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lequel devait passer la chemin de fer. L'autre, c'était un grand viaduc sur le Seine, à Bercy..

En avril 1852, les ingénieurs des ponts et chaussées, chargés des travaux de cet établissement, procédèrent au sondage des terrains formant le lit de la Seine, afin de déterminer l'emplacement où devra être construit ce pont viaduc, qui doit faire franchir la voie de fer de la rive droite sur la rive gauche, et relier la gare d'Orléans aux

autres gares.

On fixa l'emplacement définiitf entre Bercy et Ivry, à quelques mètres en aval du mur d'enceinte.

Ce viaduc devait être un ouvrage d'art et l'œuvre capitale du chemin. Il devait être construit en maçonnerie: sa longueur était déterminée à cent quatre-vingts mètres; il devait avoir cinq arches larges chacune de trente-cinq mètres environ. Sur les deux rives serait ménagée une arche d'une ouverture moindre, sous laquelle devaient passer les routes établies sur les quais de ces deux communes.

TÉLÉGRAPHIE ÉLECTRIQUE. La télégraphie électrique fut aussi, en 1851, appliquée à Paris, pour la transmission des nouvelles. Les ouvriers, occupés à poser les réseaux de fils de fer au-dessus de Paris, pour les télégraphes électriques, ne pouvaient travailler que la nuit, à cause de la circulation des piétons, des chevaux et des voitures dans les rues.

Ces faisceaux de fils électriques galvanisés partaient de la tour des télégraphes au ministère de l'intérieur, et pour établir des communications entre le président de la République et les cabinets des ministres, passaient sur les toits et les tours de la nouvelle église SainteClotilde, les bureaux du ministère de la guerre, les hauts pavillons des archives de la cour des comptes, rue de Lille, devant le palais de la Légion-d'Honneur, le palais de la caserne d'Orsay; puis; sautant par-dessus la Seine, ils allaient gagner les Tuileries. De là ils traversaient la grande galerie du Louvre, s'agrafaient sur le pavillon nord-ouest de ce nalais, sautaient sur le toit du Théatre-Français, puis sur ceux de la Bibliothèque, longeaient la rue de Richelieu, et allaient aboutir à la Bourse, où, dès le 10 février 1852, les nouvelles télégraphiques arrivaient et étaient affichées de demi-heure en demiheure.

MACADAMISAGE. EMPIERREMENT.

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Après le macadamisage et l'empierrement des boulevards intérieurs, la rue de la Barillerie a été l'une des premières voies dans lesquelles on ait substitué l'empierrement au pavé; puis on s'est occupé de la partie du quai de l'Horloge sur laquelle donnent les fenêtres de la Cour de cassation; en dernier lieu, enfin, est venu le tour de la Saint-Chapelle, où siégent maintenant les chambres de police correctionnelle. On avait cependant laissé subsister le pavé depuis la place du Palais de Justice jusqu'au pont au Change, avec un petit retour en équerre au pied de la tour de l'Horloge. Cette dernière partie du pavé fut enlevée en avril 1852, de sorte qu'à cette époque toute les voies publiques qui enceignaient le Palais de Justice étaient macadamisées, et que, par ce moyen, les diverses cours civiles ou criminelles, ainsi que le parquet, ne furent plus incommodées par le bruit des voitures.

Le boulevard Bourdon, qui va de la place de la Bastille à la pointe orientale de l'ancienne île Louviers, en passant derrière les Magasins d'Abondance, fut soumis, en janvier 1852, à un nouveau système de macadamisage. On commençait par étendre sur l'aire de la chaussée une couche de sable rouge de 20 centimètres d'épaisseur que l'on tassait au pilon, puis on étendait dessus la pierraille que l'on cylindrait comme à l'ordinaire.

La double ligne des quais devait subir la même opération dans le cours de l'année.

Du reste, l'administration municipale avait adopté un système uniforme de macadamisage aux abords des établissements publics. C'est ainsi que le pavé fut successivement supprimé le long du quai de l'Horloge, au-dessous des chambres du Palais de Justice, et rue de la Barillerie, devant la cour du Mai. Il était question de convertir en chaussée macadamisée toute la portion pavée qui s'étend du pont au Change à la partie bitumée de la rue de la Barillerie. Une transformation semblable devait avoir lieu rue de la Sainte-Chapelle, le long des nouvelles salles du Palais de Justice, qui furent livrées au service en janvier 1852.

FORTIFICATIONS DE PARIS. -Paris, dont le sol offre une configuration générale très-régulière, présente un grand nombre d'élévations partielles.

Cette ville occupe le fond d'un bassin presque circulaire entouré de collines. Au nord, les hauteurs de Belleville, de Chaumont, de Montmartre, du mont Valérien se relient avec les éminences de Passy, de Chaillot, de l'Etoile, des faubourgs Saint-Denis et Saint-Martin. Au sud, celles de Meudon, Bagneux, Sceaux, Villejuif s'abaissent pour former les plateaux de Bicêtre, de Gentilly, de Montrouge, et pénètrent dans l'intérieur de Paris pour y former la montagne SainteGeneviève.

Les barrières actuelles reposent, pour la plus grande partie, sur des éminences qui enferment circulairement Paris, et vont en s'affaissant progressivement tant dans l'intérieur qu'à l'extérieur. En effet, à l'exception des buttes des faubourgs Saint-Denis et SaintMartin et de la montagne Sainte-Geneviève, qui appartiennent à la charpente géologique du sol souterrain, les autres éminences intérieures, telles que celles de Saint-Hyacinthe et de l'Estrapade, súr la rive gauche, et sur la rive droite, la butte des Moulins, de BonneNouvelle, du Petit-Carreau, des Petits-Pères, Meslay, etc., n'ont été formées que de terres rapportées. Ce sont d'anciennes voiries, et elles doivent leur élévation aux gravois et aux décombres qu'on y entassait sans cesse.

Sauf ces légers ressauts qui interrompent l'uniformité de son relief, le sol de Paris forme donc un vaste bassin dont le mur d'enceinte actuel couronne la crête. Au-delà, le sol s'incline de nouveau pour se relever encore et former une seconde enceinte de collines plus hautes généralement que les premières.

C'est précisément entre ces deux ceintures qu'a été tracée l'enceinte bastionnée dont nous allons parler.

Avant Napoléon, on n'imaginait pas que, dans les guerres d'invasion, ce grand capitaine trouverait moyen de braver et de franchir les places fortes. Vauban, lorsque la Flandre eut été réunie à la France, couvrit nos frontières du Nord d'un triple rang de places fortes, et, à l'abri des remparts de Lille, de Valenciennes, de Metz, de Maubeuge, Paris s'étendit imprudemment hors des siens, et ne soupçonna le danger de son imprudence qu'en 1792, lorsque l'Europe entière eut déclaré la guerre à la révolution.

Alors seulement on commençà à fortifier Paris. Quand la Cham

T. VIII.

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pagne fut envahie, quand le roi de Prusse eut pris Verdun, on éleva quelques fortifications au pied de Montmartre et dans les plaines Saint-Denis. Dans un accès de zèle patriotique, les citoyens de chaque section sortaient à tour de rôle de Paris pour y travailler : l'Assemblée nationale encourageait ces travaux, et chaque jour une députation de quinze membres venait y assister.

Après la victoire de Valmy, le bruit du canon prussien s'éloigna, les craintes se dissipèrent, le zèle se ralentit, et les travaux furent abandonnés.

Napoléon parut. Dix-sept ans de conquêtes assirent Paris au milieu d'un camp immense qui embrassait presque toute l'Europe occidentale, et la capitale de la France eut ses grandes gardes rayonnant du Tage à la Vistule, de l'Elbe à l'Adriatique, les quatre angles des conquêtes du grand empereur.

A des succès inouïs succédèrent des revers plus inouïs encore. Napoléon avait appris à ses ennemis le secret de ses conquêtes : il était entré dans toutes les capitales de l'Europe continentale, sans tenir compte des places fortes qu'il laissait derrière lui. En 1814 et 1815, l'Europe se leva en armes, et Paris se vit deux fois envahi. Cet exemple prouve que le gage le plus sûr de l'indépendance de la France, de l'autorité avec laquelle elle peut désormais faire entendre sa voix, c'est Paris à l'abri d'un coup de main. C'était l'opinon de Napoléon, c'était celle de Vauban. En 1842, on l'adopta, et ce ne fut pas sans peine.

Tout ce qui fut amoncelé dans les journaux, dans les discours des Chambres, de plates inepties pour empêcher les fortifications de Paris, remplirait plus de mille volumes. On semblait ne pas tenir compte du fait le plus rationnel et le plus logique, savoir que la France étant le champion le plus avancé de la cause du progrès et de la liberté du monde, et Paris, le cœur de cette cause, du jour où l'Europe réactionnaire se croirait assez forte pour l'attaquer ouvertement, mettre le cœur à l'abri de ses attaques, c'était en quelque sorte sauver la cause. Il est douteux sans doute que ce soit dans ce but que M. Thiers, ministre de Louis-Philippe, en ait assuré l'exécution; mais, dans tous les cas, aux yeux de tous les amis iutelligents du progrès et de la liberté, les fortifications de Paris seront son éternel honneur.

Le projet adopté fut celui-ci : Autour de Paris, une enceinte continue et terrassée, de 10 mètres au moins d'élévation d'escarpement, bastionnée avec fossé en avant et glacis couvrant le mur d'escarpe des coups éloignés de l'artillerie ennemie ; puis fortifier les principales positions stratégiques qui défendent les abords de Paris, tels, par exemple, que Saint-Denis, Charenton, précieuses têtes de ponts pour manoeuvrer par les deux rives de la haute et de la basse Seine, ainsi que de la Marne, le mont Valérien, Garches, Meudon, Fontenay-auxRoses, et tout le plateau de Nogent-sur-Marne à Romainville, que le général Valazé avait déjà commencé à mettre en état de défense.

Ces forts détachés pouvaient préserver la capitale des dangers d'un bombardement, des cruelles privations qu'imposerait un blocus, et mettre à couvert toutes les richesses de cette capitale. La partie sédentaire de la garde nationale, la garde nationale mobile et un noyau de vingt-cinq à trente mille hommes de troupes régulières qu'on devait toujours y laisser, les dépôts des régiments devaient défendre les positions formidables des postes de Paris, entre lesquelles s'étendait l'espace admirablement préparé pour y soutenir au besoin une dernière lutte en rase campagne, contre l'armée envahissante, avant de se renfermer dans les remparts mêmes de la ville.

L'enceinte continue a quatre-vingt-quatorze ponts de développement Metz, une des plus fortes places de France, n'en a que vingt.

Vingt-six bastions sont sur la rive gauche. Commençant à l'extrémité occidentale du parc de Bercy, l'enceinte s'étend en ligne droite jusqu'à Chantilly. Là, après s'être contournée en une espèce de fer à cheval, elle reprend une direction rectiligne jusqu'à Montrouge, fait un coude, et, enfermant Austerlitz, le Petit-Gentilly, le Petit-Montrouge, Vaugirard et Grenelle, elle va tout droit aboutir à la Seine, en face le milieu du Point-du-Jour.

A mille mètres plus en aval environ, l'enceinte de la rive droite reprend. Elle entoure le Point-du-Jour, longe le bois de Boulogne jusqu'à Sablonville, forme un rentrant à la porte Maillot. Donnant ensuite passage au chemin de la Révolte, elle s'infléchit jusqu'au milieu de l'angle formé par l'avenue de Clichy et l'avenue de Saint-Ouen. A ce point, elle se dirige en ligne droite jusqu'au canal de Saint-Denis: là elle tourne au sud-est. Arrivée au canal de l'Ourcq, elle court du nord

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