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tirâmes jusqu'à neuf cent soixante-trois toises de ladite métairie ; à la première martillière ou écluse de l'étang du Bagnast, cent quatre-vingt-trois toises de ladite martillière ; à la seconde, soixante-dix toises, et de la seconde à la troisième, huit cent vingt toises; de la dernière martillière jusqu'à la métairie du sieur Trinquaire, trois cent quatrevingt-sept toises, et de là aux poutiles du bois appelé les Passes, trois cent cinquante toises, en remontant du long de Rieu, et desdits poutiles passant au pont de Saint-Bausely par-derrière le jardin de M. l'évêque d'Agde, au lieu dit l'Hort des Grenouilles jusqu'à la rivière d'Héraut, quatre cent soixante-dix toises, tellement que dudit étang jusques et par-dessus Agde à ladite rivière d'Héraut, il y a trois mille deux cent quarante-trois toises, avec une pente si naturelle, que ledit Rieu se décharge dans le Bagnast, et ce Bagnast dans l'étang lors des débordemens d'Héraut ; et à cause du mauvais temps, nous nous retirâmes en ladite ville d'Agde.

Où étant, l'on nous dit que l'on avoit été, depuis peu au cap de Cette, pour voir si l'on pourroit y construire un port assuré, et que du temps de M. le connétable de Montmorenci on avoit eu ce dessein; qu'on avoit ouï-dire qu'il n'y avoit rien de plus aisé, car au moyen dudit cap, il seroit à l'abri de plusieurs vents et d'un fond tel qu'on sauroit le desirer; ce qui nous auroit obligés de tourner nos pen

sées de ce côté là, si notre commission le peut permettre; mais il est vrai que si l'on croit à la voix publique, l'on peut faire un très-bon port en ce lieu, même ouvrir la langue de terre ou falaise qui sépare la mer dudit étang de Tau pour y passer les barques et vaisseaux.

Le lendemain septième dudit mois de décembre, après la messe et assistés comme dessus, nousdits experts passâmes la rivière audit Agde, et reprîmes notre travail depuis le jardin du sieur de Figaret sur la droite d'Héraut, et vis-à-vis de l'Hort des Grenouilles en ligne droite jusqu'à la palus de Porqueraignes dessous Roquehaute, et trouvâmes qu'en douze stations il y avoit quatre mille neuf cent vingt-une toises; puis de ladite palus droit à une rivière appelée le Meyra, pendant autres douze cent quinze toises, et de ladite Meyra à la rivière d'Orb, quatre cents toises ou environ au-dessus de SaintGenyes, tirâmes autres mille soixante toises: ce fait, la nuit s'approchant, nous retirâmes à Villeneuve la Cremade.

Le lendemain lundi huitième dudit mois de décembre, en présence desdits seigneurs commissaires et assistés des géomètres et autres ouvriers, recommençâmes notre travail, et trouvâmes que depuis ladite rivière d'Orb jusqu'à la métairie du sieur de Valras, il y avoit seize cents toises de longueur, et de ladite métairie jusqu'à l'étang de Vendres, autres trois mille toises; tellement qu'il est vrai de dire,

que depuis ladite rivière d'Héraut jusqu'audit étang de Vendres en ligne droite, il y à onze mille sept cent quatre-vingt-seize toises de longueur, et depuis l'étang de Tau jusqu'audit étang de Vendres, quinze mille trente-neuf toises.

Ledit jour lundi huitième décembre 1664, nous continuâmes notre travail sur le bord dudit étang jusqu'au village de Vendres, où étant, nous nous informâmes des anciens patrons et mariniers de l'état présent dudit étang, qui nous dirent, qu'à l'endroit où le Canal venant de la rivière d'Orb, aboutiroit à l'étang cinquante avant, il y a cinq à six pieds d'eau, et plus avant, quinze à vingt pieds; mais que pour entrer et sortir dudit étang à la mer, il y avoit deux graux ou ouverturess, dont la plus petite n'a guère plus que la largeur d'une barque avec trois ou quatre pieds d'eau depuis la mer jusqu'au premier bas-fond dudit étang, pendant environ cinq ou six cents toises pleines de vase et sable sans cailloux, et que la plus grande ouverture ou embouchure à la mer, venant du levant au couchant, est fort longue en côtoyant l'étang, et a dix ou douze pieds d'eau presque par-tout, hors à son entrée, où elle n'a que deux ou trois pieds de profondeur, à cause des bancs de sable: ce fait, nous nous retirâmes à Béziers.

Le mardi neuvième décembre 1664, en l'assemblée desdits seigneurs commissaires tenue à Béziers, nousdits experts rapportâmes ce que nous avions vu

et fait depuis l'étang de Tau jusqu'à celui de Ven-
dres, et les assurâmes qu'on pouvoit faire un Canal
de l'un à l'autre, les rivières d'Héraut et d'Orb
étant plus hautes que le terrain, ne pouvant être
retenues en cas de besoin ; que ledit terrain y étoit
fort propre, hors depuis le Moyra jusqu'à l'étang
de Vendres; qu'il est chargé de trois pieds de sable,
et que
le fond est bon; et que pour obvier au gon-
flement que les vents faire audit Canal, il y fau-
droit planter des tamarins : quant à l'étang de
Vendres, que c'est un bassin fort profond, à l'abri
de plusieurs vents, qui serviroit de port, si l'on
approfondissoit le petit Grau pendant six ou sept
cents toises; ce qui n'est pas trop mal-aisé, d'au-
tant que ce n'est que vase et sable; au contraire, le
grand Grau, ou entrée de la mer à l'étang, est
assablé de divers bancs de sable fort difficiles à en-
tamer; d'ailleurs, que sitôt qu'elle seroit ouverte,
la mer l'assableroit de nouveau.

Et pour ce qui regarde le Canal à faire depuis la Robine de Narbonne jusqu'audit étang de Vendres, qu'il n'y avoit rien à douter, vu que la pente y est naturelle, et qu'Aude se décharge dans ledit étang, des inondations de laquelle il faudroit défendre ledit Canal par des fortes chaussées en ses bords.

De façon que si l'on faisoit un port au cap de Cette et un autre à la Franquì, et qu'on joignît lesdits étangs de Tau et Vendres par lesdites rivières d'Héraut et d'Orb, il est constant que la navigation

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seroit très-assurée par mer par lesdits étangs et par lesdits canaux en cette province.

Ledit rapport ainsi fait par nousdits experts, lesdits seigneurs commissaires délibérèrent que nous retournerions à la fontaine de la Grave, point de partage, et d'autant que nous avions déjà dit que les lits de Fresquel et Aude ne pourroient servir à la navigation (que quand même l'on s'en voudroit servir, la dépense seroit aussi grande que de faire une nouveau Canal); que nous chercherions curieusement les chemins plus aisés pour la conduite des eaux desdites rivières hors de leur lit.

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Le mercredi dixième décembre audit an, nousdits experts, en présence desdits seigneurs commissaires, et assistés comme dessus par lesdits sieurs Riquet, géomètres, arpenteurs, niveleurs et autres ouvriers, partîmes dudit Narbonne, et considérant que pour amener les eaux d'Aude par un canal nouveau sous Narbonne, et de-là à la mer, nous n'avions point de plus court chemin que par le vallon de Villedagne, si cela étoit possible; nous nous transportâmes près de la grange de l'Hôpital sur ladite Robine, et y trouvâmes un ruisseau à sec, appelé Voyrez, par où descendent les eaux pluviales dudit vallon à ladite Robine, où nous fîmes poser le niveau, et remontâmes, laissant la fontaine et le village de Montredon à droite, tant et si longtemps que nous arrivâmes au bout audit vallon, tenant toujours la montagne à gauche, avec douze

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