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pour assister à la fête du Roi, est retourné immédiatement après dans cette maison de plaisance.

-La société philanthropique vient de recevoir de M. le duc de Berry la somme de 6000 francs pour contribuer à J'accroissement des secours que répand cet honorable association. S. A. R. a en outre promis que chaque année il réser→ veroit la même somme pour ce bienfaisant usage. Ce Prince a fait plus, il a daigné accepter le titre de président de la société, dont le Roi s'étoit déclaré le protecteur.

-L'Académie françoise a tenu le jour de la saint Louis sa séance annuelle, suivant l'ancien usage. On y devoit donner le prix pour l'éloge de Montesquieu. Le discours couronné est de M. Villemain, déjà célèbre par ses palmes académiques. On a lu le rapport du secrétaire perpétuel, M. Suard, qui a paru écrit d'un style pur, et qui renfermoit des considérations ingénieuses sur le caractère et le talent de Montesquieu. Plusieurs morceaux du discours de M. Villemain, lus par M. Campenon, ont justifié le choix de l'Académie, et on espère que ce discours sera bientôt imprimé, et mettra le public en état de juger cette production pleine, à ce qu'on assure, de grands traits, de beaux mouvemens et d'analyses profondes et brillantes. M. Desèze, qui a prononcé ensuite son discours de réception, a été entendu avec intérêt, quoiqu'il se soit un peu abandonné à cette prolixité qui est d'usage au barreau. La fin de son discours a été particu lierement abondante en effusion de sentimens et en idées morales, nées du souvenir des grandes catastrophes dont nous avons été témoins, et du spectacle de notre situation actuelle. M. de Fontanes, qui présidoit la séance, a répondu au récipiendaire, et n'a eu garde d'omettre le plus beau trait de sa vie, ce courageux dévouement qui associe son nom à celui d'un Prince infortuné et au récit d'un grand malheur. Ce morceau a fait couler plus d'une larme, et a excité de nombreux applaudissemens. Il n'a manqué à cette séance, pour rappeler les anciens usages, qu'un panégyrique de saint Louis. On dit qu'on n'a pas eu le temps suffisant pour préparer le discours, et que ce n'est que l'année prochaine qu'on recommencera de payer le tribut annuel à la mémoire du saint Roi. Une ordonnance du Roi autorise l'acceptation de trois donations faites à l'hospice civil de Troyes, la première par M. Piot de Courcelle, ancien maire de cette ville, do

de son

maine de Foujon, évalué à 33,500 fr.; la seconde par Mme. Morlot, veuve Savove, d'une somme de 20,000 fr., et la troisième par M. Aviat Paulin, de prés évalués 19,000 fr. S. M. a autorisé également M. l'évêque d'Arras à accepter le legs. déjà ancien de Mme. de Dion, portant donation d'une maison qui doit servir de logement pour les évêques d'Arras. -Le journal de Nantes publie un arrêté de la commission d'instruction publique qui dissout le pensionnat du college royal de Nantes, en raison de l'esprit d'insubordination et des abus qui s'y étoient glissés. Les élèves sont renvoyés dans les familles et les nominations aux bourses annuelles. Il sera nommė un nouveau proviseur et un nouveau censeur.

-Sur la demande de S. Ex. le ministre de l'intérieur, une commission de la société royale et centrale d'agriculture a rédigé une instruction pour les cultivateurs, dans laquelle sont indiquées toutes les précautions que nécessite l'emploi des fourrages qui ont été altérés par suite des inondations, et les ressources par lesquelles on peut suppléer à leur di

sette.

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M. Ribard, membre de la chambre des députés et maire de la ville de Rouen, compris pour une somme de 3490 francs à la contribution extraordinaire de 100 millions, vient d'en faire hommage au Roi, en déclarant qu'il n'en a différé l'offrande jusqu'aux approches de la fête de saint Louis, qu'afin de faire naître une idée qui sera saisie par beaucoup de ses concitoyens, celle de présenter aussi leur bouquet à S. M. Le nommé Cousseau, ex-garde général dans les eaux et forêts, impliqué dans la conspiration de Grenoble, et qui a été arrêté sur les frontières de Savoie, a été de suite livré à la cour prevótale, et a subi plusieurs interrogatoires. Drevon, Rondet et Penin du Grand Lemps, qui étoient en faite depuis le mois de mai, viennent de se remettre à la disposition de l'autorité.

-

On écrit de Metz que le trop fameux Simon de Brieg vient d'être remis par les Prussiens aux autorités françoises. On instruit la procédure contre lui, contre le général Guillaume et leurs complices. Ils étoient les chefs des fédérés lors du second blocus de cette ville, et ne vouloient rien moins que le meurtre et le pillage des plus honnêtes citoyens. L'extradition de Simon prouve la bonne intelligence qui règne entre le gouvernement françois et ses voisins.

-Le journal de la Côte-d'Or, du 20 de ce mois, contient le récit de la première séance du procès intenté contre le maréchal-de-camp Veaux, Jean-Louis Lejeas, Royer et Hernoux, accuses d'être entrés dans la conspiration qui s'est ourdie dans les mois qui ont précédé le mois de mars 1815. Ces quatre accusés ont comparu; divers témoins ont déposé, et la séance a été remise au lendemain.

Le général Veaux est accusé en outre d'avoir été à Châlons, au-devant de l'usurpateur, et d'avoir, le 15 mars, 1°. pris, au nom de ce dernier, le titre de lieutenant-général de la 18. di vision militaire; 2°. fait une proclamation aux habitans de la division pour les porter à la révolte; 3°. destitué des fonc tionnaires fideles au Prince légitime.

Hernoux, d'avoir, à la même époque, accepté les fonc tions de maire, qui lui étoit confiées par un général traître à son Roi; de s'être rendu à l'hotel du maréchal Ney, pour s'unir aux frères Lejeas et autres fauteurs de la révolte; d'avoir usé de l'autorité que lui donnoit le titre de maire, pour seconder les mesures de Ney, faire signer au conseil municipal une proclamation en faveur de Bonaparte, etc.

Lejeas, d'avoir, par tous les moyens d'intrigue et de sé→ duction pécuniaire, contribué, dans le même temps, à seconder l'attentat de Buonaparte, ébranler la fidélité due au Roi,

etc.

Royer, d'avoir accepté les fonctions de préfet de la Côted'Or, qui lui étoient confiées par le général Veaux, à une époque antérieure au 20 mars, et d'avoir, ce jour-là, publié une proclamation incendiaire et injurieuse contre les Bourbons.

Figurent encore comme accusés dans le procès, mais n'ont point comparu, Poulot-Belnet, prévenu d'avoir, un des pre iniers, chanté l'usurpateur et arboré les trois couleurs; Chevalot et Marinet, d'avoir distribué des proclamations sédi→ tieuses, vomi des imprécations contre les Bourbons; enfin, la femme Boulée, limonadière, d'avoir fait de son café le foyer de la révolte.

Les séances du 20, 21 et du 22 ont été employées à entendre quatre-vingt-quinze témoins, tant à charge qu'à décharge. M. le procureur-général a porté la parole le 23. Nous ferons connoître le résultat de son discours.

-Des nouvelles particulières de Bruxelles, du 18 août, portent ce qui suit:

a Des ordres formels ont été donnés par S. M. le roi des

Pays-Bas pour éloigner les exilés compris dans l'ordonnance du 24 juillet: en conséquence, Pommereul et Garau ont été arrêtés; le premier est hors d'état d'être transporté; le second s'est soustrait à la surveillance des gendarmes, et se trouve actuellement à Aix-la-Chapelle. M. Arnault s'est également enfui. Merlin (de Douai) a obtenu un délai pour cause de maladie bien constatée. Il habite le Grand-Bigard, campagne à trois lieues de Bruxelles.

» Le général Hullin étoit ici sous un faux nom; il a échappé aux recherches de la police. Depuis, il a sollicité un délai de huit jours pour vendre un bien de campagne dont il avoit fait l'acquisition. On prétend qu'il étoit sur le point d'acheter une terre de plus de trois cent mille francs, lorsqu'il a reçu l'ordre de quitter le pays. On recherche le général Mélinet, qui s'est montré, il y a quelques jours, à Bruxelles. Le général Lamarque a été arrêté un instant; il a été remis ensuite en liberté sous caution, et il a reçu l'ordre de se rendre, sous huit jours, dans les provinces méridionales du royaume.

>> Courtin et le général Lobau n'ont pas encore reçu l'ordre de leur départ. Le général Vandamme, qui étoit à Gand, a reçu l'ordre de s'éloigner. Barrère, que l'on croit dans les environs de Bruxelles, sous un nom supposé, sera arrêté s'il est découvert. On pense que Lepelletier est dans les environs de Liége: c'étoit chez lui, dans un faubourg de Namur, que se réunissoient les exilés les plus marquans. Brice, Després, Sarrazin et quelques autres sont encore dans ce pays; mais nous croyons qu'ils n'y resteront pas long-temps. On attribue à Bory-Saint-Vincent une grande partie des articles du Nain jaune

».

Le 11 août, il y a eu à Mayence une rixe entre les soldats autrichiens et prussiens. Ils en sont venus aux mains, et il y a eu de part et d'autre plusieurs tués et blessés. L'alarme étoit extrême dans la ville. Ce n'est qu'avec beaucoup de peine que les gouverneurs sont parvenus à rétablir le calme, et à faire rentrer les soldats dans le devoir.

Que les gens de la révolution soient incorrigibles, et que ceux qui ont le plus à rougir de leurs méfaits, affectent encore d'être contens d'eux-mêmes, et tirent vanité du passé, c'est déjà une chose assez humiliante pour eux et pour l'espèce humaine en

général; mais qu'ils trouvent des avocats empressés à faire leur apologie, c'est ce qui est moins aisé à concevoir. M. Bertrand de Molleville, ancien ministre de Louis XVI, vient de publier deux volumes de Mémoires particuliers pour servir à l'histoire de la fin du règne de ce prince. Il nous y apprend qu'au commencement de 1792 le ministère du Roi résolut de se concilier à prix d'argent les principaux journalistes. M. de Narbonne gagna Brissot et Condorcet, qui le louerent dans leurs feuilles. On traita aussi avec Isnard, Vergniaud, Guadet et Fauchet. Ils demandoient 6000 francs par mois; mais M. de Lessart trouva que c'étoit trop cher. Danton reçut plus de 100,000 écus sous le ministère de M. de Montmorin. M. de Molleville parle de la faction des Noirs, et des moyens qu'elle employoit pour assurer ses succès. On envoyoit de SaintDomingue des fonds considérables sur lesquels étoient soudoyés le vertueux Péthion, l'incorruptible Brissot et le désintéressé Condorcet. Celui-ci consentit à recevoir environ 150,000 fr., qui ne corroborèrent pas médiocrement sa philosophie. M. Grégoire est aussi cité comme un des salariés de cette faction; il reçut 80,000 fr. Son zèle n'en méritoit pas moins. Telles sont les révélations de M. Bertrand de Molleville. Un de nos meilleurs journaux les a consignées dernièrement dans une de ses feuilles. Aussitôt les amis de ces grands patriotes ont pris leur défense, et ont crié à l'injustice. Attaquer des hommes si purs, quel affreux procédé! Un M. M. a fait insérer dans le Constitutionnel une lettre où il se plaint qu'on outrage la mémoire de quelques-unes des plus nobles victimes de la révolution. Ces nobles victimes sont Brissot, Danton, Isnard, etc., qui avoient tous contribué à la mort de leur Roi. C'est outrager leur mémoire que de révéler les turpitudes de ces artisans de nos maux. En vérité on ne conçoit guère ce tendre intérêt et cette admiration opiniâtre que de la part d'un complice ou d'un insensé. M. M. est surtout touché de ce qu'on dit de M. Grégoire, qu'il appelle l'ancien évéque de Blois, quoique M. Grégoire n'ait jamais été évêque de Blois. Il reproche à la Gazette de le calomnier, et il suppose qu'elle l'accuse d'avoir reçu 80,000 fr. d'un ministre qui vouloit l'acheter. Mais la Gazette n'a point dit cela. On sait bien que M. Grégoire n'est pas homme à se vendre à un ministre; il a des sentimens trop élevés pour faire un pareil marché. Mais un ami des Noirs avoit bien droit de rece→ voir d'eux quelque indemnité pour ses peines. Il ne les proté→

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