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» Au lieu du Grau de la Nouvelle, ils projetèrent » d'ouvrir un port au cap de la Franqui, et d'y >> conduire une branche du Canal.

>> M. de Bezons propose d'unir l'Aude au Rhône, >> par un Canal le long des côtes.

>> MM. Boutheroue et de Vaurose conçoivent aussi» tôt l'idée de joindre ce nouvel embranchement au » port de Cette, que venoit de projeter le chevalier >> de Clerville.

>> Riquet n'avoit pas soumis de devis à la com» mission, et le premier devis du Canal fut aussi >> l'ouvrage de MM. Boutheroue et Vaurose.

» Dans ce devis, ils proposoient de donner au >> Canal et aux écluses des dimensions assez grandes » pour que les galères pussent naviguer, à travers » les terres, de l'Océan dans la Méditerranée.

>> Riquet, comme il le dit lui-même, n'avoit sou>> mis qu'un dessin peu régulier; et les perfectionne» mens proposés le rendoient inutile. Ce fut sur la >> demande de MM. Boutheroue et de Vaurose, qué » des géomètres et des niveleurs levèrent la route et » déterminèrent les pentes du Canal; qu'Andréossy » et Cavalier dressèrent une carte du Canal, depuis >> 'Toulouse jusqu'à Narbonne, et que Cavalier ré>> digea celles des embranchemens projetés, d'un >> côté jusqu'au cap de la Franqui, de l'autre jusqu'au >> port de Cette et jusqu'au Rhône.

» Tels sont les faits constatés par les procès-ver>> baux des experts et des commissaires du roi et

» Dans ce premier plan, Riquet se contentait » d'unir par un canal, le Lers et le Fresquel, en >> plaçant sur le col de Naurouse son bassin de par>> tage. Il naviguoit ensuite dans le lit des rivières, >> et débouchoit dans la Méditerranée par le Grau » de la Nouvelle.

» Ce n'étoit pas dans ces idées, connues depuis >> long-temps (§. I.), que résidoient le mérite et >> l'invention de ce projet.

>> C'étoit, comme on l'a remarqué dans cette his>>toire, la recherche et la dérivation des eaux de la » montagne Noire qui donnoient au plan de Riquet >> le caractère du génie et de la nouveauté.

» Ce fut en effet une idée ingénieuse, neuve, et » jusqu'alors sans exemple, que celle de conduire >> plusieurs ruisseaux du bassin de la Méditerranée » dans celui de l'Océan, et de les ramener grossis >> par d'autres ruisseaux, dans le bassin de la Médi>> terranée ; de leur faire couper, dans ce trajet, deux >> cols de la chaîne, et de les dériver enfin sur un » troisième col, pour les y distribuer à volonté entre >> les versans opposés.

>>> Tel fut aussi, comme le remarque Riquet lui» même, le but principal de ses recherches, et la » partie de son projet à laquelle il attachoit le plus » d'importance: bon juge, en ce point, de sa véri>> table gloire.

» F. Andréossy, dans une note historique rap>> portée au chapitre premier de l'histoire du Canal

» du Midi, par le général Andréossy, s'attribue le » projet présenté par Riquet en 1664.

» Il n'est pas de mon sujet d'approfondir cette » question, et je me borne à justifier le parti que j'ai » pris dans cette histoire, de présenter Riquet, et » non pas F. Andréossy, comme l'auteur du projet » de 1664. Voici les principales considérations qui » m'ont déterminé.

>> Je n'ai trouvé, dans les procès-verbaux, ni dans » les registres de Colbert, ni dans aucune des pièces >> officielles, rien de relatif à la réclamation de » F. Andréossy.

» Dans la vérification du projet de Riquet, faite >> du 8 novembre 1664 au 19 janvier 1665, F. An» dréossy ne figure que comme un des quatre géo» mètres adjoints aux experts pour les opérations » géodésiques. Il n'y fait que lever le terrain, et >> rédiger, conjointement avec Cavalier, la Carte du » Canal depuis Toulouse jusqu'à la Robine.

» Le général Andréossy paroît croire que Cava>>lier étoit l'homme du roi, et F. Andréossy, » l'homme de l'entrepreneur. Mais il n'y avoit >> point encore d'entreprise. Aucun des géomètres >> ne fut choisi par Riquet. Tous les quatre, >> MM. Andréossy, Cavalier, Pélafigue et Bres» sieux, furent nommés par les commissaires du >> Roi et des Etats (1).

(1) « Ce qui paroît avoir induit en erreur le général An

>> Dans cette commission, c'est Riquet seul qui >> expose le projet de 1664, et sert d'indicateur aux >> experts.

>> Dans le cours des travaux commencés en 1667, » Riquet paroît seul comme auteur du projet et » comme entrepreneur.

» F. Andréossy ne se montre jamais que comme » un des directeurs généraux des ouvrages pour le >> compte de l'entrepreneur. Son district est désigné, >> celui de Castelnaudary. Quatre autres directeurs » généraux, MM. Albus, Gilade, de Cottigny et » Segadènes, ont les districts de Cette, de Béziers, de >> Carcassonne et de Toulouse. Dans la navigation » de 1684, et dans la première visite de Vauban, » en 1686, ce fut M. Gilade qui représenta les en>>trepreneurs.

>> Les auteurs du Dictionnaire militaire de l'En>> cyclopédie méthodique, disent que Vauban, dans

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dréossy, c'est que Cavalier étoit contrôleur des fortifications. » Mais ce n'est point en cette qualité, c'est comme géomètre » qu'il figure dans la commission. Aucun ingénieur, ni le » chevalier de Clerville même, ne fut de la commission. - Je n'ai d'ailleurs trouvé, dans les anciennes archives des » fortifications, aucune particularité sur Cavalier ; tout ce que » je sais, c'est qu'il existe une Carte et description générale » du Languedoc, par Jean Cavalier, d'Agde, conseiller, > ingénieur et géographe du roi, contrôleur-général des fortifications de ladite province; publiée à Paris chez Pierre » Mariette en 1703, trente-neuf ans après la vérification du > projet de Riquet ».

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>> sa première visite du Canal, fut surpris de ne pas » voir les statues de Riquet et d'Andréossy. F. An>> dréossy vivoit encore à cette époque. Riquet étoit >> mort depuis six ans; et Vauban, dans l'exorde de » son mémoire sur le Canal, dit positivement que » l'entrepreneur en fut aussi l'inventeur (1).

» Il y a d'ailleurs, dans la note historique de » F. Andréossy, des erreurs de fait, qu'avant tout >>> il seroit nécessaire d'expliquer.

>> Premièrement, F. Andréossy dit que ce projet, >> terminé en février 1664, fut communiqué par » lui à Riquet, par Riquet à Colbert, et par Col» bert au Roi, qui nomma des commissaires vérifi»cateurs. Mais ces commissaires furent désignés dès >> le mois de février 1664, en vertu d'un arrêt du >> conseil du 18 janvier 1663.

» En second lieu, ce projet, tel qu'Andréossy le >> rapporte, ne comprenoit, en 1664, que le Canal » du Lers au Fresquel; et ce ne fut qu'en 1666,

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(1) « Voici le commencement du Mémoire de Vauban sur » le Canal terminé à Montpellier le 5 mars 1686:

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« Le Canal de la jonction des mers est, sans contredit, le

plus beau et le plus noble ouvrage de cette espèce qui ait été

• entrepris de nos jours, et qui pouvoit devenir la merveille » ́de son siècle, s'il avoit été poussé aussi loin qu'on l'auroit » pu mener ». Et après un court éloge des principaux ou» vrages, il ajoute Mais par le plus grand malheur du monde, on n'a jamais entendu le fond de cet ouvrage, et l'entrepreneur, qui en a été aussi l'inventeur, n'a été ni conduit ni aidé comme il le devoit être ».

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