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Leurs statuts occupent une large place dansle Livre des Métiers d'Étienne Boileau, et ces règlements sont même antérieurs au règne de saint Louis, car la confrérie des talmeliers figure déjà sous Louis le Gros et Philippe-Auguste. Leurs privilèges furent renouvelés et approuvés en 1560 par le roi Charles IX. La corporation des boulangers avait six jurés dont trois étaient élus chaque année.

L'apprentissage était de cinq ans et le compagnonage de cinq autres : aux quatorzième et quinzième siècles, le chef-d'œuvre consistait en un pain broyé ou pain de chapitre : depuis 1560 il consista en un pain mollet et un pain blanc. Les fils des maîtres en étaient exempts.

Les boulangers de Paris et des faubourgs pouvaient seuls tenir boutique dans la ville; les forains y venaient pourtant de temps immémorial, deux fois par semaine, le mercredi et le samedi, et avaient la liberté de vendre le pain qu'ils apportaient.

Les boulangers étaient tenus de marquer leur pain du nombre de livres qu'il pesait. Leur bureau était quai Conti, ils avaient pour patron saint Honoré dont ils célébraient la fête dans l'église de ce nom.

Le brevet coûtait quarante livres et la maîtrise neuf cents livres. BOUQUETIÈRES. Les bouquetiers et les bouquetières ne formèrent jamais de corporation particulière : ils faisaient partie du corps des marchands merciers et s'adonnaient à la fabrication des fleurs artificielles.

Il y avait des bouquetières de fleurs naturelles; elles ne formèrent jamais de corporation; il ne leur fallait que des lettres de regrat pour vendre des bouquets.

BOURRELIERS. Cette corporation date des premières années du treizième siècle: elle portait alors le nom de confrérie des bastiers-hongroyeurs. On exigeait pour la maîtrise six années d'apprentissage et quatre de compagnonage. Le brevet coûtait soixante-douze livres et la maîtrise neuf cent cinquante livres.

BOURSIERS ET FAISEURS DE GIBECIÈRES. Les premiers statuts de cette communauté datent de 1342; ils lui furent donnés par Philippe de Valois; Charles VI, en 1414, Louis XII, en 1511, Charles IX, en 1574, les con. firmèrent en augmentant leurs priviléges. En 1659, on dressa de nouveaux statuts qui ne furent vérifiés qu'en 1664, à cause de la vive opposition que firent les maîtres et gardes de la mercerie de Paris, les jurés doreurs sur cuir, et les tailleurs poirpointiers.

Cette communauté était gouvernée par quatre jurés. L'apprentissage était de quatre ans, et chaque maître ne pouvait avoir qu'un seul apprenti à la fois. Le compagnonage devait durer trois ans, et à moins qu'on ne fût fils de maître, il fallait fournir le chef-d'œuvre.

Le brevet coûtait soixante-cinq livres et la maîtrise six cents livres. Les boursiers avaient pour patron saint Brice; leur bureau était à la Grève et leur confrérie aux Cordeliers.

BRASSEURS. Les statuts de cette communauté déjà fort ancienne dans Paris, furent dressés et approuvés en 1268 par Étienne Boileau, prévôt de saint Louis; dans ces règlements, les maîtres sont appelés cervoisiers du mot cervoise, qui était le nom qu'on donnait alors à la bière.

En 1489, le prévôt de Paris, Jacques d'Estouteville, dressa pour les cérvoisiers de nouveaux statuts qui ne différaient des premiers que par le langage; on ajouta néanmoins quelques articles pour prévenir les abus qui commençaient à se glisser dans la fabrication de la bière.

En 1515, 1556, 1567, 1580 et 1608, ces mêmes statuts reçurent de nouvelles modifications. Enfin, en 1630, on en dressa de nouveaux qui régirent la corporation jusqu'en 1789. Elle avait quatre jurés. L'apprentissage durait cinq ans et le compagnonage ou service chez les maîtres trois autres années. Tout apprenti, s'il n'était pas fils de maître, devait fournir un chef-d'œuvre.

Les brasseurs obtinrent en 1714 une nouvelle confirmation de leurs statuts, et dix nouveaux articles de règlement qui furent joints aux anciens. Ils marchaient sous la bannière de la sainte Vierge; leur bureau était rue de la Femme-sans-Tête, ile Saint-Louis.

BRODEURS-CHASUBLIERS. Les statuts de cette communauté sont de 1648; ils se composent de cinquante-huit articles, dont trente contiennent la police qui doit être observée dans les élections des jurés, les visites, les redditions de compte, etc., et vingt-huit traitent de leurs différents ouvrages.

La communauté ne devait être composée que de deux cents maîtres : elle était régie par quatre jurés.

L'apprentissage était de six ans, et le compagnonage devait durer au moins trois autres années. Les apprentis étrangers, c'est-à-dire des autres villes où il y avait maîtrise, n'étaient reçus à travailler chez les maîtres que pour peu de mois.

Les statuts dont nous parlons ne concernaient que les brodeurs qui travaillaient sur étoffes montées sur des métiers. La broderie au métier, beaucoup plus ancienne, était dévolue à des femmes qui n'avaient point été admises à former une corporation. Nous avons parlé longuement de la broderie aux douzième, treizième et quatorzième siècles, elle avait alors une importance qu'elle perdit depuis.

Les bureaux des brodeurs étaient rue Montorgueil, au Petit-Carreau, au coin de la rue Saint-Sauveur; ils marchaient sous la bannière de saint Clair, dont ils célébraient la fête aux Grands-Augustins.

Le brevet d'apprentissage coûtait trente livres et la maîtrise six cents livres.

BROSSIERS. Nous en parlerons au mot vergettier.

CARDEURS. Cette communauté est aussi ancienne que celle des drapiers, et remonte par conséquent au règne de saint Louis. Ses statuts furent confirmés par Louis XI en 1467 et par Louis XIV en 1688 et 1691. Dans ces règlements, les maîtres cardeurs sont qualifiés de peigneurs, drapiers drapants, coupeurs de poil, fileurs de lumignons et cardiers.

La communauté était régie par trois jurés, élus à la pluralité des voix comme tous les jurés des métiers de Paris. L'apprentissage durait trois ans, le compagnonage trois autres années; on exigeait le chef-d'œuvre. Le bureau des cardeurs était rue de la Vannerie; ils marchaient sous la bannière de saint Blaise et de saint Roch, leurs patrons.

Le brevet coûtait quinze livres et la maîtrise cent cinquante.
CARROSSIERS. Voir le mot selliers-lormiers.

CARTIERS. Les cartes et par conséquent les cartiers ne remontent pas au delà du règne de Charles VI; ils avaient des statuts qui accordaient aux filles des maîtres non-seulement le droit d'affranchir de l'apprentissage ceux qui les épousaient, mais de leur donner celui de travailler chez les maîtres en qualité de compagnons.

L'apprentissage était de quatre ans; le brevet coûtait trente livres et la maîtrise sept cents livres. La confrérie des cartiers était au Sépulcre ; ils célébraient leur fête patronale le jour des Rois.

CEINTURIERS OU CEINTURONNIERS. Avant le quinzième siècle on les appelait maîtres corroyeurs, parce qu'alors les ceintures se fabriquaient avec toute espèce de cuirs, excepté celui de mouton et de bazan, qu'il était défendu d'employer. Cette communauté prospéra tant qu'on porta en

France des robes longues qu'on serrait avec des ceintures au-dessus des reins. La mode des habits courts ne leur fut

pas très-funeste parce que les bourgeoises, jusqu'au commencement du seizième siècle, porterent des demi-ceintures chargées de tant de bourses, d'étuis et autres superfluités, que la ceinturerie occupa plus de deux cents maîtres.

Les statuts des ceinturiers datent du règne de saint Louis, qui, par des lettres-patentes du mois de mai 1263, leur donna aux halles de Paris une place pour y étaler comme les autres marchands. Charles le Bel confirma leurs priviléges en 1313. Après avoir subi plusieurs modifications, leurs règlements furent enfin enregistrés au parlement en 1551.

Avant 1789, cette communauté était régie par quatre jurés. L'apprentissage durait quatre ans. Le brevet coûtait vingt-cinq livres, et la maîtrise quatre cents. Les ceinturiers marchaient sous la bannière de saint JeanBaptiste. Leur bureau était à la place de Grève.

CHARCUTIERS. Nous n'avons que très-peu de détails à ajouter à ceux que nous avons déjà publiés dans notre récit historique, concernant les charcutiers. Leurs premiers statuts furent modifiés en 1705 dans une assemblée, et les nouveaux règlements reçurent confirmation par lettrespatentes du 24 octobre. Le parlement les enregistra le 12 mai 1710.

Le septième article de ces règlements fixa l'apprentissage à cinq années complètes et consécutives chez les maîtres et le compagnonage à cinq

années.

Le brevet coûtait trente livres et la maîtrise mille livres. Les charcutiers marchaient sous la bannière de la Vierge; leur bureau était rue de la Cossonerie.

CHANDELIERS, HUILIERS, MOUTARDIERS. La corporation des chandeliers est une des plus anciennes de Paris. Philippe Ier lui donna ses premiers statuts en 1061. Ces règlements furent revus et augmentés en 1063; plusieurs rois de France les confirmèrent à diverses époques, et nous avons trouvé dix-sept ordonnances concernant cette corporation, jusqu'à Louis XIV inclusivement, 1674.

Les chandeliers avaient le droit de vendre non-seulement de la chandelle, mais encore de vendre à petits poids, en regrat, toutes sortes d'huiles à brûler, verres, bouteilles, fagots, coterets, falourdes et charbons. On ne pouvait être maître chandelier sans avoir fait un apprentissage de six ans, et avoir servi deux années comme compagnon. Cette corporation

était régie par quatre jurés, dont deux se retiraient tous les ans. Elle disputa longtemps aux épiciers le droit d'étalonage des mesures de cuivre destinées à mesurer l'huile. Il y avait douze chandeliers privilégiés qui suivaient la cour, et étaient autorisés à faire le même commerce que les maîtres.

Depuis le 16 octobre 1396, les maîtres chandeliers jouirent du droit de fabriquer toutes sortes d'huiles, d'inspecter les épiciers, apothicaires-épiciers qui vendaient de l'huile dans Paris et les faubourgs. Les épiciers et apothicaires leur contestèrent ce droit en 1749, mais un arrêt du 16 mai rendu par le parlement leur confirma ces priviléges. Il y avait aussi dans cette communauté des jurés-huilliers, gardes du coin et étalon royal, qui se renouvelaient tous les ans le 7 décembre.

Les chandeliers avaient pour patrons saint Nicolas et saint Jean-PorteLatine, dont ils célébraient la fête aux Cordeliers. Leur bureau était rue de la Tisseranderie. Le brevet coûtait cinquante livres et la maîtrise neuf

cents.

CHAPELIERS. Les statuts de cetfe communauté ne remontent pas au delà du seizième siècle. Nous avons déjà parlé des chaperonniers et faiseurs de couvre-chiefs, dont les statuts figurent au Registre des Métiers d'Étienne Boileau; mais cette communauté n'avait rien de commun avec la nouvelle dont les règlements furent approuvés en 1578 par Henri III, confirmés par Henri IV en 1594, réformés en 1612, sous Louis XIII, augmentés et renouvelés en 1706 par Louis XIV.

Il Y avait quatre maîtres à la tête de cette communauté. Ils prenaient le titre de gardes-jurés, anciens bacheliers, maîtres de la communauté des chapeliers de la ville, faubourgs, banlieue, prévôté et vicomté de Paris. Le premier de ces quatre gardes-jurés était choisi parmi les anciens bacheliers ou maîtres qui avaient déjà passé une fois par la jurande, et les trois autres étaient parmi les maîtres qui avaient dix ans de réception.

L'apprentissage durait cinq ans; le compagnon devait ensuite servir chez un maître pendant quatre autres années et faire un chef-d'œuvre qui consistait en trois chapeaux de différentes formes spécifiées par un article des statuts. L'apprenti qui épousait une veuve ou fille de maître, était exempt du compagnonage. Le brevet coûtait soixante livres et la maîtrise douze cents livres.

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