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nufactures ne feront jamais de progrès sensibles dans les pays favorisés situés entre les tropiques. Leur climat, la fertilité de leur sol, une facile exploitation des richesses de la nature, tout se réunit pour engager leurs habitants à abandonner aux Européens, ́avides de leurs productions, les travaux manufacturiels. Les échanges entre l'Europe et ces heureuses contrées ne feront qu'augmenter, sur-tout quand les administrations coloniales y seront remplacées par des gouvernements indépendants, dont les besoins sont beaucoup plus multipliés que ceux des premières.

Les Anglais, qu'on peut regarder comme d'excellents juges en fait de spéculations, sont tellement convaincus de cette vérité, qu'ils ont offert leurs secours aux Américains du sud qui cherchent à se rendre indépendants, malgré que cette offre puisse les brouiller avec leurs alliés de la Péninsule.

(19) Les preuves en sont, la Prusse en 1806, et l'Angleterre en 1812. Tout état qui, au lieu de favoriser ses productions territoriales, fait baser principalement ses revenus et sa prospérité sur les produits de ses fabriques et les gains de son commerce, au point de dérober à l'agriculture les hommes nécessaires pour en faire des artisans, rend son existence brillante peut-être, mais précaire, et ses finances seront sujettes aux caprices du siècle. Des fabricants et

ouvriers, arrachés à leurs métiers, ne forment ni bons soldats, ni bons laboureurs. L'Angleterre en auroit fait de ses artisans désœuvrés, si cette métamorphose étoit possible. Au lieu de cela, elle voit augmenter le nombre de ses pauvres dans la même proportion que les écoulemens diminuent, et elle se croira heureuse, s'ils ne s'emportent que jusqu'à détruire les métiers, qu'ils regardent comme les auteurs de leurs malheurs.

(20) Le dernier but vient d'être rempli par le rétablissement de la Pologne, et par la destruction de Moskwa. Quand même cette campagne n'aurait pas eu d'autres résultats que ceux-ci, ils suffiroient pour lui assigner une place éminente parmi les entreprises les plus bienfaisantes pour le genre humain, et dont le souvenir ne s'effacera jamais dans les ames des habitants du continent. Dès ce moment, ils n'ont plus à craindre que des kniaz viennent un jour se disputer leurs propriétés en leur faisant passer le joug de la servitude.

(21) Toutes ces différentes idées qui successive ment ont conduit les hommes dans les combats, doivent le jour aux Européens du continent. Les An · glais n'ont enfanté que l'idée ridicule de l'équilibre politique, et la pensée monstrueuse de l'empire des mers, du monopole, et de l'isolement dans le com

merce. Nous devons aux conceptions de nos aïeux nos lumières, nos manufactures et nos richesses, à celles des Anglais le papier-monnaie, le système des emprunts et des subsides, enfin les dettes nationales qui pesent plus ou moins sur tous le peuples du continent.

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