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CHAPITRE V.

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Dépense

Noms des principaux employés du Canal sous l'administration de Riquet. Sommes fournies par le Roi, par les Etats de Languedoc, et par Riquet. totale pour la construction du Canal. Situation de la fortune de Riquet à sa mort. A quelle époque ses héritiers ont commencé à recueillir les avantages de son projet. Quel en a été le résultat pour le public.

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L manqueroit quelque chose à l'histoire du Canal de Languedoc, si nous laissions ignorer quels ont été les coopérateurs de Riquet; à quelles sommes est montée la dépense de cette grande entreprise; dans quelle situation elle plaça la famille de celui qui en avoit conçu le dessein, et qui avoit eu le courage de l'exécuter; et quel en a été le dernier résultat, soit pour le public, soit pour les descendans de l'inventeur. Les détails que nous allons resserrer dans ce chapitre, ont été recueillis par feu M. Mercadier, archiviste du Canal: il a cité les pièces originales à l'ap

pui de ses mémoires : et comme le dépôt en existe encore à Toulouse, il n'est personne qui ne puisse en vérifier l'exactitude.

Riquet fut pendant sa vie le seul directeur des travaux du Canal. Il avoit choisi pour travailler sous lui douze inspecteurs généraux ; chacun avoit un département particulier; tous, sans nulle subordination entre eux, correspondoient directement avec Riquet; leurs appointemens annuels varièrent depuis douze jusqu'à dix-huit cents livres. Voici leurs noms dans l'ordre où M. Mercadier les a placés: MM. Geoffroy, Andréossy, de Contigny, Albus, Gilade, Lambert, Las Castelles, Caffarel, Madron, Garroche, Alazard aîné. Sous eux étoient seize contrôleursgénéraux, dont les appointemens étoient de mille à douze cents livres. C'étoient MM. Deschamps, les deux frères Rusquier, Marion, Villeraze aîné, Le Mercier, Dumery, Veyrac, Talon, de Rousset, Tulle, Boucher, Meolan, Segadeux, et Pascal de Nissan. Riquet avoit établi six payeurs, dont les honoraires étoient de mille à douze cents livres par an. Il employoit soixante et huit inspecteurs-contrôleurs et chefs d'ateliers, qui recevoient par mois depuis cinquante jusqu'à soixante

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et quinze livres ; et quatre-vingt-seize capitaines d'ateliers, dont le salaire étoit de trente à cinquante livres par mois. Il faut ajouter à ce tableau, sept niveleurs payés à raison de soixante et quinze livres par mois. C'est un peu plus de deux cents employés, dont les honoraires formoient près de cent vingt mille livres par an.

A la mort de Riquet, il fallut lui donner un successeur dans la direction générale des travaux. Le choix de ses héritiers appela M. Albus à cette honorable fonction. Le nombre des employés supérieurs fut réduit alors; et il n'y eut plus que sept départemens, à chacun desquels fut attaché un inspecteur général.

Un autre emploi fut créé ; c'étoit celui de receveur-général. Déjà en 1673 la navigation d'une partie du Canal avoit commencé à produire un revenu. Il devint un objet important lorsque le Canal fut achevé : c'est alors qu'il fallut organiser l'administration de ses finances.

Mais le premier soin des propriétaires du Canal, fut de faire la liquidation générale de l'entreprise. Ils distinguèrent d'abord les fonds que le Roi avoit fournis pour l'exécution

du plan du Canal. Par l'édit du mois d'octobre 1666 (1), le Roi avoit affecté aux dépenses

(1) Division des sommes fournies pour la construction du Canal et port de Cette, sur les fonds faits, et autres fonds, depuis la construction primitive.

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la révocation de ces édits..... 1983333 »>» De l'imposition sur la généralité

de Montauban...

Sur celle des pays de Foix, etc...
Sur la ferme de Languedoc.....
Sur la même ferme...

Sur les 1600000 liv. de l'emprunt
de 1672..
L'emprunt de 1680.

Sur les trésoriers des bâtimens en
1681..

Sur les mêmes trésoriers en 1682
Le remboursement du droit de

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pêche du port de Cette... Sur les débets des gabelles jusques en 1673. Sur lesdites gabelles, paiemens d'avril et mai 1678 et 1680... Pour la moitié des fonds faits pour la construction des aqueducs...

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Roi d'envoyer M. de Vauban en Languedoc pour en inspecter le Canal.

Cet ingénieur, justement célèbre, s'y rendit au mois de mars 1686. Il trouva les ouvrages du Canal si beaux, qu'il eût préféré, disoit-il, la gloire d'en être l'auteur à tout ce qu'il avoit fait ou pourroit faire à l'avenir. Il remarqua que Riquet avoit senti le danger de recevoir dans le lit du Canal les eaux des torrens et des ruisseaux qui pouvoient l'ensabler. L'aqueduc de Repudre, celui de Jouarres, et celui de Marseillette, avoient été très-heureusement imaginés par lui, afin de faire passer sous le Canal les eaux d'une rivière et de deux étangs. M. de Vauban ne proposa que d'étendre cette méthode, et de substituer aux épanchoirs des aqueducs, semblables à celui de Repudre, là où il falloit traverser une rivière, et conformes à ceux de Marseillette et de Jouarres, lorsqu'on ne rencontroit que des ruisseaux ou des ravins. Il indiqua de plus quelques nouveaux ou vrages nécessaires à la navigation. Le Roi, convaincu par le mémoire de Vauban, qu'il étoit nécessaire de construire plusieurs aqueducs, en ordonna la construction : le Roi et les Etats de Languedoc en firent les frais ; et

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