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En 1852, le Petit-Luxembourg devint la demeure officielle du prince Jérôme Bonaparte, président du sénat.

Le jardin du Luxembourg, décoré de statues, embelli dans toutes ses parties, est devenu, à cette époque, le plus beau jardin public de Paris.

CONSERVATOIRE DES ARTS ET MÉTIERS. Il y a quelques années, le Conservatoire des Arts et Métiers n'était qu'un amas d'édifices et de vieux monuments tombant en ruines, et où étaient entassés les modèles des machines et des métiers, produits de l'industrie française. Aujourd'hui, c'est un des plus grands et des plus beaux palais de la capitale.

Le Conservatoire occupe, dans son entier, les bâtiments de l'ancien prieuré de Saint-Martin-des-Champs, dont la fondation remonte aux rois mérovingiens.

D'abord, patron des Francs, saint Martin devint, après sa mort, le saint le plus révéré de son temps. Sa chape était portée aux armées comme le palladium de la France. On éleva à ce saint une église qui prit le nom de basilique, et, l'an 629, Dagobert lui accorda une foire qui devint rivale de celle de Saint-Denis, et dont le champ fut fixé sur un chemin conduisant de la Cité en un lieu nommé le Pas-SaintMartin, et situé à l'endroit où commence aujourd'hui la rue du VertBois.

Lors de la fameuse invasion des Normands, la basilique fut détruite. En 1060, Henri Ier en ordonna la reconstruction, et, en 1067, elle fut desservie par des chanoines régaliens qui, disent les chroniques, vivaient déshonnêtement et faisaient mauvaisement le service.

En 1079, des moines de Cluny succédèrent à ces chanoines égrillards, et le monastère, qui portait le nom d'abbaye, reçut celui de prieuré.

En 1702, on reconstruisit le cloître, et l'on båtit les maisons qui bordent la rue Saint-Martin, depuis le corps de garde jusqu'à la fontaine de la Tour, et qui, après 150 ans d'existence, furent démolies pour l'exécution des magnifiques plans de l'architecte du Conservatoire, M. Léon Vaudoyer, chargé d'agrandir, de restaurer et d'approprier les bâtiments de ce palais.

Le portail est remarquable par l'élégance des coupes et l'ornemen

tation. Ce portail, tout à fait monumental, est décoré de frontons et de cariatides. Sur la frise, on lit:

CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET MÉTIERS.

Il donne entrée à la grande cour d'honneur. En face, se trouve la nouvelle entrée des galeries, précédée d'un splendide perron. A gauche, est le nouveau bâtiment, où sont organisés les amphithéâtres de dessin; et, à droite, l'ancien et merveilleux réfectoire des moines, contemporain de la Sainte-Chapelle du Palais de Justice, restauré, embelli, peint, décoré, boisé, à la manière bysantine. La voûte, d'une hardiesse infinie, est soutenue par des colonnes d'une ténuité telle, que la voûte semble devoir s'abimer sur la tête des visiteurs. Cette pièce, d'un aspect aussi riche qu'imposant, est destinée à recevoir la bibliothèque. Les vitrines, fort remarquables, sont ce qu'on nomme vulgairement des grisailles. Le plancher, dans toutes les parties qui longent la bibliothèque, est une mosaïque en carreaux émaillés du XIIIe siècle.

La partie la plus originale du réfectoire est la chaire de lecture des moines, avec un escalier incrusté dans le mur. Sur le mat qui s'élève au-dessus de la porte d'entrée, ferrée à la manière du temps, sont quatre figures et deux médaillons représentant l'Art, la Science Physique, la Chimie, la Plastique et la Couleur.

L'ancienne et curieuse église, construite sans un seul pilier, pilastre ou colonne, est devenue le sanctuaire de l'hydraulisme et des machines à vapeur. Au haut de la tour, on a même établi un appareil hydraulique pour faire des expériences en grand.

L'abside et le vaisseau de l'église datent du XIIIe siècle. En 1793, lorsqu'elle fut saccagée, elle avait son maître-autel décoré d'après les dessins de Mansard. On y voyait un tableau représentant une Nativité, par Vignon. Le choeur, la nef et le réfectoire offraient des tableaux de Lemoine, de Jouvenet, de Sylvestre, d'André, etc.

On y voyait aussi les sculptures de Guillaume Postel, de Philippe de Morvilliers, de Jeanne de Droe, sa femme, et de Pierre de Morvilliers, chancelier de France, leur fils.

Outre les laboratoires, bibliothèque et amphithéâtre, voici la liste de ses galeries complétément réorganisées :

Rez-de-chaussée.-1° Galerie des poids et mesures de tous les temps

et de tous les pays;

2o Galerie des métiers à tisser;

3o Galerie d'instruments agricoles.

Premier étage. 4o Grande galerie des modèles d'usine, machines

à vapeur, etc.;

--

5° Galerie des matières premières;

6° Galerie de la céramique;

7° Galerie de physique;

8° Galerie d'horlogerie;

9o Galerie géométrique et d'instruments de précision;

10° Galerie de tours;

11° Galerie d'optique;

12° Galerie d'objets divers.

Le tout à peu près de deux kilomètres de dévoloppement.

Sur la façade donnant sur la cour, l'architecte a fait placer les quatre inscriptions suivantes :

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Le grand projet du gouvernement est d'isoler complétement le Conservatoire des Arts et Métiers, au nord-ouest, par la rue SaintMartin; au nord-est, par la rue du Vert-Bois; et au sud, par la rue Vaucanson. Cette dernière rue serait prolongée et alignée jusqu'à la rencontre de la rue Réaumur (ancienne rue Royale), et enfin, au sud-ouest, par la rue Royale.

Une fois terminé, le Conservatoire, indépendamment de toutes les machines et de tous les métiers destinés à l'industrie française, pos

T. VII.

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113 mètres de développement; à droite et à gauche, deux bâtiments en ailes faisant façade, l'un sur la rue de Poitiers, l'autre sur la rue Belle-Chasse; deux autres corps de bâtiments intermédiaires s'élevant à droite et à gauche d'une cour entourée de portiques à arcades; deux autres cours secondaires, séparant chacun des bâtiments intermédiaires de chacune des deux ailes; tel est ce palais à l'extérieur. Des sculptures décorent les diverses façades; des colonnes soutiennent les galeries et les portiques; de larges escaliers conduisent aux différentes parties de l'édifice, dont le style architectural est à la fois plein d'élégance et de noblesse.

ARC DE TRIOMPHE DE L'ETOILE. Avant de parler du plus magnifique arc de triomphe des temps modernes, il n'est pas sans intérêt de jeter un regard sur l'origine et la description de ces monuments.

Les Romains furent les premiers qui construisirent des arcs de triomphe. Dans l'origine, ces arcs ou portes triomphales, construits en bois, étaient élevés en l'honneur des généraux auxquels le triomphe avait été décerné. Ils étaient surmontés de trophées d'armes enlevées à l'ennemi, et de la statue du triomphateur. Les images symboliques des villes et des nations vaincues ornaient les piedsdroits et étaient suspendues à la voûte; des espaces étaient ménagés pour placer des musiciens et des hommes chargés de trophées.

Plus tard, on voulut donner aux arcs de triomphe un caractère plus imposant; on voulut qu'ils fussent, en quelque sorte, une page d'histoire destinée à porter à la postérité le récit des hauts faits sous l'inspiration desquels ils avaient été élevés. Le bois fut remplacé par la pierre, le marbre, le bronze et les matières les plus précieuses; l'architecture et la sculpture prodiguèrent toutes les ressources de leur art, pour les transformer en monuments durables.

Les arcs de triomphe furent d'abord destinés à consacrer et perpétuer la mémoire de triomphes militaires; mais, plus tard, la flatterie des cours en fit le simple piédestal de la statue des empereurs.

Quelques détails sur les plus grands triomphes existants, de l'antiquité et des temps modernes, pourront servir de point de comparaison pour apprécier les proportions colossales du monument dont nous devons donner l'historique et la description.

A Rome, l'arc de Constantin, qui, par ses dimensions, dépasse

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