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familles des premiers employés. Suivant la remarque de l'historien du Canal du Midi, ils avoient étendu ce systême d'hérédité jusqu'aux fonctions des entrepreneurs et des éclusiers. C'est ainsi que les familles des employés se regardoient comme associées à l'entreprise du Canal, et y portoient le zèle d'un intérêt permanent et héréditaire.

Le choix des divers directeurs-généraux (1) compose une liste où l'on ne trouve que des talens reconnus et des services honorables. Ce tableau n'est pas ce qui honore le moins l'administration du Canal. Les propriétaires, jaloux de perpétuer la génération des talens, avoient institué en 1760 une école particulièrement destinée à former des ingénieurs

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pour le Canal. Elle ne subsista que trois ans, d'autres considérations obligèrent de la supprimer; mais dans ce court espace de temps, elle eut l'avantage de former d'excellens élèves (1).

Les propriétaires du Canal avoient établi à Toulouse, sous la garde d'un archiviste, un dépôt où étoient conservés tous les papiers relatifs, soit à la construction primitive du Canal, soit à son entretien, soit à son administration. Nous laisserons parler à ce sujet l'orateur que nous avons déjà cité, et qui en rendoit compte en ces termes dans l'une des

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assemblées législatives. « Consultez un de vos » collègues, il vous racontera avec quelle >> admiration il entra dans les archives du >> Canal; avec quelle intelligence, quel ordre simple et régulier les titres, les plans, les >> comptes depuis l'origine y sont rangés; il >> vous dira quel secours facile et prompt il >> en a tiré pour dresser, en 1791, le compte » du revenu d'une année commune au nom >> des départemens dont il étoit commissaire. >> Si les archives actuelles étoient livrées à des >> fermiers, ou confondues dans d'autres dépôts, bientôt toutes les parties du Canal >> seroient assaillies par des usurpateurs qu'il >> seroit impossible de repousser faute de >> trouver les titres qui doivent servir à les >> condamner. Compterez-vous pour rien les journaux météorologiques tenus dans les >> bureaux de recette, et envoyés aux archives » pour y servir à prévoir les années où les >> orages et les crues d'eau seront plus ou » moins à craindre? Ces recherches pré>> cieuses par l'exactitude et l'époque dont » elles datent, peuvent un jour être utiles >> aux sciences, indépendaminent des ser>>vices importans qu'en retire l'administra» tion du Canal. Comptez-vous pour rien la

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>> facilité de consulter les plans, mémoires et » devis d'ouvrages, soit d'entretien, soit de >> construction? savez-vous les secours qu'on >> obtient, lorsqu'un ouvrage établi depuis >>cent ans vient à chanceler et qu'il est >> nécessaire de connoître comment il est » fondé ? La famille de Riquet a tellement » senti la nécessité d'avoir des archives, elle » a mis une si grande importance à cette » partie de son administration, qu'elle a fait » construire exprès un bâtiment isolé pour y » placer des papiers si utiles et si multipliés; » et malgré l'intérêt qu'elle avoit à écono» miser, elle a constamment préposé un >> employé uniquement pour la garde de ce > dépôt précieux (1) »

Les propriétaires du Canal n'avoient pas établi un ordre moins régulier dans l'administration de leurs finances. Un receveur général les dirigeoit; sous lui, sept receveurs faisoient la perception des revenus du Canal dans sept divisions, dont les chefslieux étoient Toulouse, Castelnaudary, Foucaud près de Carcassonne, le Somail, Beziers et Agde. C'étoient autant de bureaux pour

(1) Opinion de M. Marragon.

les expéditions, les recettes et les paiemens. Chaque bureau étoit composé d'un receveur, d'un contrôleur et d'un visiteur. Le receveur étoit en même temps le payeur et l'économe des revenus. Le contrôleur chargé d'assister le receveur dans son travail, étoit vérificateur des opérations du bureau. Il devoit, dans la saison des travaux, être présent aux réceptions des ouvrages, et surveiller les ateliers qui lui étoient confiés par le directeur. Le visiteur vérifiait les chargemens et connoissemens, il secondoit les premiers employés dans les opérations de l'intérieur du bureau, et étoit employé, pendant le chômage, au contrôle des travaux. Les douze gardes établis par l'édit de 1666 étoient distribués de manière qu'il y en eût toujours un résidant auprès des bureaux.

La perception des droits de navigation étoit simple; tout particulier pouvoit fréter des barques. Le patron et la barque répondoient des droits du Canal; le patron déclaroit la marchandise au bureau de la recette; le visiteur sondoit le chargement pour vérifier la déclaration; le receveur expédioit et donnoit un passavant, sans lequel on n'auroit point ouvert la première écluse. Les gardes

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