Page images
PDF
EPUB

l'aide de quelques faibles traces, et en s'inspirant des œuvres du temps, a fait revivre, avec non moins d'habileté que de bonheur, les parties détruites de ce magnifique édifice.

SAINTE-CLOTILDE (Achèvement de cette église).

[ocr errors]

Dans sa séance du 24 août 1853, le conseil municipal de Paris s'occupa d'une manière sérieuse de l'achèvement de l'église Sainte-Clotilde.

Dès l'année 1827, l'administration municipale avait songé à élever une église sur les terrains. de l'ancien couvent de Belle-Chasse. La nécessité reconnue de remplacer Sainte-Valère, l'Abbaye-aux-Bois et les Missions-Étrangères, succursales de la paroisse Saint-Thomasd'Aquin, par une basilique dont l'étendue fût en rapport avec la population du quartier, motivait suffisamment cette détermination. D'ailleurs, les bâtiments de ces succursales n'étaient occupés par la ville qu'à titre de location, et l'on n'était pas toujours certain d'obtenir le renouvellement des baux; c'était là une situation précaire et peu convenable.

Toutefois, ce ne fut qu'en 1840 que fut réalisée l'acquisition des terrains; et, en 1845 seulement, par une délibération du 19 décembre, le conseil municipal approuva les plans de l'église projetée.

Ces plans, fournis par M. Gau, avaient été conçus dans le style ogival des treizième et quatorzième siècles. L'architecte s'était inspiré surtout de l'étude des cathédrales qui s'élèvent sur les bords du Rhin, et il avait en même temps emprunté à l'église Saint-Germaindes-Prés les dimensions et la disposition générale.

L'année suivante, les travaux commencèrent; et bien qu'ils soient loin d'être terminés, on peut, dès à présent, juger de l'ensemble de la construction.

L'œuvre de M. Gau offre des parties fort remarquables, mais on peut regretter qu'il ait confondu la simplicité du style architectural avec une désespérante sécheresse, et qu'il ait banni de son édifice ces ornements multiples et variés dont le Moyen-Age était si prodigue. L'insuffisance du crédit mis à la disposition de l'artiste, et qui ne fut, au début, que de 3,765,955 francs, lui a probablement fait sacrifier cette partie artistique.

En effet, l'administration municipale ayant reconnu la nécessité de nouveaux sacrifices, pour couvrir les insuffisances des premiers

devis, combler les lacunes qui s'y rencontraient, harmoniser autant que possible toutes les parties de l'édifice, accentuer davantage son caractère, et enfin le compléter par une ornementation plus riche, appropriée au style général, s'imposa, le 24 août 1853, une charge nouvelle de 1,850,870 francs.

Sainte-Clotilde se développe sur une longueur de 95 mètres et sur 29 mètres environ de largeur. La façade principale est percée de trois grands portails, donnant entrée à un porche qui précède l'église. Elle présente au-dessus des parties latérales, au bas de chacune des tours, deux fenêtres géminées, et, au-dessus du portail du centre, une grande rose à compartiments tribolés. Deux tours, surmontées de flèches en pierre, et percées, sur chacune de leur face, de fenêtres géminées, s'élèvent à une hauteur de 75 mètres. A l'intérieur, la grande nef est accompagnée, de chaque côte, d'une nef latérale plus étroite, et n'a d'autres chapelles que celles des fonts baptismaux et des morts, situées à l'entrée, à droite et à gauche.

Le transept, dont les extrémités sont closes par un grand mur, sur lequel s'ouvrent une fenêtre et une rose à vitraux en mosaïque, recevra les deux chapelles de Sainte-Clotilde et de Sainte-Valère. Le chœur, dont l'abside est de forme pentagone, est entouré d'un bascôté et d'un rang de chapelles demi-circulaires rayonnant dans son pourtour. Quinze statues en pierre doivent décorer la façade, et l'une d'elles servira d'amortissement au grand pignon central. Des basreliefs surmonteront les trois portes, ainsi que les frontons des trois entrées du porche. Partout une ornementation plus fouillée et moins avare viendra se substituer à l'austère nudité des murailles; enfin, au-dedans, des statues de marbre et de pierre, un chemin de la Croix, sculpté dans les murs mêmes, des peintures historiques pour les chapelles, des autels enrichis de bas-reliefs et de bronzes, des vitraux aux soixante-cinq fenêtres, des stalles en bois sculpté, un mobilier digne de l'édifice auquel il est destiné, compléteront ce monument. L'architecte-directeur des travaux, M. Ballu, a soumis les nouveaux projets d'achèvement et d'ornementation.

Ces nouveaux travaux ne devaient pas être terminés avant la fin

de 1856.

DÉTAILS ARCHÉOLOGIQUES SUR LES DÉCOUVERTES PRODUITES PAR LES TRAVAUX DE CONSTRUCTION ET LES PERCEMENTS DE RUES EXÉCUTÉS A PARIS EN 1853.

Les nombreux travaux en voie d'exécution dans Paris depuis quel ques années avaient produit d'importantes découvertes pour l'histoire monumentale de cette ville. La Cité, la rive gauche, la rive droite ont fourni de précieux documents archéologiques. En voici qui ont été consignés et adressés au Comité de l'Histoire, de la Langue et des Arts de la France, dans sa séance du 1er septembre 1853.

1o Cité.

PALAIS DE JUSTICE. La partie du Palais de Justice située au midi de la Sainte-Chapelle, et sur laquelle s'élève le bâtiment neuf de la police correctionnelle, a présenté à l'étude un grand édifice romain, dans lequel on a trouvé de précieux détails d'architecture et de sculpture, un panneau peint, des colonnes en pierre, des bases, des chapiteaux d'ordre dorique, des portions de tombeaux avec ou sans inscriptions; ces fragments ont été recueillis au musée des Thermes et de Cluny. L'une des bases démontre, par des traces de cordes, qu'aux époques des grandes crues de la Seine, les bateaux étaient amarrés aux colonnes de cet édifice.

Les mêmes travaux du Palais de Justice ont montré quelques substructions romaines dans la cour du Mai, de nombreuses monnaies des Haut et Bas-Empire, des sceaux et jetons de chanoines de la Sainte-Chapelle; puis quelques documents précieux sur l'ancienne enceinte du palais de nos rois, sur la première entrée de la grande salle et les statues qui la décoraient, sur les cuisines dites de SaintLouis, sur la tour de l'Horloge avant qu'elle fût exhaussée pour les fils de ce roi, enfin sur l'ancienne disposition de l'horloge de Charles V.

RUE SAINTE-CROIX. La suppression de la petite rue Sainte-Croix a produit la découverte d'une maison romaine, d'une portion de rue antique dont le pavé était encore en place, puis du tombeau de deux

personnages romains, mari et femme, sans inscription, porté depuis au musée des Thermes et de Cluny.

RUE DE CONSTANTINE. Le percement de la rue de Constantine a fait disparaître quelques restes du cloitre Saint-Martial; des fragments de colonnes, deux chapiteaux de la fin du douzième siècle, un bénitier de la même époque, couvert de figures, ont été recueillis; la même rue contenait les substructions d'un édifice romain comportant plusieurs salles, un hypocauste très-complet, encore rempli de cendres et de charbons, puis un aqueduc qui se dirigeait vers le grand bras de la Seine. Cet édifice a été publié dans la statistique de Paris. Les restes de l'église de la Madeleine ont été enlevés par le percement de la rue de Constantine; ils ont été dessinés pour prendre place dans le grand plan archéologique de Paris qui se prépare pour faire partie de la statistique monumentale dans cette ville.

ADMINISTRATION des Hospices. — Des additions faites au bâtiment de l'Administration des Hospices ont fait connaître un fragment d'aqueduc romain qui se dirigeait en diagonale sur le terrain fouillé pour la construction additionnelle.

[ocr errors]

а

PARVIS NOTRE-Dame. Les grands travaux de restauration de la cathédrale de Paris ont conduit à baisser le sol du parvis et à pratiquer un égout depuis la fontaine de l'Administration des Hospices jusqu'à l'angle oriental de l'Hôtel-Dieu. Ces divers travaux d'amélioration ont mis à découvert : 1o une portion importante du mur d'enceinte de Lutèce, au midi; des pierres qui composaient ce mur, construit à la hâte, portaient des inscriptions et des détails d'architecture provenant d'édifices antérieurs; 2o de nombreuses maisons romaines qui avaient occupé l'emplacement du parvis; on y ȧ reconnu que Childebert en avait fait raser une partie pour élever la grande basilique qu'il consacra à la Vierge; 3o les substructions considérables de cette basilique, une partie de son pavement en mosaïque, trois de ses colonnes en marbre d'Aquitaine noir et blanc, dit grand antique, un chapiteau corinthien présentant tous les caractères de la sculpture mérovingienne. Ces fragments précieux, ainsi que ceux du mur de Lutèce, ont été réunis au musée des Thermes et de Cluny. Les plans, les coupes et détails de ces fouilles sont publiés dans la statistique monumentale de Paris,

Les mêmes travaux du parvis ont fait voir le plan complet de l'ancienne église Saint-Christophe, située à l'angle oriental du bâtiment de l'Administration des Hospices, une partie du plan de l'ancienne chapelle de l'Hôtel-Dieu, et le soubassement complet de la fontaine qui fut élevée au commencement du dix-septième siècle vers le milieu du parvis, et qui figure dans toutes les anciennes vues de NotreDame.

[ocr errors]

EGLISE SAINT-ETIENNE. La récente construction de la sacristie de la cathédrale a fait connaître une partie du plan de l'ancienne église Saint-Étienne, qui était contiguë à la première basilique, et fut détruite lorsque la cathédrale actuelle prit son développement. Les travaux de restauration de la façade méridionale de Notre-Dame ayant conduit à déchausser une partie des substructions, on y a reconnu des fragments de colonnes de la basilique de Childebert, employés comme matériaux de construction.

HOTEL-DIEU. Les changements qui s'opèrent en ce moment auprès de l'Hôtel-Dieu pour rendre navigable le petit bras de la Seine, ont fait voir les assises inférieures de la façade de l'hôpital, élevée par Saint-Louis, et qui était décorée de deux grands arcs ornés de statues, reproduits par une gravure de l'ouvrage de Manesson, et par d'anciens dessins originaux. On vient de reconnaître que cette façade de Saint-Louis s'élevait sur deux arches en ogive de l'ancien petit pont, dont cette partie avait été supprimée et envahie par la rue de la Cité, lorsqu'on élargit le quai du Marché-Neuf et qu'on y construisit les maisons qui viennent de disparaître. La découverte de ces deux arches a conduit à reconnaître que le mur du quai qui porte la façade méridionale de l'Hôtel-Dieu est très-ancien; qu'il est régulièrement ouvert, dans sa longueur, d'arcades en ogives, dont les piliers sont éperonnés, et que l'eau de la Seine, passam dans ces arcs, coulait ainsi sous une partie de l'hôpital, avant de passer par les arches du pont nouvellement retrouvées. La grande terrasse, qui sert aujourd'hui de promenoir aux malades, a été plus tard appuyée contre cet ancien mur de quai, puis l'Hôtel-Dieu, qui s'était ainsi successivement agrandi aux dépens du fleuve, a passé en partie sur l'autre rive. PETIT-PONT. Toutes les piles du Petit-Pont, qui vient d'être démoli, étaient du Moyen-Age, ce que constataient les marques de tâ

T. VIII,

[ocr errors]

44

« PreviousContinue »