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coup les fonctions d'un critique. On les croyoit diffi ciles et délicates; elles sont au contraire simples et aisées. Prenez dans quatre gros vol. deux faits isolés. Montrez qu'ils sont faux ou même supposez-les tels. Dès-lors l'ouvrage est coulé à fond, et les dix mille autres faits qu'il rapporte ne méritent aucune créance. Ainsi, en quatre pages, on renverse une longue bistoire, et en un quart d'heure on met au rebut le fruit de quinze ans de travail. Le peu que nous venons de dire des Mémoires suffira pour les faire apprécier. Effectivement vous en avez dit très-peu, et vous n'en avez pas lu davantage; ce qui suffira pour faire apprécier votre sagacité, votre logique et votre impartialité rigoureuse. Un auteur peut se consoler d'être jugé d'une manière si expéditive, et une condamnation prononcée si lestement a au moins cela d'avantageux qu'elle ne sauroit humilier personne.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le 28 juillet s'est faite la consécration des nouveaux évêques de Tivoli et d'Urbania. Le premier, le P. Alexandre de Sainte-Marguerite, a été sacré par le cardinal di Pietro, et le second, M. François Leonini, précédemment vicaire apostolique à Pérouse, par le cardinal Morozzo.

— On reçoit de Pétersbourg l'avis officiel, en date du 23 mai, que l'empereur Alexandre a, par le canal de M. Siestrzencewics, archevêque de Mohilow, appelé les Dominicains de Lithuanie pour le service de l'Eglise catholique de Pétersbourg. Ils seront aussi chargés de l'instruction de la jeunesse catholique. Les autres Dominicains des diverses nations sont également invités à se

rendre dans cette capitale pour y instruire les catholiques de leurs pays respectifs. En conséquence, neuf de ces religieux, dont sept prêtres, sont déjà attachés au service de l'Eglise catholique de Pétersbourg.

-Les Dominicains des Philippines ont fait partir, ent 1813, quinze de leurs missionnaires pour la Chine et le Tonking. Ce sont des natifs du pays même. Ils ont, avant de partir, prêté serment pour l'observation des, constitutions apostoliques.

PARIS. S. M. a écrit à MM. les vicaires généraux de Paris la lettre suivante:

« Mess. les vicaires généraux du chapitre de Paris, ayant résolu de faire faire en l'église métropolitaine de ma bonne ville de Paris, le 15 du présent mois, jour de l'Assomption de la très-sainte Vierge, la cérémonie de la procession pour le renouvellement du væru fait par le roi Louis XIII en l'année 1638, je vous fais cette lettre pour que vous ayez à faire publier l'édit du roi Louis XIII, tant dans l'église métropolitaine, que dans toutes les églises paroissiales de Paris. Mon intention est que la procession qui se fera à Notre-Dame soit la seule extérieure, et qu'elle ait lieu à l'heure que vous dira de, ma part le grand-maître, ou, en son absence, le maître des cérémonies de France. Cette lettre n'étant à autre fm, je prie Dieu qu'il vous ait, Mess. les vicaires généraux, en sa sainte garde.

Ecrite à Paris, le 12 août 1816.

Signé, LOUIS.

En conséquence, la procession, qui se faisoit autrefois dans toutes les églises, a eu lieu à Notre-Dame seulement. On s'est contenté dans les paroisses de faire la procession dans l'intérieur, et on a lu, suivant le désir de S. M., la déclaration du roi Louis XIII, qui est pleine des sentimens les plus religieux. A trois heures, MONSIEUR, MADAME, Mr. le duc de Berry et Mme, la duchesse se sont rendus à l'archevêché, d'où LL. AA. RR. sont entrées dans l'église par la sacristie. Une députation du chapitre étoit allée au-devant d'elles. On a com

mencé les vêpres, après lesquelles la procession s'est faite. Elle est sortie par le Marché-Neuf, a passé devant le Palais, et a suivi le quai aux fleurs et le quai qui abou tit au pont de la Cité. La piété de la famille royale est trop connue pour que nous avons besoin de dire cominent elle a assisté à cet acte de religion. On n'est plus étonné du recueillement de nos Princes, mais on en est toujours touché. Les cours de justice et le corps municipal assistoient aussi à la procession.

-On parle de changemens dans les cures de Paris. M. l'abbé Bruant, curé de Saint-Nicolas-des-Champs (et non de Notre-Dame-des-Champs, comme on l'a dit dans un journal, il n'y a pas de cure de ce nom) vient de donner sa démission. Il est remplacé par M. Valayer, curé de Saint-Germain-l'Auxerrois.

Le 12 août, les prêtres de la Congrégation de la Mission, dits Lazaristes, se sont réunis, au nombre de 21, chez M. le curé de Sainte-Marguerite, un d'enx. Ils étoient en outre munis des pouvoirs de leurs collègues absens pour élire un chef à la congrégation. Après la messe du Saint-Esprit, M. Claude, assistant général, a adressé à ses confrères une courte harangue sur les devoirs qu'ils avoient à remplir en ce moment, et sur l'importance du choix qu'ils alloient faire. L'élection s'est faite en un instant, et les voix se sont réunies surun sujet qui paroît en état de relever de ses ruines cette congrégation respectable par le nom de son fondateur et par ses services. On ne publiera le résultat de l'élection qu'après l'agrément du souverain Pontife et de S, M.

-Le jour de la fête, à la procession qui a eu lieu dans la paroisse des Missions-Etrangères, et qui s'est faite dans l'enceinte des cours, M. l'évêque de Soissons a officié. En tête de la procession marchoient une centaine de ces petits Savoyards que la charité recueille, instruit et secourt avec tant de zèle. La procession finie,

ils se sont mis à genoux pour recevoir la bénédiction du prélat, qui, touché de leur air recueilli, tes a fait relever, et leur a adressé une exhortation courte, mais pleine d'onction. Il les a engagé à bien servir et prier Dieu, et à prendre en esprit de pénitence leur indi gence, leurs privations et leurs travaux. La vue de ces pauvres enfans, et la bonté du prélat qui se mettoit ainsi à leur portée, formoient un spectacle attendrissant.

TROYES. Cette province, qui a souffert plus qu'aucune autre des malheurs des dernières années, soupiroit aussi plus qu'une autre après une récolte qui réparât notre dénuement. On étoit effrayé des suites d'une disette qui eût succédé à tant de désastres. Aussi, les prières ordonnées ont-elles été suivies avec plus d'assiduité. Chacun étoit frappé de crainte à l'apparence d'un danger qui eût enveloppé tout le monde. C'est à cette occasion que M. notre évêque, sensible aux besoins de son troupeau, après avoir ordonné des prières générales, en a prescrit de nouvelles par un Mandement récent, où il trace le tableau de notre situation morale. Ce passage nous a paru digne d'être mis sous les yeux du

lecteur:

« Nous avons eu souvent occasion, N. T. C. F., de vous montrer jusqu'à quel degré de dégénération morale nous sommes descendus, et jusqu'à quel point tout ce torrent de vices et de prévarications dont la France est couverte, doit allumer la colère du ciel. Mais quand a-t-il été plus nécessaire de vous la rappeler cette effrayante vérité, qu'en un moment où le ciel semble s'unir avec la terre pour punir nos iniquités que voyons-nous, N. T. C. F., et quel spectacle plus fait pour provoquer les vengeances divines? un luxe sans pudeur insultant à la misère publique un goût effréné des plaisirs les plus licencieux, quand nous devrions nous refuser les plaisirs les plus innocens : des spectacles et des concerts, au milieu des gémissemens du pauvre; plus de honte pour les vices les plus honteux; plus de scrupules pour les plus noires trahisons et les plus vils parjures: ce goût, et je ne

sais quel charme qu'on trouve dans le crime par l'horreur même qu'il inspire: une jeunesse sans frein, et les enfans plus savans que les pères dans l'art de se corrompre : la sainteté du mariage authentiquement profanée: des forfaits inouis qui épouvantent le sanctuaire des lois et les ministres de la justice, et quí, par leur énormité autant que par leur nombre, n'ont point d'exemple dans l'histoire de la perversité humaine; toutes les bornes du juste et de l'injuste renversées au gré des circonstances, au gré de l'intérêt, au gré de l'opinion: et ce qui est peut-être plus déplorable encore, l'aveugle sagesse du siècle qui ne sait pas se régler elle-même, et qui veut tout régler, jusqu'à la morale, jusqu'à la religion même; un orgueil d'autant plus incurable qu'il ne veut plus souffrir son reniede; la folle présomption de nous croire meilleurs que nos peres, et plus éclairés que tous les siècles qui nous ont précédés; cette invincible obstination qui repousse à la fois les leçons de l'expérience et celles du malheur, et qui, au milieu de l'immoralité la plus profonde et de la corruption la plus fétide qui fut jamais, nous vante encore arrogamment les triomphes de la raison et les progrès de nos lumières. Voila, N. T. ̊C. F... Les excès qui ont monté jusqu'au trône du Dieu vivant, et qui auroient dû attirer, non des orages et des inondations sur nos moissons et nos campagnes, mais des charbons ardens sur nos tétes. Et qui de nous pourroit donc être assez aveugle pour ne pas le voir? qui de nous pourroit donc ne pas reconnoître qu'il y a encore bien loin des maux que nous souffrons à ceux que nous méritons; que si quelque chose peut ici nous confondre, c'est l'exces même de cette clémence infinie, plus élevée que les cieux; c'est que malgre tant de raisons de nous faire sentir que ce n'est point en vain que l'on résiste au ToutPuissant, Dieu daigue encore mêler aux tribulations que sa justice nous envoie, tous ces biens innombrables dont sa miséricorde nous laisse encore jouir.

Car, à Dieu ne plaise, N. T. C. F., que nous voulions vous décourager entièrement, et vous inspirer cette tristesse qui n'est pas selon Dieu et qui produit la mort. Nous aimons à le dire ici, pour entrer dans l'esprit de la lettre de Sa Majesté: si d'un côté nous avons tant de sujets de tristesse et d'alarmes, de l'autre nous en avons aussi de consolation et d'espérance; et c'est ce que le Roi se plaît à reconnoître, quand il nous dit, que son royaume jouit de toutes les faveurs que la divine

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