Page images
PDF
EPUB

tion, de la nouvelle construction dont les lignes devaient être en rapport avec l'architecture de l'Hôtel de Ville.

Le plan arrêté comprenait un polygone de 8,247 mètres, dont la ligne parallèle à l'Hôtel de Ville serait à 40 mètres de la grille. Les façades latérales devaient être perpendiculaires à cette ligne; l'une au nord, ménageant la rue nouvelle, a 23 mètres de largeur, à l'alignement de la rue de Rivoli; et l'autre, au sud, a 24 mètres de distance d'une ligne d'axe réunissant le portail de Saint-Gervais, au milieu de la partie sud-est de l'Hôtel de Ville. Cette disposition normale à ce dernier monument, dont la façade a une grande largeur, convenait aussi bien, sous le rapport de la circulation de la rue du Pourtour au quai, que pour l'aspect général des deux monuments. Son biais était moins disgracieux, la façade Saint-Gervais étant peu étendue.

La nouvelle caserne devait être disposée de manière à contenir au moins deux mille hommes. L'installation d'une force permanente sur ce point de la capitale était une précieuse garantie d'ordre public et avait, en outre, l'avantage d'éviter au monument municipal et aux services administratifs les inconvénients d'un casernement intérieur tel qu'il existait depuis 1848.

Le 25 avril 1852, en creusant le sol à une certaine profondeur pour asseoir les fondements de cette nouvelle caserne, les ouvriers mirent à découvert les restes d'une ancienne construction circulaire qui paraît remonter à une haute antiquité, On y reconnait assez facilement encore les assises inférieures d'une de ces tours rondes et carrées, placées alternativement, et qui faisaient partie des anciennes fortifications de Paris.

La première des enceintes, construites sur la rive droite de la Seine, où le quartier, proprement appelé la Ville, avait pris d'assez grands développements, est celle de Philippe II, qui remonte à la fin du Souzième siècle. Cette muraille passait précisément derrière l'Hôtel de Ville, près du cloitre de Saint-Jean-en-Grève, église qui a été vendue comme propriété nationale, le 17 nivòse an VIII, et démolie peu de temps après. Quelques-unes de ces tours destinées à protéger la première enceinte de Paris, au nord, subsistaient encore à la fin du dix-septième siècle. Sauval dit que l'on voyait, de son temps, les deux étages d'une vieille tour carrée qui avait servi de synagogue aux

israélites à une époque très-reculée. Le peuple, par dérision des cérémonies de la religion juive, avait donné à cette tour le nom d'hôtel du Pet-au-Diable. Le souvenir, comme le nom, s'en est également perpétué jusqu'à nos jours, car la rue où se voyaient ces vestiges de l'enceinte de Philippe II a successivement porté les noms du Pet-auDiable, du Chevet, du Cloître et du Tourniquet-Saint-Jacques. L'emplacement de la plus grande partie de cette voie publique se trouve aujourd'hui confondu dans le parcours de la rue Lobau.

En avril 1852, en creusant les fondations qui longent la place SaintJean, on trouva aussi, sous des voûtes en pierre, des ossements humains en grande quantité, des débris de vieilles armures de chevahers, des morceaux de fer oxydés ayant la forme de haches et de masses d'armes.

C'était là que s'élevait, au dix-septième siècle, le fameux cabaret de la Bouteille-d'Or. Ce cabaret occupait une maison de la place du Cimetière-Saint-Jean, à l'enseigne du Mouton. Cette place devait son nom à une petite église dont la façade était entièrement masquée par l'Hôtel de Ville de Paris, et qui dépendait de la paroisse Saint Gervais.

Le cabaret du Mouton était habituellement fréquenté par Boileau, Racine, Furetière, La Fontaine, Chapelle, l'avocat Mauvillain, le conseiller Brillac et autres beaux esprits.

Or, un jour Racine ayant été dépossédé du prieuré de l'Epinay, après un interminable procès, que ni lui ni ses juges n'entendirent, pour se venger de ses juges, voulut faire une imitation libre des Guépes d'Aristophane, et communiqua son projet aux joyeux convives du cabaret du Monton. Inter pocula et scyphos, on se mit à l'œuvre avec enthousiasme. Brillac et Mauvillain apportèrent au travail collectif un contingent de connaissances techniques. Boileau fournit les détails de la scène VII, entre Chicaneau et la comtesse de Pimbêche, scène qui s'était réellement passée chez son frère le greffier, entre un parent du satirique et la comtesse de Crissé, célèbre plaideuse interdite par le Parlement; Racine, Aristophane aidant, fit le reste, et la célèbre comédie des Plaideurs fut faite.

CASERNE DES PETITS-PERES.- La nouvelle rue de la Banque, qui va de la rue Neuve-des-Petits-Champs à la place de la Bourse, allait être

une des rues les mieux dotées de Paris en fait de monuments. En première ligne était l'hôtel du Timbre, la mairie du 3e arrondissement, et la caserne dite des Petits-Pères, qui allait s'élever sur le plan de M. Grizard.

La nouvelle caserne devait occuper tout ce qui restait de l'emplacement de l'ancien couvent des Petits-Pères (augustins réfor més). Ce couvent, qui datait du commencement du dix-septième siècle, était riche en ouvrages d'arts et possédait une bibliothèque de 40,000 volumes, avec un cabinet de médailles d'antiquités, d'his toire naturelle et de tableaux du Guerschin, del Sarto, Caravache, Vandermeusen, Porbas, Ribera, Wouvermans, Stella, etc.

Le 9 décembre 1629, Louis XIII posa la première pierre de leur église et voulut qu'elle fût sous l'invocation de Notre-Dame-desVictoires, en mémoire de celles qu'il avait remportées sur les ennemis de la religion et de l'Etat (lisez les protestants).

Cette caserne était destinée à loger deux compagnies de la garde municipale. Elle se composait de deux grands corps de logis, l'un sur la rue de la Banque, l'autre sur celle Notre-Dame-des-Victoires. Dans ce dernier devaient être logés les officiers de ce magnifique corps.

Une vaste cour, avec bâtiments à droite et à gauche, occupait l'intervalle entre les deux corps de logis; ils étaient destinés, ainsi que celui de la rue de la Banque, au logement des deux compagnies.

Une cour de service isolait de l'église ces bâtiments qui, du côté de la Banque, se reliaient aux bâtiments de la nouvelle mairie.

Au rez-de-chaussée et à l'entresol de cette portion de la caserne, devait être établi le bureau de bienfaisance avec sa cour particulière, et communiquant, ainsi que la caserne, à celle de la mairie, par un passage commun.

Cette caserne, d'un style grave et sévère, formait, avec le Timbre" et la mairie, dont les proportions architecturales sont du plus bel effet un ensemble qui donnait à la rue de la Banque un aspect tout particulier.

Les premiers projets de cette caserne remontaient à 1845; ils étaient sur le point d'être mis à exécution dans des proportions toutefois beaucoup moins considérables, lorsque les événements de 1848

étant survenus, on ne s'en occupa plus. En 1850, la nécessité d'établir près de la Bourse, et à proximité de la Banque, une force armée imposante, ayant été reconnue, M. le préfet de la Seine obtint alors du domaine la concession d'une portion de terrain qui, jointe à celle déjà concédée, et sur laquelle on avait dressé le premier projet, a permis de donner à ce édifice toute l'importance désirable.

Les projets, approuvés par le ministre de la guerre, et présentés ensuite au Conseil municipal, furent adoptés, et l'exécution en fut votée moyennant une dépense d'environ 1,300,000 francs. Les travaux allaient être poussés avec activité, de manière à ce que la garde républicaine pût prendre possession de la nouvelle caserne dans le courant de 1853.

[ocr errors]

CASERNE DES CÉLESTINS. Sur l'emplacement de l'ancienne église des Célestins, la caserne de ce nom fut occupée en 1848 par la première garde républicaine. Les fouilles que l'on y fit en 1847 et 1848 produisirent des résultats moins importants qu'on ne l'avait espéré. Elles mirent cependant à découvert un certain nombre de cercueils, de pierres tumulaires et d'inscriptions; quelques fragments d'archiecture, de peinture et de sculpture; des bijoux, des monnaies et des poteries de diverses époques. Parmi les inscriptions retrouvées, on peut citer celle qui était gravée sur la pierre de fondation de la chapelle, et qui fixe la date de cette fondation au 24 mai 1365. Une des tombes les plus intéressantes était celle d'Anne de Bourgogne, fille de Jean-sans-Peur, duc de Bourgogne, et femme de Jean, duc de Bedfort, morte en l'hôtel de Bourbon, près du Louvre, le 13 novembre 1432, à l'âge de 28 ans. Une commission des comités historiques, chargée d'examiner ces objets d'antiquité, terminait ainsi son rapport:

« Ce travail serait plus complet s'il était accompagné d'un plan indiquant le mouvement quotidien des fouilles; les relevés nécessaires avaient été faits dans ce but. Mais, quand la caserne des Célestins fut occupée par la garde républicaine, le bureau des architectes fut bouleversé, et la plupart des documents recueillis ne se retrouvèrent plus. On ne respecta pas davantage les cercueils qui avaient été déposés à la suite du bureau des architectes. Les restes qu'ils contenaient, et qui avaient échappé à la violation de 1793, fu

rent tirés de leurs linceuls et dispersés par la révolution de 1848. Il ne fut pas possible dès lors de les déposer dans l'église Saint-Paul, ainsi que la commission en avait d'abord eu le projet; en conséquence, ils furent transportés à l'ossuaire de l'Ouest avec les ossements découverts dans les fouilles. Toutefois quelques-uns de ces ossements, qui offraient de l'intérêt sous le rapport de l'anthropologie ou de la science anatomique, furent donnés au Muséum- d'histoire naturelle.

« Quant aux restes de la duchesse de Bedfort, la commission avait pensé qu'ils devaient être remis à l'Angleterre; mais, sur les ouvertures qui furent faites à ce sujet au premier ministre de la GrandeBretagne, il fut répondu que des restes appartenant à une princesse du sang royal français ne devaient pas être déposés à Westminster. La commission s'occupa en conséquence de les faire transporter dans les caveaux de Saint-Denis. Les divers objets d'art et d'antiquité furent remis au musée de Cluny; les niches qui décoraient la façade de l'église, et qui, autrefois, avaient renfermé les statues de Charles V, roi de France, et de la reine Jeanne de Bourbon, sa femme, furent transportées à l'église Saint-Denis, qui possédait déjà les deux statues précitées. »>

Places.

PLACE DU PANTHEON. Depuis longtemps, la place du Panthéon demandait à être régularisée. En 1851, on acheva les derniers travaux de régularisation de cette place. Dès ce moment, tout fut complet aux abords de ce magnifique monument. Le spectateur qui se pose au centre de la place, en face du péristyle du Panthéon, voit se développer à droite et à gauche deux terre-pleins qui isolent l'édifice des constructions latérales par un espace de 40 mètres. A gauche se fait remarquer la masse imposante de la nouvelle bibliothèque, qui escorte dignement le Panthéon; au devant du péristyle, les bâtiments de la Mairie et de l'Ecole de Droit terminent par une courbe l'encadrement architectural de la principale partie de cette place.

Les travaux que l'on exécuta consistaient dans le nivellement du sol de la partie gauche, dans le pavage et dans la construction d'un grand égout. Le développement de cette partie était de 190 mètres de

« PreviousContinue »