ce, mais en Europe, cherchent sans relâche par quels moyens efficaces les peuples, lorsqu'ils seront parvenus à se soustraire aux excès de la compression militaire, pourront échapper aux périls de l'explosion révolutionnaire et fonder irrévocablement la liberté, telle que nous l'entendons : non la liberté qui est un mot, mais la liberté qui est un fait; non la liberté qui est une autre forme de la tyrannie, mais la liberté qui est l'abolition de la tyrannie sous toutes les formes et sous tous les noms. 1851. PAIX AUX PEUPLES, GUERRE A LA MISERE. « Tant qu'on se battra en Europe, cela sera une guerre civile. » L'EMPEREUR NAPOLÉON. 8 mars 1851. Si la Russie, lète de coalition, déclarait la guerre à la France, et que cette guerre exigeat que la France, pour sauver l'indépendance nationale, dépensat un milliard, deux milliards, trois milliards, la France les trouverait-elle ? - Assurément oui, puisque la Grande-Bretagne les a bien su trouver pour soulever et ameuler l'Europe contre la Révolution, l'empereur et l'Empire (1). (1) fr. c. En 1793.. 1794.. 1795.. 1796.. . EMPRUNTS DE L'ANGLETERRF. fr. 113,625,000 en 3 pour 100 à 72 45 277,950,000 66 09 570,650,000 62 60 454,500,000 63 16 189,375,000 64 93 454,500,000 53 28 407,330,000 47 25 429,250,000 48 08 75,750,000 53 58 391,375,000 57 14 517,625,000 64 93 707,000,000 56 98 633,250,000 75 63 1797.. 1798.. 1799.. 1800. 1801. 1802.. Total. .... 5,222,180,000 Eh bien! ce que nous serions contre la Russie, pourquoi ne pas l'entreprendre contre cette puissance barbare qu'on appelle la Misère ? Si pour la vaincre il faut un milliard, deux milliards, trois milliards, sachons les trouver. Seulement, au lieu de dépenser ces milliards à forger des fusils, employons-les à laminer des rails; au lieu de dépenser les milliards à creuser des fossés autour des villes, employons-les à achever nos canaux interrompus; au lieu de dépenser les milliards à construire des bastions, employons-les à démolir les quartiers insalubres, afin d'assainir les villes; au lieu de dépenser les milliards à nourrir des soldats oisiss, employons-les à faire travailler ces mêmes soldats, rendus au libre exercice de leur profession; au lieu de dépenser les milliards à construire par vingt-quatrièmes des vaisseaux de guerre, employons-les à diminuer le prix de revient de nos navires marchands. Report. 5,222,180,000 303,000,000 38,175,000 58 32 54 94 58 25 51 55 60 24 62 24 63 42 63 42 65 50 71 09 64 10 56 82 55 35 56 50 63 83 53 38 . Total. 12,032,705,000 fr., qui, aux taux auxquels les emprunts avaient été faits, portaient la dette souscrite à leur occasiou à 20,316,460,053 fr. Et quand l'Angleterre faisait ces efforts gigantesques, grâce au concours de sa Banque, elle était moins riche et plus obérée que nous ne le sommes! Dans l'impossibilité de payer ses armées en marchandises et condamnée à porter tout son numéraire sur le continent, elle abaissait les coupures de ses billets jusqu'à 1 liv. st. (25 fr.), et elle étendait les émissions de la Banque d'Angleterre seule jusqu'à 700 millions, et la circula. tion des billets de Banque du pays entier à un milliard et demi. Guerre à la Misére! Sainte guerre ! car celle-ci n'exigera pas qu'il soit versé une seule goutte de sang. Pour que cette sainte guerre se termine par une glorieuse victoire, il lui suffira de laisser sur le champ de bataille toutes les dépenses inutiles créées pour un temps qui n'est plus et qui ne saurait revenir. Donc, de toutes parts, que ce cri se fasse unanimement entendre : Guerre à la misère ! Ajoutons-y : Paix aux peuples! Paix aux peuples, car il n'est pas un peuple, pas un seul en Europe, qui ait le plus faible intérêt à quelque guerre que ce soit. La Prusse s'étendit-elle aux dépens de l'Autriche ou l'Autriche aux dépens de la Prusse, le sol sur lequel vivent les populations de ces deux États rivaux en serait-il plus fertile ou moins fécond? La France fût-elle plus petite encore que ne l'ont faite les traités de 1815, l'Europe en serait-elle plus grande ? Non. Toute guerre est du sang répandu, du temps perdu, de la force enlevée au travail, de l'argent dérobé au bien-être. De monarque à monarque, la guerre pouvait s'expliquer, car ce qui affaiblissait la puissance de l'un profitait à la grandeur de l'autre; mais de peuple à peuple, la guerre ne saurait se comprendre, car tous les peuples sont solidaires, tous ont le même droit, le droit de vivre en travaillant; tous ont le même ennemi : la Misére! Qu'ils travaillent donc tous et ne se battent plus aucun; qu'au lieu d'échanger des protocoles, ils échangent des produits; que partout enfin la guerre se transforme en concurrence, et en même temps que disparaîtra la Guerre disparaîtra la Misère. Le lendemain du désarmement universel sera la veille du bien-être universel. La paix armée, c'est la misère invétérée. Guerre à la Misère ! Cette guerre qui moissonne le pauvre et qui menace le riche est la seule que devrait admettre désormais l'Eu rope, si les hommes d'État qui la gouvernent n'étaient pas en retard d'un tiers de siècle. A la place de ces mots :: Paix armée, hâtons-nous d'inscrire ceux-ci : Paix assurée. Ce n'est pas seulement la liberté en danger qui l'exige, c'est aussi la civilisation en péril ! Aux noms de la civilisation et de la liberté, répétons donc encore ce cri de ralliement et de salut : Paix aux peuples ! Guerre à la Misère ! II. 9 mars 1851. Avec la moitié de ce que coûte la guerre, en Europe, on y ferait disparaître la Misère. Vouloir la paix universelle, c'est donc vouloir le bienêtre universel. On dit que c'est une idée chimérique. C'est le nom qu'on a commencé par donner à toute tentative d'amélioration avant qu'elle devînt un progrès accompli. Est-il donc utile, nécessaire, indispensable que les bommes s'entretuent? Ne serait-il pas plus raisonnable qu'il cessassent de se mitrailler ? Raisonnable et chimérique sont-ils donc deux mots synonymes ? Cent mille hommes tués sur un champ de bataille ont-ils jamais prouvé que le droit fût du côté de la victoire ? Se compter ne vaut-il pas mieux que se battre? A quelque point de vue qu'on l'envisage, la guerre est absurde; Elle abâtardit les populations; |