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Les commissaires envoyés en 1814, ont fait beaucoup de mal... On les a désavoués.. Nouveau mal, lorsque tous leurs papiers étaient tombés aux mains de Christophe, et circulaient dans toute l'île....

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La conduite des commissaires envoyés en 1816 a été propre à rapprocher de la France l'esprit des habitants de Saint-Domingue... Mais tous leurs efforts ont échoué contre un écueil que l'on retrouvera toujours. L'indépendance.... Pétion est àgé de quarante-cinq ans, d'un extérieur agréable, de manières prévenantes et 'distinguées. Il est faux qu'il ait été élevé en France mais il y est venu eta fait partie de l'expédition du général Leclerc. Il se sauva au moment de subir un sort pareil a celui de Toussaint L'ouverture.

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Christophe est âgé de 64 ans, c'est un homme de la plus haute stature, et d'une force de corps extraordinaire.

Il suit de cet exposé que Saint Domingue est inattaquable: qu'il périrait avec les assaillants; que sa population, et sa culture

vont toujours en croissant qu'il est de l'intérêt de l'Europe de cesser de s'en occuper comme propriété, pour ne plus s'en occuper que comme civilisation. Que dans cet état, il rendra davantage à l'Europe et à la France, qu'il ne faisait lorsqu'elle avait à fournir aux frais de son établissement qui surpassait son produit de six millions, et qui lui coûtait des frais immenses pendant la guerre, frais qui étaient tous en pure perte, puisqu'elle tirait du Nord ses approvisionnements maritimes, et des Etat-Unis les subsistances de sa flotte et des bataillons qu'alors elle devait entretenir aux Colonies.

En calculant ce que Saint-Domingue a coûté à la France depuis 1722, pendant les trois guerres de 1742, 1756, et de l'Amérique, et par l'expédition du général Leclerc, on trouverait que tout n'a pas été bénéfice dans sa possession.

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La découverte de l'Amérique, la séparation des colonies Anglaises et la lutte actuelle pour l'indépendance des colonies espagnoles, sont les trois événements importants des mille dernières années. Colomb, dans la recherche d'un passage qui devait changer la route du commerce oriental, découvrit un nouveau monde, qui avait plus de richesses que l'orient et qui était capable de nourrir une population presque égale à celle de tout le reste du globe. Quoiqu'il ait échoué en partie,

il a cependant réussi à ouvrir à l'Europe des sources de richesses qui ont amélioré sa situation dans tout ce qui tient à la vie. La découverte de l'Amérique a mis l'Europe en état d'atteindre à un perfectionnement qu'elle n'aurait peut-être pas obtenu après plusieurs siècles. Les compagnons de Colomb, s'affranchissant de scrupules, s'approprièrent tout ce qu'ils trouvèrent dans les contrées découvertes, quelquefois paisiblement, mais le plus souvent par la violence et par la cruauté. Les habitants de l'Amérique, en quelques endroits nombreux et très avancés en civilisation, n'étaient guères traités par les Espagnols avec plus d'égards que les bêtes sauvages des forêts. Ils furent détruits sans pitié, leurs biens furent saisis sans réserve, et tous les principes de la justice et de l'humanité violés sans remords. L'habileté supérieure des Européens dans les arts, venue de l'usage des lettres qui conserve les découvertes du génie et permet à l'esprit humain d'avancer vers la

perfection, mit nécessairement les malheureux Américains au pouvoir de leurs conquérants. La première découverte de l'Amérique et les usurpations postérieures, furent comme les actes d'individus entreprenants, quoique leurs souverains respectifs eussent pris pour eux la part du lion. Quant aux portions du pays, qui forment de vastes déserts, les lois de dieu et de la nature, pourraient justifier les autres membres de la famille humaine, de prendre pour leur subsistance une part suffisante de l'héritage commun; car la possession de ces contrées par quelques tribus errantes de chasseurs, peut à peine être considérée comme une appropriation du sol. Tel fut à-peu-près notre cas avec presque tout le pays que nous possédons maintenant, nous qui, ayant formé le premier gouvernement indépendant des colonies, avons particulièrement mérité le nom d'Américains. Nos principales conquêtes furent sur les aspérités du climat et de la terre; la cognée et la charrue

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