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En même temps, on commença la démolition de tous les vieux bâtiments du palais de l'Elysée - National, formant les postes, les écuries et les communs situés à l'angle de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, de la place Beauveau et de l'avenue de Marigny. De belles et simples constructions, en harmonie avec le palais de la Présidence, remplacèrent ces baraques, qui craquaient de toutes parts.

Dans ces moments, où plus de cinq cents maisons allaient disparaître, voici les moyens expéditifs employés pour procéder aux démolitions: aux extrémités de la muraille qu'ils voulaient abattre, les ouvriers préparaient deux tranchées de la hauteur du mur, et, au moyen de trois crics reliés entre eux par des plates-formes, ils poussaient avec tant d'ensemble, que le mur était renversé du sommet à la base au bout de quelques minutes. Au moyen de cette opération, en une heure, cinq hommes font autant de travail que dix maçons en dix jours, à l'aide de la pioche et du marteau.

Les chiffres suivants peuvent donner une idée des immenses travaux de grande voirie exécutés depuis trente-six ans.

De 1816 à 1830, affecté à l'agrandissement de la voie publique 10,250,000 francs.

De 1831 à 1840, pendant une période d'un tiers moins longue, il y a été employé environ 18,000,500 francs.

Depuis lors, la proportion annuelle a été plus forte encore; elle prit même un nouvel essor en 1848, et en 1852 elle dépassa tout ce qu'il était permis d'attendre.

Un résumé succinct des ressources et des charges financières de la ville de Paris, depuis 1797 jusqu'à 1851, complétera cet aperçu.

Le point de départ de cette comptabilité est le relevé d'un compte de dépenses départementales et communales rendu, sous le régime de la Constitution de l'an III, par les administrateurs du département de la Seine, en exécution de l'article 22 de la loi du 27 vendémiaire an VII.

Les détails de ce curieux travail nous conduiraient trop loin; nous nous bornerons à constater les résultats généraux.

En 1800, tout était à faire. La ville alors n'avait qu'une branche importante de revenu, l'octroi, dont la recette s'élève à 11,560,529 fr. 10 centimes. Les autres branches ne rapportent même pas 1 million,

puisque toutes les recettes ordinaires et extraordinaires s'élèvent à 12,530,739 francs 67 centimes.

Si les ressources sont faibles, les charges sont encore plus restreintes; on ne connaissait pas encore en 1800 cet art à la fois utile et dangereux de se constituer des revenus actuels en grevant l'avenir. La plus forte dépense était celle des hôpitaux et hospices, pour lesquels, indépendamment de leurs ressources propres, la ville consacrait une subvention de 4,359,453 francs. Au second rang, se présentaient les frais d'administration de la police, s'élevant, tant pour le personnel que pour le matériel, à 2,167,850 francs, et les frais de perception et d'exploitation, s'élevant à 1,944,846 francs. Point de garde municipale mercenaire, et la garde nationale, qui la suppléait, pour toute force publique, coûtait d'entretien seulement 16,325 francs. Les frais des bureaux de la préfecture de la Seine, qui était en même temps la mairie centrale, ne dépassaient pas 18,000 fr.; ceux des mairies d'arrondissement, 302,885 francs. Malheureusement, le cadre de ce même budget ne comportait encore pour l'instruction publique que 32,584 fr., et pour travaux municipaux de tous genres que 113,000 francs au plus. L'ensemble du compte des dépenses n'allait qu'à 11,216,117 francs 25 centimes; mais aussi point de dettes; il y avait même un petit boni sur l'exercice suivant.

Si nous passons maintenant aux comptes de 1825, que trouvonsnous?

Dans l'évaluation des recettes ordinaires, l'octroi a été porté, indépendamment des taxes additionnelles de toute nature, à la somme de 21,000,000 de francs; les autres produits élevaient le montant de ces recettes à 23,030,607 francs 98 centimes. Les recettes extraordinaires atteignaient le chiffre de 19,635,261 francs 60 centimes, et, sous le titre de recettes particulières, figurait le produit de la ferme des jeux, ce produit immoral, que l'administration d'alors se félicitait de voir tombé à 5,703,439 francs, de 9 millions passés qu'il rappor tait sous l'Empire. La masse générale des voies et moyens était de 48,317,142 francs 67 centimes, et l'ensemble des dépenses montant à 48,317,142 francs 67 centimes, le compte final présentait un excédant de 52,167 francs. Voici quelle situation municipale correspon dait à cet état financier :

Les eaux de la rivière d'Ourcq étaient arrivées à La Villette, et le canal Saint-Denis, alimenté à ce point de partage, avait ouvert au commerce son importante navigation. L'administration avait terminé l'acquisition de tous les terrains qu'elle s'était engagée à livrer à la compagnie concessionnaire du canal Saint-Martin; les travaux étaient conduits avec activité sur toute la ligne. Déjà les eaux étaient versées dans les premiers biefs et dans la moitié du développement du canal. Le palais de la Bourse était à la veille de s'ouvrir; l'Entrepôt des vins s'achevait, d'importants marchés avaient été livrés au public, cinq abattoirs avaient été créés. On inaugurait l'entreprise des trottoirs. Beaucoup d'argent était consacré à l'élargissement des rues ou à l'ouverture des rues nouvelles, mais encore plus peut-être en construction ou réédification de monuments religieux, en frais d'administration et de surveillance par la police et la force armée. Le budget de la préfecture de police se balance par près de 3 millions, et celui de l'entretien de la gendarmerie royale à plus de 2 millions, tandis que la subvention accordée à l'instruction publique, tant primaire que secondaire, n'est que de 248,000 francs.

Nous entrons dans la troisième période. De 1843 à 1846, les recettes de la ville de Paris ont atteint au chiffre de 60 à 62 millions. Dire comment cet énorme budget a été dépensé, ce serait raconter l'histoire même de nos jours; car les recettes de 1850 ont aussi été de 61,930,707 fr. 50 c., c'est-à-dire à peu de chose près l'équivalent des meilleures années du règne de Louis-Philippe, et quant à la dépense, en bien comme en mal, elle est calquée sur les traditions de l'administration du temps de MM. de Rambuteau et Delessert. En 1846, comme en 1850, de nombreux et importants travaux s'entreprennent ou sont conduits à terme, près d'un million et demi de francs sont appliqués à l'instruction, plus de 7 millions sont consacrés à l'assistance publique; mais le budget du préfet de police dépasse 7 millions; mais l'entretien de la force armée municipale se monte à 1,200,000 francs; mais la mairie centrale absorbe pour ses bureaux plus de 700,000 francs à ajouter aux 520,000 francs que coûtent les mairies d'arrondissement.

Voici la récapitulation générale des dépenses groupées suivant les époques :

De l'an VI à 1815, époque napoléonienne .
De 1816 à 1830, période de la Restauration
De 1831 à 1848, période de la monarchie élective.
1849 et 1850,

Total de l'an VI au 1er janvier 1851.

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412,251,092 76

684,612,258 59

854,555,702 74

120,574,985 13

2,071,994,039 22

Ainsi, dans une période de 53 ans (environ le demi-siècle), Paris, à lui seul, a absorbé plus de 2 milliards.

Ces dépenses ont été, en définitive, acquittées par l'impôt; mais une partie des ressources qui les ont alimentées ont eu pour origine des emprunts.

Les emprunts ont eu deux causes: l'entreprise de grands travaux ou le solde de travaux rachetés, et des événements de force majeure. Dans la première classe figurent les constructions ordonnées, de 1809 à 1812, par le gouvernement impérial, telles que les halles et marchés, le palais de la Bourse, les lycées, les abattoirs, le canal de l'Ourcq, et pour l'achèvement ou le complément desquels, sous la Restauration, il fallut aussi emprunter. Nous rangerons encore dans la première catégorie les annuités récemment souscrites par la ville pour le rachat des ponts à péage.

Dans la seconde catégorie s'alignent les frais tombés à la charge de Paris par suite de l'occupation étrangère en 1814 et 1815, de la disette de 1816, de la révolution de Juillet, et de la révolution de Février.

6,686,000 f. » c.

Voici le relevé des dettes contractées pour paiement de travaux : De 1809 à 1810, prêt du domaine extraordinaire. De 1811 à 1831, vente de maisons des hospices, ou affectation de ces maisons à des services pu

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1812, 1825, 1829, prêts du Mont-de-Piété. 1822 à 1823, constitution de 400,000 francs de rentes.

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1823, création de bons pour l'achat des terrains du canal Saint-Martin.

.

Depuis 1848:

Annuités pour rachat des ponts d'Austerlitz, de la Cité et des Arts, jusqu'en 1897.

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Id. pour le pont du Carrousel, jusqu'en 1867. Id. pour les ponts de l'Archevêché, d'Arcole et des Champs-Elysées, jusqu'en 1876 .

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Id. pour le pont de la Réforme, jusqu'en 1886. Annuités dues au Trésor pour le 10 p. 100 des produits nets de l'octroi, de 1843 à 1848 inclusivement

Acquisitions d'immeubles faites à terme pour le dégagement de l'Hôtel de Ville au nord et à l'est.

Les événements de force majeure ont nécessité :
Pour fournitures aux troupes étrangères en 1814:
Une cotisation municipale remboursable.
Pour fournitures aux troupes étrangères en 1815:
Négociation de 212,000 fr. de rente.

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4,000,000 f. »

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Emprunt sur le dépôt de rente
Bons à échéance.

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Approvisionnement de réserve et dotation d'une

caisse syndicale des boulangers :

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Bon de la caisse syndicale acquitté après sa suppression.

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En 1847, 31 millions d'annuités destinés à éteindre les dettes de 1815. Les dernières sont échues en 1829. Nous ne les portons point ici pour ne pas faire double emploi.

A reporter.

T. VII.

11,000,000

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