Page images
PDF
EPUB

tiré les nations du paganisme et de la barbarie, et peut encore aujourd'hui réhabiliter l'ordre moral et politique».

L'orateur a fini par rappeler aux magistrats, qu'investis aussi d'une sorte de sacerdoce, ils doivent partager avec les ministres de la religion l'honorable tâche d'arrêter les progrès de la corruption, et il les a encouragés à y travailler par l'exemple d'un Prince dont les touchantes vertus commandent l'admiration et l'amour, et dont l'éloge a terminé ce dis

cours.

La religion et la magistrature viennent de faire une perte (1), pour ainsi dire, irréparable, en la personne de M. Auguste d'Haranguier de Quincerot, né à Versailles, le 6 février 1783, volontaire royal en mars 1815, chevalier de la Légion d'honneur, conseiller en la cour royale de Paris, membre du conseil des prisons, et de la société instituée pour la délivrance et le soulagement des prisonniers, décédé à Paris, le 16 octobre 1816.

Appartenant à une de ces anciennes familles, où les vértus et la piété, non moins héréditaires que la noblesse, lui prêtent comme une nouvelle et plus touchante illustration, la religion avoit été, dès sa jeunesse, une de ses principales études; bientôt elle devint la grande, l'unique pensée qui régla ses vues et ses affections. Sa vie entière n'a été qu'un fidèle accomplissement des préceptes du christianisme, et même de ces conseils que l'Evangile propose aux ames fortes tourmentées du besoin d'une plus haute perfection. M. de Quincerot se distinguoit surtout par son ardente charité, par son zèle compatissant; vrai disciple de celui qui passa en faisant le bien, il consacroit au soulagement des malheureux et particulièrement à la délivrance des détenus pour dettes,

(1) Nous avons annoncé précédemment la mort de M. d'Haranguier, et nous avons donné quelques larmes à la fin prématurée de ce pieux jeune homme, modèle de vertus et de charité. Ce peu de mots que nous lui avions consacrés eût suffi pour célébrer un mérite ordinaire. Mais on a pensé que M. d'Haranguier, quoique laïque, avoit droit, par ses services précoces, à une notice plus développée, et nous inserons volontiers celle-ci, que la vérité, encore plus que l'amitié, a dictée à un magistrat qui avoit connu intimement M. d'Hasanguier, et qui ressent vivement une telle perte.

l'emploi de tous les momens qui n'étoient point réclamés par ses devoirs de sa charge.

Doué d'un jugement sûr, d'une prudence et d'une activité extraordinaires, il avoit dans ses vues cette élévation qui fait concevoir les choses utiles; et dans sa volonté, cette constance qui les réalise, malgré tous les obstacles. D'un esprit aussi solide qu'étendu, il embrassoit la législation dans son ensemble, et en saisissoit les considérations les plus générales, sans négliger les moindres détails. On voyoit en lui un de ces hommes qu'une supériorité incontestable élève d'abord à une sorte de domination dans les sciences auxquelles ils s'appliquent, et qui honorent, dès le premier moment, les compagnies qui les adoptent. Passionné pour la justice, portant jus-: qu'au scrupule le respect pour la vérité, d'une loyauté à toute épreuve, et à laquelle on ne pouvoit rien reprocher, si ce n'est peut-être cet excès de franchise qui suppose dans l'ame une si parfaite droiture que l'estime et la confiance ne peuvent qu'y gagner, il sembloit, par l'austérité de ses inceurs et par leur extrême simplicité, par la candeur de son caractère et par sa fermeté inébranlable, appartenir à un autre siècle, rappeler des jours meilleurs et des temps plus heureux. Quelle amitié plus sûre! Quelle intimité plus aimable! Non-seulement chéri, mais vénéré, ses amis le prenoient pour modèle; il devenoit leur guide, leur appui, leur conseil, et son opinion faisoit autorité, tant il lui étoit donné de se tromper rarement.

En proie, depuis quelque temps, aux douleurs aiguës d'une maladie incurable, qui ne lassa pas un seul instant sa patience, ni n'altéra sa sérénité, il se flattoit encore de reprendre ses utiles travaux, lorsque tout à coup la mort le frappa. A son approche inopinée, il ne conçut aucune alarme; peu de mois auparavant il vouloit la braver pour la défeuse du Ror légitime. Etendu, défaillant, sur le lit de la douleur, toujours calme au milieu des souffrances, il ne paroissoit occupé que du soin de consoler sa famille, de fortifier ses amis : « Nous » nous aimons, répétoit-il, non pas pour quelques jours, ni » pour quelques années, mais pour l'éternité. Je désire que » vous ne me parliez que de Dieu ». Ayant fait appeler de nouveau l'ecclésiastique, digne dépositaire de sa confiance, il reçut, avec la foi la plus vive, les derniers sacremens. Tous ceux qui l'entouroient fondoient en pleurs. Il les conjura de demander pour lui les secours spirituels, et cette dcr

mère assistance que l'Eglise doit à ses enfans. On lui récita la prière des mourans; il y répondit par de si touchantes paroles, que le ministre de l'Evangile, édifié, attendri, au lieu de l'exhorter, ne s'entretint que des récompenses promises à la vertu et à la piété, et cette ame si pure s'abandonna sans réserve au sentiment de la plus douce espérance. Ainsi s'est endormi le juste, ainsi commencerent pour lui cette paix inaltérable et ce répos éternel, que les gémissemens et les afflictions de la terre ne sauroient troubler.

Quelques jours après son décès, les prisonniers pour dettes, affranchis dans ces dernières aunées, se réunirent dans une même église; ils en remplissoient la nef, avee leurs femmes et leurs enfans, et là, ces nombreux pères de famille, naguère dans les liens d'une dure captivité, maintenant rendus à la liberté et à leur industrie, grâce à la charité de M. de Quincerot, assistoient à une messe des morts; et dans le recueillement qu'inspirent la reconnoissance et la religion, ils imploroient avec larmes le Dieu des miséricordes, pour bâter, s'il en étoit besoin, la délivrance de cette ame, qui les avoit eux-mêmes si généreusement secourus. En les voyant ainsi prosternés, et priant pour leur bienfaiteur, qui n'est plus, comment résister à l'émotion qu'on éprouve, comment ne pas s'écrier, avec l'archevêque de Cambrai : Que la religion est belle! Que ses vertus sont admirables et ses vérités consolantes?

AVIS.

Ceux de nos souscripteurs dont l'abonnement expirera an 12 novembre prochain, sont priés de le renouveler sans délai, afin de ne point éprouver de retard dans l'envoi du Journal.

Les abonnemens no peuvent être reçus que des 12 août, 12 novembre, 12 février et 12 mai.

Le prix de l'abonnement est de 28 fr. pour l'année, 15 fr. pour six mois, et 8 fr. pour trois mois,

On est prié de joindre à toutes les réclamations, changement d'adresse et réabonnemens, la dernière adresse imprimée que l'on recoit avec le Journal. Cela évite des recherches et empêche des erreurs. Les lettres non affranchies restent au rebut.

FIN DU NEUVIÈME VOLUME.

ET DU ROI;

JOURNAL ECCLESIASTIQUE,
POLITIQUE ET LITTÉRAIRE.

Videte ne quis vos decipiat per philosophiam

et inanem fallaciam.

COLOSS. II, 8.

Prenez garde qu'on ne vous séduise par les faux raisonnemens d'une vaine philosophie.

ANNALES CATHOLIQUES.

TOME DIXIÈME.

Chaque vol. 7 fr. et 8 fr. franc de port.

[graphic]

A PARIS, Chez Adrien LE CLERE, Imprimeur de N. S. P. le Pape et de l'Archevêché de Paris, quai des Augustins, no. 35.

M. DCCC. XVII.

YA

DU DIXIÈME VOLUME.

ANALYSE de mes Malheurs et de mes Persécutions; par

M. Pitou.

Monument élevé à Lyon.

Adresse de la chambre des pairs au Roi.

[merged small][ocr errors]

Délibération de la chambre des députés sur les procès-verbaux

d'élections.

13

Manuel des commissions administratives des hôpitaux; par M. Péchaud.

17

Fête de la béatification d'A. M. de Lignori.
Discours du ministre des finances à la chambre sur le budget.

23

28

De la conduite du saint Siége envers les constitutionnels, en 1802.

33

Projet de loi sur les donations aux établissemens ecclésiastiques.

46

Adresse de la chambre des députés au Roi.

47

Confessions d'un homme qui se reproche d'étranges erreurs; par B. P.

49

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

Beautés de l'Histoire d'Italie; par M. Giraud.

65

Projet de loi sur la compétence de la chambre des pairs. 76 De la circonscription des diocèses.

81

Projet de loi sur les élections.

92

Pétition de la Dlle. Robert à la chambre, et discussion à ce

sujet.

Bref de S. S. au sieur Le Clere.

Explication des Evangiles; par M. de la Luzerne.

Mort du cardinal Saluzzo.

94

96

97 100

« PreviousContinue »