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de fer les font ressembler moins à des chapelles qu'à des logettes servant autrefois de retraite aux récluses volontaires ou forcées. On cite les noms de quelques dévotes, récluses volontaires, qui se sont ainsi séquestrées du monde dans cés tristes réduits.

C'est Jeanne la Vodrière, qui s'y enferma le 14 octobre 1442; Alix la Bourgotte, qui y mourut le 29 juin 1466, et, quoiqu'une statue en bronze d'Alix la Bourgotte ait été longtemps adossée à l'un des piliers de la chapelle de la Vierge de l'église des Innocents, la plus célèbre de ces femmes dévotes, s'emprisonnant volontairement et faisant vœu de n'en sortir jamais, était sans doute Agnès de Rochier.

Le 5 octobre 1403, Agnès de Rochier, fille d'un riche marchand de Paris, demeurant rue Thibautodé, se fit recluse à l'âge de dix-huit ans, et mourut dans sa cellule à quatre-vingt-dix-huit ans.

Parmi les recluses forcées, on cite : Jeanne Pannoncelle, pour laquelle l'official de Paris força les marguilliers de l'église des Innocents à bâtir une logette; et Renée de Vendômois, femme noble, adultère, voleuse, qui fit assassiner son mari, Marguerite de Saint-Barthélemy, seigneur de Souldai. Le roi, en 1445, lui fit gråce de la vie, et le parlement la condamna à demeurer perpétuellement recluse au cimetière des Innocents.

Près de ce chevet, de ces logettes auxquelles on n'arrive que par un long couloir ayant son entrée par le numéro 2 des maisons qui forment la rue du Pourtour-Saint-Gervais, on voit encore aujourd'hui, tracée sur la muraille, une marque rouge ayant la forme d'une croix, et qui a résisté à l'action du temps.

Cette marque était l'auréole sanglante faite autour d'une croix en fer qui, faiblement retenue par quelques clous dont la rouille avait fait éclater le mur, fut enlevée par des enfants, ne se doutant guère de la profanation qu'ils commettaient. Cette croix marquait l'endroit où, dans une immense fosse, furent jetés pêle-mêle les corps de quatre cent soixante-quinze calvinistes, tombés victimes des massacres de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572.

EGLISE NOTRE-DAME-DE-BONNE-NOUVELLE. En 1551, sur l'emplacement où est bâtie l'église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, existait une chapelle dédiée à saint Louis et à sainte Barbe. Pendant les troubles de la ligue, en 1593, cette chapelle fut rasée pour construire

les fortifications lors du siége de Paris par Henri IV. En 1624, une nouvelle église fut construite, pour remplacer cette chapelle, sous l'invocation de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle. Elle a été remplacée elle-même par l'église actuelle, presque entièrement reconstruite sous la Restauration. Le portail, d'ordre dorique, est décoré de pilastres, de deux colonnes, et ne présente qu'une lourde masse. L'intérieur est divisé en trois nefs non voûtées, séparées par des colonnes d'ordre ionique, Le maître-autel est placé dans un abside. Rien de remarquable ne caractérise ce monument.

EGLISE SAINT-VINCENT-DE-PAUL. Cette église, située rue et place Lafayette, est construite sur une éminence que dominait autrefois un belvéder dépendant du clos Saint-Lazare, où se retirait souvent saint Vincent de Paul.

Elevé à plus de huit mètres au-dessus du sol de la place Lafayette, qui elle-même s'élève en terrasse, ce monument domine tous les quartiers qui l'avoisinent. Pour arriver plus commodément au parvis de l'église, deux larges escaliers de soixante marches et de vastes rampes, disposées en amphithéâtre, forment un double fer-à-cheval, et avec des pentes douces, on facilite l'abord aux piétons ainsi qu'aux voitures. La façade de l'édifice, de 37 mètres de largeur, est précédée d'un porche de six colonnes de front, d'ordre ionique, sur une profondeur de trois entre-colonnements.

La porte principale est revêtue de fonte, ornée des figures des douze Apôtres, accompagnées d'anges, au milieu d'enroulements de fruits et de fleurs. La frise et l'imposte sont décorées par les symboles des quatre Evangélistes et le Saint-Esprit; au-dessus est la figure du Redempteur, entre deux riches compartiments à jour. Sur le fronton, au centre, entre les statues de la Foi et de la Charité, est l'image de saint Vincent de Paul. Des deux côtés de la colonnade, deux clochers ou tours carrées, portant chacun un cadran, l'un indiquant les heures, l'autre le quantième du mois, s'élèvent à 54 mètres au-dessus du niveau de la place Lafayette. Une vaste terrasse, d'où l'œil domine sur toute la capitale et découvre un magnifique panorama, est au-dessus du fronton, entre les deux clochers. Les statues des Evangélistes décorent le parapet, entrecoupé de quatre piédestaux, et ornent les niches pratiquées entre les deux clochers.

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Quatre rangs de colonnes, distribuées deux par deux, partagent en cinq parties la largeur intérieure du monument. La partie centrale forme la nef. Les deux divisions intermédiaires, les bas-côtés et les deux dernières, forment les chapelles, au nombre de huit.

La largeur de la nef et les bas-côtés sont occupés à la fois par l'abside. Tout autour de la nef et de l'abside, sur une longueur de 170 mètres, se développe une frise d'environ 3 mètres de haut. Audessus, sur les deux parties latérales de la nef, un second rang de colonnes corinthiennes forme de hautes tribunes. Une suite de médaillons, sur une frise de 2 mètres de hauteur, décore ce second ordre. La longueur intérieure de l'église est de 90 mètres. La hauteur du plafond de la nef approche de celle des voûtes des cathédrales gothiques. Suivant dans sa forme les deux rampants du comble, ce plafond est divisé en douze compartiments décorés de caissons en forme de croix et d'étoiles, incrustés en bois de chêne sur sapin, rehaussés par des fonds rouge et azur ornementés en or.

De grandes verrières décorent cette église qui, commencée en 1826, n'a été livrée au culte que près de vingt ans après.

En 1851 elle reçut d'importants embellissements. La coupole, le chœur et les bas-côtés furent couverts de peintures murales, et un grand et bel orgue, du prix de plus de cent mille francs, fut placé audessus de la porte principale, dans l'intérieur de l'église.

A l'extérieur, et dans chacune des tours carrées qui surmontent cet édifice religieux, une horloge fut établie. Elle indiquait l'heure et les minutes, sur un cadran posé sur la face principale de la tour de droite. Un deuxième cadran de même dimension, placé sur la tour de gauche, indiquait, au moyen d'une transmission de mouvement, le quantième du mois et les jours de la semaine. Enfin, un troisième cadran, indiquant les heures et les minutes dans l'intérieur de l'église, était suspendu, vis-à-vis l'entrée principale, au haut de l'entrecolonnement du milieu.

Depuis quelques années d'importantes réparations avaient été faites aux grandes orgues des principales églises de Paris, et dans le cour de 1850 et 51, à celles de Saint-Paul, Saint-Louis, Sainte-Elisabeth et Saint-François d'Assises. Aussi le diocèse de Paris pouvait-il se flatter de posséder alors quelques-uns des instruments les plus com

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