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Le jeune prince avait près de 16 ans quand la révolution de juillet 1830 s'accomplit. Arraché dès lors à la vie de collége, il figura, le 3 août, à la tête du 1er régiment de chasseurs, dont il était colonel'. Au commencement de 1831, un congrès national l'appelait au trône de Belgique (3 février). On connaît la réponse de Louis-Philippe : « Les exemples de Louis XIV et de Napo«<léon suffisent pour me préserver de la funeste << tentation d'ériger des trônes pour mes fils, et « pour me faire préférer le bonheur d'avoir << maintenu la paix à tout l'éclat des victoires « que, dans la guerre, la valeur française ne manquerait pas d'assurer de nouveau à nos « glorieux drapeaux 2. » Mais en refusant pour l'un de ses fils le trône que lui offraient les Belges, il ne refusa pas à cette révolution l'appai de leur nom et de leur jeune courage. M. le duc de Nemours prit part, avec son frère aîné, aux deux expéditions de Belgique (août 1831 et novembre 1832). Au siége d'Anvers, on le vit partager avec lui les études du commandement et les périls de la tranchée, comme aux jours d'émeute et de contagion, il partagea des périls d'un autre genre 3.

les armées françaises, avec le grade de colonel | exactes, et y réussit d'une manière remarquable. général de la cavalerie légère, jusqu'à l'époque de la Fronde, où il embrassa le parti des princes. Atteint de plusieurs coups de feu au combat du faubourg Saint-Antoine, il n'était pas encore guéri de ses blessures lorsqu'il fut tué en duel, le 30 juillet 1652, par le duc de Beaufort, dont il avait épousé la sœur, Élisabeth de Vendôme. HENRI II DE SAVOIE, né en 1625, avait été destiné à la carrière ecclésiastique, et nommé, en 1651, à l'archevêché de Reims, lorsque la mort de son frère aîné le fit renoncer à cet état. Il épousa, en 1657, Marie d'Orléans, fille unique du duc de Longueville, et connue après lui sous le nom de duchesse de Nemours. Par sa mort, arrivée le 2 janvier 1659, s'éteignit la branche de SavoieNemours. Sa veuve fut déclarée, en 1694, souveraine de la principauté de Neufchâtel et mourut à Paris, le 16 juin 1707, à l'âge de 82 ans. Les Mémoires de la duchesse de Nemours, publiés par Mlle l'Héritier (Cologne, 1709, in-12, et souvent réimprimés depuis), se distinguent, entre les nombreux écrits du même genre que l'époque de la Fronde a enfantés, par l'agrément du style, l'indépendance des jugements et la malignité des portraits. Le duché de Nemours, vendu par les nièces du dernier duc à Louis XIV, en 1689, fut donné par celui-ci à la famille d'Orléans qui le posséda jusqu'à la révolution. Un membre de cette dynastie en porte encore le titre aujourd'hui. Nous lui devons une notice spéciale.

RATHERY.

NEMOURS (LOUIS-CHARLES-PHILIPPE-RAPHAEL, duc DE), 2e fils de Louis-Philippe, roi des Français, et de la reine Marie-Amélie, est né à Paris, le 25 octobre 1814. Il n'avait que 5 mois, lorsque le retour de Napoléon força ses parents, à peine revenus de leur long exil, à chercher un asile en Angleterre. Rentré avec eux, peu de temps après, sur le sol natal, sa jeunesse s'écoula entre les douceurs de la vie de famille et les enseignements d'une éducation libérale. Comme son frère aîné (voy. ORLÉANS), le duc de Nemours fit ses études au collège Henri IV; comme lui, il les fit avec succès. Esprit studieux et réfléchi, il s'adonna plus spécialement aux sciences

Depuis le 17 novembre 1826. Par ordonnance royale du même jour, ce régiment avait pris le nom de chasseurs de Nemours; et le 19 février 1831, il devint le 1er régiment de lanciers (de Ne. mours). S. ■ Plus tard, il fut aussi question du trône de Grèce pour M. le duc de Nemours.

3 En avril 1834, où des coups de feu furent dirigés contre les deux princes qui traversaient la rue Saint-Martin; à l'explosion de la machine Fieschi, où le cheval de M. le duc de Nemours, qui

Indépendamment de ces circonstances où M. le duc de Nemours s'associait, avec la réserve de son âge et de son caractère 4, aux actes du prince royal, il lui fut donné d'attacher son nom aux deux expéditions de Constantine, dont son frère dut s'abstenir par des considérations politiques. La première, commandée par le maréchal Clansel (novembre et décembre 1836), lui donna l'oe casion de signaler son humanité, sa sollicitude pour le soldat. De retour à Alger, il refusa les fêtes qui lui furent offertes, dans des termes trop honorables pour n'être pas cités. Dans les

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et la popularité, cette réserve ne saurait être mise sur le compte de la fierté ou de la défiance de ses propres forces; elle ne doit apparaître désormais que comme le symptôme d'un esprit sérieux et modeste qui saura, conformément à la mission que l'avenir semble lui réserver, comprendre à la fois les devoirs du rang suprême et l'abnégation du second rang. C'est ce que l'on est en droit d'affirmer après le voyage que M. le duc de Nemours, en compagnie de la duchesse, a entrepris l'été dernier (1843) dans les départements de l'Ouest et du Midi; partout il s'est montré à la hauteur de sa position; aussi fut-il partout accueilli avec enthousiasme. RATHERY.

<< drapeau et la mort de nos frères ! » Un an après, | héritier du trône, avait semblé fuir l'initiative il venait accomplir sa promesse. La 1re brigade, dont il prit le commandement, partait de Medjez-Amar, le 1er octobre 1837. Le 6 au soir, elle arrivait en vue de Constantine. Le lendemain, à 9 heures du matin, son jeune chef, après l'avoir établie sur le plateau de Mansourah, allait reconnaître les abords de la place avec le général Danremont. Nommé commandant des troupes du siége, il présida, en cette qualité, à toutes les opérations qui suivirent. Les assiégés, ayant di- | rigé une sortie vers le point qu'occupait sa brigade, furent vivement repoussés par le 2e léger et les zouaves, commandés par le prince en personne. Le 10 et le 11, il prit part à l'établissement des batteries et à l'engagement de KoudiatAti. Enfin, le 13, jour de l'assaut (roy. VALÉE), il entra par la brèche encore fumante dans cette ville désormais française, après avoir reçu les derniers soupirs de deux braves, le général Dan- | rémont et le colonel Combes. En avril 1841, M. le duc de Nemours alla pour la troisième fois en Algérie prendre sa part des travaux et des dangers de l'armée pendant une expédition décisive contre Abd-el-Kader, sur les bords du Chélif. Une connaissance approfondie des manœuvres et de la tactique militaire, un courage calme et raisonné, voilà les qualités qu'a reconnues en lui et que s'est plu à proclamer une voix qui ne flatte point, celle de l'armée.

Le grade de maréchal de camp (1er juillet 1854 et celui de lieutenant général (11 novembre 1837, après la prise de Constantine) furent successivement la récompense de ces services rendus à la patrie.

NEMROD, fils de Chus, était, suivant l'expression de l'Écriture, un vaillant chasseur. On suppose qu'il fut un de ceux qui travaillèrent avec le plus d'ardeur à la construction de la tour de Babel, monument gigantesque, dont les voyageurs ont vainement cherché les ruines. Il paraît que peu content de faire la guerre aux animaux sauvages, le fils de Chus abusa de sa force et de son courage pour dompter ses semblables, et les soumettre à un joug. D'après le plus grand nombre des commentateurs et des critiques, il aurait bâti Babylone, dans le lieu même où était la fameuse tour dont nous venons de parler. Ainsi, il aurait fondé la monarchie assyrienne, la plus ancienne et la plus puissante de l'Orient.- Nemrod a été confondu par quelques-uns avec Bélus, dieu des Assyriens, et avec Ninus, fondateur de l'empire de Ninive. J. G. CHASSAGNOL. NÉNIES, Voy. LATINE (litt.), FUNÉRAILLES, etc. NENY (PATRICE, comte DE), naquit à Bruxelles en 1712, d'une ancienne famille irlandaise, qui avait cherché un asile en Belgique, après le renversement des Stuarts, et qui avait acquis une grande considération auprès du gouvernement autrichien. Il commença ses études sous la sur

Tels étaient les précédents de M. le duc de Nemours, marié, le 27 avril 1840, à VictoireAuguste Antoinette, duchesse de Saxe-CobourgGotha, dont il a eu Louis-Philippe-Marie-Ferdinand-Gaston d'Orléans, comte d'Eu.né à Neuilly, le 28 avril 1842, lorsque la mort à jamais regret-veillance de son père, homme doué d'une haute table du prince royal (15 juillet), et les mesures législatives auxquelles elle donna lieu', vinrent, en lui imposant de nouveaux devoirs, appeler plus spécialement sur sa personne l'attention du pays. Un voyage en Alsace, entrepris par le prince au mois d'août suivant pour dissoudre le corps d'armée d'opérations sur la Marne, lui fournit l'occasion de prendre la nouvelle attitude politique commandée par les événements. Cette épreuve lui a été favorable; et si, jusqu'alors, le prince, en présence d'un frère aîné,

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intelligence et d'une vaste instruction. Puis, il entra à l'université de Louvain, où il suivit avec succès les cours de philosophie et de jurisprudence. Ses études scientifiques terminées, il entreprit un voyage en Allemagne, en Italie et en France pour se perfectionner dans la connaissance des langues étrangères. C'est ainsi qu'il s'ouvrit la carrière des fonctions publiques. En 1759, il obtint l'emploi de secrétaire du conseil d'État et du conseil privé; en 1744, celui de membre du conseil privé; en 1751, celui de membre

21 ans accomplis, est investi de la régence pendant toute la durée de la minorité. » Loi sur la régence, art. 2.

du conseil suprême pour les affaires des Pays-Bas
à Vienne; en 1752, celui de commissaire pour
l'exécution du traité d'Aix-la-Chapelle; en 1753,
trésorier général des finances; en 1757, chef et
président du conseil privé. Ces diverses positions
le mirent à même de prendre une part très-ac-
tive aux affaires publiques, sous le règne de
l'impératrice Marie-Thérèse, et de rendre d'émi-
nents services, qui furent successivement ré-
compensés par le titre de conseiller d'État intime
actuel, par le collier de commandeur de l'ordre
de Saint-Étienne, et enfin par le titre de comte.
Jusqu'à l'avènement de l'empereur Joseph II,
Neny avait joui à la cour d'une faveur sans bor-
nes, et la confiance de Marie-Thérèse ne lui avait
jamais fait défaut, comme lui-même n'avait
cessé de la mériter. Mais la mort de l'impératrice
l'affecta si cruellement et les craintes que lui
inspirèrent les projets d'innovation manifestés
par le nouveau souverain à peine assis sur le
trône, furent si vives, qu'il en conçut le plus vif
chagrin. Sa santé même s'en altéra profondé- |
ment. Il lui fallait du repos pour se rétablir.
Aussi il s'empressa de solliciter sa retraite. Il
l'obtint le 16 mai 1783. Mais il n'eut guère long-
temps à jouir des douceurs de la vie privée; car
il mourut le 1er janvier 1784, à Bruxelles.

NÉOGREC. Voy. GRECQUES MODERNES (langue
et littérature).

NÉOLOGIE s'emploie principalement comme
terme de grammaire (voy. l'art. suivant), et, en
matière de théologie, pour désigner des doctri-
nes nouvelles, hardies, telles que les libres pen-
seurs en ont de tout temps professé. X.

NÉOLOGISME, de véos, nouveau, et λόγος, dis-
cours. Outre la masse de mots qui forment le
fond d'une langue, il en est qui s'introduisent
peu à peu par suite des développements de
la civilisation, des rapports pacifiques ou hostiles
entre les peuples, des révolutions politiques, du
génie des individus, ou enfin des caprices de la
mode et du mauvais goût. Ce sont ces nouvelles
locutions qu'on désigne sous le nom de néolo-
gismes. Conséquences forcées du progrès, sou-
vent aussi elles sont un symptôme de décadence.
Les mots de première formation indiquent des
besoins, ceux qui viennent ensuite courent ris-
que de n'exprimer que des caprices, ou du moins
des nuances secondaires; et il faut tourmenter
l'expression pour lui faire rendre les raffine-
ments de la pensée. Sous les Antonins, il y avait
des rhéteurs et des philosophes qui employaient,
comme les Français, des termes métaphysiques:
romanitas, sociabilitas, etc. En France, il fut
un temps où la langue était régentée comme
l'État. Alors, un honnête homme n'osait se servir
d'une expression nouvelle si elle n'était dûment
approuvée par l'Académie, la cour ou certains
juges en titre d'office; car dans ce siècle d'éti-

Le comte de Neny ne fut pas seulement un hom-
me politique, dont le nom se trouve mêlé à tous les
actes publics relatifs aux provinces belges, à
l'époque où il vécut. Mais il se plaisait aussi à la
culture des sciences et des lettres, qui le dis-
trayaient des soucis de sa vie administrative.quette, il y avait des introducteurs pour les
Depuis 1755 il avait été curateur de l'université
de Louvain, qui lui fut redevable de plusieurs
règlements sages et utiles. On possède de lui des
Memoires historiques et politiques sur les
Pays-Bas autrichiens, ouvrage plein de vues
élevées, et remarquable par l'ordret par la
méthode. Enfin, on lui doit l'excell te édition
des Decisiones brabantina, rédig
par son
beau-père le comte de Wynants.
V. H.
NÉOCOMIEN. (Géologie.) Nom que l'on donne
à une sorte de terrain jura crétacé qui forme un
intermédiaire, sous le rapport paléontologique,
entre le terrain jurassique et le terrain crétacé.
Du reste cette dénomination nouvelle paraît
d'autant moins heureuse que le terrain dit néo-
comien ne se présente pas avec la série complète
de ses assises à Neufchâtel, d'où le nom tire son
étymologie.
DR..Z.

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mots comme pour les ambassadeurs. L'abbé Des-
fontaines, au commencement, et Mercier à la fin
du XVIIIe siècle, essayèrent d'enregistrer dans
leurs Dictionnaires néologiques les acquisi-
tions nouvelles que la langue avait faites. On fut
étonné d'apprendre, par exemple, que le siècle
de Fénelon n'avait pas connu le mot de bienfai-
sance, création récente de l'abbé de Saint-Pierre.
Mais déjà le néologisme échappait à tout inven-
taire comme à tout contrôle. L'anglomanie, avec
les modes et les idées, nous apportait les mots
d'outre-Manche, dont plusieurs (budget, com-
fort, comfortable, roast-beef, etc.) ne faisaient
que repasser le détroit et revenir, après une
longue absence, au sol natal, qui ne recoa-
naissait plus ses enfants. Bientôt, la révolu-
tion française renouvela le vocabulaire politi-
que; les sciences et l'industrie forgèrent une no-
menclature pour formuler leurs découvertes,
l'usage commun s'enrichit, d'autres disent s'ap
ORTHO-pauvrit, de toutes ces créations. Du reste, o

NEOCTÈSE. Nom donné par Beudant à une
mine de fer arséniaté. Voy. FER.
NEOGRAPHE, NEOGRAPHISME. Voy.

GRAPHE.

prend souvent pour des néologismes des archais-

mes ressuscités. On étonnerait bien des gens en leur apprenant que patriote, popularité, sont des mots du XVIe siècle qui ont reparu à la fin du xvine; que démagogue est dans Bossuet, camaraderie dans Mme de Sévigné; qu'enfin, jusqu'à ces locutions qu'on croirait nées d'hier, excentrique, illustration, ont été employées dans un sens tout moderne, l'un par un pamphlétaire de la Fronde, l'autre par Blaise de Vigenère, en 1577. RATHERY.

X. X.

NÉOMÉNIE (c'est-à-dire nouveau mois), fète qui se célébrait à la nouvelle lune en Égypte et en Grèce. En Égypte, elle consistait surtout à conduire en pompe l'animal sacré avec lequel le mois était en rapport. En Grèce, on sacrifiait à tous les dieux, surtout à Apollon des jeux, des repas en commun dits syssities occupaient le reste du jour. BOUILLET.

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ouvrages d'histoire et de philosophie les plus recommandables sous d'autres rapports. Il faut d'abord, pour être exact, établir bien nettement que les philosophes qui sont connus dans l'histoire sous le nom de nouveaux platoniciens eurent la prétention d'être des platoniciens anciens, des partisans du platonisme primitif, prétention qu'ils ne justifièrent pas, à la vérité, mais qui, du moins, pouvait leur faire décerner le titre de paléoplatoniciens, ou d'anciens platoniciens, aussi bien que celui qu'ils portent encore. Il faut ensuite bien distinguer, parmi les platoniciens, ceux qui enseignèrent véritablement de nouvelles théories, et ceux qui conservèrent les anciennes. En effet, il faut, pour établir des classifications qui aient une valeur scientifique, adopter quatre grands groupes de platoniciens, c'est-à-dire les disciples immédiats du maître, ou les dogmatistes; les sceptiques, ou les disciples immédiats de Carnéades et d'Arcésilas; les éclectiques ou les disciples immédiats

NÉOLOGUE. C'est celui qui affecte un nouveau langage, celui qui, soit en parlant, soit en écrivant, affecte d'employer des mots nouveaux et détournés de leur véritable sens, celui en un mot qui ne fait que du néologisme. « Un terme hasardé est peu de chose, dit l'abbé Desfontaines : c'est le tour affecté des phrases, c'est la jonction téméraire des mots, c'est la bizarrerie, la fadeur, la petitesse des figures, qui caractérisent surtout le néologue, et lui donnent un faux air d'esprit auprès de ceux qui n'en ont guère. » Nous ne pouvons qu'applaudir à cette judicieuse criti-d'Antiochus et de Philon; et les mystiques ou que. les disciples plus ou moins immédiats d'Ammonius Saccas et de Plotin. Le dernier groupe est le seul qui soit connu dans l'histoire sous le nom de nouveaux platoniciens, tandis que c'est au fond le troisième qui seul le mérite. Le second se composait de philosophes qui restaient bien en deçà de Platon; le quatrième, de théosophes qui allèrent bien au delà. Quoi qu'il en soit, et en attendant qu'une terminologie rationnelle se fasse jour plus généralement, c'est le quatrième groupe, celui des philosophes mystiques, qui seul porte dans l'histoire vulgairement le nom de nouveaux platoniciens. On les appelle communément les nouveaux platoniciens des premiers siècles de notre ère, pour les distinguer de ceux du xve siècle, dont nous parlerons tout à l'heure, et relativement auxquels ces nouveaux platoniciens sont fort anciens. On fait fort bien d'établir cette distinction, mais on fait ensuite une confusion étrange. On nomme fort communément les nouveaux platoniciens des premiers siècles les alexandrins, ou les philosophes de l'école d'Alexandrie, et rien n'est plus faux que cette terminologie, autrefois adoptée dans tous les livres, et suivie encore dans quelques compilations du jour. Il est pourtant facile de montrer qu'elle manque complétement d'exactitude. D'abord, ce ne fut pas l'école d'Alexandrie, ce ne furent pas les membres du célèbre musée de cette ville, qui demandèrent le retour à l'ancien platonisme, ce furent, au contraire, des philosophes appartenant à d'autres pays; ce furent surtout Alcinous, Numenius et Plutarque

NÉOPHYTE, du grec neos, nouveau, et phuô, je produis. On appelait ainsi, dans la primitive Église, les nouveaux chrétiens, ou les païens nouvellement convertis à la foi. Les Pères ne découvraient pas les plus secrets mystères de la religion aux néophytes. On donne encore le nom de néophytes aux chrétiens que les missionnaires font chez les infidèles. Les néophytes japonais ont montré à l'Église, dans le xvie et le XVIIe siècles, tous les prodiges de courage et de foi qui l'avaient illustrée dans ses commencements. On a donné autrefois ce nom aux nouveaux clercs, à ceux qu'on venait de recevoir dans l'Église (voy. le concile de Sardique, can. 13, et l'Épître du pape Zosime à Patrocle). On a donné aussi ce nom aux novices dans les monastères, quasi novellus, aut nuper renatus.

X. NÉOPLATONICIENS et NEOPLATONISME. Ces deux mots, qui s'expliquent l'un l'autre, puisqu'il est évident que le nouveau platonisme est la doctrine des nouveaux platoniciens, sont au nombre de ceux qui demandent le plus d'attention et le plus de rectifications. En effet, on les emploie avec peu d'exactitude jusque dans les

(voy. ces mots). Les philosophes d'Alexandrie, philosophie et la religion, s'appliquent à réta loin d'applaudir à cette tendance lorsqu'elle se blir l'une par l'autre la religion et la philosophie, révéla, la combattirent de tous leurs moyens et avec le même enthousiasme que leurs prédécesde tout leur pouvoir. Au temps où elle s'annonça seurs s'étaient efforcés de les miner l'une et l'auils professèrent le scepticisme et l'éclectisme. tre. On en a voulu aux nouveaux platoniciens de Cependant, quand ils eurent vu, par les desti- s'être alliés au sacerdoce, d'avoir même subornées de l'un et de l'autre de ces systèmes, que les donné l'école au sanctuaire, et d'avoir combattu doctrines d'hésitation et de doute n'avaient plus le christianisme, en faisant de l'académie une de chances auprès de ces populations grecques, simple succursale d'Éleusis ou de Samothrace. qui déploraient ensemble la chute de leurs Il est, sans doute, à regretter que Plotin, Porcroyances et celle de leurs institutions, Ammo- phyre et Proclus aient méconnu l'Évangile, et nius Saccas et son disciple Plotin adoptèrent ce attaqué ensemble les mœurs et les doctrines des syncrétisme mystique, ou ce mélange d'ensei- | chrétiens; et l'on ne saurait leur pardonner gnements fortement empreints de dogmatisme d'avoir sanctionné en quelque sorte du double philosophique et de dogmatisme religieux qu'on cachet de leur génie et de leur piété les accusaappelle le nouveau platonisme, et qui fut, en tions dirigées contre l'Église par le fanatisme effet, un platonisme nouveau, c'est-à-dire un populaire des polythéistes; mais quand on conplatonisme singulièrement enrichi par la théolo- sidère combien il y a eu de bonne foi dans leur gie, la pneumatologie, et surtout la démonologie erreur, on ne saurait refuser un tribut d'estime des sanctuaires de l'Orient. Mais ce syncrétisme, à cette pieuse phalange de philosophes qui aiil faut le dire, ne plut pas aux critiques d'A- ment mieux professer le mysticisme le plus absolu lexandrie. Plotin n'eut pas un seul disciple un peu que de laisser plus longtemps leur malheureuse remarquable au musée de cette célèbre cité; et il patrie sans aucun genre de croyances au milien appréciait si bien l'esprit de la savante école au de toutes les calamités qui l'écrasent? A leurs seuil de laquelle il prêchait son mysticisme que yeux, les chrétiens se confondaient avec les scepbientôt il la quitta pour aller s'établir à Rome. tiques, les épicuriens et les gnostiques. Les chréSon disciple chéri, Porphyre, qui essaya de don- tiens niaient, comme ces derniers, la vérité du ner une forme systématique aux doctrines de son polythéisme. Dès lors, il fallait, se disaient les maitre, et qui rédigea les Ennéades de Plotin, platoniciens, les combattre comme les autres inoù il sut glisser tant d'opinions qui n'apparte- crédules. A la renaissance, quelques savants. naient qu'à lui, ne songea pas plus que le disci- amis des lettres grecques, Marsile-Ficin à leur ple d'Ammonius à fixer sa bannière au milieu tête, vouèrent à Plotin, à Porphyre, à Jamblides Alexandrins. Il préféra l'Italie, la Grèce, la que et à Proclus une étude spéciale, sans doute Syrie. Son disciple Jamblique, qui fit un si grand en raison de la profonde piété que respire le pas sur le système de Porphyre et de Plotin, et mysticisme de ces théosophes. Ils devinrent les qui substitua plus hardiment qu'eux les mysté- fondateurs d'une seconde école de nouveaux plarieux enseignements des sanctuaires, les croyan toniciens dont nous aurons à nous occuper dans ces de la théurgie et les pratiques de la goétie, divers articles spéciaux). — Nous possédons un aux doctrines de Platon, ne songea pas plus que grand nombre de traités spéciaux sur les divers ses maîtres à l'école d'Alexandrie. Ce fut en philosophes de l'école néoplatonicienne; mais Syrie, en Asie Mineure et en Grèce qu'il trouva il nous manque une histoire critique du nouveau ses plus fidèles partisans. Bientôt la ville d'Athè-platonisme. On peut comparer notre Histoire de nes fut le principal siége du nouveau platonisme, qui, depuis Plotin, se confondait avec le polythéisme, et se constituait, contre la religion chrétienne, le plus ardent défenseur des anciennes institutions du culte. Proclus fut là, au ve siècle, dans l'antique asile des lettres, de la philosophie et des arts de la Grèce, le plus illustre représentant de ce système théosophique, l'un des plus curieux qu'offrent les annales de l'esprit humain. En effet, rien n'est plus digne d'attention et de respect que cette école néoplatonicienne, qui, enfin convaincue que le scepticisme et l'épicurisme ont perdu ensemble la

l'École d'Alexandrie (2 vol. in-8°). MATTER.

NÉOPTOLEME ou PYRRHUS. Parmi les héros qui concoururent à la prise d'Ilion, il fut l'ec des plus célèbres et le plus impitoyable. Fils d'Achille et de Déidamie, fille du bon Lycomède, roi de Scyros, il fut élevé dans cette ile, opulente alors, jusqu'à l'âge de 18 ans. A cette époque. Calchas ayant déclaré que sans le fils d'Achte tous les efforts des Grecs seraient vains po prendre la ville de Troie, Ulysse et Phénix alrent le chercher à Scyros et l'amenèrent dank camp de son valeureux père. C'est là, ausstat qu'il eut pris les armes, qu'il fut surnomme

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