MONOGRAPHIE DE QUELQUES-UNES DES RUES QUI ONT DISPARU PAR SUITE DES GRANDES DÉMOLITIONS OPÉRÉES A PARIS DE 1850 A 1854.

Le percement et le prolongement de la rue de Rivoli, l'achèvement du Louvre, la régularisation de la place du Palais-Royal, la construction de la caserne de Rivoli, derrière l'Hôtel de Ville, l'agrandissement de la place de Grève avaient nécessité la démolition du vieux Paris sur une longue ligue parallèle à la Seine, qui s'étendait de la place Louis XV à la place du Marché-Saint-Jean, et qui, sur quelques points, atteignait une largeur de plusieurs centaines de mètres.

Dans ce vaste emplacement, qu'en quelques années avait nivelé le marteau du démolisseur, et où d'élégantes et somptueuses constructions avaient peu à peu remplacé de hautes lignes de maisons bordant des rues étroites, tortueuses et boueuses, s'étaient successivement passé des drames plus ou moins connus, plus ou moins oubliés, et qui, la plupart, peuvent ajouter quelques teintes à la physionomie de ce vieux Paris, qui, d'ici à quelques années, ne vivra plus que dans l'histoire.

Il en était de même des démolitions nécessitées pour la construction des halles centrales et la rectification des rues qui devaient y aboutir. La Cité, ce vieux berceau de Paris, avait elle-même été transformée, presque en entier, par le percement de la rue de Constantine, le dégagement des abords du Palais de Justice, l'élargissement de la rue de la Cité, la démolition de l'ilot de maisons du Marché-Neuf, etc., etc.

Dans cet ensemble de démolitions, cent trente rues, des halles, des marchés, des places avaient disparu en tout ou en partie, soit pour en percer sur leur emplacement de nouvelles, soit pour rectifier l'alignement des anciennes.

C'étaient :

Les rues Saint-Denis et Saint-Martin, entre le quai et le marché des Innocents;

Le marché des Innocents, converti en une grande place plantée;

La halle aux Draps, coupée en face de la rue Lenoir, pour ouvrir un passage sous des arcades;

Les halles à la Viande, au Poisson, à la Verdure disparaissent ent.èrement pour faire place aux nouveaux corps de halles;

Les rues Perrin-Gasselin, Saint-Germain-l'Auxerrois, pour rectifier l'alignement entre la place du Châtelet et la rue de l'ArchePépin;

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du Paon;

du Mûrier;

de Saint-Nicolas-du-Chardonnet;

de la Montagne-Sainte-Geneviève; du Clos-Bruneau ;

des Maçons;

de la Harpe;

Traînée;

du Contrat-Social;

au Lard:

d'Angevilliers;

de l'Oratoire;

de l'Arbre-Sec;

du Roule;

de la Limace;

des Mauvaises-Paroles

Jean-Lantier;

du Plat-d'Étain;

de la Haumerie;

de la Vannerie;

de la Tannerie;

de Jean-de-l'Épine;

de la Coutellerie;

du Monceau;

de Long-Pont;

des Mauvais-Garçons;

Jean-Pain-Mollet;

des Deux-Portes;

de la Vieille-Draperie;

du Marché-Neuf;
Saint-Éloi;

des Deux-Ermites;

au Fèvre;

de la Juiverie;

de la Licorne;

de Perpignan;

Cocatrice;

Saint-Jacques-la-Boucherie;

Fronion:

du Chat-Blanc;

Saint-Leufroy;

d'Avignon;

Trop-va-qui-dure;
Petite-Sonnerie;
des Écrivains;

Froid-Manteau;
Beauvais;

Jean-Saint-Denis;

du Chantre;

de Champ-Fleuri;

du Coq;
de l'Oratoire;

des Poulies;

Bailleul;

Jean-Tison;

Pierre-Lescot;

de la Bibliothèque;

Les rue, place et impasse du Doyenné;

La rue des Orties;

Saint-Thomas-du-Louvre;

de Chartres;

Beaujolais;

de Montpensier;

de Valois;

Les cloîtres Saint-Benoît et Saint-Jean-de-Latran, pour la rue des Écoles.

Des grands souvenirs, des histoires du passé étaient écrits sous cès monceaux de pierre, qui ont disparu à jamais; la vie des temps y était empreinte, et il sera intéressant, instructif et curieux à la fois de faire successivement défiler aux yeux du lecteur ces hommes et ces choses d'autrefois, générations parisiennes éteintes, qui ont vivifié le sol sur lequel se meut la génération présente, appelée à le vivifier à son tour pour les générations futures.

RUE DE RIVOLI.- Un manége, contigu à la terrasse des Feuillants, avait donné son nom à la cour du Manége, qui occupait l'emplacement sur lequel a été bâtie la partie de la rue de Rivoli située entre la rue des Pyramides et la rue Castiglione. Cette cour du Manége a vu grandir la révolution de 1789.

L'Assemblée constituante y termina sa session en 1791.

L'Assemblé législative y tint la sienne du 1er octobre 1791 au 21 septembre 1792.

Dans la journée du 10 août 1792, Louis XVI et Marie-Antoinette passèrent la journée dans la loge du logographe de cette salle pendant que le peuple se rendait maître des Tuileries.

C'est dans cette salle que, dans cette même journée du 10 août, le président Vergniaud prononça le décret de la suspension de la royauté.

C'est là que, le 21 septembre 1792, s'installa la Convention nationale et que, le même jour, le président Pétion prononça le décret de l'abolition de la royauté.

C'est enfin là que, le 17 janvier 1793, fut prononcée la sentence qui condamna Louis XVI à mort.

Le conseil des Cinq-Cents siégea dans cette salle jusqu'au 21 janvier 1798.

Le 18 messidor an vii, deux cent cinquante députés du conseil des Cinq-Cents y établirent le club du Manége, où se réchauffèrent les