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libre, d'une autorisation spéciale du ministre de l'in struction publique'.

La loi assimile donc la femme étrangère à la femme française au point de vue de l'enseignement, témoignant ainsi d'une indépendance qui dégage les études scolaires, aussi bien que les sciences, des préjugés politiques et de frontières.

Les travaux intellectuels passent au-dessus des considérations de nationalité, tous les peuples étant solidaires des progrès de l'esprit humain.

X. La femme étrangère directrice d'un bureau de poste,
de télégraphe, etc.

257. Peut-on accorder à une étrangère le privilège, dont jouit la femme française, de diriger un bureau de poste ou de télégraphe?

Il n'est guère besoin de démonstration à cet égard; on sent qu'il est impossible d'accorder une confiance illimitée à la femme dont le patriotisme peut à chaque instant se trouver en opposition avec son devoir; aucune garantie ne serait assez forte pour contre-balancer les dangers d'une telle position. Les femmes se passionnent et s'exaltent: elles exposent volontiers leur vie; nous les voyons sur les champs de bataille, quand l'amour de la patrie les anime; comment espérer que ce sentiment ne les pousserait pas, dans une circonstance grave, à violer le secret professionnel?

1. L. 15 mars 1850, art. 78.

XI. La femme étrangère dans les armées.

258. Nous avons dit que la femme française peut, dans une certaine mesure, se rattacher à l'armée pour des services tout humanitaires, tels que ses aptitudes le comportent elle sera cantinière, vivandière, ambulancière, etc. Mais assimilera-t-on de même la femme étrangère à une armée française, à une escadre ayant pris terre? La négative n'est pas douteuse; néanmoins nous avons vu, en 1870, beaucoup d'ambulances internationales sous la garantie de la convention de Genève.

XII. La femme étrangère juge dans un concours artistique.

259. L'étrangère sera-t-elle juge dans un concours artistique? Nous lui accordons ce privilège des deux mains.

Elle pourra se tromper, mais elle le fera de bonne foi, sans parti pris; et c'est déjà un point principal, les rivalités d'école ayant souvent une influence fâcheuse dans

nos concours.

Toutes les femmes aiment les arts, beaucoup les exercent, il est donc juste de ne pas les écarter des appréciations artistiques.

XIII. La femme étrangère aux honneurs.

260. Les récompenses honorifiques seront-elles accordées, en France, à une étrangère?

Nul doute à cet égard.

Les services rendus par une étrangère pendant une épidémie, une inondation, un incendie, dans les hôpitaux, dans une ambulance, méritent une récompense, un témoignage public de reconnaissance, si ces services sont d'une nature héroïque par leur éclat ou leur continuité.

Une étrangère qui expose sa vie pour le bien public, qui la consacre au soulagement de ses semblables, quelle que soit leur nation, a droit, comme la femme française, aux distinctions honorifiques; car la charité ne connaît pas de frontières, elle établit entre les peuples un lien de fraternité, que l'on méconnaîtrait en refusant à une étrangère les faveurs accordées à une Française dans des circonstances analogues.

Ce qui est vrai pour les actes de dévouement peut s'appliquer aux découvertes, aux compositions littéraires, aux œuvres de l'art, qui enrichissent la nation ou bien ajoutent à son éclat et à sa gloire.

XIV. La femme étrangère ambassadrice.

261. La femme d'un ambassadeur étranger en France jouit des mêmes privilèges que son mari, c'est dire qu'elle y occupe une situation des plus enviables, et que l'urbanité française l'entoure de tous les égards.

Elle peut remplir un rôle utile à son pays, aussi bien qu'à la nation qui l'accueille, en agissant avec ce tact féminin si délicat, qu'il sait resserrer les liens politiques mêmes.

Une ambassadrice, doublée d'une femme d'esprit,

peut assurément exercer une influence salutaire dans les relations internationales. Nous en avons eu de nombreux exemples.

XV. Secret professionnel.

262. Les considérations que nous avons appliquées sur ce sujet aux femmes françaises concernent également la femme étrangère investie d'une fonction publique ou officielle.

Un mandat de confiance n'est accordé en général que sous conditions et avec garanties de moralité; dès que nous admettons une étrangère à exercer une profession qui exige ces garanties, nous devons lui imposer, en outre des connaissances nécessaires, le secret professionnel, sur lequel le public a le droit de compter.

DEUXIÈME PARTIE.

DROITS CIVILS.

263. Pour éclairer notre marche, disons en quelques mots quel est l'intérêt de distinguer quand une femme est étrangère ou Française.

Chaque nation a ses lois et ses coutumes particulières, dont l'ensemble compose ce qu'on est convenu d'appeler droit civil; chaque peuple a ses tribunaux pour en faire l'application, ses fonctionnaires pour en assurer l'exécution.

En regard de ces lois privées, il est d'autres lois, d'autres coutumes plus générales, dont l'ensemble, appelé droit des gens ou droit international, régit les divers peuples dans leurs rapports entre eux.

Chaque peuple est naturellement conduit par le besoin d'autonomie, par l'instinct de sa conservation, à assurer le maintien de l'ordre et de l'autorité dans l'étendue de son territoire. C'est ainsi qu'en France le législateur a proclamé en tête de nos codes que les lois de police et de sûreté obligent tous ceux qui habitent le territoire; et nul doute qu'une disposition analogue existe dans la plupart des législations étrangères.

Au même point de vue, tous les efforts d'une nation doivent tendre à maintenir l'intégrité et l'inviolabilité de

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