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tout patriote d'un zèle nouveau et rendra leur cause plus respectable à leurs propres yeux au point d'unir davantage les cœurs pour le maintien de leur indépendance. Tel fut le sentiment que produisit la reconnaissance de notre émancipation. Comme la tête naturelle de l'Amérique, il augmentera aussitôt notre importance aux yeux du monde ; l'Espagne peut enfin être amenée à terminer l'horrible effusion du sang humain et à renoncer à une entreprise dans laquelle elle ne réussira jamais. Un arrangement avec les gouvernements patriotes de l'Amérique méridionale, nous permettra aussi de nous arranger pour mettre un terme aux nombreux abus pratiques, dans lesquels notre caractère comme nation, est fortement compromis.

Je viens, Monsieur, d'esquisser rapidement un sujet de la plus haute importance pour les intérêts présents et futurs de ce pays. D'accord avec mes concitoyens, je forme les vœux les plus ardents pour le succès de la cause des patriotes,

mais en même temps j'estime trop le bonheur réel de mon pays, pour le risquer au hasard par des mesures brusques et inconsidérées. Il est à peine dans notre histoire, une époque qui réclame un jugement plus sage et plus mûr et une prévoyance plus éclairée que celle à laquelle nous touchons. Heureusement pour nous il règne sur ce point parmi nos concitoyens et dans nos discussions politiques un plus grand degré d'harmonie qu'à aucun autre temps depuis l'établissement de notre constitution, et nous avons au gouvernail un sage et vertueux homme d'état. Il fut donné à notre immortel Washington, de terminer l'indépendance d'une moitié de l'Amérique, et je désire en toute sincérité qu'il soit votre ouvrage de reconnaître l'indépendance de l'autre.

D'INDÉPENDANCE DU CONGRÈS

DES ÉTATS

QUI FORMENT LA RÉPUBLIQUE DE LA PLATA.

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L'honneur est un trésor que les mortels estiment plus que leur existence, et qu'ils doivent défendre plus que tous les biens de ce monde, quelque grands, quelque chers qu'ils soient. Les provinces unies du Rio de la Plata ont été accusées par le gouvernement espagnol de rebellion et de perfidie, auprès de toutes les autres nations; on a dénoncé comme tel le fameux acte d'émancipation, publié par le congrès national de Tucuman, le 9 de juillet 1816; on leur a imputé des idées d'anarchie et l'in

tention d'introduire dans les autres pays des principes séditieux, lorsquelles sollcitaient l'amitié de ces mêmes nations, et la reconnaissance de cet acte mémorable

pour prendre leur rang.

Le congrès national regarde comme le premier de ses devoirs les plus sacrés, de repousser des inculpations si odieuses et de défendre la cause du pays en publiant les cruautés et les motifs 'qui ont poussé à la déclaration de l'indépendance. Ce n'est point certainement de sa part une soumission qui remette à un autre pouvoir de la terre la disposition d'un sort qui a coûté à l'Amérique des torrents de sang, et toutes espèce de sacrifices et de douleurs. C'est une considération importante qu'il doit à son honneur outragé et à l'honneur des autres nations.

Nous nous abstenons de recherches sur le droit de conquête, sur les concessions pontificales et sur les autres titres, dont les Espagnols ont appuyé leur domination; il. est iuutile de reproduire des principes, qui

pourraient susciter des contestations problé matiques et faire revivre des questions qui ont eu leurs défenseurs des deux côtés. Nous en appelons aux faits qui forment un contraste douloureux de notre patience avec l'oppression et la cruauté des Espagnols. Nous montrerons l'abîme affreux que l'Espagne ouvrait sous nos pieds et dans lequel allaient se précipiter ces provinces si elles n'avaient opposé le rempart de leur émancipation. Nous donnerons enfin des raisons qu'aucun être raisonnable ne pourra rejeter, à moins qu'il ne se trouve des hommes qui veuillent persuader à un pays de renoncer pour jamais a toute idée de bonheur et d'adopter pour systême la ruine, l'opprobre et l'esclavage. Exposons à la face du monde ce tableau, que personne ne pourra considérer sans se pénétrer de nos propres

sentiments.

Depuis que les Espagnols se furent emparés de ces pays, ils préférèrent le système d'assurer leur domination, en exterminant, détruisant, et dégradant tout. Les

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