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des proportions assez remarquables pour que le docteur Serres l'ait réclamé pour ses études anthropologiques, présentait une douzaine de vases de terre dont quelques-uns étaient de grande dimension.

La troisième et grande église des quatorzième et quinzième siècles, qui fut détruite à la révolution de 1789, et dont l'abbé Vilain a fait connaître par des plans les accroissements successifs, a montré ses ruines au-dessus de celles des deux premières; de très-nombreux fragments, qui ont pu être rapprochés, font connaître le style de son architecture. Un petit caveau portant quelques traces de coloration a été dessiné; on le considère comme la sépulture de Nicolas Flamel. La tour Saint-Jacques-la-Boucherie a été l'objet de nouvelles investigations; on y a reconnu des peintures curieuses: des travaux de restauration se préparent pour assurer la conservation de ce beau reste de l'église. Les nombreux documents archéologiques contenus dans ce rapport ont tous été réunis avec soin; les plus importants par leur étendue ou par les formes monumentales qu'ils présentent seront publiés dans la statistique de Paris; ceux pour lesquels un plan topographique suffira pour en conserver le souvenir, trouveront place dans le grand plan archéologique de Paris, dont plusieurs feuilles déjà gravées ont été mises sous les yeux du Comité de la Langue, de l'Histoire et des Arts de la France.

TABLEAU HISTORIQUE

De l'administration municipale de la ville de Paris, depuis la domination romaine jusqu'à 1853.

S'il est dans l'histoire de Paris un curieux spectacle, c'est celui des péripéties de son administration municipale, qui a joué le rôle le plus important dans les accroissements successifs de cette capitale du monde civilisé; aussi nous ne saurions mieux clore la continuation de celle-ci que par l'intéressant tableau historique des phases et

des progrès de cette administration depuis les temps les plus reculés

jusqu'à nos jours.

La vie municipale a presque toujours précédé la vie politique; elle a été une extension de la famille, une sorte de patrie de la nature ou du lieu, et l'un des premiers besoins des hommes réunis en société, a été de participer à une administration qui exerce une influence directe sur leur situation et sur le bien-être de leurs familles. Les villes de la Grèce se gouvernaient elles-mêmes, et, selon le mot de Démosthènes, étaient leurs propres législateurs. Dès l'origine de sa fondation, Rome introduisit ce système; elle maintint chez les peuples qu'elle adjoignit successivement à son empire cette forme d'administration qui lui donnait un moyen simple, facile, d'exercer son autorité, de n'avoir à faire qu'aux hommes les plus influents, les plus riches des cités.

A l'exception d'un petit nombre, les villes des Gaules conquises par les Romains étaient connues sous le nom de préfectures, et gouvernées par un préfet. Pour laisser à ces villes au moins l'apparence de la liberté, on leur conféra plus tard une mágistrature protectrice, sous le nom de défenseurs de la cité. Ces défenseurs, pris parmi les citoyens les plus distingués, étaient nommés par le peuple; leur administration durait cinq ans; on ne pouvait refuser cette charge. Rendant la justice sur plusieurs matières, pouvant condamner à l'amende, ils faisaient ainsi l'office d'édiles et de censeurs, et en quelque sorte de tribuns du peuple. Ils avaient auprès d'eux des curions, qui représentaient la municipalité. Ils pòuvaient, au nom de la cité, acquérir, recevoir des legs, posséder des biens communaux. Le peuple pouvait s'adresser directement à eux pour obtenir justice, et ce patronage civil était, vis-à-vis de l'autorité militaire, ce que le corps municipal fut depuis vis-à-vis des prévôts de Paris.

Ces magistrats étaient plutôt des participants aux charges que des participants aux droits; les mots munera capientes ou muneris partecipantes, d'où est venu le mot municipiam, était le nom tristement privilégié de ceux qu'on voulait forcer de remplir des fonctions onéreuses et de payer les charges de la cité, ou du moins d'en répondre. A côté du gouvernement municipal ainsi constitué, était l'autorité émanée directement du trône, qui avait une action soit supé

L'AN MIL HUIT CENT CINQUANTE-UN,

LE 15 SEPTEMBRE,

LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE,

LOUIS-NAPOLEON BONAPARTE,

A POSÉ LA PREMIÈRE PIERRE DES HALLES DE PARIS,
EN PRÉSENCE DU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR,

M. L. FAUCHER;

DU PRÉFET DE LA SEINE, M. J.-J. BERGER;

DU PRÉFET DE POLICE, M. P. CARLIER,

ET DES MEMBRES DE LA COMMISSION MUNICIPALE.

Après cette lecture, M. le préfet remit cette plaque aux architectes, qui la placèrent, ainsi que les médailles et monnaies réunies à l'avance, dans le coffret que doit contenir la première pierre.

Cette boîte, dans laquelle on a coulé ensuite de la cire préservative, fut posée dans le trou pratiqué dans la pierre, et scellée d'un couvercle en plomb.

Le président de la République procéda ensuite au scellement des branches d'une croix en bronze destinée à fixer la boîte plus solidement, en mettant du mortier dans les quatre trous qui servent de repères aux extrémités de la croix.

Voici le discours de M. le président :

<< Messieurs,

« Voici quarante ans que l'on songe à élever un vaste monument destiné à préserver de l'intempérie des saisons cette classe nombreuse qui souffre journellement pour alimenter Paris de ce qui est nécessaire à son existence. Mais grâce à la direction éclairée du ministre de l'intérieur, grâce au concours énergique du conseil municipal de Paris et de son digne chef, grâce aux décisions de l'Assemblée nationale, cette œuvre, que j'ai tant souhaitée, s'accomplit enfin. La construction de ces halles, véritable bienfait pour l'humanité, facilite l'approvisionnement de Paris, et appelle un plus grand nombre de départements à y concourir.

« Ce n'est donc pas une œuvre purement municipale, car Paris est le cœur de la France, et plus sa vie est active et puissante, plus elle se communique au reste du pays. En posant la première pierre d'un édifice dont la destination est si éminemment populaire, je me livre 45

T. VII

avec confiance à l'espoir qu'avec l'appui des bons citoyens et avec la protection du ciel, il nous sera donné de jeter sur le sol de la France quelques fondations sur lesquelles s'élèvera un édifice social assez solide pour offrir un abri contre la violence et la mobilité des passions humaines. >>

MARCHÉ SAINT-JACQUES.-Le 5 février 1852, eut lieu l'ouverture du marché, dit du Champ-des-Capucins, sur l'emplacement de la petite promenade située devant l'hôpital du Midi, au faubourg SaintJacques.

Malgré le mauvais temps, plus de trois cents marchands étaient ar rivés de grand matin, attendant le tirage au sort des places, au nombre seulement de cent quatre-vingts, qui devait se faire à sept heures, par les soins et sous la présidence de l'inspecteur du marché. Cette opération terminée, la plupart des marchands favorisés par le sort ont immédiatement procédé à l'étalage et aŭ débit de leur denrée, tandis que quelques-uns, venus seulement pour connaître le résultat du tirage, ajournaient au prochain jour de vente le début de leur

commerce.

Le marché devait se tenir deux fois par semaine, le mardi et le vendredi; l'été, depuis six heures du matin, l'hiver, depuis sept heures, et, en toute saison, jusqu'au coucher du soleil. Les détaillants de la campagne, plus nombreux que ceux de Paris, ceux surtout qui viennent d'une distance de 10 et même de 15 lieues, auraient désiré, dans un but d'intérêt personnel qui s'explique de lui-même, que la clôture fût fixée à une heure de l'après-midi: il n'a pas été fait droit à cette prétention.

Chaque place, tracée au moyen d'un encadrement de pavage, a 4 mètres de superficie. Les concessionnaires devaient être munis d'une plaque uniforme, indiquant leur nom et leur noméro, ainsi que cela se pratique dans tous les marchés.

Le prix de location était de 10 centimes par place et par jour. Une ordonnance ultérieure devait fixer l'époque où cette contribution deviendrait exigible; l'administration voulait, avant de mettre en vigueur cette mesure, s'assurer du véritable degré de prospérité du nouvel établissement, ce qui ne pouvait se faire qu'en consultant,

après plusieurs épreuves successives, les notes et les livres de l'inspecteur

Le marché, fondé en vue principale des besoins et des intérêts de la classe ouvrière, était affecté presque exclusivement à la vente des légumes, des fruits et des denrées, telles que le beurre, les œufs, le fromage, la volaille et le poisson. La vente du pain y était également autorisée.

A défaut d'un nombre de marchands de comestibles suffisant pour occuper toutes les places, il pouvait être admis des détaillants d'objets usuels de ménage et de cuisine, tels que ferblanterie, poterie et boissellerie. Toutefois, leur nombre ne pouvait s'élever au dessus de vingt, et les permissions ne leur étaient délivrées qu'à titre provisoire.

Les bouchers, charcutiers et tripiers furent rigoureusement exclus, ainsi que les fripiers et divers autres débitants ou industriels qui sollicitaient leur admission. En outre, le colportage des denrées, aux environs du marché, fut interdit dans un rayon de 100 mètres au moins.

Telles furent les principales dispositions administratives adoptées à l'égard du nouveau marché.

-

MARCHÉ NEUF. Lorsque la démolition de l'îlot de maisons circonscrit entre le petit bras de la Seine, la rue de la Cité et le quai du Marché-Neuf, fut opérée, on put se rendre compte de l'amélioration apportée dans ce quartier populeux par la disparition de ces vieilles masures qui, seules avec le corps de bâtiment septentrional de l'HôtelDieu, brisaient la ligne non interrompue des quais sur les deux rives de la Seine.

La régularisation et l'élargissement de la place du Petit-Pont étaient deux conséquences nécessaires de la reconstruction de cet édifice. Une ordonnance du 22 mai 1837 avait attribué à cette place, sur laquelle la circulation est aujourd'hui très-active, une moindre largeur de 32 mètres. Elle n'en a cependant que 22.

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MARCHE SAINT-MARTIN. En 1851, fut ouvert au marché Saint-Martin, un corps de douze étaux de boucherie.

Ce marché, l'un des plus considérables et des plus fréquentés des marchés d'arrondissement, ne contient pas moins de quatre cents places. Il fut créé en vertu d'un décret daté des Tuileries, le 30 jan

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