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au soir, de retour de son voyage dans le midi et l'est de la France.

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En exécution de l'ordonnance qui accorde des souslieutenances aux sous-officiers de la ligne qui se distingueroient par leur zèle, il a été donné des brevets de sous-lieutenans à deux sous-officiers de chacune des légions de 78 départemens.

La distribution des prix de l'Université a eu lieu dans la salle de l'Institut le lundi 19. M. Naudet, professeur, a prononcé un discours latin sur les avantages de la religion. dans l'éducation. M. Royer-Collard, dans un discours fort court, a défendu l'Université, et a assuré que sous l'usurpateur elle n'avoit cessé de lutter sourdement contre l'usurpation; compliment qui a fait sourire une partie de l'auditoire. On a jugé que dans cette circonstance l'orateur faisoit honneur à l'Université des sentimens qui l'animoient sans doute lui-même. Les prix ont été ensuite proclamés. Le prix d'honneur a été remporté par l'élève Rinn, de la pension Bintot.

- Une ordonnance du 2 de ce mois établit à Saint-Etienne, département de la Loire, une école de mineurs pour l'enseignement des jeunes gens qui se destinent à l'exploitation et aux travaux des mines.

- M. de Waters, préfet de la Creuse, est nommé préfet de la Vendée, et M. Pépin de Bellisle, qui avoit été nommé préfet de la Vendée, passe à la Creuse.

placé.

M. Boitel, sous-préfet de Senlis, vient d'être rem

-M. le duc de Luxembourg, ambassadeur du Roi près la cour de Brésil, est arrivé à Rio-Janeiro, le 31 mai, et a eu l'honneur de voir le roi de Portugal le même jour. Le lendemain, les canots de S. M. sont venus prendre à bord de l'Hermione, M. l'ambassadeur et sa suite.

La police étoit depuis long-temps à la recherche des nommés Pointu et Nadau, deux hommes qui ont joué un role atroce dans les troubles du midi. Nadau vient d'être arrêté à Avignon Cette capture rassure et console les honnêtes gens. On est toujours à la poursuite de Pointu.

-La cour de cassation a rejeté le pourvoi des neuf individus condamnés par la cour d'assises du Gard pour assassinats et excès commis sur les volontaires royaux à Arpaillagues. L'avocat des condamnés avoit développé plusieurs Loyens qui ont été réfutés par le ministère public. La cour

a aussi rejeté le pourvoi du nommé Pémarier, condamné à mort, à Amiens, pour tentative d'assassinat au milieu d'un rassemblement qui vouloit s'opposer, à Uzès, l'année dernière, à l'érection du drapeau blanc.

La cour prevôtale de Grenoble a condamné à mort six individus convaincus d'avoir fait partie de la révolte du mois de mai dernier, savoir: André Brun, dit le Dromadaire, ancien colonel; Cousseau, ex-garde des eaux et forêts; Chervet, huissier à Vizille; Aribert-Dufresne, Guillot fils et Ravanat fils, officiers à la demi-solde. Ils sont contumaces.

- Un brave soldat, nommé Bariol, ancien carabinier, a arrêté et conduit dans les prisons de Tours un homme qui osoit le solliciter de quitter le service du Roi pour prendre le parti de l'autre, dont il lui vantoit les bontés et lui annonçoit le retour.

On remarque que, depuis quelque temps, les journaux de Vienne et de Berlin s'attachent à réfuter les calomnies absurdes que certains journaux de la Belgique répandent sur l'esprit et la situation de la France.

Etat des Missions dans les îles qui appartiennent à la France.

On a parlé dans plusieurs journaux des Missions des IndesOrientales; mais on n'a encore rien dit de celles de nos colonies en Afrique et en Amérique, qui cependant ne méritent pas moins d'intéresser le zèle et la piété de fidèles.

La France possède au-delà du Cap de Bonne-Espérance, dans la mer des Indes, l'île de Bourbon; dans l'Amérique méridionale, l'ile de Cayenne et la Guyane françoise; dans les Iles sous le Vent, la Martinique, la Guadeloupe, etc.; dans l'Amérique septentrionale, auprès du banc de TerreNeuve, les îles Saint-Pierre et Miquelon; et sur les côtes occidentales de l'Afrique les îles de Saint-Louis et de Gorée; la première sur le Sénégal, et la seconde sur la Gambie.

L'ile de Bourbon etoit desservie, avant la révolution, par des prêtres de la Mission dits Lazaristes; les îles de la Martinique et de la Guadeloupe par les religieux Dominicains et Capucins; Cayenne, la Guyane, les îles de Saint-Louis, de Gorée, de Saint-Pierre et Miquelon, par les prêtres du séminaire du Saint-Esprit.

La plupart des prêtres qui desservoient ces Missions à l'é

poque de la révolution, ont été massacrés, ou exilés, ou sont morts depuis d'infirmités ou de vieillesse ; de sorte qu'il n'en reste plus que très-peu pour l'administration du culte divin dans les colonies. On ne sait pas précisement le nombre des missionnaires qui restent à l'ile de Bourbon; ce que l'on peut assurer, c'est que ce nombre est insuffisant, puisque les autorités qui vont prendre possession de la colonie, ont fait tous leurs efforts pour emmener quelques prêtres.

A Cayenne et dans la Guyane françoise, de vingt-un prêtres, il n'en reste plus qu'un seul.

A la Martinique, il y en avoit trente-six, et autant à la Guadeloupe. A peine en compteroit-on dix dans chaque colonie: aux îles Saint-Louis et Gorée il devoit y en avoir trois; il est douteux qu'il y en ait un seul, non plus qu'à SaintPierre et à Miquelon.

Cette pénurie d'ouvriers évangéliques dans nos colonies, est vraiment effrayante aux yeux de la religion et de la saine politique, et on ne peut pas calculer quelles en seront les suites, si le gouvernement ne prend des mesures efficaces pour y remédier.

Tout le monde convient maintenant de la nécessité de la religion pour le maintien et la tranquillité des Etats, et le bouleversement de l'Europe, dont nous avons été les malheureux témoins, n'est venu que de l'oubli des principes religieux. Aussi tous les souverains s'empressent-ils de former une sainte ligue pour mettre des bornes à l'impiété, et faire respecter la religion; mais si la religion est jugée nécessaire parmi les nations policées, combien ne l'est-elle pas davantage dans nos colonies, principalement composées d'esclaves qui ne portent qu'impatiemment le joug des blancs, et qui n'attendent que le moment pour se révolter. La religion seule peut maintenir les uns dans l'obéissance, et les autres dans des habitudes de douceur, de soins et d'humanité. La religion seule peut aussi conserver maîtres et esclaves dans la soumission au légitime souverain. Déjà un levain de sédition fermente parmi les noirs des colonies angloises: ce qui vient de se passer dans la Barbade en est la preuve. La religion seule préservera les colonies françoises d'un semblable malheur.

Le gouvernement de l'usurpateur avoit reconnu cette vérité, puisque dans un de ses courts intervalles de raison il avoit songé au rétablissement de la congrégation chargée de

fournir des missionnaires aux colonies. Mais coinment, dirat-on, remplir un si grand vide, et s'il faut jusqu'à cent prêtres pour nos colonies, où les trouver? En France. Oui, c'est la France qui doit venir au secours des colonies, puisqu'elles sont habitées par des François. Je sais qu'en France même on éprouve les plus grands besoins spirituels; cependant personne en France ne meurt sans sacrement quand on a envie de les recevoir. Pour la messe, tous les dimanches dans les paroisses, même où il n'y a pas de prêtres, il suffit de faire une lieue ou deux. Mais les habitans des colonies, avec la meilleure volonté, le plus arden. désir, ne sauroient se procurer ces avantages; ils sont quelquefois éloignés d'un prêtre de vingt, trente, quarante lieues et plus, comme dans une grande partie de la Guyane.

Chaque diocèse de France pourroit fournir deux prêtres; on s'apercevroit à peine de ce sacrifice : et quel bien n'en resulteroit-il pas dans nos colonies? les prêtres pleins de l'esprit apostolique, et je les suppose tels (car autrement ils finiroient par détruire le peu de religion qui reste), quels fruits ne produiroient-ils pas dans les pays où ils seroient envoyés ? La connoissance de la religion y est presque perdue, les sacremens n'y sont point administrés, d'où suit nécessairement une effroyable corruption de curs. Or, les prêtres que le zèle de la gloire de Dieu et du salut des ames conduiroit dans ces contrées, détruiroient, déracineroient le mal, comme il a été dit au prophète Jérémie; ensuite ils planteroient et édifieroient le bien, et ne tarderoient pas à recueillir une abondante moisson de toutes sortes de vertus. Ils y auroient peut-être moins à souffrir qu'ils ne pensent. Les habitans sont chrétiens; ils parlent la même langue que nous, et il n'y a point d'étude préparatoire à faire pour se mettre en état de remplir cette mission.

Le gouvernement a donc un grand intérêt de favoriser les Missions dans nos colonies, quelles que soient les dépenses qu'il sera obligé de faire. Les évêques, n'en doutons pas, se prêteroient à cette bonne œuvre, et ne voudront pas restreindre leur zèle aux bornes de leur diocese. Les prêtres, surtout les plus jeunes, n'étoufferont pas les mouvemens de la grâce, qui les invite à aller porter le flambeau de l'Evangile dans les colonies, et les ames fidèles, par leurs prières et leurs aumônes, s'empresseront de prendre part à la sanctification de tant de peuples.

Introduction aux ouvrages de Voltaire, par un homme du monde qui a lu avec fruit ces ouvrages immorrels (1).

SECOND ARTICLE.

Les années où nous nous sommes arrêtés dans notre premier article, forment une époque remarquable, non-seulement dans la vie de Voltaire, mais dans l'histoire même du siècle, et dans celle de la littérature. Jusque-là l'iucrédulité ne comptoit guère que des partisans isolés, timides, indécis. Alors elle devint un système lié, une affaire de parti. Alors elle eut ses fovers, ses chefs, ses agens, ses prôneurs. L'Encyclopédie fut un de ses premiers et de ses principaux moyens. Cet ouvrage prit dès l'origine une couleur philosophique entre les mains de ses principaux rédacteurs. Voltaire ne fut pas des moins zélés à leur fournir des articles, où il leur donnoit l'exemple de la inanière dont il falloit attaquer le christianisme. Il leur reprochoit en même temps ce qu'il appeloit leur timidité et leur modération. Il soutenoit leur courage contre les traverses que leur attiroit le but assez marqué du Dictionnaire, les exhortoit à ameuter l'opinion publique en leur faveur, et leur rappeloit que toutes ses espérances étoient dans l'Encyclopédie.

Il n'étoit pas cependant tellement occupé de cette

(1) Brochure in-12 de 100 pages. A Montpellier, ches Tournel.

Tome LX. L'Ami de la Religion et du Roi.

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