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loniales, au lieu de les acheter des colons français ou espagnols.

Malheureusement pour l'Angleterre, tous ces avantages dont elle s'étoit bercée, furent éludés par le décret énergique de Milan du 17 décembre 1807, qui défendit de recevoir dans les ports tout vaisseau qui se soumettroit à la honteuse loi imposée par les Anglais. Cette défense, que ceux-ci ne prévoyoient pas, leur fit ressentir de nouveau les inconvénients de leurs prétentions démesurées. L'embarras où se trouva le ministère britannique lui fit prendre un parti qui ne prouve que trop l'extrémité à laquelle il étoit réduit. Il remplaça les ordres de novembre 1807 par celui du 26 avril 1809, qui, en bornant les différents ordres de blocus, portés jusqu'à ce jour, aux ports de la France, de la Hollande, et à ceux du royaume d'Italie, rabattoit déjà beaucoup sur ses prétentions. Mais laissons parler le gouvernement anglais, qui, dans une déclaration postérieure (du 21 avril 1812), a essayé de se faire un mérite d'une démarche à laquelle le besoin urgent de son commerce seul l'avoit porté.

«< S. M. B. ayant égard à la situation où se << trouvoit alors l'Europe, sans toutefois aban

donner le principe et l'objet des ordres du con"seil du mois de novembre 1807, voulut bien « limiter leur effet de manière à adoucir très << sensiblement les restrictions qu'ils imposent << au commerce des neutres; l'ordre du 26 avril

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1809 fut substitué à ceux du mois de novem«bre 1807, et le système de représailles de la Grande-Bretagne ne frappa plus indistincte<< ment sur tous les pays où étoient en vigueur <«<les mesures d'agression adoptées par l'en<< nemi: mais son effet fut limité à la France << et aux pays sur lesquels pesoit le plus stricte<<ment le joug de la France, et qui ainsi << étoient devenus naturellement partie inté«grante des possessions de la France. »

C'est bien le langage du loup devenu berger! Un mouvement de pitié aussi subit pour le sort de l'Europe doit surprendre de la part d'ames aussi fortes que celles des conseillers de l'Angleterre. L'étonnement cessera cependant quand on apprendra que l'engorgement des marchandises bloquées dans les îles britanniques leur a inspiré les adoucissements énoncés par l'ordre du 26 avril 1809, en vertu duquel des licences furent délivrées aux neutres pour commercer avec des ports fermés aux Anglais, même d'importer cer

tains articles en Angleterre, sous la condition expresse d'en exporter une quantité déterminée de denrées ou de marchandises anglaises. Cette mesure n'a pas été suivie de réaction : elle vengeoit assez par elle-même la France qui en retiroit tout les profits possibles; aussi futelle reprochée aux ministres par les Anglais mêmes qui prétendent que les licences (elles furent portées jusqu'à 20,000 par an), loin de leur être avantageuses, ne servoient qu'à exer cer les marins français et ceux des alliés du grand empire, et qu'elles coûtoient au commerce de la Grande-Bretagne plus de 10 millions sterling par année, à cause de la perte du fret dont profitoient les vaisseaux neutres à qui elles étoient accordées (9).

Quand on aura examiné avec attention la tendance des différents ordres du conseil, sera à même de résumer en peu de mots les principes du nouveau code maritime que les Anglais ont etabli. En voici les principaux articles :

Premièrement. Aussitôt qu'il plaira à l'Angleterre de déclarer la guerre à une nation, il est de son droit maritime de prendre les bâtiments et les colonies de cette nation avant

la publication de la déclaration de guerre, ou du moins dans le moment même où cette publication a lieu en Downing-street.

Deuxièmement. Il est de son droit de déclarer en état de blocus, par un trait de plume, autant de pays qu'il lui plaira; d'en faire considérer la déclaration comme ayant force de loi, du jour même de sa publication; de bloquer enfin les ports et les havres des neutres, si cela semble plus aisé et plus expéditif que de bloquer les côtes ennemies. (Rap. du comité amér. du 1er juin 1812.)

Troisièmement. Il est de son droit de prendre les propriétés de la puissance ennemié, non seulement navigant sous le pavillon national, mais aussi couvertes du pavillon neutre; les sujets de la puissance ennemie, quoique trouvés sur les bâtiments neutres, et quoiqué non militaires, seront arrêtés comme prisonniers de guerre.

Quatrièmement. Il n'y aura point de neutres dans les guerres de l'Angleterre ; du moins ils ne pourront plus servir à la communication entre les peuples pour les produits de leur industrie; toutes les nations, sous peine d'étre traitées en ennemies, sans notification

préalable, se soumettront exactement aux stipulations établies par la Grande-Bretagne ; savoir :

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19. De n'apporter à la nation ennemie de l'Angleterre ni des marchandises de contrebande, ce qui s'entend, ni des denrées coloniales quoiqu'achetées par les neutres ou originairement propriétés neutres, ni même des vivres, de quelque nation qu'elles puissent provenir; 2°. de regarder comme rigoureusement bloqués tous les ports, toutes les côtes et toutes les colonies de la nation ennemie quoiqu'ils ne le soient que sur le papier 3o. de s'abstenir de tout échange direct de produits, non seulement avec la nation ennemie et ses alliés, mais aussi avec tout état neutre qui auroit pu mettre des restrictions au commerce anglais; 4°. de ne faire leurs provisions en marchandises qu'en Angleterre, et de ne vendre leurs productions territoriales qu'à des marchands de ce pays, qui seuls seront les intermédiaires dans toutes les ventes et dans tous les achats; 5°. comme l'Angleterre n'est pas d'avis de défendre aux neutres le cabotage et une navigation supplémentaire, ils seront tenus de diriger tous leurs bâtiments, quelles que puissent être leur cargaison et leur

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