DE FRANCE.
SAMEDI 26 NOVEMBRE 1791.
PIECES FUGITIVES
EN VERS ET EN PROSE.
FRAGMENT
Du VI. LIVRE DE L'ÉNÉIDE.
DESCRIPTION DE L'ANTRE DE LA SIBYLLE.
Excifum, Euboïca latus ingens rupis in Anirum, &c.
IL est un Antre obfcur, dont les cavités sombres S'enfoncent dans le roc, y prolongent leurs ombres. De cent côtés ouverts cent vastes soupiraux Des Oracles divins sont les bruyans échos. Les Troyens approchaient de la voûte sacrée. >> Confultons les Destins, dit la Vierge inspirées N°. 48. 26 Novembre 1796
Il en est temps: voici, voici le Dieu ". - Sou Jain Une fureur divine a paflé dans son sein.
Son fouffle est haletant; ses cheveux se hérissent.
Mus d'une sainte horreur, tous fes membres frémiffent.
M558 Sa voix tonne, mugit, & n'a plus rien d'humain. 1791 > Pour te frayer des forts le ténébreux chemin, Troyen, adresse au Ciel ta priere touchante. Elle dit ; & foudain une froide épouvante Des Troyens éperdus a glacé les esprits. » O toi, dit le Héros, ô toi qui de Pâris Contre le fils d'Eacque armas la main timide ! Toi, par qui j'ai des mers tenté le gouffre humide, Chez le Maure indompté vu finir l'Univers, Foulé la Syrte inculte & ses sables déserts! Le beau ciel d'Ausonie enfin rit à ma vue : Assez des Dieux fur nous la vengeance étendue A frappé les Troyens. Sauvez, sauvez, grands
D'un Peuple fugitif les restes malheureux. Toi, qui de l'avenir dévoilas les mysteres, Vierge fainte! (mes vœux ne sont point téméraires) Que l'heureux Latium nous ouvrant ses cités, Repose d'Ilion les Destins agités.
A la triple Phœbé je veux fonder un Temple, Et nos derniers neveux, instruits par mon exemple, A l'honneur de Phœbus célébreront des jeux. Toi-même, Vierge pure, associée aux Dieux,
Tes Livres, dépofés dans les saints tabernacles, Feront parler encor la voix de tes Oracles.
Mais ne nous transmets point tes saints comman
Sur des feuillets légers, faibles jouets des vents. Parle ». -Il dit, & foudain de ses cavernes som
La Prêtresse inspirée a fait parler les Ombres. Un prophétique instinct au hasard la conduit: Elle veut échapper au Dieu qui la poursuit. Le Dieu victorieux la dompte, la tourmente, Et met la vérité dans sa bouche écumante. Les cent portes de l'Antre, ouvertes à la fois, De la Sibylle enfin font retentir la voix. >> O toi, qui de Neptune épuisas la colere,
Des maux encor plus grands t'attendent sur la
Ces champs, ces champs heureux d'Amate & de
Combien tu gémiras de les avoir connus!
Mars s'éveille; fon cri seme au loin l'épouvante,
Et le Tibre écumant roule une onde sanglante.
Les Grecs, le Xante, Achille, un autre Simoïs,
Tous les maux d'Ilion font ici reproduits. La haine de Junon en tous lieux t'est présente.
De qui, dans ta misere humblement fuppliante, De qui n'iras-tu point mendier les secours? Un hymen à venger, de nouvelles amours,
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