discoureurs pointilleux, contrariants, toujours armés d'observations et de démentis contre la proposition qu'on avance ou contre l'anecdote que l'on raconte : espèce de spadassins verbeux que l'on peut appeler les duellistes de la conversation.

Dans cet art, comme dans tous les autres, il est plus facile de dire ce qu'il faut éviter, que d'indiquer précisément ce qu'il faut faire pour mériter, mais surtout pour obtenir des succès. Cependant on peut poser quelques principes généraux. En conversation, le commerce des idées est libre et n'admet point le monopole; avec la finesse, la grâce et le tact des convenances qui la mettent à la portée de tous les esprits, qui la dirigent habilement entre tous les amours propres, chacun y apporte des droits égaux et peut s'en emparer à son tour. Ce n'est point une course vers un but, une attaque régulière sur un point, c'est une promenade au hasard dans un champ spacieux, où l'on s'approche, on s'évite, on se froisse quelquefois sans se heurter jamais. Une anecdote se présente : racontez, mais racontez vite, sans réflexions, sans épisodes; car votre histoire peut en rappeler d'autres à vos interlocuteurs qu'ils seront pressés de faire entendre.

Si les Français excellent dans l'art de converser, peut-être n'en sont-ils pas moins rede. vables à leurs défauts qu'à leurs qualités sociales trop de franchise ou trop de susceptibi. lité, une application trop profonde ou une trop grande paresse d'esprit, sont également nuisibles dans la conversation; cette promptitude d'intelligence, cette facilité à tout saisir, à tout observer d'un coup d'œil, cette faculté de recevoir des émotions, de les communiquer et de les effacer presqu'au même moment par des émotions contraires; ces éléments, en quelque sorte hétérogènes, dont la réunion compose le caractère français, constituent essentiellement l'art de la conversation, dont Virgile semble avoir indiqué les répugnances dans ces vers charmants :

Nam neque me tantum venientis sibilus austri,
Nec percussa juvant fluctu tam littora, nec qua
Saxosas inter decurrunt flumina valles.

(Elle n'aime ni le souffle, à peine entendu, des vents du midi, ni le bruit sourd des vagues contre le rivage, ni le fracas terrible des torrents qui roulent dans leurs lits de rochers.)

Depuis que les discussions véhémentes, en retentissant du haut de la tribune politique, ont agité tous les esprits, la conversation a pris en France un caractère plus solennel : les traits amers d'une politique haineuse y remplacent trop souvent les saillies d'une gaieté maligne la conversation touche maintenant à de plus grands intérêts; doit-on s'étonner que le langage se passionne davantage et que l'on s'exprime aujourd'hui avec moins de mesure et de délicatesse, en parlant de la patrie et de la liberté, qu'on ne le faisait jadis, en prenant parti dans les querelles des gluckistes et des piccinistes, ou dans les intrigues de l'Eil-de-Bœuf ou du magasin de l'Opéra.

L'amour du paradoxe, le ton sec et décisif, le besoin d'occuper de soi, l'ironie continuelle, l'équivoque et le calembourg sont les fléaux de la conversation; le ton solennel employé pour prononcer sur des riens, l'égoïsme toujours occupé de ramener à soi la pensée générale, la pétulance et le pédantisme sont aussi des ennemis de la conversation, mais dont il est plus facile de se délivrer: le ridicule en a bientôt fait justice.

E. JOUY.

CONVOL. (Marine.) Nom qu'on donne à une flotte marchande ou à une quantité plus ou moins considérable de bâtiments de commerce naviguant sous l'escorte de bâtiments de guerre. Cette définition est la plus généralement adoptée. Cependant les auteurs de l'Encyclopédie méthodique appellent convoi l'escorte de vaisseaux de guerre sous la protection desquels une flotte marchande navigue, et n'appliquent ce nom que par extension à la flotte convoyée; ils ont adopté à cet égard l'acception du mot anglais convoy.

Les convois ont divers objets importants. Ils servent, 1o à garantir le commerce maritime des déprédations de l'ennemi, et à en favoriser la continuation en temps de guerre avec le moins de risques possible; 2o à assurer l'approvisionnement en subsistances d'un pays obligé d'en tirer une partie de l'étranger; 3° à opérer le ravitaillement des colonies, places fortes et autres établissements d'outre-mer; 4° à procurer l'arrivage dans les arsenanx maritimes des munitions navales et de tous les objets servant à l'armement des flottes et escadres; 5o enfin, à effectuer le transport de tout ce que le service de la marine exige qu'on apporte d'un lieu dans un autre.

D'après cela, il y a lieu de s'étonner que la conduite des convois, c'est-à-dire l'ensemble des devoirs du commandant de l'escorte,

des capitaines des bâtiments de guerre qui en font partie, et des capitaines ou patrons des bâtiments marchands composant le convoi, n'ait pas été réglé dans notre pays d'une manière précise par quelque ordonnance. Les instructions sont toujours éventuelles et don⚫ nécs arbitrairement au commandant de l'escorte par le chef supérieur qui commande l'armée navale, escadre ou division à laquelle il appartient, ou le port d'où on l'expédie. Le commandant du convoi donne de la même manière les instructions et signaux de convention à tous les capitaines ou patrons; dans tout ce service, c'est une sorte de tradition qui sert de guide, à défaut d'un règlement qui n'existe point.

Voici les principales dispositions en usage pour la conduite des convois. Lorsque le capitaine d'un bâtiment de guerre a reçu l'ordre de prendre le commandement d'un convoi, il commence par se faire donner par tous les capitaines marchands un état de situation exact de leurs bâtiments respectifs. Il délivre ensuite à chacun d'eux une instruction détaillée sur les dispositions à prendre pendant le voyage pour se conserver, une table des signaux qu'il sera dans le cas de leur adresser, et une seconde instruction cachetée, indiquant les divers rendez-vous en cas de séparation. Tout capitaine d'un bâtiment marchand faisant partie d'un convoi doit se conformer strictement aux instructions qu'il a reçues du commandant, et obéir avec exactitude et célérité à ses ordres et signaux. Il ne doit jamais s'éloigner du convoi sans sa permission, ou sans y être contraint par quelque accident de force majeure. Il ne peut décacheter son instruction secrète qu'en cas de séparation; lorsqu'il se voit en danger d'être pris. il doit détruire ou jeter à la mer ses instruc tions et signaux; s'il arrive à bon port, il doit remettre son instruction secrète cachetée au commandant du convoi.

Le service des convois a été réglé en Angleterre, à diverses reprises, par des actes du parlement, et notamment dans les deux périodes de la guerre maritime qui suivit la révolution française. Les pertes que nos croisières et nos corsaires faisaient éprouver au commerce anglais, engagèrent le gouvernement de sa majesté britannique à obliger tous les bâtiments de commerce à naviguer en convoi, et à proposer au parlement de porter des peines et amendes très-fortes contre les capitaines des bâtiments qui partiraient sans escorte, ou se sépareraient du convoi auquel ils auraient appartenu.

En vertu d'une clause de l'acte de la trentetroisième année du règne de Georges III, tout capitaine marchand qui désobéissait volontairement aux signaux, instructions ou or

dres du commandant du convoi, ou s'en séparait sans permission, était passible d'une amende, dont le maximum était fixé à 500 liv. sterl. (12,500 fr.), et d'un emprisonnement d'une année au plus. L'acte de la trentehuitième année de Georges III motiva cette disposition en interdisant, à tout bâtiment marchand appartenant à des sujets de sa majesté britannique, de partir de quelque port que ce fût sans escorte, et en augmentant l'amende, qui fut portée au double, 1,000 liv. sterl. (25,000 fr.), et au triple 1,500 liv. sterl. (37,500 fr.), si la cargaison du bâtiment se composait de munitions de guerre ou d'objets propres à l'armement des vaisseaux. Il est juste de dire qu'en augmentant ainsi le maximum de l'amende on établit aussi un minimum fixé à 50 liv. sterl.

Indépendamment des peines mentionnées cidessus, les capitaines ou autres coupables des infractions dont il s'agit perdaient le bénéfice des assurances dont ils avaient payé la prime.

Le gouvernement fit mieux encore: il défendit aux officiers de la douane de régulariser les expéditions d'aucun bâtiment, avant qu'il n'eût été donné une caution du montant de l'amende dont se rendrait passible le capitaine en partant saus escorte ou en se séparant volontairement du convoi.

L'acte portait exception de toutes ces dispositions en faveur des bâtiments qui faisaient le cabotage d'un port à l'autre du royaume de la Grande-Bretagne, ou d'Irlande en Angleterre et réciproquement, ainsi que ceux de la compagnie des Indes-Orientales et de la compagnie de la baie d'Hudson.

Une amende de 100 liv. sterl. (2,500 fr.) était imposée au capitaine qui, se trouvant en danger d'être pris, négligeait de le faire connaître par des signaux convenus ou en tirant des coups de canon, ou qui, étant pris, n'avait pas détruit les instructions secrètes du commandant du convoi.

D'après une clause expresse, cet acte ne devait être en vigueur que jusqu'à la signature des préliminaires de paix : aussi, à la reprise des hostilités qui suivit la rupture du traité d'Amiens, il devint nécessaire de le renouveler. On en maintint toutes les dispositions; seulement les exceptions furent étendues, 1° aux bâtiments partant de ports étrangers où il n'y avait pas de bâtiments de guerre anglais destinés à l'escorte des navires du commerce; 2° aux bâtiments employés à la pêche sur les côtes de Terre-Neuve ou du Labrador.

Par un acte postérieur de deux ans, il fût interdit à tout commandant d'un convoi de s'en écarter dans le dessein de capturer quelque bâtiment autre qu'un bâtiment de guerre ennemi qui menacerait le convoi, sous peine

de perdre sa part des prises faites de cette manière.

Il existe en Russie un usage confirmé par les règlements de Catherine II, sur la marine, et qui obvie au défaut de bâtiments de guerre pour convoyer ceux du commerce. Les capitaines de bâtiments marchands faisant route ensemble sans escorte militaire peuvent se lier entre eux par un pacte de défense mutuelle. Cet engagement doit être fait par écrit et signé de tous les capitaines, chacun desquels en garde une expédition. Ils choisissen! ensuite parmi eux un commandant, auquel ils doivent obéir tout le temps prescrit par l'engagement. Il remplit à leur égard les mêmes fonctions qu'un commandant de convoi, et leur délivre les mêmes signaux et instructions. Il lui est permis d'arborer un signe particulier pour se faire reconnaître, et d'avoir la nuit un fanal à poupe. En cas d'attaque, si un des capitaines liés par un pacle de défense mutuelle ne fait pas son devoir on abandonne lâchement ses compagnons, il doit être mis en jugement et puni suivant le Code pénal maritime. Le dommage souffert dans une attaque, par un ou plusieurs des navires dont les capitaines ont signé un pacte de défense mutuelle, ou par leur cargaison, doit être payé par tous les bâtiments, au prorata de leur valeur et de celle de leur cargaison; si le capitaine d'un des navires susdits se sépare volontairement des autres, il contribue au double (proportionnellement à la valeur du navire et de sa cargaison), dans le payement des dommages essuyés par ceux-ci. Ceux que son propre navire peut avoir éprouvés demeurent à son compte. Si la séparation a eu lieu par cas fortuit, le capitaine ne doit contribuer en rien à l'indemnité pour la perte ou le dommage des autres navires.

L'usage de contracter ainsi un pacte de défense mutuelle pourrait s'établir chez nous avec avantage, dans certains cas.

Parmi les divers ordres de marche d'une armée navale, il y en a un qu'on appelle ordre de marche en ligne de convoi.

J.-T. PARISOT. CONVOLVULACÉES. ( Botanique.) Cette famille comprend des herbes, des arbrisseaux et quelques arbres. Souvent les tiges faibles et grêles des espèces herbacées se réunissent et se roulent ensemble sur elles-mêmes, si elles ne trouvent pas d'appui; et si elles naissent auprès d'un arbrisseau, d'un arbre ou d'un support quelconque, elles l'entourent en décrivant une hélice et grimpent plus ou moins haut. Cette habitude, qu'on peut observer dans le Liseron des haies, a fait donner au genre principal de la famille le noin de Convolvulus, et par suite à la famille entière celui de Convoivulacées, quoique à vrai dire

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