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dès le viie siècle, le plus souvent à prix d'ar- | ple. Comblés de faveurs par les papes, appelés gent, par les rois, les papes ou les évêques eux- dans les conseils des princes, les moines contimêmes, des exemptions en vertu desquelles ils nuèrent à se multiplier à tel point qu'en 1215 jouissaient d'une autorité à peu près indépen- | le concile de Latran fut obligé de défendre la dante. Ces exemptions étaient entièrement con- fondation de nouveaux monastères, et même traires aux canons des conciles, qui avaient sou- d'en supprimer plusieurs. Mais les décisions du mis les monastères aux évêques diocésains pour concile ne furent pas plus efficaces que ne l'al'administration du spirituel et du temporel. vaient été les édits des empereurs, ainsi que Cependant les papes, voulant s'attacher les cou- nous le verrons bientôt. En 1076, Étienne de vents par les liens de la reconnaissance, n'hési- Thiers fonda l'ordre de Grammont; en 1084, tèrent jamais à accorder des exemptions pa- Brunon établit celui des chartreux, célèbre par reilles, moyennant un modique tribut annuel. son austérité; en 1098, Robert institua celui de Bien plus, dès le xie siècle, ils autorisèrent seuls | Citeaux, ou des cisterciens, qu'illustra Saintl'établissement de nouveaux ordres, acquirent Bernard, et qui, refusant toute exemption, voule droit de confirmer leurs règles, de les réfor- lut rester soumis aux évêques. Ces trois ordres mer, de les supprimer, de dispenser des vœux suivaient la règle de saint Benoît, mais considémonastiques, etc. rablement modifiée. Ce furent simplement des Plus tard, les couvents formèrent des confédé-associations d'hommes livrés à la contemplation, rations, appelées congrégations ou ordres. Cette organisation, introduite d'abord à Cluny, couvent de bénédictins réformés par Odon, fut adoptée bientôt après par les nouvelles fondations des Camaldules et de Vallombrose. Une autre innovation eut lieu vers la même époque dans ce dernier monastère : nous voulons parler de l'institution des frères lais ou convers, que, sous prétexte de se livrer sans distraction à leurs pieux exercices, les moines chargeaient des travaux les plus pénibles.

à la mortification et à la pénitence. On peut en dire autant de celui de Fontevrault, fondé en 1099, par Robert d'Arbrissel. L'ordre des prémontrés, institué, en 1120 par Norbert, s'occupa, au contraire, avec quelque succès de la prédication et de l'enseignement.

Ce fut dans l'espoir de prévenir une décadence et de rendre, en même temps, aux ordres monastiques l'influence qu'ils commençaient à perdre, que François d'Assises (voy.) prescrivit à l'ordre qu'il fonda en 1210, de ne rien posséder en propre, mais de vivre uniquement d'aumônes. Les franciscains (voy. ce mot et CAPUCINS), qui, par humilité, prenaient le nom de minorites, jouirent bientôt d'une autorité que leur disputèrent, peu d'années après, les dominicains, ainsi appelés de saint Dominique Guzman, leur fondateur. Ces deux ordres mendiants rendirent incontestablement des services à l'Église par leurs prédications, leurs ouvrages et leur enseignement. Sous ce rapport, ils l'emportèrent de beaucoup sur les carmes, autre ordre mendiant qui avait la prétention de remonter jusqu'à Élie, mais qui, de fait, avait été fondé, vers le milieu du XIIe siècle, par Berthold de Calabre, ainsi que sur les augustins, organisés par Alexan

De leur côté, les évêques, qui voyaient se relâcher tous les jours davantage les rapports de subordination établis, dès l'origine, entre les monastères et les siéges épiscopaux, conçurent l'idée de soumettre les clercs à une discipline analogue à la discipline monastique. S. Augustin leur en avait donné l'exemple. L'institution des chanoines se propagea rapidement; mais elle dégénéra si vite qu'en 1059, Nicolas II dut songer à la réformer. Ses louables efforts eurent peu de succès. Ives de Chartres fut plus heureux. A dater de cette époque, l'ordre des chanoines (canonici, de canon, règle) se divisa en deux branches l'une, des chanoines séculiers, qui | suivaient la règle de Nicolas II; l'autre, plus austère, des chanoines réguliers, qui se distin-dre IV, qui leur furent toujours inférieurs en guaient des séculiers non-seulement par une rigidité approchant de celle des moines, mais par la renonciation à toute propriété.

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nombre, en réputation et en influence. Mais ces mêmes ordres bientôt ne voulurent plus reconnaître d'autres supérieurs que leurs généraux. Dès 1227, ils se firent accorder la permission de siéger au tribunal de la pénitence. En 1236, ils furent soustraits à la surveillance des synodes et à la juridiction des évêques. Peu après, ils désirèrent s'emparer des chaires des universités, et la papauté, toujours bienveillante pour eux, s'empressa d'y consentir. Cependant tant de faveurs

excitèrent une jalousie générale et irritèrent contre eux non-seulement le clergé et les professeurs, mais même les autres ordres. Il en résulta une guerre ouverte, qui toutefois ébranla à peine leur crédit.

Le XIIIe siècle vit naître encore l'ordre des serviles, fondé en 1233, et celui des mathurins, établi en 1200, qui, l'un et l'autre avaient pour mission principale le rachat des chrétiens tombés au pouvoir des infidèles. Nous ne parlons point des ordres militaires ni des frères hospitaliers, à qui sont consacrés des articles spéciaux. Nous ne disons rien non plus de quelques ordres peu importants qui s'établirent vers la même époque, et qui paraissent s'être multipliés tellement qu'en 1274, Grégoire X fut obligé de renouveler la défense du concile de Latran. Cette fois, elle fut assez bien observée; car jusqu'à la réformation, nous ne trouvons l'établissement d'aucun ordre considérable, à l'exception de celui des minimes, qui fut fondé, en 1435, par le francis- | cain François de Paule, et à qui le pape Alexandre VI accorda les priviléges qu'avaient les quatre grands ordres mendiants.

Pour compléter cette notice, il nous reste à parler de l'organisation intérieure des couvents. Chaque couvent était administré par un abbé, qui, par humilité, prenait quelquefois un nom moins vénérable, et s'appelait major chez les camaldules; prieur chez les chartreux, les dominicains, les carmes, les servites, les augustins, et dans quelques congrégations de chanoines réguliers; ministre ou gardien chez les franciscains; recteur chez les jésuites. Mais quelque nom qu'il portât, il n'en exerçait pas moins une autorité absolue. Il était ordinairement élu par les moines et consacré par l'évêque diocésain. Tous les dignitaires et les fonctionnaires du couvent étaient à sa nomination : c'était lui qui choisissait le prieur (là où il avait un second portant ce titre) et les doyens chargés de surveiller les moines dans leurs travaux et leurs exercices; le cellerier, qui avait soin des provisions; le pitancier, ou pourvoyeur; le chambrier, qui surveillait les dortoirs; le trésorier, l'infirmier, le sacristain et le chantre, dont les noms indiquent assez les emplois. Les couvents de femmes, placés sous l'autorité de l'abbesse ou de la supérieure, avaient, outre ces mêmes officiers, un intendant (præpositus) spécialement chargé des affaires dont des femmes ne pouvaient s'occuper. L'abbé avait le droit de forcer les moines à l'obéissance par les censures ecclésiastiques, la privation de la sainte cène, l'excommunication, la flagellation et l'expulsion du couvent.

Les dignitaires du couvent formaient un chapitre que l'abbé devait consulter dans toutes les affaires importantes.

La réformation exerça sur le monachisme une double influence. Elle fut d'abord la cause de la suppression des couvents dans les pays qui embrassèrent ses doctrines; elle força ensuite les moines à se livrer davantage à l'étude. Il est vrai que cette influence ne se fit sentir qu'imparfaitement dans les anciens monastères; mais elle fut évidente sur tous les ordres fondés depuis le xvIe siècle, qui tous eurent pour but avoué soit la pureté des mœurs monacales, comme ceux des théatins, des barnabites, des trappistes, soit l'enseignement populaire de la religion Les couvents d'une même province étaient ou l'étude approfondie de la théologie, comme | gouvernés par un provincial choisi, soit par les ceux des piaristes, des pères de la doctrine chré- abbés, soit par le général de l'ordre auquel ils tienne, des pères de l'Oratoire, la congrégation appartenaient. Les généraux mêmes devaient des missionnaires, la congrégation de Saint-être élus par les députés de l'ordre entier, et leur Maur et surtout l'ordre célèbre des jésuites. élection était ensuite confirmée par le pape. La Plus tard l'empereur Joseph II supprima plu- | plupart résidaient à Rome. A l'exception des sieurs ordres et sécularisa des centaines de cou- carmes et des augustins, dont la constitution vents. Lors de la révolution française, un décret était aristocratique, tous les ordres religieux de l'Assemblée constituante, rendu le 13 février | étaient ainsi soumis à une sorte de gouverne1790, abolit les vœux monastiques, et déclarament monarchique. les biens des couvents propriétés nationales. La haute Italie, la Bavière, l'Espagne, la Prusse et la Russie, marchèrent successivement sur les traces de la France. Depuis quelques années, la Bavière a relevé une centaine de monastères; mais, d'un autre côté, on en a supprimé 4,000 à 5,000, depuis 1830, en Espagne, en Portugal, dans le grand-duché de Posen (Poznân), en Pologne, en Russie et en Suisse.

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On sait que les règles monastiques ne déterminaient pas seulement les rapports de subordination, mais qu'elles réglaient jusqu'à la nourriture et au vêtement des moines. Quant à ces deux objets, la règle de saint Benoit se distinguait avantageusement par une sagesse et une douceur fort éloignées de l'exagération du monachisme oriental. Nous ajouterons que l'habillement des moines, qui rappelait sans doute le sac

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des pénitents de la primitive Église, était à peu et, sur la proposition des représentants du peude chose près partout le même, et que la couple, il reçut de la Convention nationale le comleur seule variait selon les différents ordres (voy. mandement en chef de cette armée, le 17 août FROC, CAPUCHON, Scapulaire, etc.). — On peut 1795. Les avantages qu'il remporta sur les Espaconsulter les ouvrages suivants : Hospinien, De gnols, dans la vallée de Roncevaux, à Lecummonachis, h. e. de origine et progressu mona-bery et Villanova, où il mit hors de combat 2,000chatús et ordin. monastic.equitumque milita- hommes, puis à Villaréal et à Bilbao, qui lui rium (1588; Opp., t. VI, Genève, 1669, in-fol.); assurèrent la conquête de toute la Biscaye, ameHélyot, Histoire des ordres monastiques reli- nèrent la trêve de Saint-Sébastien, bientôt suigieux et militaires (Paris, 1714-1719, 8 vol. | vie de la paix de Bâle. De retour en France, il in-4°); les deux ouvrages allemands: Crome, reçut, le 1er septembre 1796, le commandement Histoire pragmatique des principaux ordres monastiques, d'après Musson (Leipz., 17741784, 10 vol. in-8°); Dæring, Histoire des ordres religieux (Dresde, 1828, 2 vol.); Histoire des ordres religieux civils et militaires, par l'abbé Tiron. 2e édition, in-8° avec 100 gravures coloriées. Bruxelles, 1845, librairie d'Auguste Wahlen.

E. HAAG.

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de la 11o division militaire dont le chef-lieu était à Bayonne. S'étant montré favorable à la révolution du 18 brumaire, le consul Bonaparte lui confia la 15o division militaire dont le siége était à Lyon.

Dans la seconde campagne d'Italie, le général Moncey commanda un corps de 20,000 hommes et contribua à tous les succès de cette mémorable guerre. Après avoir franchi le Saint-Gothard, il s'empara de Bellinzona et de Plaisance, et pendant l'armistice qui suivit la victoire de Ma

MONAZITE. Substance minérale découverte par Breithaupt, aux environs de Miask, en Sibérie, dans un gîte de granit zirconien. Cette sub-rengo, il occupa la Valteline. Plus tard, il se stance possède un éclat vitreux, une couleur brun rougeâtre, une translucidité sensible sur ses bords amincis. Elle cristallise en prismes rhomboïdaux. Sa dureté est égale à 6. Sa pesanteur spécifique est 4,95.

MONCEY (BON-ADRIEN-Jeannot), duc DE CONÉGLIANO, pair et maréchal de France, naquit à Besançon, le 31 juillet 1754. Son père, avocat au parlement de Franche-Comté, le destinait à l'étude du droit; mais une vocation irrésistible l'entraînait vers la carrière des armes, et à peine âgé de quinze ans, il s'engagea dans le régiment de Conti-infanterie. Au bout de six mois, sa famille acheta son congé, mais presque aussitôt il s'engagea de nouveau dans le régiment de Champagne, où il resta jusqu'au 17 juin 1775. Revenu pour la seconde fois à Besançon, il étudia le droit, sans plus de suite que la première, et le 22 avril 1774, il reprit encore du service dans les gendarmes de la garde, jusqu'au 20 août 1778, où il passa en qualité de sous-lieutenant de dragons dans la légion des volontaires de Nassau-Siegen. Promu successivement aux grades de lieutenant en second, lieutenant en premier et capitaine (12 avril 1791), il fut fait chef de bataillon en 1793, et commanda le 5e bataillon d'infanterie légère, désigné sous le nom de chasseurs cantabres. Sa conduite à l'armée des Pyrénées lui valut, en avril 1794, le grade de général de brigade, et deux mois après, celui de général de division; il se distingua encore à la prise de la vallée de Bastan, du fort de Fontarabie, du port du Passage et de Saint-Sébastien;

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distingua à Mozambano, où il eut un cheval tué sous lui, et à Roveredo, où il fit un grand nombre de prisonniers, et se mit en communication avec l'armée des Grisons. A la paix de Lunéville, il reçut le commandement des départements de l'Oglio et de l'Adda, et il fut nommé inspecteur de la gendarmerie nationale, le 4 décembre 1801. Dévoué au premier consul, il lui rendit d'éminents services dans ce poste qui avait tant de rapports avec le ministère de la police. Aussi fut-il compris, le 19 mai 1804, dans la première promotion des maréchaux de l'empire; le 1er février suivant, il obtint le grand cordon de la Légion d'honneur, fut placé à la tête de la 11° cohorte, et reçut ensuite le titre de duc de Conégliano. Chargé, en 1808, du commandement du corps d'observation des côtes de l'Océan, Moncey le conduisit en Espagne, où il défit les insurgés du royaume de Valence au défilé d'Almanza. Le 31 juillet, Murat lui confia la direction de l'aile gauche, et l'employa sur les bords de l'Ebre et sous les murs de Saragosse, qu'il quitta pour repasser en France, en 1810. Investi du commandement de l'armée de réserve du Nord, il le conserva pendant les campagnes de 1812 et 1813; car il ne fut pas appelé à prendre une part active à des guerres qu'il avait désapprouvées; mais le 8 janvier 1814, il fut nommé major général commandant en second la garde nationale parisienne, et tout le monde connaît sa belle conduite (31 mars) pendant la bataille de Paris, où il fut chargé de la défense d'une des principales barrières.

Moncey a offert l'exemple d'un des plus nobles caractères des temps modernes, et ses dernières paroles altestent la pureté de sa conscience : « Je désire, disait-il à son lit de mort, que chacun remplisse et finisse sa carrière comme moi. » Le maréchal Soult, son ancien compagnon d'armes, lui a payé un juste tribut d'éloges sur sa tombe. Moncey avait un fils, colonel de dragons, qui périt malheureusement, en 1817, victime d'un accident à la chasse. DEADDE.

MONCRIF (FRANÇOIS-AUGUSTIN-PARADIS DE),` romancier, chansonnier et poëte dramatique, lecteur de la reine Marie Leczinska, reçu à l'Académie française en 1733, était né à Paris, en 1687, et mourut, le 13 novembre 1770, au palais des Tuileries, où il avait un logement. Ses écrits, qui ont eu quelque succès de son temps, sont entièrement oubliés aujourd'hui. Nous ne citerons que ses Chansons dont on vante l'esprit et la grâce. X.

Après l'entrée des alliés dans la capitale, Mon- | aujourd'hui à côté de Napoléon. Le maréchal cey adhéra complétement aux principes du nouveau gouvernement, et fut nommé, le 13 mai, membre du conseil d'État provisoire, le 2 juin, chevalier de Saint-Louis, et le 4, pair de France. Il conserva en outre son titre de premier inspecteur général de la gendarmerie. Compris dans la liste des pairs créés par l'empereur dans les cent-jours, il fut, par cette raison, rayé de celle de la seconde restauration. Appelé, comme le plus ancien des maréchaux de France, à présider le conseil de guerre qui devait juger le maréchal Ney, il écrivit au roi une lettre dans laquelle il lui disait avec une noble franchise : « Ah! sire, si ceux qui dirigent vos conseils ne voulaient que le bien de Votre Majesté, ils lui diraient que jamais l'échafaud ne fit des amis... S'il ne m'est pas permis de sauver mon pays ni ma propre existence, je sauverai du moins l'honneur, et s'il me reste un regret, c'est d'avoir trop vécu, puisque je survis à la gloire de ma patrie... » Ce courageux langage valut au maréchal Moncey la perte de son emploi et un emprisonnement de trois mois au château de Ham (ordonn. roy. du 29 août 1815). Mais Louis XVIII ne lui garda pas rancune, et le 14 juillet 1816, il reçut son serment. Le 5 mars 1819, Moncey fut réintégré dans sa dignité de pair, et le 5 avril 1820, il fut nommé gouverneur de la 9e division | militaire, après avoir été décoré de l'ordre du Saint-Esprit. A l'époque de la guerre d'Espagne de 1825, qu'on espérait de populariser en y mêlant les noms des vétérans de l'empire, Moncey fut chargé du commandement du 4e corps, qui opéra par le col de Perthus, et s'empara de Puycerda, de Rosas et de Figuières. Le 9 juillet, il vint mettre le siége devant Barcelone, établit son quartier général à Sarria, au mois de séptembre, et signa, le 2 novembre, avec Mina, une convention à la suite de laquelle on lui remit les places de Barcelone, de Tarragone et d'Hostalric.

Depuis son retour d'Espagne jusqu'en 1830, Moncey continua de siéger à la chambre des pairs dans les rangs de l'opposition modérée. En sa qualité de doyen des maréchaux, il tint, au sacre de Charles X, l'épée de connétable. Après la révolution de juillet, il fut appelé (1853) à succéder au maréchal Jourdan dans le commandement de l'hôtel des Invalides; il réunit ses efforts à ceux de la chambre des députés pour faire cesser les dilapidations dont les vieux braves placés sous ses ordres étaient victimes. Il acheva paisiblement au milieu d'eux sa longue et honorable carrière, le 20 avril 1812, et repose

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MONDANITÉ, vanité mondaine. L'Église donne le nom de mondains aux hommes qui se livrent avec excès aux plaisirs, aux amusements du monde, aux hommes qui sont asservis à tous les usages de la société, bons ou mauvais. Les affections mondaines sont à ses yeux les penchants qui nous portent à violer la loi de Dieu. Saint Pierre (I Pétri, c. 1, v. 4) exhorte les fidèles à fuir la convoitise corrompue qui règne dans le monde. Saint Jean (I Joann., c. II, v. 15) leur dit : « N'aimez pas le monde, ni tout ce qu'il renferme; celui qui l'aime n'est pas aimé de Dieu. Dans le monde, tout est concupiscence de la chair, convoitise des yeux, et orgueil de la vie. Tout cela ne vient pas de Dieu. Le monde passe avec toutes ses convoitises; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. » Le chrétien doit-il conclure de ces préceptes qu'il est urgent pour lui de se détacher des affections souvent louables, des devoirs, des usages innocents de la vie sociale? non sans doute. L'Église n'exige pas de nous un si grand sacrifice. Tout ce qu'elle nous demande, c'est de nous préserver de l'excès avec lequel trop de personnes s'y livrent, et de l'oubli dans lequel elles vivent relaX. tivement à leur salut.

MONDE. Ce mot trouve sa place dans la langue des sciences aussi bien qu'en littérature, et, dans la plupart de ses divers emplois, il serait difficile de le remplacer convenablement. Ce n'est pourtant pas une logique rigoureuse qui a multiplié ces emplois et réglé l'étendue de chacun, ainsi qu'on va le voir. En astronomie, lorsque l'on parle du système du monde, ce mot ne désigne

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fondement. En effet, le terme au delà duquel nous ne pouvons plus continuer nos investigations n'est pas celui des œuvres de la nature ni celui du temps qu'elle y mit. Notre monde est certainement très-ancien, mais ne finira-t-il jamais ? Les lois générales de l'univers matériel garantissent à notre planète une durée sans limite assignable. La fin du monde ne serait donc qu'une transformation totale de la surface du globe, un cataclysme qui ferait disparaître la race humaine, entraînant en même temps la

rien moins que l'univers entier, cet immense | primitif dans le même sens et avec aussi peu de assemblage de groupes, de systèmes particuliers dont chacun est aussi un monde. En nous bornant au groupe où nous sommes, nous ne pouvons nous dispenser de reconnaître dans ce monde unique autant de mondes très-distincts | qu'il y a de planètes, et peut-être faut-il y joindre encore les satellites; en un mot, tout corps | céleste dans lequel il y a des habitants est un monde comme notre terre. Mais les subdivisions ne s'arrêtent pas là; on n'a fait mention que de celles de la cosmographie, et la géographie en a tracé d'autres. Nous avons l'ancien et le nou-destruction de presque tous les êtres vivants. Ce veau monde, et, dans cette acception restreinte, grand événement préparerait la place pour un le monde n'est plus qu'un continent. On lui monde nouveau dans toute la rigueur du terme. donne plus d'étendue lorsqu'on parle des par- Les géologues croient reconnaître les traces de ties du monde, et cependant il ne s'agit encore plusieurs cataclysmes antérieurs que la terre que de la moindre partie de la surface de notre aurait subis, et dont ils assignent l'ordre de sucglobe, puisque les mers n'y sont point com- cession sans rien préjuger sur leur durée ni sur prises. Si nous considérons la terre dans toute l'époque à laquelle ils ont eu lieu. — Dans tout sa masse, au lieu de borner nos observations à ce qu'on vient de dire, le monde est le lieu d'hala surface, notre globe ne sera plus un monde; | bitation de l'homme ou des races analogues tous les sens de ce mot comprennent l'idée d'ha- dans les planètes qui nous offrent des analogies bitations ou d'habitants, et ce qui ne peut l'ad- si remarquables avec celle que nous occupons. mettre devient étranger au monde. Si les mines Mais ce mot désigne aussi les habitants euxobtiennent quelquefois le titre de monde sou- mêmes, soit dans leur ensemble, soit dans les terrain, c'est parce que l'homme y pénètre, et différents groupes que l'on peut y former. Quelque les mineurs y fixent volontiers leur demeure. ques-unes de ces sections du genre humain ou Mais s'il faut s'en rapporter à l'auteur d'un sys- du monde entier sont assez peu nombreuses : le tème cosmologique très-moderne publié en Amé-monde savant tient peu de place sur la terre, rique, il y aurait effectivement des mondes sous et il n'y a point de monde littéraire, quoique nos pieds; notre globe serait formé par des nous ayons une république des lettres surchargée sphères creuses enchâssées les unes dans les de population et souvent livrée à une fâcheuse autres, et laissant entre elles un intervalle habi- anarchie. On sait ce que c'est que le grand table; les pôles, percés à jour par de grandes monde, le beau monde, où souvent on ne trouve ouvertures, établiraient entre ces mondes et rien de grand que des prétentions, rien de beau avec le nôtre une communication qui ne peut que les parures. Dans un sens plus général, tout avoir lieu qu'en ballon. Comme l'atmosphère ce qui établit des relations entre les hommes occupe nécessairement tout l'espace habitable malgré la distance des lieux et la différence des entre ces globes concentriques et séparés les gouvernements peut former un monde : on reuns des autres, nulle autre voie ne peut con- connaît ce pouvoir à quelques religions, à la duire de l'un dans l'autre, car, dût-on percer de civilisation, à la sociabilité. Après ces grandes part en part les couches interposées, on ne des- divisions, viennent les petits groupes auxquels cendrait pas au moyen d'échelles ou de cordages on ne refuse pas non plus le titre de monde. dans ces puits sans fond. C'est peut-être aux Pour chacun de nous, le monde se réduit à aéronautes qu'il est réservé d'achever l'explo- | la totalité des personnes avec lesquelles nous ration des plus hautes latitudes, de tracer une sommes en contact plus au moins intime, plus carte des régions polaires, document sans lequel ou moins fréquent; notre société en est le on accordera difficilement quelque croyance aux noyau; nous la voyons comme environnée d'une hypothèses du géologue de Cincinnati. L'état atmosphère condensée ou raréfiée suivant les du genre humain à l'époque la plus reculée à lieux et les circonstances au gré des vents de la laquelle on puisse remonter par de profondes fortune ou de l'adversité. L'esprit religieux recherches sur les langues, les monuments, les fait envisager le monde sous un autre aspect : traditions, est ce que les érudits nomment le c'est l'ensemble des opinions, des maximes, des monde primitif. La géologie emploie le mot usages, des occupations; la morale pratique est

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