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-On écrit de Madrid, qu'après cinquante-neuf ans d'interruption, la fête de Saint-Ignace a été célébrée dans l'église du noviciat des Jésuites. Le cardinal Gravina, nonce apostolique, officioit en présence du prince D. Carlos, frère de S. M., de beaucoup de prélats, de seigneurs et de supérieurs des ordres religieux. Le père Ossuna, littérateur connu en Italie, prononça le panégyrique du saint. Le prince visita ensuite la maison du noviciat, qui n'est pas encore entièrement rétablie. Le plan des études a été rédigé par le père Ossuna, et approuvé par S. M. L'intention du monarque est que les Jésuites s'appliquent principalement à l'éducation de la jeunesse; et comme ils ne sont pas encore assez nombreux, ils pourront, en retenant la direction générale, confier à des prêtres séculiers les fonctions qu'ils ne pourroient remplir eux-mêmes. Mais le prince a surtout à cœur l'ouverture du noviciat, afin que l'on puisse former des élèves qui suivent les traces de leur saint fondateur.

PARIS. Le Mont-Valérien vient enfin d'être rendu à sa première destination. Plusieurs siècles avant le ministère du cardinal de Richelieu, cette montagne, habitée par des hermites, étoit connue sous le nom de Montagne des Trois-Croix. Le cardinal seconda le zèle d'un vertueux prêtre, nommé Charpentier, et un calvaire y fut érigé. A cette époque, les pélerinages y devinrent plus fréquens. Des missionnaires y furent établis sous le nom de Prêtres du Calvaire; et un grand nombre de personnes illustres, parmi lesquelles étoit Anne d'Autriche et d'autres membres de la famille royale, s'unirent à eux par les liens d'une association piense, dite do Calvaire. Lors du rétablissement de la religion en France, il y a quatorze ans, on s'occupa de reudre le Mont-Valérien au culte saint que d'affligeaus scandales y avoient remplacé pendant le règue de l'impiété. Depuis quelques années, les pélerinages avoient repris leur cours, et MM. les curés de Paris s'y rendoient,

comme auparavant, à la tête de leurs paroisses, pendant les deux octaves de la Croix, quand une politique ombrageuse feignit de voir quelque danger dans ces pieuses réunions. On s'empara violemment du Calvaire, on le fit abattre en une nuit, on détruisit les anciennes constructions, et on en éleva de nouvelles pour une destination différente.

La chute de l'ennemi de la religion a fait tomber ces projets, et le rétablissement du trône légitime sera aussi l'époque du rétablissement de la croix dans le lieu où elle fut si long-temps honorée. Le It voulant favoriser l'établissement des Missions de France, a eu la bonté de donner aux missionnaires la jouissance de cette montague, et a témoigné le désir d'y voir refleurir les exercices de la piété. C'est pour se conformer à ses religieuses intentions que l'on s'est mis en devoir de rendre ce lieu à sa première destination. Le grand bátiment, élevé précisément sur l'emplacement qu'occupoient les trois croix, a nécessité de nouvelles dispositions. Les chapelles, autrefois situées vers le nord, sont maintenant placées sur la pointe méridionale de la même côte, vis-à-vis Saint-Cloud. A l'extrémité d'un mur qui longe la route de Surênes, on a fait une ouverture et placé une grille qui sera l'entrée principale. Un chemin très-large y conduit, et les sinuosités adoucissent beaucoup la roideur de la montée. Par leur développement même sur le penchant de la montagne, elles font successivement passer devant les sept premières stations, et conduisent ainsi jusqu'à la grande plate-forme où sont placées les trois dernières. Le Calvaire est érigé vis-à-vis la grande façade du bâtiment. L'espèce de rocher qui supporte le Christ et les deux larrons, forme dans son intérieur la grotte du tombeau. Les chapelles ne fout encore qu'indiquer leur objet; mais sans doute que le zèle des missionnaires et la charité des fidèles, mettront en état de disposer les stations de la manière la plus convenable.

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MM. les grands vicaires de Paris ont publié, le 2 sep→ tembre, une ordonnance relative au rétablissement du Calvaire. MM. les curés sont invités à reprendre l'ancien usage de leurs paroisses, et à s'y rendre pendant l'octave. On chantera tous les jours, après la grand'messe et au salut, le psaume Exaudiat et les prières pour le Roi. MM. les grands vicaires exhortent les fidèles à aller honorer la croix du Sauveur, et à aller prier pour l'Eglise et pour le royaume. Les missionnaires se proposent de résider sur la montagne pendant tout le mois de septembre. Les jours de l'octave seront partagés entre plusieurs de MM. les curés de Paris. Ils donnent ordinairement rendez-vous à leurs paroissiens pour huit et neuf heures du matin dans l'église de Surênes, d'où l'on monte processiounellement au Calvaire. Quelques paroisses de la campagne s'y rendront aussi, et leur office précédera celui des paroisses de la capitale, qui ne commence qu'entre neuf et dix heures. Le vendredi 13, on chantera les premières vêpres. Le samedi 14, jour de l'Exaltation de la Sainte-Croix, bénédiction et consécration solennelle du Calvaire et des stations. MM. les clercs de la chapelle royale feront l'office de concert t avec la paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois, qui a choisi ce jour. Des affiches particulières donnent le détail de toutes les cérémonies. Elles annoncent aussi qu'il a été permis à un restaurateur d'occuper, pendant les ocfaves, la petite maison de l'hospice, pour y fournir aux besoins des personnes que leur dévotion conduira à ce pélerinage.

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En rapportant le jugement prononcé contre l'abbé Vinson, nous avons omis un article fort important, ainsi conçu: « Attendu qu'à la page go, l'abbé Vinson blâme avec hauteur la conduite tenue par notre saint Père le Pape et par le corps de l'église gallicane, qu'il désigne sous le nom de concordataire et qualifie de schismatique, qu'en cela le sieur abbé Vinson, qu'elles qu'aient eté ses intentions, a provoqué les François à violer une.

loi du royaume, maintenue provisoirement au moins par la Charte, qu'il a manqué de respect au Ror, et même excité à lui désobéir, délit prévu par le Code pénal »... Le jugement paroît conforme aux conclusions qu'avoit prises, en andience secrète, M. Eymery, avocat du Bor.

Un journal annonce, comme le tenant de bonne source, que les affaires de l'église de France qui se traitoient à Rome sont heureusement terminées. Cette nouvelle, que nous aurions tant de joie de pouvoir`communiquer à nos lecteurs, est encore prématurée. On a effectivement des espérances plus prochaines, et les dernières dépêches, à ce qu'on dit, étoient d'une nature très-satisfaisante. Toutefois il n'y a rien de conclu, et nous voudrions pouvoir assurer que les bases étoient convenues de part et d'autre, ainsi que cela s'étoit répandu; mais il n'en est rien. Peut-être en saurons-nous davantage sous peu.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. MONSIEUR et les deux Princes ses fils sont allés, le 3, à Compiegne, et sont revenus le lendemain soir.

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Du

M. le duc Dalberg, nommé ambassadeur de France à la cour de Turin, a eu son audience de congé de S. M. MM. les conseillers d'Etat de Capelle, Dégérando, don et Forestier, out été nommés commissaires pour examiner, de concert avec les commissaires des puissances alliées, le montant des paiemens à faire par la France, en exécution de la convention du 20 novembre jusqu'au 1o. juin 1815, et le montant des paiemens faits, et pour constater la libération de la France pour les six premiers mois.

— Un chambellan et un conseiller de l'empereur d'Autriche viennent d'arriver à Paris, comme commissaires arbitres pour ce souverain près la commission des finances établie à Paris.

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- Un rapport de M. Quatremère de Quincy, sur le rétablissement de la statue de Henri IV, nous apprend que le modèle en plâtre du cheval et du cavalier est terminé. Le

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rapporteur applaudit au travail de M. Lemot, et au mérite de l'exécution. Il ne reste plus à faire que la fonte définitive et la ciselure. On espère que la statue pourra être achevée l'année prochaine. Des souscriptions ont été envoyées de toutes les parties de la France, et l'image du bon Henri embellira encore la capitale. Le 5 septembre, les Princes et Princesses de la famille royale se sont rendus à l'atelier de M. Lemot pour voir le modèle en plâtre de la statue. Ils ont paru satisfaits de l'exécution, et l'ont témoigné à l'artiste avec beaucoup de bonté.

-Conformément aux ordres du Roi, les chefs Vendéens et les habitans du Marais ont remis, le 26 du mois dernier, au cominandant de Bourbon-Vendée, les canons et caissons dont se composoit leur artillerie dans la dernière guerre. C'est pour eux un véritable sacrifice; mais ils se sont trouvés heureux de donner cet exemple de soumission, après en avoir tant donné de dévouement et de courage.

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On a rétabli au frontispice de l'hôtel des Invalides la statue de Louis XIV, fondateur de ce magnifique établissement. Le monarque est représenté à cheval. On a remis sur le piedestal l'ancienne inscription: Ludovicus magnus, militibus regali munificentia in perpetuum providens, has ædes posuit an. MDCLXXV. Les figures de la justice et de la prudence qui accompagnent le piedestal n'avoient point été détruites; on les a seulement remises à neuf.

- Le relevé des dons faits sur l'emprunt de cent millions se monte, pour le département de Tarn et Garonne, à 98,940 fr.

- On écrit de Lille que le maire de Honhergies ayant été maltraité par un soldat russe, M. le procureur du Roi pres le tribunal d'Avesnes en porta plainte au général en chef russe, qui envoya un aide-de-camp prendre des informations sur la conduite du soldat. Il a été trouvé coupable et sévèrement puni. Son capitaine même a été réprimandé, l'intention de M. le comte de Woronsoff étant que ses troupes témoignent les plus grands égards aux autorités françoises.

-Les généraux russes stationnés dans le nord de la France se montrent empressés à faire tout ce qui peut leur concilier l'estime et l'attachement des habitans. A Avesnes, ils se sont prêtés à orner la procession du Saint-Sacrement. A Landrécies, lors de la fête du Roi, ils ont exprimé avec loyauté

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